Je l’ai déjà écrit sur ce blog.
Il est des grèves qui me laissent de marbre, ….par exemple les grèves rituelles de l’Université Française au second trimestre de chacune des années qui passent.
Il en est d’autres qui attirent immédiatement ma compréhension et dans certains cas mon soutien. C’est généralement le cas de celles des ouvriers dont on supprime et l'usine et l’emploi et qui se battent dos au mur pour un plan social décent. Toutes les bonnes théories économiques de la terre ne pèsent pas lourd en face de ces révoltes profondément justifiées au niveau moral.
Telle est aussi le cas pour la grève du lait menée actuellement par les exploitants laitiers. C’est une grève amère, une grève du désespoir. Il ne faut vraiment pas connaitre les agriculteurs pour savoir que, pour eux, rien n’est plus grave que de ne pas respecter leur production. C’est ce manque de sensibilité agricole qui leur rendait absolument insupportables les actions des « faucheurs volontaires » contre les parcelles OGM et qui ont rapidement tourné au drame.
Continuer à faire un travail physiquement dur comme le travail des bêtes : les nourrir, les soigner, les traire ….tous les jours et en final jeter dans le fossé le lait…..il faut vraiment ne voir aucune autre sortie à la crise qui secoue leur profession pour que nos paysans en arrivent là.
« Jean, de toute façon, on n’a plus rien à perdre…… »
Cette phrase, que m’ont lancée plusieurs amis qui travaillent dans ce secteur, me glace. Elle est lourde de désespoir et de violence. Violence insupportable entre grévistes et non grévistes……Pour être efficace, la grève doit être la plus suivie possible. Alors, les pressions sur les non grévistes se feront très vite violentes sans pouvoir prendre en compte les situations personnelles parfois très spécifiques (jeunes récemment installés, etc…..). Cette violence latente entre agriculteurs à l’opposé de toute culture paysanne est affreuse. Violence sourde contre le système …….cela s’appelle, chez nous, une jacquerie, …..et la dernière fois que le monde paysan s’est embrasé en 1992, on s’en souvient encore chez nous en Lot-et-Garonne et cela ne fait rire personne…..
C’est pour cela qu’il faut sortir de cette crise …..et vite. Sortir de la crise, c’est s’entendre sur un prix d’achat du lait. Aucune profession ne résisterait à l’amputation brutale de 40 % de son revenu……et c’est exactement ce qui s’est passé pour les exploitants laitiers en quelques mois passant de 420 euros la tonne à 270 euros la tonne .
Je connais les réponses du nouveau ministre de l’agriculture, Bruno Lemaire. Pour l’essentiel, le déblocage de 30 millions d’euros pour la filière et l’anticipation du versement des aides PAC. Pas négligeable…….mais insuffisant pour sortir de cette mauvaise crise. Il faut un prix permettant à la filière au moins de couvrir ses coûts de production et là, Bruno Lemaire a raison de dire que tout le monde doit payer : Etat, transformateurs, grandes distribution, établissements de crédit bancaire…..
En attendant, que pouvons nous faire ?d’abord soutenir nos paysans. Eux-aussi se battent dos au mur. En Lot-et-Garonne, ils étaient 2600 au moment de l’instauration des quotas laitiers en 1984. Ils ne sont plus que 600 aujourd’hui.
A chacun d’agir avec ses moyens. Je saisirai quant à moi tous les outils à la disposition d’un parlementaire (démarche ministérielle, question au gouvernement, amendement au budget de l’agriculture, sensibilisation grand public comme cette tribune blog …….).
L’urgence est d’en sortir vite, très vite. Nous aurons le temps ensuite de construire le système de régulation d’avenir pour cette filière. Quotas, nouvelle régulation ? Oui, la route sera longue……..C’est techniquement difficile, diplomatiquement lourd puisqu’il faut construire autour de cette nouvelle régulation un consensus européen. Nous devrons le faire …….mais il faut d’abord rendre l’espoir, le goût de l’avenir à nos paysans.
Il faut, pour cela, poser un acte fort. Un prix décent pour la tonne de lait. Vite.
@ +
Amitiés,
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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire
pour en sortir, il faut remettre en cause le libre marché !
Oui il faut en sortir , mais n'est-il pas déjà trop tard ?
Voilà le résultat de la dérégulation, de la main mise de l'idéologie néo libérale sur la commission européenne, et pourtant depuis le traité de Rome, l'agriculture est encore le domaine qui a le mieux fonctionné en Europe.
Hélas, ces dernières années la France a reculé et perdu de son influence jusqu'à sacrifier la PAC et accepter sa quasi reddition devant le marché.
Il faut cibler les responsables :
1) la grande distribution qui étrangle chaque jour un peu plus l'agriculture, c'est vrai pour le lait, la viande, les fruits , les légumes...
2) la commission européenne, cheval de troie de l'idéologie néo libérale du tout marché ;
Il y a peut être des solutions qui passent par le retour à une économie dirigée qui n'est rien d'autre que la primauté du pouvoir politique sur le pouvoir économique :
-rétablir le contrôle des prix, injustement supprimé en 1986, dans cette matière comme en beaucoup d'autres c'est la loi qui protège et la liberté qui crée le désordre
-fermer nos frontières quand c'est nécessaire : en matière agricole nous avons tout, c'est notre pétrole vert, pourquoi acceptons-nous cette concurrence destructrice qui chaque jour élimine nos producteurs ? (arguments simplistes allez-vous me répondre !)
Il faut remettre en cause les dogmes comme la concurrence libre et non faussée symbole de cette Europe qui nous mène droit dans le mur dans bien des domaines, sinon demain après les pommes du Chili, l'agneau de Nouvelle-Zélande... le lait chinois ?
