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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

UPSA : les raisons de la colère Agenaise.

Publication : 21/10/2019  |  10:36  |  Auteur : Jean Dionis

Le mercredi 16 juillet, une délégation Lot-et-Garonnaise de haut niveau (les 5 parlementaires Lot-et-Garonnais, les maires d’Agen et du Passage, Christian Dezalos pour le Conseil Départemental de Lot-et-Garonne) a rencontré, pour le dossier UPSA, à Bercy, Sébastien Guérémy, conseiller industrie et innovation d'Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès de Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie et des Finances.

Notre interlocuteur est à l’écoute, connaissant bien le dossier industriel. Mais très vite, nous ressentons que le Ministère qui est censé nous défendre, à savoir Bercy, en charge de l’industrie ne pèse pas dans les décisions particulièrement néfastes qui menacent de frapper UPSA et ses produits. Très vite, nous comprenons que les décisions risquent de se prendre au Ministère des Solidarités et de la Santé sans que les impacts industriels et sociaux, les impacts territoriaux ne soient pris en compte.

Nous, élus locaux d’Agen, nous connaissons bien ce type de conflits. Nous avons vécu les mêmes en 2003 et en 2014. A chaque fois, nous avons réussi à, grâce notamment à la mobilisation des partenaires sociaux sur Agen, nous faire entendre, facilitant ainsi la voie vers des compromis intelligents entre le Ministère des Solidarités et de la Santé et les Industriels agenais. Pas là, pas cette année ?

Il importe de reprendre chacune des trois mesures en cours d’instruction à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et par le Comité économique des produits de santé (CEPS) pour bien comprendre la colère Agenaise. 

  • Première décision : la création d’un groupe de générique pour le Paracétamol codéiné.

Cette décision impacterait directement le Dafalgan codéiné et laisserait bizarrement son concurrent le Codoliprane de Sanofi à l’abri. Le Dafalgan codéiné serait directement concurrencé par un générique, le Damalgo, fabriqué par un concurrent d’UPSA, Mylan en Roumanie. Nous avons démontré et redémontré qu’en consolidé, cette décision était néfaste non seulement pour l’emploi, mais aussi pour les finances publiques françaises pour un peu que l’on accepte de ne pas voir les yeux étroitement fixés sur le budget de la Sécurité sociale. Les maigres économies faites sur ce budget seront largement compensées pour l’Etat par les pertes de recettes dues à la baisse d’activités industrielles sur le sol Français (perte de recettes de TVA, de charges sociales, etc.…). Et pourtant, on continue, en chantant, dans cette voie scandaleuse pour notre territoire…

Et dire que l’Agence n’a pas le droit de refuser cela à Mylan, c’est vraiment prendre les Agenais pour des enfants de chœur !

  • Deuxième décision : la fin du Paracétamol en vente libre ……

L’Agence semble découvrir qu’à doses trop élevées, le paracétamol peut provoquer de graves lésions du foie ce qui n’est discuté par personne. Mais, il est vrai aussi que les médicaments utilisant du paracétamol sont parmi les plus utilisés en automédication comme antidouleurs ou anti-fièvre chez les adultes et les enfants.

Exiger du pharmacien un échange avec tous les clients occasionnels de paracétamol ou d’aspirine, est-ce bien pertinent ? Ne faudrait-il pas mieux avoir une vraie politique du médicament antalgique qui séparerait les gros consommateurs réguliers de paracétamol (maladies chroniques, arthroses, etc.…) qui utiliseraient des médicaments délivrés sur ordonnance et les utilisateurs à faible dose et occasionnels de paracétamol qui pourraient continuer à consommer d’autres médicaments par automédication ?

  • Troisième décision : le Paracétamol mis à contribution pour 920 millions d’€ d’économies sur les prix des médicaments dans le PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) 2020

Sur le fond, il n’y a rien, cette fois, de scandaleux à chercher des économies du côté du médicament et de partager les progrès de productivité faits entre l’industriel et la Sécurité sociale.

C’est d’ailleurs comme cela que nous avons évité la décision absurde de pousser la fabrication du Dafalgan hors de notre sol national en créant un groupe générique lors des dernières négociations notamment celles de 2003-2004 et celle de 2014.

Mais, il serait quand même temps de regarder quelques chiffres de base en face.

