Vous trouverez ci-joint le discours prononcé par Jean Dionis au nom de l'opposition municipale agenaise lors du conseil municipal du 29 avril 2003:
Conseil Municipal du Mardi 29 avril 2003
Monsieur le Maire, chers collègues,
La municipalité d’Agen est en crise, la Mairie d’Agen est en panne. Ce constat simple posé par quelques observateurs attentifs au fonctionnement municipal, très vite après votre accession au pouvoir municipal, est maintenant partagé par de très nombreux agenais.
M. le Maire, vous êtes, votre municipalité est en situation d’échec grave et toutes les habiletés oratoires, médiatiques, pour transformer cet échec en nouvelle donne, nouveau départ, sont contre productives.
Si nous voulons avancer ce soir, M. le Maire, il nous faut faire de cette séance du Conseil Municipal un moment de vérité. Tous les clignotants signalant la gravité de votre échec sont aujourd’hui allumés :
Echec de gestion d’abord : comme nous avons pu le voir lors de la séance du 24 mars 2003, avec une explosion de dépense du personnel, un effondrement sans précédent de l’investissement sur la ville d’Agen. Un effondrement des subventions montrant l’isolement institutionnel de la ville d’Agen et enfin, le prix à payer très élevé de négociations bien maladroites de la position d’Agen au niveau de la Communauté d’Agglomération. Cet échec est indiscutable, il vous a donné le titre très peu enviable de champion toutes catégories de la hausse d’impôt dans l’histoire de la ville d’Agen. Ce titre là, au fond de leurs mémoires collectives, les Agenais ne sont pas prêts de l’oublier.
Echec en terme de relations avec les forces vives de la ville : rien n’est plus révélateur d’une municipalité en crise que la multiplication des conflits avec les acteurs socio-économiques agenais. Avez-vous pris conscience, M. le Maire, que vous êtes aujourd’hui en conflit avec des gens aussi différents que les jeunes du Florida, que les commerçants du centre ville d’Agen, que les parents d’élèves des écoles libres, que les responsables du Sporting Union Agenais ? Vous êtes aujourd’hui en décalage profond par rapport aux aspirations des Agenais et des Agenaises et c’est peut-être le symptôme le plus inquiétant de la crise actuelle pour l’avenir de notre ville.
Echec électoral ensuite : conséquence du départ calamiteux rappelé ci-dessus et de la perte de confiance des Agenais dans l’exécutif municipal. Les Agenais qui vous avaient donné une majorité forte en 2001 vous ont sanctionné tout aussi fortement en 2002, revirement politique rarissime à l’échelle de notre pays.
Echec plus personnel ensuite : dans la gestion du groupe de femmes et d’hommes composant la municipalité. Certes, votre équipe a été frappée par l’événement tragique de la disparition de M. Maurice ORENSTEIN. Nous vous avons, à ce moment là, apporté notre solidarité, mais la tentation, ce soir, est facile de résumer la crise de ce soir en ce drame. La vérité est, qu’à côté de celui-ci, vos difficultés viennent de femmes et d’hommes de plus en plus mal à l’aise dans un mode de fonctionnement qui cumule les handicaps d’une grande confusion et d’une absence de démarche d’équipe.
Démission de M. Michel COUDERC, démission de Mme Nadège LAUZZANA, M. le Maire permettez nous de vous rappeler ce que nous vous disions, et le compte rendu municipal du 2 avril 2001 en atteste, je cite : « Est-il efficace d’avoir scindé en 2 la délégation de la culture ? Est-il si évident de séparer l’événement culturel du lieu auquel il se produit ? » Sûr de vous, vous nous répondiez qu’il s’agissait là d’une volonté politique. Deux ans après, M. le Maire, qui avait raison ? Vous ou votre opposition ? Si vous aviez eu la modestie de nous écouter, peut-être auriez vous évité le sentiment de gâchis humain dont parle Nadège LAUZZANA dans la lettre qu’elle a transmise à la presse.