Je pense que le temps est venu de nous souvenir que nous sommes la 4ème puissance commerciale au monde !
Greve Agricole
Salut Jean
Oui à la grève, et cette fois ci elle est Européenne car il n'y a pas les italiens ni les espagnols. Sait-tu combien est payé le lait en Italie il dépasse les 500€ tonne , on en est bien loin chez nous et les autres. Enfin une grève agricole Européenne, on espère tous que le mouvement se durcisse il n'y a pas de raison. Et qui s'étende à d'autre production....
Sait- tu que pour la pomme, les industriels nous l'a paye 75€ la tonne, et que le pot de compote de 100 gr est revendu 0,32€ au supermarché soit 3200€ la tonne, 42 fois le prix du producteur
Quel honte oùest le commerce équitable? Il va falloir démarrer une grève Européenne, comme dans les semis de céréales, certains de mes collègues pensent pour la saison prochaine faire une grève des semis c'est à dire ne pas semer les céréales mais semer de l'herbe enfin de toucher la prime Pac découplé, car nous gagnons pas de l"argent on en perd tous les ans.
C'est nous les agriculteurs qui sommes les plus exploités.
On se fout de notre gueule, alors que la grève continue et tenons bon
Merci à la FNSEA (syndicat majoritaire) d'en être arrivé là
Il y a du lait dans le gaz
«pour en sortir, il faut remettre en cause le libre marché !»
Oui il faut en sortir , mais n'est-il pas déjà trop tard ?
Voilà le résultat de la dérégulation, de la main mise de l'idéologie néo libérale sur la commission européenne, et pourtant depuis le traité de Rome, l'agriculture est encore le domaine qui a le mieux fonctionné en Europe."
Elle est bien curieuse cette analyse dans la mesure ou la politique des quotas est tout sauf libérale : la consommation mondiale de lait "et produits dérivés" est en hausse de 4% par an, tandis que notre politique des quotas a diminué la production de lait sec de 60% en cinq ans sur la zone européenne. La bonne question à se poser serait de savoir pourquoi la Nouvelle Zélande inonde le monde de lait sec et pourquoi le prix moyen du lait à 250E /T n'est pas viable pour les producteurs de la zone euro occidentale en particulier. J'ai exactement l'analyse contraire à la vôtre et je pense que les politiques désorganisent les marchés par les subventions qui consistent à maintenir un prix artificiel sans que les laitiers puissent diminuer les charges à la production qui sont beaucoup plus hautes et préjudiciables à la survie de l'entreprise. Un chef d'entreprise qui n'a pas de marges d'ajustement n'est plus libre de rien mais reste strictement dépendant du politique pour sa survie : c'est là où nous en sommes, mais comme le politique ne peut rien faire sinon augmenter les impôts et taxes pour satisfaire une clientèle, le cercle vicieux est en marche et dépasse la laitier.
Les richesses sont en train de se déplacer au bénéfice des pays qui s'ouvrent et investissent dans l'agriculture et non pas de ceux qui se ferment, jetez un donc un oeil sur ce qui se passe au Brésil actuellement. La consommation mondiale alimentaire est en hausse continue et en même temps le prix des denrées augmente (flambe même parfois) car la demande est supérieure à l'offre sans compter les incidences des accidents climatiques (sécheresse ou trop d'eau). Ici on voit du lait jeté aux champs, mais pas en Chine, pas en Inde, pas aux Usa, encore moins en Afrique enfin disons- le tout court ce n'est pas le monde "ouvert" qui fait jeter le lait mais les politiques réglementaires de l'Europe. En gros c'est dire aux producteurs : vous devenez rentables lorsque vous produisez moins alors que la demande mondiale augmente. Trop de charges globales (et gaspillages et pollutions) à la base par chez nous par rapport à la réalité du monde agricole tel qu'il est dans son ensemble. Parce que le lait produit par chez nous, il est aussi fabriqué avec des tourteaux cultivés ailleurs, ce qui revient à dire que nos subventions enrichissent d'autres agricultures qui sont en concurrence à l'export avec nous. Nous sommes dans un système non libéral.
Tant qu'à fermer les portes et à viser l'autarcie, demandez au Cubains ce qu'ils en pensent et comment ils le vivent sur le plan économique.
je n'aime pas le marché !
Je persiste et je signe : le marché doit être encadré, il faut des règles sinon après la désindustrialisation du pays viendra la désertification de nos campagnes (déjà largement entamée).
Si l'agriculture française (et même européenne, mais la notre a ses spécificités) est livrée pieds et poings liés au marché, nous aurons sacrifié ce formidable patrimoine.
Cela étant, on a bien liquidé notre industrie ! alors un peu plus ou un peu moins !
Halte à la résignation ! je revendique le contrôle des prix, il faut fixer un prix plancher et un prix maximum.
Oui c'est une atteinte à la liberté du marché, et après ? n'est-il pas temps de fixer des limites à ce système ? le producteur et le consommateur qui sont les grands perdants y trouveraient leur compte.
Je revendique aussi de vraies frontières (à défaut de le faire en France) à l'union européenne et un protectionnisme européen, ce serait enfin l'occasion pour l'europe de me convaincre de son utilité !
On ne sera pas à Cuba pour autant, il faut simplement aller vers une société plus juste et enfin ça rejoint le débat sur la taxe carbone, il est temps de relocaliser.
Oui ! il faut commencer par sauver nos producteurs de lait , il y a 1 an l'état a sauvé le système bancaire sans contrepartie ( parce que pour bien faire il aurait fallu nationaliser) et aujourd'hui on serait incapable de venir en aide à notre agriculture ?