Une boîte de Dafalgan 1g, 8 comprimés est vendue aujourd’hui 2,18 € TTC. Sur ces 2,18 € TTC, l’industriel est rémunéré 0,76 € par boîte laissant 1,42 € aux répartiteurs, au pharmacien d’officine et aux taxes diverses. Si vraiment le gouvernement est sérieux, sur sa volonté de réindustrialisation de notre pays, alors l’heure est venue de partager plus justement les efforts demandés à tous les acteurs de la chaîne du paracétamol.

Vous l’aurez compris, dans ces trois décisions, les territoires (Agen, Lisieux, etc.…) sont oubliés. Mais dans ces territoires, il y a des femmes et des hommes qui travaillent dans des usines remarquables. Ces femmes et ces hommes, leurs familles vont être impactés dans leur parcours professionnel, dans leur vie sociale par les trois décisions détaillées ci –dessus.

Voulons-nous que la France et ses territoires restent une terre d’industrie ? Alors, merci de penser à nous avant de pousser de manière absurde une production française en Roumanie.

Voulons-nous que la France et ses territoires soient une terre d’investissement étranger ? Alors, merci de faire en sorte que le nouveau propriétaire d’UPSA, le Japonais Taïsho, ne gèle pas tous ses investissements à Agen à la suite de décisions aveugles sur les réalités industrielles et territoriales ?

Attention, Agen est inquiet. Il monte chez nous une colère sourde.

Il est grand temps de nous écouter.

 

 

Les réactions

Monsieur le Maire,
Votre colère est celle de tous les Agenais ( agglomération comprise ) les 1500 emplois directs concernés par ces decisions.
Aujourd'hui UPSA souffre également d'être dépendant du paracétamol, son avenir passe par l'apport de nouveaux produits . Puis à mon tour d'etre colère comment ne pas l'être quand nos médecins et pharmaciens du 47 prescrivent ou conseille à molécule égale le produit concurrent D'UPSA le Doliprane. Nous devons tous être concernés.

Une fois de plus, c'est scandaleux, nous détruisons au fur à mesure notre industrie Française, nous préférons laisser un Benard ARNAULT d'LVMH construire des usines aux USA pour faire plaisir à TRUMP et ainsi s'éviter des taxes douanières excessives données aux produits de France. C'est mieux de faire le jeu des industriels Roumain que de France. Nous pouvons être très inquiets pour le devenir de notre porte drapeau local. Je m'interroge de plus en plus sur le soutein à un tel gouvernement...qui va à l'encontre des intérêts Français.

Une fois de plus des décisions prises à l aveugle par des politiques qui ont perdu le contact avec les territoires ruraux. Mais que pèse l économie engendrée par l introduction d un générique fabriqué à l étranger face à la baisse des rentrées fiscales à savoir tva charges salariales ...ainsi que la mise au chômage d un certain nombre de travailleurs. Il faut soi disant désengorger les grandes villes et d un autre coté on torpille l industrie des petites villes comme agen. De plus Étant du milieu de la santé je ne comprends pas qu un médecin local prescrive un autre paracetamol que celui sortant d  Upsa. soyons solidaire bon sang et personnellement j apporterais mon soutien à toute initiative qui visera à sauvegarder l emploi de notre région. 

J'ai impression que nous oublions bien facilement que l'industrie véritable bassin d'emploi, de vie, de regroupement de compétences sont indispensable pour notre pays. L'industrie, c'est du courage de créateur, de l'inventivité par l'embauche de nouveaux étudiants, des employés de toutes compétences qui ont tous un point commun, l'envie de vivre heureux dans ce bassin d'emploi et de vie.

"Très vite, nous comprenons que les décisions risquent de se prendre au Ministère des Solidarités et de la Santé sans que les impacts industriels et sociaux, les impacts territoriaux ne soient pris en compte". Il était temps de le comprendre !!! Personnellement, employé dans cette industrie, je l'ai compris depuis le début des années 2000, lorsque les laboratoires pharmaceutiques Français et les laboratoires pharmaceutiques étrangers implantés sur le sol Français ont commencé à  licencier à tour de bras. Des licenciements massifs induits par la politique sur les médicaments menée par les différents gouvernements. Même si la déchéance de l'industrie du médicament en France est pluri factorielle, les génériques constituent une fumisterie qui a impacté la recherche privée en France. Plus de recherche, plus de nouvelles molécules, moins de chiffre d'affaire, moins d'emplois, plus de licenciements. Logique implacable...

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