Nous voulons, à ce moment de notre intervention, saluer Mme LAUZZANA qui vit actuellement des moments difficiles et dire que tous ceux qui l’auront vu exercer ses fonctions d’adjointe regretteront que sa gentillesse, son esprit de tolérance et son enthousiasme désertent l’Hôtel de ville.
Les Agenais forment des vœux pour que les agents municipaux, qui au quotidien animent l’action culturelle de notre ville, ne se laissent pas décourager dans leur travail par ce nouvel avatar. Selon toutes probabilités, le Conseil Municipal élira ce soir Michel CAMINADE comme 1er Adjoint. Nous respecterons, bien sûr, sa légitimité démocratique, mais laissez nous vous dire que ce choix qui vous appartient est pour le moins surprenant.
Les Agenais auraient compris l’élection de Jean QUERBES, 2ème Adjoint. Ils auraient aussi compris l’élection d’un 1er Adjoint écologiste comme l’était Maurice ORENSTEIN. Ils auraient compris, enfin, l’élection d’une personne capable d’apporter un élan nouveau mais ils lisent le choix de Michel CAMINADE, comme celui d’un Maire qui ne fait plus confiance, qui voit des rivaux partout et non seulement au sein de l’opposition mais au sein même de la majorité. Il n’est pas étonnant qu’un tel choix ait pu profondément blesser certains membres de votre équipe.
Cette analyse de la situation municipale renforce notre conviction d’opposition que vous traversez une crise très grave. Or une crise cela signifie danger, mais cela peut aussi signifier opportunité d’un nouveau départ. Le danger est clair. Il y a aujourd’hui un vrai danger qu’après avoir raté votre 1ère année, puis votre 2ème année, vous ratiez les 4 années qu’il vous reste à faire. Pour qu’il y ait opportunité d’un nouveau départ, il faudra beaucoup plus qu’un plan de communication bien laborieux.
Pour notre part, en tant qu’opposition municipale, nous sommes prêts à ce nouveau départ à condition que vous changiez profondément votre mode de fonctionnement municipal. Arrêtez de vous enfermer dans un tel comportement autoritaire ! Ouvrez grandes les portes de la Mairie aux Agenaises et aux Agenais. Faîtes confiance à votre municipalité et à votre majorité d’abord mais aussi à votre opposition municipale.
Et plus fondamentalement, faites la paix avec votre ville. Les Agenais ne se contenteront pas de bonnes paroles pour croire à un nouveau départ municipal. Ils attentent l’abandon de vos projets scolaires qui divisent en profondeur notre ville. Ils attendent une réorientation de votre politique de centre ville, en abandonnant notamment les nouveaux projets de centres commerciaux sur la ville de Boé. Ils attendent que vous souteniez de manière active le Florida.
Ce n’est qu’en posant des gestes forts de consensus agenais, qu’à nouveau, les Agenais pourront refaire confiance à leur municipalité. Ils n’attendront pas longtemps pour juger votre nouvelle équipe. Ce soir et lors du Conseil du 19 mai, ils attendent des actes à la fois au niveau de l’ouverture démocratique de ce Conseil Municipal mais aussi des changement profonds de la politique municipale.
L’opposition municipale n’a jamais mélangé les rôles. Elle se cantonnera, dans le mandat modeste mais important que lui ont confié les Agenais, de contrôle de l’action municipale et de proposition. Nous ne présenterons donc pas de candidat aux différentes élections pour les postes d’Adjoints. C’est votre affaire, même si 2 ans après votre élection beaucoup d’énergie est passée pour régler vos problèmes internes laissant peu de place aux vrais problèmes des Agenais, alors qu’attendent les problèmes de propreté, de stationnement, de sécurité.
Nous serons bien sûr, comme le prévoit la loi, présents au niveau des commissions. M. le Maire, ne masquez pas les difficultés qui sont les votres, prenez le risque du changement, c’est ce soir la seule voie de l’intérêt général Agenais.
Actualités
Toute l'actualité de Jean Dionis
"La municipalité Agenaise en crise, la Mairie en panne"
Réagir à cet article