Des solutions existent, il suffit d'avoir le courage de décider ! de remettre en question le veau d'or !
Il faut cibler les responsables : je vais t'en donner camarade.
Il ne manque pas d'air le Jean-Jacques tout de même, dans ses accusations. IL semble oublier qu'à la base l'agriculteur est exploité le plus souvent par ceux là même qui se posent en défenseurs et administrateurs de l'agriculture localement et en Europe et ceux là ne sont pas libéraux loin de là, mais de parfaits Enarco-socialistes.
Revenons un instant au cas de la Nouvelle Zélande. Son agriculture est redevenue prospère grâce à une réforme simple engagée par un travailliste, Sir Roger Owen Dougla : elle consista à supprimer les subventions qui alimentaient 1/3 de la production (et donc tuaient l'agriculture).
Il ne faut pas imaginer un seul instant que nous puissions faire la même chose en Europe, car cette main-mise de la bureaucratie sur l'agriculture est un véritable panacée pour la carrière d'une foultitudes de fonctionnaires, syndicalistes de "para" qui tous s'engraissent sur le travail des agriculteurs dont une minorité seulement profite réellement du système. Qui profite de toujours plus de réglementations, parfois stupides et contre-performantes, sinon nos énarco-gauchistes qui sont payés et font carrières pour pondre leurs sottises. Vous voulez des exemples déclinés en petit un et petit deux pour vous expliquer comment ça marche camarade ?
1° La culture des mensonges. Et oui c'est la première production agricole au niveau de l'EUROPE.
L'agriculture n'a pas besoin de subventions, elle est une activité comme une autre. Elle est subventionnée uniquement pour nourrir des sangsues : fonctionnaires, organismes (nationaux-Européeens, internationaux). 1 paysan donne une grande partie de son travail pour nourrir du bureaucrate pur jus qui ne sert à rien d'utile à son intérêt : c'est démontrable de manière chiffrée, et il le sait. Il n'existe pas un secteur d'activité aussi réglementé que l'agriculture mais présentant aussi des organismes mafieux qui prélèvent en plus des taxes para-fiscales qui sont redistribuées sans contrôles du genre : Cotisation Volontaire Obligatoire, une pure merveille que cet acronyme monstrueux, la CVO ...
Les organismes censés défendre les paysans comme la FNSEA sont directement intéressés par la politique des subventions et de la PAC. Ils ne défendent que leurs intérêts et carrières dans de luxueux bureaux et au bénéfice d'une minorité de gros agriculteurs (j'ai été adhérent à la FNSEA). Il existe des rapports de la Cour des Comptes sur l'opacité de certains de ces organismes avec des versements de salaires parfois hallucinants. Cherchez et vous trouverez une foultitude d'organismes bidons ou fumeux (ANDA) qui s'engraissent sur le dos des agriculteurs.
Autre mensonge : c'est la faute du libéralisme de Bruxelles. Je t'en foutrais moi du libéralisme mon coco!
Bruxelles en réglementant jusque dans le détail et l'absurde le travail des agriculteurs, ne pratique pas une politique libérale mais la plus DIRIGISTE qui soit au monde et comment. Tant qu'au mensonge sur l'égalité : il revient à ruiner tout le monde ce qui est la définition même de l'égalité sous un régime socialiste.
Encore un mensonge la PAC. C'est toujours un problème de mauvaise gestion de la PAC alors que le problème c'est la politique publique de l'agriculture. La politique industrielle a détruit l'industrie en France, la politique informatique a détruit l'informatique française et la politique agricole détruit l'agriculture .. C'est simple et documenté, ne cherchez pas ailleurs : mêmes causes, mêmes effets.
2° Trois dictateurs à Bruxelles règnent sur le lait dans toute l'Europe avec des milliers d'exploitants qu'ils traitent comme des esclaves (faire plus de beurre, moins de quantité, travailler comme ça camarade, bon pour toi et pour tous) et paient donc comme des esclaves.
3° Ce n'est pas le prix de la main d'oeuvre qui écrase les paysans en vérité, mais les impôts et charges qui servent à payer des non travailleurs agricoles, soit une bureaucratie lourde et inutile. Sans ce parasitisme obligatoire, les paysans pourraient s'organiser librement entre-eux avec des organismes qu'ils surveilleraient directement.
4° Les réglementations font des ravages. L'agriculteur passe la moitié de sont temps à chasser les primes et à comprendre des réglementations changeantes. J'abrège parce qu'au final c'est le Préfet qui vous expliquera comment vous installer sur votre terre.
5° Gaspillage de temps avec des directives sur les marchés qu'il faut des années à corriger. On distribue de grosses subventions pour faire de la céréale, et puis tout à coup hop on favorise l'élevage ce qui veut dire que pendant des années on s'est trompé ce qui a un coût et correspond à des gaspillages, des inadaptations aux marchés etc ... Maintenant c'est le Bio, ce qui veut dire qu'avant donc on s'était trompé mais en même temps une étude démontre qu'elle n'est pas un avantage évident pour les hommes : une prochaine invention de bureaucrate viendra corriger tout cela n'en doutez pas.
Dans tout ce scandale, la seule légitimité se trouve bien dans la colère des paysans, oui ils ont bien raison de chahuter. Mais chercher à les manipuler encore, comme d'autres le font encore et toujours avec l'économie capitaliste dans d'autres domaines plutôt que de montrer les gaspillages, idioties et exploitation d'une bureaucratie imbécile et irresponsable qu'ils doivent payer de leurs poches dans les charges et impôts ... C'est presque intellectuellement criminel. D'ailleurs il faudrait maintenant expliquer pourquoi le parti des fonctionnaires manipule à présent la réalité pour faire des boucs émissaires avec les revendeurs et intermédiaires : cela aussi est unique au monde. J'y reviendrai.
