Fiertés agenaises : Le Nobel et le stade Armandie

La semaine dernière, Agen a vécu des émotions fortes et rares.

 Mardi , nous apprenions, stupéfaits qu’un des trois lauréats du prix Nobel de Physique, Alain Aspect était Agenais, de naissance et de Lycée !

 Vendredi , nous avons vécu ensemble une soirée d’exception où toutes les planètes, dans un moment rarissime, se sont alignées : Météo superbe, inaugurations de la plaine des sports Philippe SELLA et de notre nouveau stade de rugby Armandie, réussies, superbe victoire avec bonus de nos joueurs du Sporting Union Agenais (43-20) contre Aurillac, magnifique fête d’après-match (concert, feu d’artifice). Communion et bonheur collectif.

Vous me direz que le Nobel de Physique n’a strictement rien à voir avec le Nouveau Stade Armandie et la performance de notre équipe de rugby. Vous me direz encore que le mérite de ces moments est celui d’Alain Aspect, pour le Nobel et de Bernard GOUTTA, le coach de notre équipe et de nos joueurs. Vous aurez, pour l’essentiel, raison.

Et pourtant, ces deux évènements si différents parlent aussi de nous, les Agenais.

 Le Nobel attribué à Alain Aspect , d’abord.

J’ai, comme une foule immense, félicité Alain Aspect pour cette récompense, la plus haute dans la communauté scientifique. Je lui ai dit, au nom des citoyens Agenais, notre immense respect. Et puis, je me suis intéressé au parcours de vie personnel d’Alain Aspect. Et ce parcours parle, témoigne de la France, du Lot-et-Garonne et d’Agen.

Il témoigne que l’Ecole française a été et reste un formidable ascenseur de connaissance capable de vous emmener de l’école primaire d’Astaffort (et oui, le village de Francis Cabrel, que des stars !) à l’Ecole Normale Supérieure de Cachan et à l’agrégation de physique.

Il témoigne de la qualité de notre école primaire comme haut lieu d’éveil et de formation initiale. Il témoigne des parents d'Alain Aspect, instituteurs, arrivés, chez nous,  en Lot-et-Garonne en 1930. Sa scolarité primaire s'est d’ailleurs intégralement passée à l’école d’Astaffort. « Mon goût pour la science est né à l’école primaire, grâce à des enseignants qui valorisaient cette discipline et les leçons de choses ».

Il met la lumière médiatique sur les Lycées d’Agen et, plus spécialement sur celui d’Alain Aspect, le Lycée Bernard Palissy, accueillant en son sein des professeurs de haut niveau capables de transmettre savoir et curiosité intellectuelle comme le désormais fameux, M.Hirsch, professeur de physique, ayant transmis sa passion de la physique à Alain Aspect.     

Enfin, ce parcours est la preuve que les sommets de la recherche sont accessibles en menant une carrière française à la condition sine qua non de rester connecté à la communauté internationale. (Lire ma chronique Qu’est-ce qu’un chercheur ?)

Alors, oui, Astaffort, Agen et le Lot-et-Garonne ont le droit d’être fiers d’avoir été le terreau humain où Alain Aspect s’est construit avant de s’envoler pour donner sa pleine mesure à Bordeaux, à Paris et dans le monde. Nous dirons cette fierté lors d’une journée prochaine où nous fêterons Alain Aspect à Astaffort, au lycée Bernard Palissy et à Agen.

 Le nouveau stade Armandie , enfin… C’est très différent.

Armandie, le rugby, c’est d’abord une question d’identité. Mystérieusement, nous, les Agenais nous avons adopté ce sport d’Anglais et nous en avons fait une partie de notre carte d’identité. Michel Serres l’a dit mieux que tout le monde : « Je suis d’Agen par le XV d’Agen, c’est mon totem, moi et mon appartenance, mon groupe et moi ensemble, notre religion, notre histoire et nos Dieux ! ».

Pour celles et ceux que cela intéresse, merci de prendre le temps de lire le discours que j’ai prononcé lors de l’inauguration de notre Nouveau stade (cliquez ici pour lire le discours). Pour les autres, l’important est de retenir qu’en construisant ce nouveau stade, les Agenais ont fait un acte de foi qui s’énonce très clairement : notre club, le Sporting Union Agen Lot-et-Garonne restera dans l’élite du rugby Français.

Le Conseil Municipal d’Agen prend, le 18 mars 2019, la décision – risquée politiquement, à un an des municipales - de faire le nouveau stade.

Juste après cette prise de risque politique, notre club rentre dans la pire crise sportive de son histoire avec 34 défaites consécutives, une descente en Pro D2 fin 2020 et un début de saison 2021/2022 catastrophique avec les 7 premiers matchs perdus.

Pendant cette crise, combien de messages j’ai reçus, combien de lettres, de coups de téléphone, moqueurs, méchants, insultants sur les réseaux sociaux et ailleurs, nous expliquant avec cynisme qu’Agen finirait avec le plus beau stade de Fédérale de France ? Nous avons été malheureux, tristes, humiliés…

Mais, nous avons serré les dents. Et, malgré cette tempête sportive, nous avons tenu bon et mené ce chantier à bon port. Et Vendredi soir, nous étions tout à notre joie et nous avons tout pardonné même si cela, à jamais, restera gravé dans nos mémoires et notamment dans celles de Jean-François FONTENEAU, le Président de notre club, et dans la mienne.

Vendredi soir, le nouveau stade Armandie était là, flambant neuf, magnifique. Et, notre club va mieux. Merci à Bernard GOUTTA, notre coach, et à nos joueurs d’avoir répondu présents au rendez-vous qu’ils avaient avec l’histoire de notre Club.

Vendredi soir, nous étions heureux parce que nous avons eu raison. Agen restera dans l’élite des clubs de rugby français. Vendredi soir, à nouveau, nous étions fiers d’être Agenais.

Je crois, au plus profond de moi-même, qu’il y a un chemin possible fait à la fois d’humilité et de fierté. A nous de trouver ce chemin  à l’occasion de ces bonnes nouvelles si différentes que sont ce Prix Nobel Agenais et cette renaissance de notre stade de rugby et de notre club.    

#fiersdêtreAgenais

@+,

  Jean Dionis  

Maire d’Agen