Je fais partie des 4 millions de Français à avoir téléchargé #TousAntiCovid, la nouvelle application de traçage de la maladie. Elle est plutôt bien faite et je vous encourage à la télécharger si ce n’est pas encore fait.
Sauf qu’elle m’informe qu’il y a eu, pour la seule journée du Samedi 24 Octobre, 45 422 nouveaux cas de personnes contaminés. Bref, cette fois, le doute n’est plus permis pour toute personne honnête intellectuellement… nous y sommes dans la fameuse « deuxième vague » redoutée, mais dont nous espérions pouvoir faire l’économie.
Comme beaucoup, au fond de moi-même, je pensais et j’espérais vraiment qu’elle n’aurait pas lieu, tant l’épidémie s’est faite discrète en juin, juillet, août. Comme beaucoup, je me suis trompé. Pas scandaleux, vu le caractère radicalement inédit du phénomène « pandémie ». Pilotage à vue, certes…. mais cela veut dire que lorsque quelque chose d’important est en vue, et en clair la deuxième vague COVID est en vue, alors, il faut réagir vite et fort.
Réagir, c’est prendre connaissance du calendrier probable de cette deuxième vague : montée sévère du nombre de malades et de morts prévue pendant tout le mois de novembre 2020, pic de la vague début décembre 2020, décroissance lente de décembre 2020 à mars, avril 2021… et avec des perspectives raisonnables d’un vaccin à l’été 2021, d’où la phrase de notre Président de la République nous avertissant que nous en aurons au moins jusqu’à l’été 2021 ! il nous faut donc nous organiser sur cette échelle de temps : 9 mois pour tourner la page….
Réagir, c’est bien prendre conscience des différences entre 1ère et 2ème vagues. Il y en a deux majeures qu’il nous faut bien avoir en tête au moment où nous construirons notre stratégie de défense par rapport à cette deuxième vague :
- les origines de cette vague sont clairement à chercher dans le grand brassage national de nos « grandes vacances d’été ». La conséquence directe est qu’aujourd’hui la présence du virus n’est plus localisée seulement en Ile-de-France ainsi que dans l’Est et dans le Nord de notre pays. Le virus est présent sur l’ensemble du territoire national, rendant très difficile l’utilisation d’hôpitaux des régions préservées pour soulager ceux du « front » comme ce fut le cas lors de la première vague.
- Plus difficile à dire, mais il faut « mettre les pieds dans le plat », cette deuxième vague fut d’abord largement celle des jeunes (15-30ans) qui, en sortie de confinement en mai dernier, n’ont pas respecté les gestes barrière minimum dans leur vie sociale (bars, restaurants, etc….). On peut comprendre… envie de vivre et perception insupportable d’être une « génération sacrifiée ».
Mais, maintenant, au pied du mur de la deuxième vague, nous avons besoin de la solidarité de nos jeunes et on doit leur adresser un message clair : « ne pas adopter ces gestes, ne pas respecter les règles imposées (couvre-feux, etc.….), se laisser contaminer sous prétexte que le COVID, à 20 ans, ce n’est pas grand-chose, est une attitude d’un égoïsme inadmissible parce qu’à 20 ans, on a des contacts avec ses parents qui en ont 50 ans, qui eux-mêmes en ont avec leurs grands-parents, qui en 80, et sont des victimes possibles de cette épidémie » . Il ya donc urgence à parler à nos jeunes, à nos enfants pour les amener à cette solidarité intergénérationnelle indispensable pour traverser le mieux possible cette deuxième vague.
Pour le reste, il me semble que nos soignants et nos hôpitaux, notre fameuse première ligne, est beaucoup plus prête qu’elle ne l’était (meilleure répartition des services d’accueil des malades COVID sur l’ensemble du territoire, meilleure maîtrise des besoins des patients en assistance respiratoire, etc…..), bref, de la tension, de la fatigue, mais la première ligne me semble en place.
« L’arrière » m’inquiète plus, l’arrière, c’est nous, tous.
Je sens le grand corps social que nous formons, pris à la fois par la lassitude et par la mélancolie, voire une grande tristesse devant cette épidémie qui dure et qui nous éprouve durement, entre les restrictions de nos libertés, le cortège lugubre des victimes et la crise sociale frappant silencieusement les plus faibles d’entre nous.
Je comprends, bien sûr. Mais, alors, comment résister à cette ambiance morbide ? Je crois vraiment que nous devons adopter le bon cocktail, fait de vigilance citoyenne, mais aussi d’une volonté farouche de vivre.
Côté vigilance, les gestes barrière bien sûr, le respect des protocoles et des mesures de l’état d’urgence de l’état sanitaire (couvre-feux si on est concerné, etc...).
Côté volonté de vivre, vivre sa vie professionnelle, scolaire ou universitaire, bien-sûr, mais aussi vivre sa vie sociale, voir ses amis, voir des spectacles, aller au stade. Résister à l’engourdissement, à l’isolement social, farouchement… profiter de tout ce qui nous est laissé dans le cadre de la gestion de cette épidémie !
Oui, les jours heureux reviendront ! Ils reviendront ! il faut nous en persuader. Quand le Président de l’institut Pasteur nous dit qu’un vaccin sera sans doute prêt pour l’été 2021, moi, j’y crois.
Pendant la guerre de 1914-1918, une des plaisanteries favorites de nos poilus sur le Front était : « Pourvu que l’arrière tienne…» Tellement l’effort demandé « à l’arrière » leur semblait léger par rapport à l’enfer dans lequel le Front était plongé.
Il me semble que, parfois, je vois le même sourire moqueur chez nos soignants et chez toutes celles et ceux du Front contre le COVID : « Pourvu que l’arrière tienne…. »
Allez, on va tenir, on va résister, on va la traverser cette deuxième vague……ensemble, solidaires.
Rendez-vous cet été, pour le retour des jours heureux.
Merci pour cet article que j'approuve, Seul bémol le relâchement estival. Je pense que la situation était encore contrôlable à la rentrée. C'est après que le civisme a manqué. Enseignant en LP, j'ai vu mes élèves se passer la même bouteille de boisson. Impossible de leur faire prendre conscience de leur irresponsabilité...