L'agriculture socialiste, planifiée cela ne marche pas. Les pays au monde où l'agriculture nourrie correctement ses paysans sont capitalistes et libéraux : prenez exemple sur le modèle réformé de la Nouvelle Zélande et soutenez les politiciens qui connaissent l'agriculture et l'économie de marché libérale (authentique et non faussée). Le Brésil est pas mal aussi dans son approche.
soutien de J J D
Tres bien repondu et tout à fait d accord avec vous
réponses
S'agissant de la complexité des réglements européens, du rôle de la FNSEA je partage vos points de vue, encore que ce syndicat co-gestionnaire du système n'ait pas à rougir de ce qui a été accompli.
S'agissant des fonctionnaires de Bruxelles, il ne font qu'appliquer les directives de la commission, qui elle-même applique les décisions prises par le conseil des chefs d'état et de gouvernement et le conseil des ministres de l'Europe.
Concernant la Nouvelle-Zélande, je ne connais que son rugby, je vais donc élargir ma culture,
Cela étant il faut trouver des solutions et hors la PAC et les quotas, donc la régulation du marché, je n'en vois pas !
Même Nicolas est en train de s'y convertir au moins en paroles , ne manquent plus que les actes !
Sur ce blog j'ai eu au moins le mérite de faire des propositions.
L'urgence oui mais pas d'embrouilles.
"Cela étant il faut trouver des solutions et hors la PAC et les quotas, donc la régulation du marché, je n'en vois pas !
Même Nicolas est en train de s'y convertir au moins en paroles , ne manquent plus que les actes !
Sur ce blog j'ai eu au moins le mérite de faire des propositions.
jean-jacques"
Vous avez remarqué que la rubrique de Jean Dionis est marquée du sceau de l'urgence . Il ne s'agissait pas de théoriser ou d'incriminer, de spéculer ou même de polémiquer, mais un appel à répondre dans l'immédiat à une situation dramatique pour des hommes et des femmes qui travaillent durs et dont les revenus ne sont assurés que par le produit de leurs efforts. Il y a consensus là-dessus et la situation semble se dénouer du moins provisoirement et c'est heureux, essentiel.
A la suite vous avez porté des actes d'accusations avec votre point de vue sur la situation et c'est à ce niveau que je suis intervenu car je trouve que d'une manière générale on a beaucoup trop tendance à accuser le marché sans regarder en amont les défauts structurels de nos économies qui nous fragilisent face à la réalité de la compétition mondiale.
Vous dites " je ne n'aime pas le marché", c'est une généralité qui ne peut pas convenir parce que la base de l'économie, c'est précisément le marché. Il ne suffit pas de dire cela pour changer les choses et bien souvent les discours incantatoires des non agriculteurs (souvent) font de belles tribunes mais n'améliorent en rien la situation réelle pour eux. C'est comme dire "je n'aime pas la mort", et alors, quel intérêt? Cela change t-il quoi que cela soit sur le fond : nous sommes mortels comme le marché et les échanges sont un fait. être courageux c'est aussi faire face et ne pas nier la réalité en inventant des plans chimériques ou pires que le mal lui-même.
Ce qui est dérangeant ce n'est pas de tenter de trouver des solutions, ce qui l'est c'est de faire des analyses fausses ou tronquées ou partielles surtout lorsqu'elles sont volontaires et manipulatoires. Tenez un exemple sur la culture bio. On nous bombarde d'alertes sur les émissions de carbone sans prendre en considération qu'à rendements égales il faut tripler les surfaces en bio pour avoir un volume équivalent à 1 hectare industriel. Suivant ses promoteurs l'agriculture industrielle consomme 1.8 à 1.9 fois plus d'énergie à l'hectare que le bio. Au total l'industriel consomme qu'entre 60 et 95% pour produire la même quantité de nourriture. En bio on utilise des Pyréthrines comme insecticides qui nécessitent la culture de chrysanthèmes en gros volumes (je passe sur les allergies etc ..). Je ne suis pas contre le "bio" mais arrêtons de dire n'importe quoi et de justifier une politique (et ses taxes) suivant des arguments qui ne tiennent pas la route.
Les paysans ils ont besoin surtout d'actes qui sont fondés sur la réalité plutôt que des idées de bureaucrates ou de vains planificateurs. Ils connaissent mieux que tout le monde la situation à condition qu'ils ne soient pas induits en erreurs par des prescripteurs irresponsables ou intéressés. On donne des primes publiques pour faire du lait, on se lance et quelques mois plus tard tout se casse la figure ... Les paysans savent qu'il est possible de supporter la saison maigre à condition d'engranger pour les mauvais jours mais ils ne peuvent plus capitaliser aujourd'hui (c'est mal de s'enrichir) et donc anticiper par eux-mêmes les variations naturelles et inéluctables des cours des denrées. Il faut leur laisser leur argent, leur trésorerie et donc diminuer drastiquement les charges prélevées sur le travail et le capital. Laissez les se débrouiller et s'organiser arrêtons la prédation sur ce qui fait l'honneur et la fierté d'être paysan : être libre et responsable sur SA terre. Parce que le monde agricole, ça forme aussi des hommes dignes et courageux, il ne faudrait pas que cela se perde parce qu'à ce rythme dans 10 ans tout le monde voudra devenir assisté et payé au frais de la collectivité!
On ne relève pas un pays et une économie avec de tels esprits : les agriculteurs, eux, sont des chefs d'entreprise ne l'oubliez pas.C'est aussi pour ça que nous avons besoin d'eux : regardez nos paysages et terroirs, jusqu'aux architectures, ils sont le fruit du bon sens et de millions d'heures de travail, de sacrifices, de ces hommes tout au long de l'histoire, ils ont fait la grandeur et la richesse de la France. Tuer les agriculteurs libres et responsables, tuer la richesse, c'est tuer la France que nous aimons et dont nous sommes fiers.
