Éléments de réponse, au filtre de Louis DUCOS DU HAURON, Illustre Agenais.
Agen vient enfin de fêter avec un peu de retard, pour cause de COVID, le centième anniversaire de la mort (en 1920) d’un de ses fils, aussi génial qu’oublié, Louis DUCOS du HAURON, inventeur de la photographie couleur.
La nouvelle ambition culturelle de la ville d’Agen ainsi que les hasards des calendriers me permirent, avec 15 jours d’intervalle, d’entendre Étienne KLEIN, parrain des premières rencontres philosophiques Michel SERRES d’Agen, (lire ma chronique en cliquant ici ) et Alain ASPECT, organisateur du colloque scientifique, événement majeur du centième anniversaire de la mort de Louis DUCOS DU HAURON.
Étienne KLEIN et Alain ASPECT sont tous les deux des physiciens de réputation internationale, personnalités incontestables dans leur discipline. Étienne KLEIN, à l’occasion de la conférence qu’il donna le 12 Novembre à Agen sur « le goût du vrai », esquissa les contours de ce que devait être une véritable recherche scientifique.
Alain ASPECT, quant à lui, à la lumière de la biographie d’exception de LOUIS DUCOS DU HAURON, se risqua à définir un profil type d’un authentique chercheur capable de véritables avancées dans sa discipline.
Je resterai longtemps marqué par notre dialogue lorsqu’ Alain ASPECT me dit : « Jean, Louis DUCOS DU HAURON côche quatre cases absolument nécessaires pour être un chercheur authentique »
I. Il maîtrise la culture générale scientifique nécessaire à la compréhension de sa discipline :
En l’occurrence, pour notre Agenais, la maîtrise de la physique des ondes, de l’optique, mais aussi de la biologie de l’œil. Pas de possibilité de véritable percée scientifique sur la maîtrise du substrat scientifique et technique qui permet d’affronter avec succès des problèmes jusque-là sans solution.
II. Il est obsédé par un problème jusque-là non résolu :
Obsédé ! Diantre, Alain ASPECT n’y va pas de main morte ... Mais, il signe et persiste. Louis DUCOS DU HAURON, à partir des années 1860, va être littéralement obsédé par l’absence de couleurs dans la photographie naissante. Sa volonté va se consacrer sur cet objectif précis avec une ténacité quasi-humaine. En est-il devenu fou ? Non, il fut sauvé par sa famille et notamment par son frère, Alcide, et équilibré par la musique et la peinture, disciplines dans lesquelles il excellait.
III. Il expérimente :
Louis DUCOS du HAURON, ne se contente pas de concevoir l’hypothèse géniale de la reconstitution de la couleur à partir de filtres trichromiques. Il s’inscrit dans la grande tradition scientifique de l’expérience et jusqu’au bout, il sera donc un expérimentateur de génie et un bricoleur infatigable. Son Graal est la photographie en couleur, il ne va pas arrêter de photographier .... jusqu’à aboutir à ce formidable cliché de notre coteau de l’Ermitage, monde pour la première fois fixé avec toute la splendeur des nuances de ses couleurs.
IV. Il publie :
Louis DUCOS DU HAURON, toute sa vie, va se soumettre, lui et ses travaux, à l’épreuve du débat contradictoire avec la communauté scientifique de son époque. Il met un point d’honneur à communiquer l’intégralité de ses mesures ainsi que le détail de ses conditions d’expérience. En cela, il respecte l’exigence centrale posée par Karl POPPER, le grand épistémologue autrichien, à savoir que toute hypothèse scientifique doit pouvoir être falsifiée à la lumière des résultats expérimentaux la concernant.
Alors, Louis DUCOS DU HAURON a-t-il coché toutes les cases du chercheur moderne ? Eh bien non, toujours selon le même Alain ASPECT, il rate la case « Communication » avec des expériences mal préparées lors d’échéances majeures... ce qui explique largement pourquoi, tout en étant le père d’une invention majeur, il ne sera jamais reconnu comme tel.
Qu’importe ! Par son exemple, par les lectures faites des exigences de la recherche par Étienne KLEIN et Alain ASPECT, j’ai les idées beaucoup plus claires sur ce que doit être un chercheur moderne s’il veut être à la hauteur de ses ambitions, de ses obsessions et des espoirs que met la société moderne en eux...
Malheureusement, la crise du COVID nous a donné de célèbres contre-exemples, à commencer par le professeur RAOULT, qui ont sombré humainement et intellectuellement pour avoir refusé le cadre intellectuel décrit ci-dessous.
Avoir une fois au moins dans sa vie la joie d’Archimède, lorsqu’il s’écrie « Euréka! », cela se mérite...
@+,
Jean Dionis
Maire d’Agen
M. le Maire, cher Jean Dionis,
Merci pour ton investissement sur la cause DUCOS (Musée, colloque...). Je suis heureux de voir que de nombreux scientifiques, historiens, universitaires... prennent le relai d'un combat (que je mène depuis près de 6 ans) se prévalant même d'une certaine antériorité. Bref !
Mais si je répond à ton blog, ce n'est pas pour me plaindre encore une fois du mépris de l'intelligentsia agenaise à mon égard (AMIS, Académie, municipalité... qui m'ont dernièrement refusé l'accès au Musée à l'occasion de l'inauguration de la salle DUCOS). Je voulais juste te montrer tout l'intérêt que je porte à tes écrits et à tes échanges - personnels - avec Alain Aspect. Car sur la scène du théâtre il a surtout parlé de sa jeunesse à Palissy.
Oui ! à propos des 4 cases que coche LDH pour être "un chercheur authentique", à mon avis, il n'y a absolument pas la première. Quant à la quatrième : d'accord, il publie beaucoup mais n'excelle pas en communication. En avait-il les moyens ? Par contre, beaucoup de scientifiques actuels, qui ont pourtant ces moyens, ne font guère mieux. Et n'en déplaise à M. Aspect, il y a eu un manque de coordination évident entre les divers intervenants de son colloque.
Ceci dit, c'était un beau moment d'échanges entre connaisseurs (les Agenais ont malheureusement boudé l'événement) et j'ai eu la satisfaction de constater que tout ce qui a été dit venait confirmer ce que l'on trouve sur mon site (l-ducosduhauron) depuis 2017... rien que ça. Mon film "LDH: la photo prend des couleurs" aurait apporté la touche populaire qui faisait défaut.
Cordiales salutations... et sans rancune. René Dreuil