Tout le monde connait le récit antique des Horaces et des Curiaces.
A tout hasard, petit rappel : « Les trois Horaces et les trois Curiaces sont des héros qui se seraient battus en duel pendant la guerre entre Rome et Albe. Les deux villes décidèrent d'un commun accord de régler leur conflit en désignant trois champions de chaque côté. Les Horaces étaient les champions de Rome et les Curiaces ceux d'Albe. Les Albains furent tous les trois blessés rapidement et deux des Romains tués. L'Horace prit la fuite, poursuivi par les Curiaces blessés. Mais ceux-ci ne le rattrapèrent pas en même temps, ce qui permit à l'Horace survivant de les tuer l'un après l'autre… »
La manière – habile - dont le gouvernement met en mouvement la réforme de la SNCF me fait immanquablement penser aux Horaces et aux Curiaces.
En s’attaquant à la réforme de la SNCF, le gouvernement est à priori bien seul – avec pour seul allié l’opinion publique dont on connait la versatilité- contre une redoutable coalition constituée par les cheminots et leurs syndicats, les usagers de la SNCF et les élus locaux des territoires menacés par la fermeture des fameuses « petites lignes »… (lire ma première chronique sur ce sujet http://jeandionis.com/blog/rapport-spinetta-sncf-vigilance-france-peripherique )
Dans l’annonce faite lundi dernier par le Premier Ministre, Edouard Philippe, une stratégie de conduite de la réforme de la SNCF se dessine. Edouard Philippe, tel Publius Horatius, a clairement pour objectif d’affronter d’abord les cheminots et leurs syndicats et de ne surtout pas agresser, dans un premier temps, les élus locaux et les usagers de la SNCF sur le débat hyper-sensible des « fameuses petites lignes ».
Sa prise de distance par rapport au rapport Spinetta est incontestablement habile. Quel élu local, quel usager peut rester insensible lorsque le premier ministre déclare, la main sur le cœur : « Je ne suivrai pas le rapport Spinetta sur ce point », a indiqué ce lundi Edouard Philippe. « On ne décide pas la fermeture de 9.000 km de lignes depuis Paris sur des critères administratifs et comptables. Dans bien des territoires, le rail est au coeur de la stratégie des régions pour le développement des mobilités »….
Fort bien, il y aura donc une première mi-temps pour cette réforme de la SNCF. Elle sera centrée sur la mise en extinction du statut du cheminot, la modification de la SNCF en Société Nationale à capitaux publics, l’ouverture à la concurrence notamment pour ne plus être dépendant des coûts d’exploitation et d’ingénierie très élevés du groupe national.
Le gouvernement se donne les moyens de mener cette première mi-temps tambour battant, notamment avec le recours aux ordonnances…
Il est même probable que le gouvernement, fort du soutien de l’opinion publique, sorte victorieux de son face à face avec les cheminots et leurs syndicats.
Fort bien, une nouvelle fois …
Mais, il y aura une deuxième mi-temps. Pourquoi l’affirmer alors que le Premier Ministre proclame pour l’instant le contraire ?
Tout simplement parce que la SNCF perd 3 milliards d’€ par an et que ce déficit abyssal annuel va s’ajouter mécaniquement à la dette de l’entreprise qui atteint, en cette fin d’année, le chiffre record de 46 Milliards €.
Or, on ne fera pas baisser ce déficit avec la mise en extinction du statut du cheminot, forcément progressive et à impact forcément réduit pendant les premières années de la réforme.
Et Edouard Philippe, alias Publius Horatius, sera bien obligé d’affronter les élus locaux et les usagers sur ces fameuses « petites lignes » s’il veut redresser financièrement la SNCF. Et je ne peux pas imaginer que la réforme lancée n’ait pas pour but final le redressement financier de l’établissement public national.
Et si nous, élus locaux et usagers, nous ne voulons pas connaitre le triste sort des frères Curiace, nous devons nous mettre dès maintenant en situation d’anticipation et de vigilance.
Comment ?
