J’ai la chance de faire partie des quelques 30 000 Maires de France élus dès le premier tour de ces désormais célèbres élections coronavirus, le dimanche 15 mars. J’ai dit dans une précédente chronique que, quoiqu’il arrive, nous, les « maires coronavirus », serons marqués au fer rouge par cet évènement historique qu’est la pandémie actuelle. (lire ma chronique http://jeandionis.com/blog/maires-coronavirus ).
Actuellement, la gestion de la vie quotidienne imposée par la pandémie (confinement, services publics essentiels, etc…) absorbe légitimement l’essentiel de notre énergie. Mais, malgré cette urgence prioritaire, nous ferions une faute grave contre l’avenir de nos communes si nous ne commencions pas à préparer le retour à la vie normale de nos concitoyens.
Je fais partie des maires qui ne badinent pas avec leur programme électoral. J’ai toujours affirmé qu’il n’avait rien à voir avec un exercice de communication ou de séduction électorale, mais qu’un programme électoral porté par tout candidat qui se respecte était avant tout le contrat qui lie les électeurs-décideurs à leurs élus-représentants (lire ma chronique « Municipales 2020 : Programme, vous avez dit programme ? http://jeandionis.com/blog/municipales-2020-programme-vous-avez-dit-programme ).
A Agen, donc, nous respecterons notre programme en tant que contrat fondamental entre les Agenais et leurs élus et nous marquerons cette décision par un vote solennel du nouveau conseil municipal qui, s’il est positif, transformera la profession de foi de la liste « Agen-même 2020 » (notre liste majoritaire) en programme officiel de la Ville et de l’Agglomération pour la période 2020-2026 et qui verra, dès ce mois très spécial de mai 2020, le démarrage de notre action municipale et de lancement des différents projets contenus dans ce programme.
Oui, mais…car il y a un mais et il est de taille : c’est l’évènement CORONAVIRUS. S’il est bien des circonstances qui méritent la qualification d’évènement de force majeure, c’est bien la pandémie actuelle.
Evénement, d’abord. Pardon pour les quelques remarquables prophètes qui avaient envisagé ce que nous vivons aujourd’hui (Bill Gates, la CIA, etc…), à part ces quelques personnes extra-lucides, l’épidémie a surpris tout le monde. C’est un coup qui nous vient d’ailleurs, de l’extérieur de nos systèmes de défense et de pensée passés comme le rappelle l’étymologie de ce mot (Evènement du latin evenire , venir de l’extérieur). Enfin, ce coup est d’une violence inouïe que ce soit au niveau sanitaire, sociétal ou économique.
Il impose une révision au contrat légitime passé entre les Agenais et la majorité du nouveau conseil municipal. Le programme initial reste le contrat légitime et initial. Il est le fondement. Mais il doit être révisé pour cause de force majeure.
Que peut-on dire aujourd’hui de cette révision pour force majeure ?
Nous devons affirmer que celle-ci doit être construite dans la raison et non pas dans l’émotion. Elle doit donc ne pas vouloir être bouclée quant à son contenu, aux moyens financiers qui lui seront alloués, trop rapidement. Il faut disposer d’éléments solides quant aux dommages causés pour faire le travail sérieux exigé par les circonstances graves dans laquelle nous vivons.
La construction de cette révision, comme ce fut le cas pour le programme de notre liste, doit, donc, être un travail en profondeur faisant appel à tous les domaines de la vie municipale impactés par cette crise : organisation sanitaire bien sûr (il faudra bien tirer les leçons sur les pénuries initiales de masques et de tests…), organisation économique (comment continuer à décider, à travailler en télétravail dont nous avons tous perçu le rôle-clé à partir de cette crise…, organisation sociale (comment protéger les plus fragiles d’entre nous, les anciens, les enfants, les malades….) ?
nfin, cette révision doit, si possible, nous rassembler et non pas nous diviser. Dans ce but, je prends l’engagement d’associer pleinement notre opposition municipale à ce travail décisif. Et, pour être honnête, autant je redoute la sortie de crise au niveau national, où je crains que la France n’échappe pas au danger de la recherche obsessionnelle de bouc émissaire aux malheurs qu’elle aura traversés, autant je suis optimiste sur notre capacité à tirer, ensemble, les leçons agenaises de cette épreuve.
Notre programme électoral initial reste bien évidemment constitutif de notre élection. Fort logiquement, nous allons donc l’approuver comme le cadre de l’action municipale de 2020 à 2026 et ceci d’autant plus qu’il est résolument tourné vers les défis de l’avenir qui restent à relever par les Agenais : la transition écologique, le défi numérique, etc… et qu'il serait fou d'oublier à cause du choc de la crise.
Mais, lors de la même séance du Conseil municipal d’Agen, je proposerai au Conseil d’installer la commission extraordinaire de révision de ce programme à la lumière des leçons municipales à tirer de l’épreuve qu’est actuellement la pandémie dans notre ville.
Nous déciderons ensemble et dans le calme des modalités d’approbation des propositions de cette commission (séance extraordinaire du Conseil municipal, etc…).
Respecter à la fois le plus fortement possible notre démocratie locale en respectant le contrat électoral et, en même temps, prendre la mesure de l’évènement tragique qui vient de nous percuter et courageusement, nous adapter.
Voilà le chemin exigeant que je proposerai au nouveau Conseil municipal d’Agen dès qu’il sera installé et, à travers lui, aux Agenaises et aux Agenais.