Cordialement
fonctionnement du marché laitier européen
« La main invisible du marché n’apporte pas la solution à la crise dans le secteur laitier »
Un marché fonctionne bien quand les divers acteurs, producteurs et transformateurs, vivent correctement de leur activité et qu'il n'y a pas de gros déséquilibres entre l’offre et la demande. et sur-productions. Pour cela il faut, en général, qu'il y ait beaucoup d'acteurs producteurs et acheteurs. Aussi faut-il que tous les acteurs aient accès aux signaux indiquant une hausse ou une baisse de prix pour réagir en conséquence et permettre aux producteurs de réduire ou augmenter la production. Ainsi l’équilibre est maintenu et la production est optimisée à un prix correspondant à l'environnement dans lequel le marché fonctionne.
Qu'est-ce que nous pouvons observer pour notre secteur lait en Europe ?
Nous avons des dizaines de milliers de producteurs et quelques acheteurs (transformateurs). Avec des frontières transparentes et différentes régions qui connaissent différentes conditions de production. Il existent des subventions diverses et variées suivant les régions, des salaires différents et une régulation de Bruxelles par un système de quotas que la Commission souhaite abandonner au profit de certains « signaux » du marché.
La commission de Bruxelles donne le signal « produire plus » en augmentant les quotas, dans un marché en sur-production. Les accords du CNIEL (l'interprofession française du lait) qui servaient de base à la détermination des prix reposaient sur le principe d’un lissage des prix. Le résultat était que les éleveurs français recevaient des signaux du marché trop tard. Quand ailleurs en Europe les prix commençaient à rebaisser après la hausse de 2007 réagissant à un rééquilibrage du marché (volumes), nous en France, nous avons eu le double signal « produire ! » par les prix qui montaient et par le prêt de quotas de 15%. Il n’est pas exclus que cela ait pu être en partie dirigé par nos laiteries pour pouvoir livrer du lait en Allemagne où, suite à une première grève du lait, les prix remontaient. La surproduction qui entraîne les prix vers le bas permet aux laiteries de s'approvisionner pas cher.
Les consommateurs ne peuvent donner des signaux aux producteurs parce que les prix dans les magasins sont complètement déconnectés des prix producteur.
Les producteurs ne peuvent recevoir des signaux directs parce qu'ils livrent à une laiterie qui travaille (théoriquement ) pour eux. Les quelques laiteries ont bien d'autres intérêts que d'ajuster au plus juste les volumes à produire et de provoquer une monté des prix. Elles cherchent à gagner des parts de marché, négocient des prix compétitifs avec la grande distribution au détriment des prix des producteurs. Les producteurs, à cause du niveau d'investissement élevé, ont intérêt individuellement à produire le plus possible, même quand les prix ne sont pas très élevés.
10 000 producteurs ne peuvent réagir les uns par rapport aux autres, leur influence individuelle et leurs intérêts particuliers différents font que tout le monde essaie de produire le plus possible pour amortir ses investissements et servir au mieux sa propre situation, même si cela se fait au détriment de la situation générale et par conséquent de sa propre situation.
A part les investissements lourds, un élevage laitier se gère en cycle long. Pour reconstituer un troupeau il faut beaucoup investir ou une période d'au moins 5 ans. Aussi gérer un élevage laitier est un métier très technique. Un élevage qui arrête ne recommence plus. Le résultat d'une libéralisation poussé du secteur laitier sera une évolution vers des exploitations très importantes avec recours aux aliments achetés (souvent d'importation), des vaches qui restent toute l'année en stabulation, une pression maladies accrue et aucun avantage pour le consommateur. A l'heure ou nous nous inquiétons du bilan CO2 d'une activité, cette évolution serait très négative.
Nous nous trouvons donc bien dans une situation où les conditions d'un marché auto-régulé (beaucoup d'acteurs producteurs et acheteurs) ne sont pas réunies avec en plus des signaux aux producteurs qui sont déformés volontairement ou involontairement et une tendance naturelle à surtout penser à sa propre situation (avec des investissements lourds). C’est pour cela qu’une régulation des pouvoirs publics est indispensable pour maintenir (ou reconstituer) un équilibre entre offre et demande. C’est la condition pour permettre une juste rémunération de tous les acteurs économiques.
Cette régulation pour équilibrer l'offre et la demande est nécessaire mais doit s’appliquer jusqu’au niveau des producteurs. Étant donné que le producteur et le transformateur (acheteur) tendent à faire monter la production et faussent ainsi les vrais signaux limitant du marché, il faut maintenir une régulation des volumes individuels des producteurs. Les transformateurs auront à disposition le volume réuni des producteurs livrant à leur structure. Le marché étant équilibré par le régulateur européen, les produits transformés pourront être valorisé correctement avec une place pour tout le monde et une palette de produits complète correspondant aux demandes des consommateurs qui seront ainsi assurés de les acheter au juste prix d’un marché équilibré par la main intelligente des pouvoirs publics.
grève du lait
La grève du lait, cri d'alarme du monde agricole
L’obsession du marché conduit à une régression de l’Europe
Une grève du lait a été lancée le 10 septembre par l'association des producteurs de lait européens : le lait des grévistes sera donné ou détruit. Détruire sa production est un geste exceptionnel et lourd de sens pour un agriculteur. En agissant ainsi, à contrecœur, il épuise son ultime recours pour se faire entendre. Quelle que soit l'ampleur du mouvement, cette grève est donc un signal fort lancé à tous les responsables politiques. Ceux-ci seraient bien inspirés de l'entendre.
