Les attaques perpétrées le samedi 7 octobre au Sud d’Israël nous ont horrifiés et sidérés.
Elles nous ont horrifiés par leur barbarie (vieillards et enfants égorgés, assassinats de masse dans les kibboutzs de cette région, antisémitisme d’une violence rappelant celle de la shoah et des pogroms des XIXème et XXème siècles…).
Elles nous ont sidérés par leur imprévisibilité. Israël d’abord, la Communauté internationale ensuite, n’ont pas «vu venir » cette agression très organisée, sophistiquée, très certainement faite avec l’appui de d’Etat de la République islamique d’Iran.
1200 morts au Sud d’Israël, pour la très grande majorité, des civils, plus de 150 otages…
J’ai été, comme beaucoup, submergé par la tristesse et par la sidération. Je le suis encore une semaine après, dimanche 15 octobre, en écrivant cette chronique.
Tristesse de revoir le drame, la fureur et le prix de la guerre pour le Moyen-Orient. Encore et toujours, malédiction interminable…
Tristesse et sidération de voir, le cycle légitime, mais insupportable de la défense à l’agression s’enclencher inexorablement comme nous le rappellent les très nombreuses (2400 ?) victimes gazaouies à ce jour.
Une semaine après, je veux essayer, humblement, modestement, notamment par cette chronique, de remettre de l’ordre dans mes convictions profondes.
Je sais déjà, de tout mon cœur, qu’il existe trois impasses politiques dans lesquelles il ne faut pas se fourvoyer :
La première est celle de l’autruche, celle de la tête dans le sable, celle qui considérerait que « pour nous français, ce que nous aurions de mieux à faire… serait de ne rien voir, de ne rien dire, de ne rien faire et de nous tenir le plus à distance possible de ce conflit ». C’est une tentation d’une partie importante de notre opinion publique. Mais derrière les « de toute façon, c’est indémerdable… » de nos cafés de commerce, il y a le refus de voir la résonnance planétaire d’un conflit qui se passe sur une terre trois fois sainte et spécialement pour la France, pays aux racines chrétiennes et aux communautés juives et musulmanes nombreuses. Oui, la France a une influence modeste dans cette partie du monde. Mais, qu’elle le veuille ou non, elle est impliquée : les morts français en Israël (19 à ce jour), les otages français du Hamas, l’assassinat, Vendredi, de Dominique Bernard, professeur à Arras nous le rappellent tragiquement.
La deuxième impasse est de tenir un discours relativisant le terrorisme du Hamas en en faisant un épisode de plus du conflit Israélo-Palestinien. Le faire serait ignorer la longue marche de l’Humanité pour contenir les horreurs de la guerre, qui, une fois pour toutes, a qualifié de crime de guerre les attaques ciblées contre les civils. Le terrorisme fait fi du droit que s’est donnée douloureusement la communauté internationale. Notre condamnation du terrorisme et donc du Hamas, doit être totale et, surtout, ne pas se perdre dans l’ambiguïté. Elle doit être constante et aussi forte à New York en 2001, à Madrid en 2004, à Paris en 2015, à Nice en 2016 …. et en Israël, en 2023. J’exprime donc ma solidarité et ma sympathie totale avec le peuple Israélien et je lui reconnais le droit de se défendre et de combattre avec une détermination farouche les terroristes du Hamas qui s’en prennent à sa population civile. J’espère seulement que dans sa riposte, il saura épargner le plus possible la population civile de Gaza.
La troisième impasse est en fin, de manière symétrique d’ignorer le conflit Israélo-palestinien . J’ai reçu d’amis très proche un témoignage bouleversant de l’archevêque d’Alger, Jean-Paul Vesco dans lequel il dit : « Je prie et je pleure pour les victimes innocentes ghazaouies et israéliennes de cette violence meurtrière sans excuse mais pas sans cause. »
Terrorisme sans excuse, mais pas sans cause… je connais (un peu) l’histoire tragique d’Israël et celle aussi tragique de la Palestine. A l’invitation d’amis israéliens de la ville d’Arad, ville jumelle de notre propre ville jumelle d’Allemagne, Dinslaken, nous nous sommes rendus en Israël en juillet dernier ( lisez le journal de bord de notre voyage en cliquant ici) et nous avions pu constater le blocage politique dans laquelle se trouvait la mise en œuvre des accords des pays concernés et de la communauté internationale ainsi que toutes les dynamiques qui jouaient contre elle : montée du terrorisme côté palestinien, politique de colonisation côté israélien.
Dans ce contexte lourd, je remercie notre Président de la République d’avoir, Jeudi dernier, 12 Octobre, à la fois condamné sans ambiguïté le Hamas et le terrorisme et en même temps rappelé la position de la France (qui est celle de la communauté internationale), en faveur de la coexistence de deux Etats Israélien et Palestinien.
Oui, Il faut donc oser le chemin extrêmement difficile des deux États Israélien et Palestinien, acceptant d’être des voisins pacifiés. Sur ce chemin forcément douloureux, les obstacles sont immenses et nombreux : qui assurera la sécurité de ces deux États, et notamment la sécurité d’Israël ? Les Etats-Unis ? l’Union Européenne ? Que faire des 700 000 colons Israéliens en Cisjordanie ? Des 2 millions d’Arabes Israéliens ? Chemin de larmes et de sang, probablement. Mais c’est sans doute le seul chemin vers une paix durable et vers une éradication durable du terrorisme dans cette partie du monde.
Les jours qui viennent seront probablement très violents. Gardons-nous de céder ni au désespoir, ni à la peur. Gardons-nous aussi de détourner notre regard de ce qui se joue là-bas. C’est parfaitement vain. Israël et la Palestine font partie du patrimoine commun de l’Humanité.
Rappelons-nous que les haines nationales les plus tenaces, comme celle entre la France et l’Allemagne, ont été dépassées. Celles-ci le seront aussi.
@+,
Jean Dionis
Maire d’Agen