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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Vente d’UPSA : BMS face à sa responsabilité sociale

Publication : 09/07/2018  |  10:04  |  Auteur : Webmaster

Le mois dernier, le groupe BMS  avait annoncé entreprendre une revue stratégique d’Upsa, qui emploie en France 1.500 personnes, dont 1.300, chez nous, dans l’agglomération agenaise, faisant d’UPSA  le premier – et de loin -  employeur privé du Lot-et-Garonne.

J’avais réagi immédiatement à cette première annonce « feutrée » en affirmant publiquement que tous les responsables locaux Agenais– politiques, sociaux, économiques – devaient se coordonner et se mettre en état de « vigilance maximale ». 

J’avais, malheureusement, raison. Jeudi dernier l’agence de presse Reuters, à partir, de deux sources estimées au fait des discussions, a été beaucoup plus précise. En effet, selon Reuters, le groupe pharmaceutique américain Bristol-Myers Squibb (BMS) aurait engagé deux banques afin de vendre Upsa, sa division française de médicaments sans ordonnance, qui pourrait être valorisée plus d’un milliard d’euros.

Deutsche Bank et Jefferies prépareraient le processus de vente du fabricant du Dafalgan et de l’Efferalgan, qui devrait être lancé après l’été, auraient-elles précisé.

BMS s’est refusé à commenter ces informations, s’en tenant à son communiqué du 19 juin… Mais, quant à moi, comme l’immense majorité des Agenais, je considère ces informations, dans l’attente de leur confirmation ou de leur infirmation, comme probables.

Et, donc, je suis vigilant et inquiet.

Entendons-nous bien.

Les Agenais savent que BMS est le propriétaire d’UPSA et qu’il a donc les droits du propriétaire sur UPSA et  notamment celui de disposer librement (et donc de s’en séparer) de sa propriété dans le respect des procédures légales en vigueur dans les pays concernés et d’abord dans le notre, la France.

Les Agenais - et ils sont nombreux – qui s’intéressent à la vie d’UPSA savent ou plutôt pressentent que cette annonce serait, si elle est confirmée, la déclinaison à l’intérieur du groupe BMS d’un mouvement beaucoup plus large suivi par les grands laboratoires consistant à se concentrer sur leurs activités les plus rentables.

A l’intérieur du groupe, BMS a déjà pris la décision de céder certains actifs non essentiels pour se focaliser sur les médicaments sur ordonnance, à forte marge, notamment les traitements du cancer. La vente éventuelle d’Upsa ferait donc suite à une série d’opérations, de même nature, de BMS dans ce secteur. A l’extérieur du groupe BMS, à titre d’exemple, L’américain Procter & Gamble a ainsi acquis les activités de santé grand public du laboratoire allemand Merck KGaA en avril.

De plus, en ce qui concerne UPSA, les Agenais ont de la mémoire. Ils savent que c’est à Agen, en 1935, que le Dr Camille Bru fonde l'UPSA (Union de Pharmacologie Scientifique Appliquée).

Entreprise familiale jusqu'en 1994, elle devient filiale à 100 % de l'américain Bristol-Myers Squibb, qui possédait déjà 45 % de son capital depuis 1990.

J’ai vécu, aux côtés du Dr Chollet, maire d’Agen à cette époque, comme témoin secondaire, le rachat d’UPSA par BMS. Je peux témoigner qu’à cette époque aussi la vigilance et l’inquiétude étaient maximales. Nos craintes étaient, comme aujourd’hui, que les nouveaux propriétaires « éparpillent » l’outil industriel UPSA sur l’ensemble des établissements industriels du groupe.

24 ans après, nous devons rendre acte à BMS d’avoir été un propriétaire respectueux de la réalité industrielle Agenaise et de l’avoir, par une politique d’investissement constante et élevée, maintenu à  un très haut niveau de productivité et donc de compétitivité. Dont acte.

Alors pourquoi être vigilant et inquiet aujourd’hui, puisque BMS a été, jusqu’à ce jour, un propriétaire loyal pour Agen ?

Tout simplement, parce que selon les intérêts stratégiques du futur propriétaire, l’avenir d’UPSA et de ses 1300 employés agenais sera radicalement différent.

Si les intérêts du futur acquéreur sont aujourd’hui concurrentiels de ceux d’UPSA, une spirale négative de désinvestissement et de réduction du nombre d’emplois est à craindre. S’ils sont complémentaires, alors la vente d’UPSA peut être pour notre entreprise-phare une chance.

Dans cette affaire, BMS est en face de sa responsabilité sociale. Au moment où tout le monde parle de cette fameuse responsabilité sociale et environnementale des entreprises (RSE), BMS doit la prendre en compte dans les critères de choix qui construiront sa décision.

Un groupe mondial, comme BMS, ne peut pas avoir, comme seule boussole dans cette affaire, « de toucher le plus gros chèque possible » du futur acquéreur. Je fais confiance à la culture politique, au sens noble du terme, des dirigeants de ce grand groupe .

Mais, comme le dit,  avec sagesse, la Banque de France, «  la confiance n’exclut pas le contrôle ». Nous serons donc vigilants. Nous serons résolument aux côtés des 1300 Agenais qui travaillent à Upsa ainsi que de toutes celles et ceux qui travaillent chez les sous-traitants.

Si, par malheur, BMS ne faisait pas face à sa responsabilité sociale, nous saurons réagir localement et nationalement. Pour avoir été depuis 25 ans de tous les combats de soutien d’UPSA, c’est un dossier que nous connaissons bien. Nous connaissons bien tous les rouages administratifs qui s’imposent à l’industrie pharmaceutique.

Mais dans ce dossier, je veux rester à la fois optimiste et lucide. A nous d’abord de faire connaître parfaitement les enjeux sociaux d’une telle décision à tous les dirigeants de BMS qui seront  partie prenante d’une telle décision.

Je crois qu’il doit exister un chemin 3 fois gagnant.

Gagnant pour BMS qui peut faire une bonne vente parce qu’UPSA est aujourd’hui un bel outil industriel et surtout parce que les 1300 salariés d’UPSA possèdent un savoir-faire exceptionnel.

Gagnant pour un acquéreur aux intérêts stratégiques complémentaires qui élargira ainsi son portefeuille avec une activité rentable.

Gagnant pour les employés de BMS et donc pour Agen.

Ensemble, nous devons trouver ce chemin.

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