Joe Biden vient d’être déclaré 46ème Président des Etats-Unis.
Nettement, avec plus de 300 grands électeurs sur 540, plus de 4 millions de vote d’avance sur Donald Trump.
Loin, très loin, dans un coin de la France, en Europe, je m’en réjouis, simplement, tranquillement…Je crois avoir assez de culture politique pour savoir que le 46ème Président, pas plus que les autres, ne marchera pas sur l’eau et que la vie ne sera pas un long fleuve tranquille pour lui qui aura à faire face à une triple crise sanitaire, économique et sociale, avec un Sénat hostile au pire, fragile au mieux. Je sais aussi que les intérêts nationaux demeurent et que les relations internationales obéissent à leur dure loi et aux rapports de force qui les sous-tendent. Oui, il est bon de garder la tête froide et de se rappeler que Joe Biden a été élu pour être le président des Américains, pas celui des Européens que nous sommes, pas plus que celui des Français.
Mais…..
Nous avons le droit de nous réjouir parce que Joe Biden ramènera les Etats-Unis dans les rangs des signataires des accords de Paris. Cela donnera un élan bienvenu à la transition écologique internationale et que tout le monde s’en portera mieux…et nous aussi.
Nous avons le droit de nous réjouir parce que Joe Biden va enfin gérer de manière rationnelle l’épidémie de COVID dans son pays, mais aussi au sein de l’organisation mondiale de la santé (OMS) et que là encore, tout le monde s’en portera mieux…et nous aussi.
Nous avons le droit de nous réjouir parce que Donald Trump est indéfendable en tant que personne. Et s’il y a une critique de fond à lui faire sur ce terrain, c’est bien d’avoir fait du mensonge un outil permanent de sa gouvernance, rendant tout simplement impossibles des relations indispensables avec ses alliés. Bref, merci au peuple américain d’avoir choisi un président décent, avec qui nous allons pouvoir échanger avec un niveau de confiance élémentaire.
Vous allez sans doute me trouver bien raisonnable, voir minimaliste dans mon enthousiasme pro-Biden ? Non, j’essaye d’être lucide sur ce fait politique majeur en tant que citoyen Français.
Quelles leçons pour la France au terme de ces quatre années de Trump et de la victoire de Joe Biden ? Pour répondre à cette question essentielle, il faut revenir à la ligne politique fondamentale de Donald Trump. Derrière le « Make America great Again ! », derrière le départ des accords de Paris ou de l’OMS, derrière les guerres des droits de douane, il y avait chez Trump une cohérence politique. Contrairement à ce qui a pu être affirmé, Trump n’était pas un isolationniste replié sur la forteresse América. Il a même déployé une activité considérable sur la scène internationale, où d’ailleurs tout n’est pas à jeter comme, par exemple, la fin de la naïveté par rapport à certaines pratiques Chinoises (Huaweï, Tik-tok, etc…).
Donald Trump était un unilatéraliste, agissant seul pour les seuls intérêts à court-terme des intérêts américains, ou plutôt de l’idée qu’il s’en faisait.
C’est cet unilatéralisme, qui, dans le monde aussi interdépendant que le nôtre, est une impasse absolue et coupable. Sommes-nous vaccinés en France contre cette tentation unilatéraliste ? Pas du tout. Tout le discours de nos extrêmes, Front National et France Insoumise, est idéologiquement unilatéraliste, « Les Français d’abord ! », le discours anti-européen, etc., etc…
Face à cette tentation, nous devons construire un nouveau multilatéralisme de raison et de lucidité. La crise sanitaire et la lutte contre le terrorisme nous ont effectivement rappelé qu’une nation était légitime à défendre sa souveraineté sur des domaines essentiels (sanitaire, sécurité intérieure, etc.…), mais cela ne doit pas nous faire oublier qu’aucun progrès substantiel dans les enjeux majeurs de notre temps (réchauffement climatique, risques sanitaires, …) ne sera fait qu’à la seule échelle nationale. Que cela nous plaise ou non, nous sommes « embarqués » dans la même grande Histoire. A nous d’inventer pour la France et pour l’Union Européenne, ce nouveau multilatéralisme articulé sur un patriotisme moderne faisant sa place à une souveraineté nationale repensée et réaffirmée.
Enfin, il y a, dans cette élection américaine, des leçons pour la France en matière de vie démocratique. Une bonne nouvelle portée par cette élection n’a pas eu toute la lumière qu’elle mérite : il s’agit du taux de participation.
Cette élection a mobilisé 158 millions de votants, alors qu’environ 239 millions d'Américains pouvaient exercer leur droit de vote. Plus de 66 % des électeurs éligibles ont voté mardi dernier, un taux de participation jamais vu depuis 120 ans. Le taux de participation a par ailleurs augmenté de plus de 6 % depuis la dernière élection. Et cela, malgré l’épidémie de COVID !
Comment expliquer ce rebond démocratique ? La mobilisation des deux camps irréconciliables dans une Amérique profondément divisée ? Sans doute…
Mais, plus pratiquement, le vote par correspondance !!! Et oui,…plus de 101 millions d'Américains ont voté avant le jour du scrutin, dont 36 millions par la poste, un record.
Plusieurs États ont modifié leurs lois pour permettre à un plus grand nombre d'électeurs de voter par correspondance en raison de la pandémie de COVID-19. C’est d’ailleurs cet afflux de votes postaux qui a ralenti le processus de dépouillement dans ces mêmes États.
Et en France ? Nous « galérons » toujours avec un vote par procuration, qui ferait passer l’envie d’aller voter aux plus enragés de la politique. Il est temps de se mettre massivement au vote par correspondance et au vote en ligne.
D’ailleurs à Agen, nous allons prendre l’initiative ! Quand ? Pour nos élections des conseils de quartier…où tous les Agenais pourront voter en ligne et par correspondance….Agen innovera, comme d’habitude.
Comme quoi, nous avons de vraies leçons à tirer, chez nous, en France, de ces élections US.
Good luck, dear Joe !
On ne peut qu'approuver, vigoureusement, la célébration de l'élection d'un responsable politique "normal" (qu'on ne voit pas du hollandisme dans cette formule) ; ainsi que la promotion du vote par correspondance, qui est une modalité évidemment de nature à augmenter le taux de participation et donc la légitimité des résultats.
La promotion du multilatéralisme suscite également l'approbation, mais pas sans réserves. Bien entendu, la vie sur la planète ne peut plus se concevoir par bulles territoriales. Cependant, le frère jumeau du multilatéralisme est le néo-libéralisme, autrement et plus exactement désigné ultra-libéralisme. Les ravages qu'il provoque tant au plan sociétal qu'économique, et même écologique, ne sont aujourd'hui plus sérieusement discutables. La théorie du ruissellement (celui de la richesse des ultra riches vers les plus pauvres) issue des années 80 aux USA, est en voie d'extinction ; et c'est réjouissant, même si la Bête gigote encore.
Il faut donc raison garder quant aux vertus du multilatéralisme et conserver un peu de l'humanité consubstancielle à la proximité. Celle des produits, les circuits courts, et celle des gens, une immigration contrôlée et à vocation assimilatrice.