D’abord en organisant au niveau de chaque conseil régional, un audit serré de chacune de « ces petites lignes » : Agen-Périgueux, Libourne-Bergerac, etc… qui nous permettre de disposer de données complètes et actualisées : Fréquentation, déficit d’exploitation, travaux….
Ensuite, en envisageant toutes les alternatives possibles à la situation actuelle : modernisation au sein de la SNCF, modernisation après transfert au Conseil Régional concerné, mise en place d’autobus, covoiturage…
Enfin, en ayant le courage de décider, ligne après ligne, chacune ayant sa propre spécificité.
Anticiper et se mettre en position de vigilance immédiatement pour pouvoir peser sur le débat lorsqu’il nous rattrapera immanquablement… Ce fut le sens de mon intervention à la dernière Conférence Territoriale de jeudi dernier à Bordeaux.
Sur la réforme de la SNCF, il nous revient d’écrire un autre dénouement que celui de la légende Antique.
Horace - l’Etat faisant la paix des braves avec Curiace - les collectivités ? chiche ?
Bonjour à toutes et à tous,
Lorsque mon Grand-père maternel, prenait le train venant de Tarbes(65), en Gare de Vic-en-Bigorre (65), premier arrêrt de l'Express Tarbes-Paris, à 19h30, desservant les Gares d'Auch (32), Agen (47), Périgueux (24), Limoge (87), Chateauroux(36), Orléans(45) etarrivée Paris-Orsay ( remplacé par Paris Austerlitz) à 7h du matin et ce jusqu'au début de 1944 et retour le soir par le Paris-Tarbes, via les gares énumérées ci-dessus. Si je voulais faire le même trajet Parisd-Vic-en-Bigorre(65), en prenant un train Paris-Toulouse, Changement pour Périgueux à Limoges, puis à Périgueux, changement de train pour Agen, a Agen, Autobus Agen-Auch, puis à Auch autobus, Auch- Tarbes, arrêt à Rabastens-de-Bigoirre (65), puis les 7 derniers km entre Rabastens-de-Bigorre (65) et Vic-en-Bigorre (65), soit en Taxi, soit que quelqu'un vienne me chercher. Est cela un progrès. Le Plau Pasqua de réouverture de 1000 gares, n' a jamais été appliqué. Le Libéralisme et l'ultra-libéralisme sont synonymes de régression dans tous les domaines et en particulier dans les Services Publics de transports sur voies ferrées, de la Poste (qui a remplacé ses wagons postaux, par des camions), de l'Électricité et du Gaz, morcelés et mis en concurrrenceau détriment des utilisateurs. L'es Gouvernements invoquent l'applicaqtion de Directives Européennes, La Commission Européenne répond qu'elle y est pour rfien, qui ment? Il est grand temps de revenir à plus de réalisme et de pragmatisme, pour gouverner notre pays, le Gouvernement actuel en est incapable et devra être sanctionné par nos bulletins de vote. Cordialement, B.Herrou
M. le premier Ministre vient de réaffirmer et de confirmer la fin du statut des cheminots ainsi que du recours aux ordonnances (procédé pour le moins discutable car fort peu démocratique)pour imposer rapidement la « réforme » de la SNCF.Dans le même temps le pouvoir exécutif ne cesse de dire sur tous les tons son intention "affichée" de négocier au moyen d'une soixantaine de consultations....A l'évidence il y a un problème :négocier ne consiste pas à décider puis « discuter » ou « bavarder ».Négocier c'est ouvrir le débat,le dialogue dans le but de trouver des solutions négociées.Le pouvoir exécutif entend donc organiser une parodie de négociation:cela n'est pas acceptable.Les réformes nécessaires de la SNCF doivent permettre de mettre en place un grand service ferroviaire d'avenir (prenant en compte les TER ainsi que le fret)et non pas de le liquider.C'est aussi l'affaire des Français,des usagers,de tous ceux qui sont attachés à un service ferroviaire de qualité.Liquider la SNCF serait dramatique pour la France.Ne laissons pas ce gouvernement insulter l'avenir.