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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Primaire populaire de la Gauche : Anatomie d’un naufrage

Publication : 31/01/2022  |  09:48  |  Auteur : Webmaster
naufrage du Costa Concordia, 13 janvier 2012

Les résultats de la primaire populaire de la gauche sont maintenant connus. Celle-ci vient d’être remportée par  Christiane TAUBIRA .

Par conséquent, elle sera donc candidate à l’élection présidentielle. Une candidate de plus, puisque Yannick JADOT, Jean-Luc MELENCHON, Anne HIDALGO, Fabien ROUSSEL ont tous déclaré qu’ils ne tiendraient aucun compte de son résultat et qu’ils maintiendraient leurs candidatures. Christiane TAUBIRA candidate, ce sont les candidatures de Yannick JADOT et celle de Jean-Luc MELENCHON qui sont mécaniquement gênées et celle d’Anne HIDALGO, violemment percutée et elle n’avait manifestement pas besoin de cela.

Au contraire de son objectif proclamé de donner à la candidature de son vainqueur légitimité populaire et un élan rassembleur, elle apporte à son camp division et confusion. En cela, la primaire populaire est un naufrage qui marquera durablement toutes celles et tous ceux engagés en politique, qu’ils soient ou non de gauche.  

 Comment la gauche en est-elle arrivée là ? Et au-delà de la gauche, que faire maintenant des primaires ? 

Les primaires, en France, c’est déjà une longue histoire qui commence en 1995. La première primaire française est une primaire fermée à l’intérieur du parti socialiste, qui opposa, à l’occasion de l’élection présidentielle de cette même année, Lionel JOSPIN à Henri EMMANUELLI.

Il faut lire cette brève histoire des primaires en France (retrouvez ma chronique sur ce sujet ici) pour se rappeler que les primaires émergent dans notre vie politique parce que les modes de désignation à l’intérieur de nos partis politiques  sont jugés archaïques et disons-le, anti-démocratiques

Et, il est indiscutable que tous les partis politiques en France ont perdu l’essentiel de leurs adhérents, pour devenir de « petites choses » et qu’à l’intérieur même de leurs statuts, les procédures de désignation de leur candidat à la présidentielle étaient bien souvent opaques et contestables.

Et, en même temps, les primaires et leurs corps électoraux flous, sans autorité et légitimité politiques pour  aider à l’adoption d’un programme partagé par tous, peinent à s’imposer.

C’est dans cette absence d’articulation claire entre le vieux monde des partis politiques et le nouveau monde des Primaires que doit être recherchée la cause principale du naufrage de la primaire de la gauche.

Pour citer le philosophe politique, Antonio GRAMSCI, : «  La crise consiste justement dans le fait que l'ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés ». Nous y sommes très clairement…

On doit d’ailleurs noter avec intérêt que, par contre, les deux primaires fermées (réservées aux seuls adhérents du parti) des écologistes (EELV pour la désignation de Yannick JADOT) et des Républicains (LR pour la désignation de Valérie PECRESSE) se sont correctement passées et ont atteint leur objectif de sélectionner de manière incontestable le candidat de leurs familles politiques respectives, alors même que les scores des différents candidats étaient très proches.

Il faut enfin noter que la droite, et à fortiori l’extrême droite, est plus à l’aise avec l’exercice de la désignation de ses candidats à la Présidence de le République. Les institutions de notre Vème République et « la rencontre suggérée entre un homme ou une femme candidate avec un peuple » et le bonapartisme culturel de l’essentiel de la droite font ici bon ménage.

Voilà pour les Primaires, il reste l’état de la Gauche. Le diagnostic peut être posé simplement : La gauche est faible et divisée.

La gauche est faible avec 25 % des intentions de vote dans les sondages. Elle paye lourdement le fait d’avoir délaissé les inquiétudes des classes moyennes et populaires pour s’être noyée dans des querelles sociétales illisibles pour la plupart de nos concitoyens et le fait d’être durablement sortie du « cercle de la raison » (le revenu universel de benoît HAMON à 600€/mois, le doublement du salaire des professeurs d’Anne HIDALGO…). Ce n’est pas nouveau. Cela date de la fin du mandat HOLLANDE (lire ma chronique de cette époque 23/01/2017 ) .

La gauche est divisée. Réformistes contre extrémistes, écologistes en concurrence avec les sociaux-démocrates… rien de nouveau, sous le soleil me direz-vous. Peut-être sauf que lorsque, sous l’impulsion de fortes personnalités et profitant d’un rapport de forces favorables, elle a su s’unir, alors elle a non seulement gagné mais dominé durablement la vie politique de notre pays.

Nous y sommes : Le naufrage de la primaire populaire, c’est la résultante d’une procédure pas encore mature au niveau démocratique, appliquée à un « camp » politique, faible et divisé.

Nous, qui  n’appartenons pas à ces familles politiques, aurions tort de nous en réjouir. La vraie question politique est maintenant celle-ci : Où sont allés et où vont aller les électeurs déçus de la Gauche ?  La réponse à cette question sera une des clés majeures de la Présidentielle 2022.

Mais c’est une autre histoire qui mérite une autre chronique.

@+ 

 Jean Dionis 

Maire d’Agen

 

 

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Les réactions

Cher Jean, Comme celles de Yannick Jadot et des médias,  ton analyse de la première primaire organisée par un collectif de citoyens commet l'erreur de conclure que son seul résultat est d'avoir mis une candidature de plus dans la Présidentielle, celle de Christiane Taubira.

En fait la Primaire Populaire a éliminé trois candidat(e)s de la gauche et de l'écologie à l'élection présidentielle (Pierre Larrouturou, Charlotte Marchandise et Anna Agueb-Porterie) qui s'étaient engagés, comme Christiane Taubira, à se désister s'ils n'arrivaient pas en tête de la consultation citoyenne. Engagement que Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Anne Hidalgo avaient refusé de prendre, leur ego les conduisant à perdre individuellement la primaire plutôt qu'à la gagner collectivement...

En 2017, on a vu également la droite se désintégrer au profit d'Emmanuel Macron, notre président actuel, il est bien difficile de tracer son chemin et de choisir son camp.

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