Il témoigne d'un monde agricole désemparé, bien au-delà du secteur laitier. Les agriculteurs ont le sentiment d'être peu à peu abandonnés par les pouvoirs publics, au premier rang desquels l'Etat et l'UE, alors qu'ils remplissent la tâche pourtant essentielle de fournir l'alimentation de leurs concitoyens. Oui, il nous faut entendre ce cri d'alarme que nous lancent les agriculteurs : la libéralisation dogmatique des marchés tue l'agriculture.
Les problèmes de régulation de ces marchés ne sont pas nouveaux, ils sont, en fait, aussi vieux que nos civilisations. Car l'agriculture n'est pas une activité comme les autres. Elle fournit la ressource la plus stratégique du monde : notre alimentation. Nous pourrons très bien nous passer de pétrole, mais nous ne pourrons jamais nous passer de nourriture. Or la première composante de la sécurité alimentaire, c'est la souveraineté alimentaire. Ceux qui prétendent, sous prétexte de compétitivité, qu'il est plus raisonnable d'importer les produits alimentaires que nous sommes incapables de produire à bas coûts sont irresponsables.
Il n'y a pas de compétitivité sans durabilité, la crise financière vient de nous le rappeler. Le modèle agricole européen, qui importe par exemple des protéines végétales pour nourrir son bétail, n'est pas durable. Les agriculteurs sont les premiers à savoir qu'il leur faut faire évoluer leurs pratiques vers plus de durabilité, en Bretagne comme dans toutes les régions d'Europe. Ils y sont prêts, pour peu que les pouvoirs publics les aident à passer le cap, au bénéfice de l'ensemble de la société. Et pour y parvenir, ils doivent justement être protégés des soubresauts du marché.
Cette obsession de l'alignement sur le marché nous conduit droit dans le mur. Elle constitue une régression historique face aux efforts qui ont été déployés pendant des siècles pour affranchir l'approvisionnement alimentaire des variations du marché, très brutales dans le domaine agricole soumis aux aléas climatiques et sanitaires en plus de la spéculation. Elle propose de revenir, sans garantie de résultat, à la gestion des crises a posteriori qui risque de coûter bien plus cher qu'une régulation intelligente des marchés a priori.
Les quotas sont pourtant un outil de régulation publique très efficace s'ils sont bien utilisés, d'autant plus qu'ils ne coûtent rien à la puissance publique, au contraire des subventions. Ils permettent de donner aux agriculteurs ce qu'ils réclament depuis longtemps : des prix rémunérateurs plutôt que des aides publiques, et une lisibilité à long terme sur le marché pour sécuriser leurs investissements. Les quotas laitiers ne sont pas parfaits sous leur forme actuelle, mais il vaudrait mieux tenter de les améliorer plutôt que de les supprimer. S'il est en effet facile de les supprimer, il est beaucoup plus complexe de les mettre (ou de les remettre) en place. La France, à l'origine de leur création en 1984, n'a pas su ou n'a pas voulu les défendre jusqu'à présent aux côtés de pays comme l'Allemagne ou l'Autriche.
Au fond, quelle agriculture voulons-nous ? Des exploitations industrialisées, concentrées, qui confondent qualité et uniformité, ou bien une répartition équilibrée de l'agriculture sur tout le territoire, garante de la diversité des produits, du patrimoine alimentaire et de l'aménagement du territoire ? Je suis persuadé qu'une majorité de nos concitoyens préfère la seconde proposition. Pourtant, l'Europe hésite encore entre ces deux pôles, elle hésite entre l'ouverture totale des marchés au nom de la concurrence, et le maintien d'un haut niveau d'exigence sociale, environnementale, et de cohésion territoriale qui affecte les conditions de cette concurrence.
L'Europe serait-elle donc prête à abandonner son modèle social, environnemental et territorial au nom de la concurrence ? Je ne le crois pas. Il lui faudra résoudre ce paradoxe qu'elle s'est elle-même imposé. Cela veut dire changer de position dans le cadre des négociations à l'OMC. L'Europe doit s'y battre obstinément pour faire reconnaître l'existence de "facteurs légitimes" permettant de protéger de manière proportionnée les marchés agricoles intérieurs. Cette reconnaissance bénéficierait autant, sinon plus, aux pays les plus pauvres qu'aux pays industrialisés.
Néanmoins, si cela se révélait impossible, il faudrait en tirer les conséquences et exclure les sujets agricoles des négociations afin, pourquoi pas, d'aboutir à la création d'une OMA, une Organisation mondiale de l'alimentation, sous l'égide des Nations unies et de la FAO. Cette organisation aurait pour but la sécurité alimentaire mondiale, en gérant des stocks mondiaux par exemple, et non plus seulement le contrôle des conditions de concurrence.
Nous savons tous désormais que l'alimentation sera un défi majeur de notre siècle. L'augmentation de la population mondiale, la réduction des surfaces agricoles ou encore le changement climatique vont mettre à rude épreuve la capacité de l'humanité à se nourrir elle-même. L'Europe dispose de tous les atouts pour montrer la voie à suivre : celle de la régulation publique au service d'une ambition politique et stratégique. A condition qu'elle veuille bien entendre le signal d'alarme des producteurs de lait.
Jean-Yves Le Drian
Président de la région Bretagne.
Article paru dans l’édition du journal Le Monde, du 22 septembre 2009
Lait : sortir de la boite noire.
