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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Le plan Borloo…vu d’Agen

Publication : 07/05/2018  |  18:37  |  Auteur : Webmaster

Jean-Louis Borloo, ancien ministre en charge de la politique de la Ville a remis ce jeudi 3 Mai son rapport commandé par l'Elysée. Emmanuel Macron, dans la foulée, présentera son plan Banlieue fin mai.

Ce rapport était attendu.

D’abord parce que Jean-louis Borloo est un des rares hommes politiques de stature nationale à être crédible sur ce sujet éminemment sensible.

Cette crédibilité, Jean-Louis Borloo l’a d’abord gagné en étant un maire particulièrement actif et efficace de Valenciennes, ville particulièrement sinistrée à la fin des années 1980. Mais c’est surtout, comme Ministre délégué à la Ville de 2002 à 2004, qu’il va véritablement donner un élan décisif à cette politique publique.

En effet, le programme national de rénovation urbaine (PNRU) lancé en 2003 par Jean-Louis Borloo aura mobilisé 40 milliards d’euros d’investissements sur la période 2004-2013. Avec le recul, quand on connait les inerties technocratiques qui paralysent notre pays ainsi que ses contraintes budgétaires, c’est, avec le recul, tout simplement impressionnant. Chez nous à Agen, la transformation réussie du quartier Tapie (rebaptisé « Chabaud ») n’aurait tout simplement pas existé sans cet élan national.

Ce rapport était attendu pour d’autres raisons plus dures, plus âpres. En effet la révolte des élus de banlieue lancée en octobre lors de l'appel de Grigny risque de s'enflammer.

Ces élus – et partageant avec eux la responsabilité de quartiers difficiles, je les comprends – n’en peuvent plus de voir la politique de la ville réduite à un théâtre d’ombres, sans aucun moyen budgétaire significatif, la politique de la Ville ayant été la grande oubliée du quinquennat Hollande.

Mais, comme si cela ne suffisait pas, elle est le théâtre de centaines de projet aujourd’hui bloqués pour des raisons diverses. A Agen, Le blocage du projet municipal de la nouvelle école Paul Langevin, dans le quartier prioritaire de Montanou, à cause d’une position irresponsable des services locaux de l’Etat,  (lire ma chronique Ecole Paul Langevin : retrouver le bon sens vite !  http://jeandionis.com/blog/ecole-paul-langevin-retrouver-bon-sens-vite ) est malheureusement emblématique de ces aberrations et du manque de volonté gouvernemental dans un passé récent. Ce rapport a le mérite de proposer une politique forte et cohérente avec le financement correspondant structurée autour de 19 programmes (lire le détail http://www.lagazettedescommunes.com/561905/les-19-programmes-de-jean-louis-borloo-pour-faire-renaitre-la-politique-de-la-ville/ )

Juste deux exemples pour illustrer le volontarisme social de Borloo :

1 - Une fondation pour garantir le financement de la rénovation urbaine

Jean-Louis Borloo accuse l'Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine) de s'être totalement enkystée : trois ans sont désormais nécessaires pour lancer un projet de construction. Pour « remettre des grues dans les quartiers », il propose de créer une fondation regroupant les collectivités territoriales, les financeurs, les partenaires sociaux et les bailleurs. Un fonds à la Caisse des Dépôts et Consignations serait doté de 5 milliards d'euros prélevés sur la moitié des recettes des privatisations.

2- Au-delà de l'école, la « cité éducative »

Le rapport parle de « cité éducative » pour illustrer le regroupement, à partir du collège et des écoles, de tous les lieux et acteurs prêts à soutenir l'éducation des enfants. Il propose une série de mesures qui vont du « triplement » de la préscolarisation à deux ans dans les zones d'éducation prioritaire renforcées (REP +) et de la relance des classes passerelles à l'organisation de « clubs petits déj » gratuits dans les écoles et collèges REP et REP+ le matin ou la gratuité de la cantine le midi. Il plaide aussi pour un fonds de solidarité éducative de 300 millions d'euros pour aider les communes pauvres à financer le dédoublement des classes de CP et de CE1 et les mesures de préscolarisation. Un fonds d'investissement éducatif devrait, lui, permettre de « rénover ou reconstruire » dans les cinq ans les 300 écoles et 100 collèges les plus dégradés…… 

Je rêve……A Agen, on demande juste qu’on nous laisse construire sur le terrain qui est incontestablement le plus pertinent pour cela.

Ce rapport est loin d’être parfait.

Il est faible sur les problèmes d’économie souterraine, de trafic organisé, de radicalisation religieuse. Or, ce sont des causes majeures de ghettoïsation de ces quartiers.

Il manque de dénoncer certaines aberrations administratives catastrophiques comme celle qui aboutit à avoir des géographies prioritaires différentes à l’Education Nationale (REP et REP+) et au ministère de la ville (QPV). Juste dingue !

Il est trop rapide sur la justification profonde d’un tel effort financier de la nation à destination des 6 millions de nos concitoyens  qui vivent dans ces quartiers, ce qui a valu à Borloo une charge violente de la part de Rachida Dati.

Mais enfin, il est là et  le Président de la République et le gouvernement vont devoir se situer par rapport à lui.

A Agen,  nous savons que le taux de chômage atteint 48% à Montanou et que le revenu moyen par ménage est de de 500 €/mois et que ces deux chiffres, avec toute la souffrance sociale qu’ils expriment, nous obligent à agir.

A Agen, nous savons que la priorité absolue de la politique de la ville doit être l’école de Montanou et qu’il est urgent de faire une nouvelle école plutôt que de discuter du sexe des anges et des inondations à propos d’un risque complètement exagéré.

A Agen, nous avons eu l’expérience d’une politique de la ville forte qui nous a permis de transformer en 10 ans positivement  le quartier de Tapie-Chabaud et depuis 2013, nous faisons « semblant » avec des moyens ridicules disponibles du côté de l’Etat... et qu’il est grand temps de redevenir sérieux.

Bref, à Agen, comme dans toutes les communes avec des quartiers prioritaires de la politique de la ville, nous sommes entre exaspération et espérance.

Exaspération, car les élus locaux se sentent bien seuls devant ce qui est un enjeu d’Etat : la cohésion sociale de la Nation.

Espérance, car Jean-Louis Borloo a décrit la vérité de nos quartiers difficiles et tracé des chemins vertueux et crédibles pour les habitants de ces quartiers. Espérance qu’en Mai, le Président mette ses pas dans ceux de JL.Borloo.

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