Quel que soit la suite de ce mandat 2020-2026, nous, les Maires, élus en 2020 resterons les Maires « coronavirus ». Quels que soient nos efforts pour faire, ensuite, des étincelles en gestion municipale, quels que soient les évènements, heureux ou malheureux qui viendront percuter le bel ordonnancement de nos activités, la génération des Maires, issue du scrutin de l’année 2020, restera marquée au fer rouge par ce début de mandat absolument hors normes.
Hors normes d’abord, la campagne électorale qui part avec vigueur après la rentrée 2019, passionnante pendant quatre mois, mais qui est sur sa fin littéralement percutée et « explosée » par l’urgence épidémique ! Nous nous rappellerons toujours de l’inquiétude grandissante de nos concitoyens quand nous allions vers eux en porte à porte, ces personnes qui reculaient lorsque nous avancions vers eux, ces mains, ces joues qui se refusaient. Nous nous rappellerons toujours de ces réunions publiques en suspens autour d’un nombre maximum de personnes (seules les réunions de moins de 1 000 participants autorisées, puis 500, puis 100…). Nous nous rappellerons toujours de cette rumeur qui enfla pendant toute l’après-midi du jeudi 12 mars : le président de la République envisage de reporter les élections municipales, il a commencé à consulter dans ce but…et de notre soulagement, soulagement de militants politiques engagés dans une compétition politique depuis plus de 6 mois, lorsque nous avons appris dans l’allocution présidentielle de cette journée tristement mémorable que ces élections étaient finalement maintenues.
Hors normes, cette veille d’élections que fut la journée du samedi 14 mars où le Premier ministre fit d’un coup monter la prise de conscience et la peur collectives en annonçant la fermeture de tous les magasins non alimentaires, de tous les cafés, de tous les restaurants, etc…
Hors normes, cette journée du dimanche 15 mars, journée du premier tour où finalement la crainte s’était installée chez nos concitoyens et où la participation dévissa sous nos yeux ahuris de presque de moitié (à Agen, 60 % en 2014, contre 37% en 2020 !). Où nos résultats pourtant historiquement bons (victoire avec 61,4 % des suffrages exprimés et un grand chelem dans les 23 quartiers d’Agen) furent annoncés dans une salle des Illustres quasi désertée, suivie d’une fête électorale réduite à son strict minimum…
Hors normes, le report sine die ou presque du second tour pour les villes concernées, l’annulation des conseils municipaux d’installation, le maintien des anciennes équipes jusqu’au 15 mai, le Président qui parle de « guerre sanitaire et finalement l’épidémie du Coronavirus qui s’impose comme le seul sujet digne d’intérêt pour la nation…effaçant pour le moment la campagne électorale du second tour.
Tout cela fait maintenant partie de notre histoire nationale récente et collective et est finalement de notoriété publique.
Ce qui l’est beaucoup moins, c’est le quotidien des Maires pendant la période de confinement national qui a débuté le dimanche 15 mars, jour du premier tour des élections. Nous, les Maires « coronavirus », nous avons littéralement été tiraillés entre notre volonté de citoyen de « rester chez soi » et celle d’aller en mairie assurer la continuité des services publics municipaux essentiels. Et le grand public de redécouvrir qu’une Mairie ou son agglomération collecte les ordures ménagères, livre des repas à domicile aux personnes âgées en difficulté de mobilité, contrôle la distribution de l’eau potable et le traitement des eaux usées, ouvre ses écoles à un pôle d’astreinte scolaire assurant la garde et la scolarisation des enfants des personnels soignants, (nos vrais héros de cette guerre sanitaire), participe à la mise en œuvre du confinement avec sa police municipale.
Et cette permanence des services municipaux essentiels, elle ne tombe pas du ciel. Elle exige un pilotage qui, par l’intermédiaire des cadres territoriaux, fait le lien entre le Maire, qui doit décider des modalités de la mise en œuvre et « la première ligne des agents territoriaux » qui eux mettent en œuvre et fournissent les services à la population.
Alors, les Maires « coronavirus », pour la plupart d’entre eux et moi avec, nous sommes revenus dans nos bureaux à la mairie pour assurer ce travail indispensable.
Et quand ce travail était fait, nous en avons commencé un autre, écrit dans aucun livre de procédure ou tutoriel internet : celui d’encourager et de rendre possible l’entraide entre concitoyens tout en respectant les procédures de confinement : plateforme d’entraide, ligne téléphonique ouverte contre le stress et l’angoisse …
Et l’avenir pour les maires « coronavirus » ? Malgré l’obsession de l’instant présent dans de telles crises, il m’arrive de penser qu’il faudra bien un jour redémarrer la vie et la ville normales, panser les blessures qui seront terribles dans le monde économique, mais aussi dans la vie sociale. Là encore, il faudra faire preuve de courage et d’audace. Car si l’histoire nous permet d’être optimistes en nous montrant les véritables renaissances qui ont suivi des épreuves autrement plus tragiques comme celle de la peste noire ou du choléra, elle nous apprend aussi que l’on ne revient jamais complètement en arrière après de tels évènements.
Que cela lui plaise ou non, la génération des Maires 2020 sera pour toujours la génération des maires « Coronavirus ». Pour le pire…et pour le meilleur.
Vous êtes un maire élu, mais pas encore réélu tel en décidé le gouvernement. Vous avez capacité à prolonger votre mandat et vos actions sans trop de perturbation sans compter bien évidemment la crise sanitaire que nous subissons. Quand est il de tous les nouveaux élus qui auraient prendre leur fonction le 22/03? Je fais partie de cela dans mon cas j'agis comme si avec les nouveaux élus qui ne faut pas laisser de coté, ou du moins nous essayons, mais sans pouvoir. Heureusement il y a une bonne entente entre anciens et nouveaux élux dans ma petite commune de 600 habitants ce qui facilite le travail. Alors oui il n'est pas simple d'être au milieu du guêt.
Bonjour,
effectivement, ce marquage au coronavirus des élus municipaux de l'an 2020 démontre, qu'au meme titre du personnel soignant, ils sont en première ligne face à la population pour rassurer, apaiser et servir
les cadres territoriaux et leurs collaborateurs sont également à leur coté pour satisfaire les services de première nécessité : eau, déchets ménagers, sécurité, repas, solidarité, etc.
je tiens à les remercier tous pour leur dévouement et leur sens de l'interet général.
nous allons sortir de cette crise, c'est assuré ! quand ? on ne le sait pas, mais une chose est sure, il va falloir en tirer des enseignements
au niveau national , et face à une plus grande fréquence de ces agréssions virales :
- nous devons repenser complètement notre appareil de santé pour le rendre plus réactif et plus éfficace
- nous devons rendre notre économie et nos entreprises moins dépendantes des fournitures importées, la notion de circuit court doit s'entendre aussi bien au niveau local qu'au niveau national ou européen
au niveau de la commune et de l'intercommunalité, il faut rendre ces territoires plus résilients en batissant des plans d'actions prenant en compte la mobilité, l'alimentation, la continuité des services de base (eau, électricité, déchets ménagers, etc.)
de nombreux consultants et bureaux d'études locaux se tiennent à votre disposition pour accompagner les élus dans ces réflexions nécessaires et incontournables.
merci encore, mesdames et messieurs les élus municipaux, pour votre engagement