A vous lire, on a l'impression nette que le "cycle du lait" tourne autour d'une boite noire émettant des signaux illisibles tout autant pour les producteurs que pour les consommateurs. Les bases d'un marché sain et loyal ne sont donc pas réunies pour évoquer une régulation naturelle et harmonieuse entre l'offre et la consommation. Le cas du lait à l'échelle européenne semble refléter la mise en oeuvre plus mercantiliste que libéral d'organismes régulateurs à l'échelle du monde comme l'OMC ce dernier étant situé en amont et sur le haut de la pyramide des échanges. Lorsque un principe est perverti on a beau jeu de le critiquer: c'est réduire les vertus du lait sain à celui du mélaminé. Sur le principe les chose sont simples mais il peut être utile de les rappeler :
Tout consommateur apprécie que le prix d'un produit diminue, parce que à son niveau le prix est un coût mais le producteur au contraire apprécie que le prix du produit qu'il fabrique augmente, car de son prix est sont revenu. Si les producteurs et les consommateurs se tournent vers un tiers pour réguler les prix, à l'échelle Européenne ou internationale, en intervenant sur les échanges, le régulateur devra forcément trancher entre deux camps parce qu'il n'est pas possible à la fois d'augmenter et de diminuer les prix (il est possible de le faire croire mais c'est une duperie comptable). De la même manière il est impossible de garantir un prix d'équilibre car comme on le sait l'équilibre n'a de sens que lorsque le marché fonctionne librement. Cette logique des camps antagonistes (induite par le modèle archaïque de la politique dont la France est championne du monde) est le fondement de la guerre économique lorsqu'elle est transposée aux différents Etats, car elle procède suivant l'idée que l'économie est un jeu à somme nulle : l'OMC mercantiliste reflète la politique d'Etats non libéraux (se proclamant libéraux) mais eux mêmes mercantilistes, ce qui revient à dire que ce qui est gagné par les uns est perdu par les autres.
A contrario s'il existe bien un rôle que doivent jouer les organismes de contrôle et les autorités, c'est avant tout de garantir juridiquement l'honnêteté des contrats et de faire appel à la responsabilité des contractants. Tout le monde sait que le prix du lait est trafiqué (avant que le produit ne soit parfois trafiqué lui-même) par des grandes firmes laitières comme la DFA aux USA. Prodigué les vertus du libre échange pour favoriser des monopoles industriels est contraire au règles fondamentales du libéralisme (la loi anti-trust est fondamentale aux USA) .
Il est toujours préférable de substituer à des conflits d'intérêts un système qui se fonde sur la complémentarité. Producteurs et consommateurs ont intérêts à conclure un marché et à trouver un prix d'équilibre, plutôt que d'être dans la main des lobbies (de producteurs ou de consommateurs) par l'intermédiaire de l'Europe ou des Etats qui vont se battre pour imposer un prix artificiel. Dans ce dernier cas la suite est prévisible et connue : la main visible de l'Etat détruit petit à petit l'action de la "main invisible du marché" et là où il existe échange, c'est la guerre économique qui apparaît (la guerre entre les individus sous toutes ses formes est le fondement du pouvoir des Etats).
Comme individu de philosophie libérale et face à la crise du lait je demanderai comme atome donc, à ce que l'on contribue à sortir de la boite noire par:
1° la mise en oeuvre d'une labellisation du produit. Il n'existe pas du lait mais des laits, avec des qualités très variables. Je dois pouvoir choisir librement mon alimentation en toute transparence. L'aspect qualitatif est un discriminant essentiel de la consommation, on le voit par exemple avec le succès ascensionnel d'un marque de glaces "bio". Ce marquage doit recouvrir toute la chaîne de consommation jusqu'aux produits de transformations (y compris pharmaceutiques). Si "Maochiste", je désire consommer du lait Chinois plutôt que provenant des alpages c'est mon libre-choix, mais faut-il que je puisse le savoir pour être une petite main visible et intelligente du marché. Il ne suffit pas de monter des campagnes publicitaires martelant que "boire du lait c'est bon pour la santé". Il faut aussi expliquer que boire du mauvais lait peut être nocif pour la santé mais aussi pour l'environnement et pour l'économie. Seules les vaches heureuses et bien dans leurs prés font du bon lait. Si l'Europe a un rôle à jouer c'est de promouvoir des qualités et une spécificité (ou d'aider à les mettre en oeuvre) : Le Champagne n'est bon qu'en Champagne, mais faut-il pouvoir se le payer (et là on revient à cette idée de la paupérisation croissante des individus chez nous et ce qu'elle entraine sur la production). Les riches chinois préféreront-ils un jour boire notre "extra-milk" et nous renvoyer leurs déchets?
2° Dire à l'OMC que c'est au marché et pas à lui de décider du volume des importations obligatoires.
3° Revenir plutôt à l'esprit d'avant l'OMC (avant 1995) et interdire de manière efficace les subventions à l'exportation (surtout déguisées) mais aussi les règles de douanes qui relèvent du mercantilisme néfaste (la guerre économique).
4° La diversité génétique, conserver les vieilles races. Pas de lait sans veaux et pas de bonne viande sans bon lait. Bien manger et sainement coûte de l'argent, le vrai problème est culturel, on nous formate à dénigrer le goût du vrai et de l'authentique en nous dénaturant : il faut peser contre et résolument. Il y a aussi de la culture dans la défense de nos traditions et donc de nos paysans.
Crise du lait : enfin une analyse solide et documentée
Je vous invite vivement à lire cette analyse synthétique de Nicolas-Jean Brehon sur le site web de la Fondation Robert Schuman.
http://www.robert-schuman.eu/question_europe.php?num=qe-144
Il me semble difficile de faire plus exhaustif et pour tout dire, j'y retrouve mes petits : (producteurs -consommateurs qui négocient sans passer par les régulateurs etc ...)
