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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Municipales 2020 : programme, vous avez dit programme ?

Publication : 02/12/2019  |  16:48  |  Auteur : Jean Dionis

Dans toute la France, la campagne pour les municipales se met en place dans nos villes et villages. Au milieu des mille et une controverses de cette campagne, il y en a une qui retient toute mon attention, car elle est au cœur du discrédit qui frappe la politique aux yeux de nos citoyens. Cette controverse est celle de la place à donner au programme dans votre campagne municipale.

Je suis de celles et ceux qui pensent que cette place doit être première et centrale. Et tant pis si je dois saouler certains de mes amis proches qui m’ont entendu de trop nombreuses fois sur ce sujet, mais j’affirme que nous devons complètement refonder le statut et le contenu de nos programmes municipaux.

Le statut d’abord.

Nous devons impérativement renoncer à toute pratique qui réduirait la production du programme municipal à un exercice de séduction et de communication électorale. Bien entendu, ces dimensions existent dans une campagne électorale. Elles peuvent être tenues par d’autres supports (affiches, etc…). Pas par le programme…Celui-ci doit retrouver sa fonction originelle de véritable contrat social entre les citoyens souverains et les candidats qui aspirent à les représenter. Soyons fiers de nous situer comme élèves de Jean-Jacques Rousseau et de son fameux "Contrat social".

« Si vous nous élisez, voilà ce que nous ferons, c’est le projet de contrat que nous vous vous proposons » et l’élection doit être le moment où se noue ce contrat. Ce contrat est essentiel pour recevoir la force de la légitimité donnée par l’élection. Les élus auront besoin de cette légitimité pour affronter les difficultés inhérentes à tout projet significatif ainsi que pour dépasser toutes les résistances, immobilismes et autres intérêts particuliers qui ne manqueront pas de s’exprimer au cours du mandat.

Le contenu de ce programme, ensuite.

Son exécution doit être contrôlable, vérifiable par les citoyens tout au long du mandat confié aux élus. Pour cela, son contenu doit être suffisamment quantifié et objectif pour que la réalisation de ce programme ou que sa non-réalisation puisse être constatée par les citoyens et être opposée à leurs élus. A Agen, depuis 2008, nous avons décidé de structurer notre « projet de contrat municipal » en une petite centaine d’engagements le plus concrets possible. Cette lisibilité donne au programme municipal une force considérable d’autant plus que nous avons pris la décision de le faire approuver comme programme municipal par le conseil municipal dès sa première séance de travail juste après son installation. Enfin, chaque année, nous publions un point d’avancement sur chacun de nos engagements constitutifs de notre programme.

Je crois qu’une telle démarche est absolument essentielle pour recrédibiliser la politique et plus spécialement la parole des élus politiques. Et l’échelon municipal se prête bien à ce dialogue entre les citoyens et leurs représentants plus facile de vérifier si le Maire a bien piétonnisé tel ou tel boulevard que de contrôler si le Président du Conseil Régional a adopté la bonne politique de développement économique.

 

Alors me direz-vous, si votre vision du « programme-contrat » a toutes les vertus rappelées ci-dessus, pourquoi existerait-il une controverse à son sujet ? 

Les opposants philosophiques à la notion de programme-contrat font en fait deux critiques fondamentales à ce concept qu’il est essentiel d’entendre.

La première consiste à affirmer que la notion de programme-contrat ignore "la vraie vie" et ce qui la caractérise à savoir des Evénements (Ex-venire, littéralement ce qui vient de l’extérieur). Ces opposants estiment qu’il est vain de passer contrat avec les électeurs alors que par définition, l’exercice du pouvoir municipal est rendu imprévisible par ces fameux évènements extérieurs. Point de calendrier ou d’objectifs chiffrés. Seuls seraient pertinents pour eux des directions, des caps à tenir. C’est un argument majeur qu’il nous faut entendre.

Il peut être illustré par un exemple vécu dans le dernier mandat 2014-2020. Les dernières équipes municipales ont été élues en mars 2014 sur des programmes bouclés au tout début de cette année 2014. Or le 8 avril 2014, Manuel Valls annonce, lors de sa déclaration de politique générale, une réduction de 10 Milliards € par an du soutien de l’Etat aux collectivités locales…impactant notamment très fortement les recettes de l’agglomération agenaise (DGF, etc….). Une adaptation du programme initial est bien incontournable dans ces circonstances.

Cela invalide-t-il la notion de programme-contrat ? Non. D’abord parce que de tels évènements sont aujourd’hui rares. Et ensuite, parce qu’un programme, si son point de départ est clair, peut être recadré. Restera alors à voir, selon l’ampleur de la modification par rapport au contrat initial, quelle devra être la validation politique de cette modification. Du conseil municipal au référendum local, les solutions pour relégitimer un contrat en cours de mandat existent. On ne devra pas craindre d’y faire recours.

