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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Emeutes Urbaines à Agen : Après le choc, réagir...

Publication : 10/07/2023  |  12:09  |  Auteur : Webmaster

 Agen a connu le vendredi 30 juin et samedi 1er juillet les premières émeutes urbaines de son histoire dans la foulée de la mort de Nahel, tué à Nanterre par un policier, à la suite d’un refus d’obtempérer.

Maintenant que l’émotion, les violences sont – je l’espère – durablement derrière nous, il est important de ne pas se réfugier dans l’oubli et le déni.

Il est important de comprendre.

Cette vague de violences a été soudaine et brutale. Disons-le clairement, elle nous a surpris par sa rapidité et son intensité. Vendredi 30 juin, nous nous sommes retrouvés avec 23 policiers (dont 12 de la Police municipale) face à deux groupes d’émeutiers d’une quarantaine de personnes chacun à Montanou et à Rodrigues, deux de nos quartiers « politique de la Ville ». C’est pendant cette même soirée de vendredi que nous avons subi les principaux dégâts : salon de coiffure brûlé, supermarché Netto pillé, voitures incendiées, d’abord parce que nous, l’ensemble des responsables publics, n’avions pas pu anticiper cette vague de violences.

Le lendemain, samedi, nous avions réagi et étions en place, prêts à aller au contact avec des délinquants violents forts des renforts des forces mobiles, de la gendarmerie (et de son hélicoptère), de la Police nationale (de ses renforts du Raid de Bordeaux) ainsi qu’avec une mobilisation exceptionnelle de la Police Municipale (18 personnes sur le terrain, ce samedi soir). Et pour finir, ce dispositif fut efficace et dissuasif.

La fureur passée de ces jours de crise, il nous faut revenir sur le fait déclencheur de cette vague de violence. La mort de Nahel, dans les circonstances rappelées ci-dessus, a provoqué à la fois douleur, sympathie et colère parmi les jeunes de ces quartiers « politique de la Ville ». Oui, il y a eu une vraie vague due d’abord à mon avis, à cette communauté de parcours qui relient les jeunes de nos banlieues ensemble et par le fait que nous sommes en 2023, de plein pied dans la société des réseaux sociaux de jeunes, génération TikTok, génération Snapchat. On peut s’en féliciter ou le déplorer. Cela ne change rien au diagnostic à savoir que lorsque l’étincelle est là (et elle y était Mardi dernier à Nanterre) alors, la propagation du feu est fulgurante et exige une réactivité qui doit l’être tout autant. Première leçon à tirer pour être prêts dès le premier jour lors de la prochaine vague de violence…

Mais, bien évidemment, tout doit d’abord être fait pour éviter pour éviter les étincelles, origines de ces vagues. Et c’est d’ailleurs l’un des messages forts portés par les maires concernés directement au Président de la République dans notre réunion d’échanges avec lui Mardi 4 juillet à l’Elysée : oui, nous devrons ouvrir le chantier des relations de la police avec la population. Oui, il faudra d’une manière ou d’une autre réinventer la Police de proximité. Oui, il faudra reprendre toutes nos procédures de mobilisation pour être prêts beaucoup plus rapidement. Oui, il faudra intégrer complètement les polices municipales dans les dispositifs exceptionnels de maintien de l’ordre et donc en tirer toutes les conséquences quant à leur cadre d’emploi, leur formation, leur équipement, etc.

Une fois compris à la fois l’étincelle et la vague, alors nous pouvons commencer à réfléchir utilement à ce qu’il est utile de faire pour éviter (le plus possible) que cela ne recommence pas. Commençons par ce qu’il ne faut pas faire et d’ailleurs que notre Président de la République ne fait pas.

S’il vous plait, pas d’annonces budgétaires fracassantes ou de supposées grandes lois. Se laisser aller à de telles facilités de communication, c’est s’exposer, d’abord, à une méfiance populaire généralisée et c’est ensuite déclencher l’effet pervers de la récompense donnée aux émeutiers. Le temps viendra bien sûr pour évaluer et corriger nos politiques publiques à la lumière de ces émeutes mais surtout pas à chaud, dans l’émotion.

Ce qu’il faut faire tout de suite, vite, c’est rendre Justice et sanctionner celles et ceux qui doivent l’être. La Justice bien sûr pour Nahel, car quel que soit le contexte (et il est lourd dans le cas du drame de Nanterre), un jeune ne doit pas mourir, aujourd’hui en France, pour un refus d’obtempérer.

Dans ce contexte tragique, la Justice a commencé son travail en plaçant le policier responsable de la mort de Nahel en garde à vue et en le mettant en examen pour homicide volontaire. Comme toute personne mise en examen en France, il a le droit à la présomption d’innocence. Notre Justice doit pouvoir mener à bien son travail fortement et calmement.

Justice envers les victimes des violences urbaines, les victimes des incendies et des pillages.

Justice à l’encontre des délinquants coupables de ces violences et là, soyons clairs, il ne peut y avoir d’impunité sauf à préparer le terreau de nouvelles émeutes. Et ceci d’autant plus que l’impunité serait juste insupportable alors qu’avec les mêmes réseaux sociaux amplificateurs, notre Justice dispose, avec les vidéos des événements, avec les images des caméras, d’éléments de preuve comme elle en a rarement eus.

Alors, oui, lorsque nous aurons fait tout ce chemin, il faudra se poser des questions de fond et j’ai aimé entendre à l’Elysée le Maire de Nanterre -  dont je ne partage pas les convictions communistes - nous rappeler qu’il fallait garder une ambition d’effacement progressif des ghettos que constituent ces quartiers et de plaider pour une plus grande mixité urbaine.

Enfin, j’ai aimé mes collègues lorsqu’ils ont plaidé pour le renforcement de la responsabilité parentale (Jean-François Copé, le maire de Meaux, a eu des mots très forts à ce sujet). J’ai aimé ceux qui ont plaidé pour l’Ecole Républicaine et ses responsabilités premières dans l’égalité des chances et notamment dans la transmission de l’amour de la France, notre pays.

S’il y a bien un chantier qui transcende tous les autres, c’est bien celui-là. Que devons-nous faire pour faire aimer la France par chacun de ses enfants ?

Samedi après-midi, je suis allé rendre visite à la coiffeuse à qui les émeutiers ont brulé le salon de coiffure. Une voiture s’arrête à mon niveau. A son volant, je reconnais un vieil ami marocain, Moussa, avec qui j’ai travaillé dans les vergers de mon père. Il baisse sa vitre et me dit : « Jean, Vive la France ! »

Tout est dit. Vive la France !

@+

  Jean Dionis  

Maire d'Agen

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