Extrait :
" N'est-il pas regrettable, par exemple, que la France qui prône, à juste titre, ce modèle d'élevage à taille humaine, équilibré, vivant, importe près de la moitié du lait bio consommé sur le territoire national ? Le lancement du lait bio, il y a quelques années, a été un échec en France mais il a été un succès dans des pays aux modes d'exploitation comparables (Autriche par exemple). Cet échec est-il irrémédiable ?
N'est-il pas dommage, par exemple, que la France qui a des exploitations sur l'ensemble de son territoire, privilégie la consommation de lait UHT longue conservation qui peut être produit partout au détriment du lait frais pasteurisé qui doit être local et assure une clientèle de proximité, fidèle. Il est aussi absurde de boire du lait UHT en Normandie que de manger des fruits en conserve dans la Drôme en été. Le lait de proximité, " tout près tout frais ", est une valeur ajoutée négociable et valorisable.
Dans certaines circonstances, quelques producteurs pourraient aussi envisager de se soustraire aux conditions imposées par les industriels et la grande distribution en osant la vente directe par distributeurs automatiques. Les expériences dans ce domaine doivent être suivies avec attention. Les éleveurs ont été dans une totale dépendance vis-à-vis de leurs acheteurs. Il n'est sans doute pas toujours possible de rétablir l'équilibre, mais quand c'est possible, pourquoi ne pas tenter ? Le secteur laitier peut même devenir pionnier dans ce domaine. La PAC ne pourra résister aux tempêtes qui s'annoncent que si l'opinion a le sentiment qu'elle est utile, qu'elle lui est utile. Même s'il ne s'agit que d'opérations anecdotiques, le message est politique. Tout ce qui pourra favoriser la proximité, le rapprochement de l'agriculteur avec le consommateur, ne peut qu'être bénéfique à tous. "
Déclin de l’altermondialisme / par Alain Sueur
Une petite annexe pour expliquer aussi pourquoi les pays du sud sont attachés au libre échange. Accessoirement aussi un message pour les écologistes tendance Mamère.
Extrait "
Qu’est-ce que l’altermondialisme ? Pour Eddy Fougier, ce n’est pas une nouvelle Internationale révolutionnaire mais une nébuleuse qui regroupe à la fois le cœur antilibéral issu de la société civile (ATTAC), une mouvance d’associations dont l’objet subit les inconvénients de la mondialisation (Greenpeace, Caritas, Confédération paysanne), enfin des mouvements institués plus classiques mais très divers, allant du Monde Diplomatique aux partis politiques de la gauche radicale ou verte.
Paradoxe : les altermondialistes ne sont plus dominants dans la critique de la mondialisation. Pourquoi ? Parce que les pays du sud et notamment l’Amérique latine, dit Alfredo Valladao, se sont relocalisés. Ils pensent moins global que local, ils sont plus pragmatiques que les théoriciens nantis des pays du nord. Le libre-échange menaçait les positions acquises, surtout clientélistes, des classes moyennes et de l’aristocratie ouvrière, d’où sa contestation sud-américaine. Mais, durant 15 ans, ledit libre-échange a favorisé l’essor de la croissance, à assuré du crédit à très bas taux et des investissements étrangers qui ont créé de vrais emplois : désormais, les pays du sud sont très attachés au libre-échange et soucieux de négocier à l’OMC pour se faire entendre. Beaucoup moins les pays du nord… D’autre part, la question sociale et la démocratie participative, cruciales dans le sud, a été reprise par les États et fait moins question (Brésil, Venezuela, Bolivie, Chili). Le souci de l’environnement, lui, est repris par le marché, vidant l’altermondialisme d’une grande partie de sa substance.
Nous sommes en effet en phase de déglobalisation, explique Zaki Laïdi. Tout retour vers l’étatisme d’hier est improbable et les partis de gauche (dont le PS) n’arrivent pas à convaincre. Au contraire, le parti Libéral allemand regagne du terrain car l’État a l’habitude de soutenir les gros, pas les petits ! Cette déglobalisation est à la fois subie et volontaire. Subie parce que la crise économique rétracte le commerce mondial (-30% sur un an) et que les échanges mondiaux amplifient tout mouvement, de croissance comme de décroissance. Volontaire parce que le libre-échange n’a jamais été populaire parmi les électeurs, soucieux de leur emplois (surtout aux États-Unis !) et qu’un certain protectionnisme revient au travers de la préférence nationale pour l’acier américain, le soutien automobile à condition de ne pas délocaliser français, le maintien des emplois Opel en Allemagne mais pas en Belgique, le plan de relance chinois orienté vers le marché intérieur… Sans parler du nouveau protectionnisme vert à base de considérations éthiques et de protection du consommateur.
Mais une traduction politique de cette déglobalisation est difficile : comment penser radicalement un « autre monde » possible quand c’est le sien qui intéresse ? Tout le monde converge sur l’idée que tout bouleverser n’est pas la solution (le vieux marxisme n’a rien à proposer) et que les groupes sociaux n’y sont pas prêts du tout (chacun cherche à sauver son emploi, sa santé et ses retraites). L’idée dominante est que le libre-échange est inégalable et qu’il vaut mieux le réguler, tout en redonnant un certain rôle à l’État. Mais un certain rôle seulement, pas celui de la gauche triomphante d’il y a 30 ans ! Le keynésianisme primaire engendre de l’inégalité et de l’inefficacité pour des budgets très serrés et un endettement inouï. La réhabilitation réclamée de l’État est donc plus qualitative, réclamant une protection et un recours, pas un assistanat soviétisé."
Et en cadeau le lien pour lire tout l'article (excellent)
http://www.medium4you.be/Declin-de-l-altermondialisme-par.html