La deuxième critique de fond contre le projet de contrat initial consiste à réclamer une élaboration participative des citoyens à ce programme et à contester aux candidats la légitimité démocratique pour pouvoir proposer seuls, en exclusivité, un programme…Bien entendu, il y a une part de bon sens dans cette critique. Plus l’élaboration du programme est faite de manière collective et renseignée, « meilleur » sera-t-il.

Mais la politique, c’est choisir parmi des chemins sociaux, fiscaux, sociétaux très différents, voir carrément opposés et penser que ces choix pourraient se faire de manière « participative » est une douce illusion. L’élection est le moment du choix des citoyens. A partir des choix faits par la majorité du corps social, alors, là, oui, peuvent démarrer les mobilisations des différentes parties prenantes, secteur par secteur (démarches participatives, assises, Grenelles, etc...). Alors, sur la base des choix fondamentaux faits par la majorité des citoyens, un travail de fond participatif sera toujours le bienvenu pour assurer le succès de la mise en place des engagements pris.

Alors, vivent les programmes-contrat ! Ils vont redonner leurs lettres de noblesse à nos campagnes électorales et à la parole politique en général.

Au travail, citoyens !

A vous de voir si vos élus sortants ont tenu parole,

A vous de comparer la qualité, le sérieux des programmes qui vous sont proposés,

Aux municipales, la démocratie va reprendre des couleurs !

 

Les réactions

 

Bonjour,

Bien évidemment j'adhère à votre démarche et je m'en explique ci-dessous :

Le contrat social nécessite une autorité légitime.

L’autorité légitime nécessite la reconnaissance par tous et toutes de la compétence individuelle et collective d’un individu et d’un groupe d’individus.

Ce qui implique un programme concret avec des objectifs, clairs, identifiables, quantifiables et mesurables. Et le recrutement de personnes ayant les compétences certaines et reconnues pour exécuter ce programme.

Mais pas seulement.

Dans une démocratie républicaine, l’autorité légitime, s’accompagne d’une coopération sociale des citoyens (ou leur participation) à l’intérêt commun. C’est le RIP, c’est aussi les comités de quartiers, les associations, les clubs, une communauté, éducative, sportive, d’étudiants,  ….

A cela, il est nécessaire d’établir un ordre incitatif du respect de la Loi civile par TOUS les citoyens. C’est ce qui s’est détérioré en France, ces dernières années. Car quand l’action de l’autorité de police prédomine sur l’autorité légitime, c’est que les citoyens se sont désintéressés de l’intérêt commun et que la société locale s’est clivée.

Pour éviter la Loi du plus fort, il est nécessaire d’impliquer les citoyens dans l’organisation civile et politique de la cité. En tenant compte des groupes d’influence existants ou potentiels, culturels, aux intérêts communs,  aux intérêts croisés … par exemple.

En effet, la communauté civile ou citoyenne ce n’est pas la somme des individus qui la composent. C’est leur interaction. Une dictature empêche les individus d’interagir entre eux. Une démocratie favorise et organise l’interaction des individus entre eux.

Par voie de conséquences, l’autorité légitime, c’est le maire, et son conseil (qui forment ensemble l’autorité politique) et le groupe des citoyens qui interagissent entre eux, CIVILEMENT et POLITIQUEMENT (bien évidemment pas au sens de parti). C’est le respect d’un pacte des droits civils et politiques (connu de tous) par tous et toutes.

Il est vrai que s'il on écoutai les Français, nous y compris bien sur, le peuple conteste certaines décisions prises par le gouvernement depuis l'été dernier (80km/h, taxation du gazoil et maintenant le gazoil non routier), la situation aurait été plus sereine. Surtout si on était réconforté par une parole du maire soutenant ces contestations. Je ne parle pas du député totalement absent!

Bonjour,

Faire participer tous les citoyens dans les décisions de gouvernance est un idéal utopique car ce sera toujours les mêmes qui imposeront leurs objectifs aux indifférents et à cette « majorité silencieuse » dont la priorité est la production de richesses garantes de notre survie. Cette représentativité n'est pas acceptable car ce n'est pas celui qui parle le mieux ou le plus fort qui doit s'imposer mais le plus compétent. D'où cette citation de Paul Laffitte :

"Un administrateur administre, trois administrateurs cherchent le meilleur moyen d'administrer, cinq administrateurs discutent sur des programmes opposés, sept administrateurs bavardent".

Conclusion, nous avons déjà un droit de vote qui a conduit une pléthore "d'administrateurs" prompt à faire exploser les budgets de notre mille feuilles politico administratif ultra protecteur et centralisé. Résultat, de longue date c'est la cacophonie, inutile d'en rajouter. Notre pays plus que de palabres voire de vociférations, a besoin d'une vision d’avenir animée par la motivation, l'initiative et le travail.  Pour cela il nous faut des chefs et du personnel compétents qui savent que « gouverner c'est prévoir » et « travailler c'est la vie ».

 

Michel SANTIN cadre SAV export quadrilingue

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