Un long week-end (3 jours) du premier Mai s’annonçait et j’avais - imprudemment - promis à ma femme Marie-Agnès que, promis, juré, nous partirions loin d’Agen et de toutes ses tentations d’agenda plus ou moins protocolaires.
Partir tous les deux en week-end, certes, certes, … mais où ? Et pour quoi faire ?
Le vélo est une valeur sûre chez les Dionis. Nous arrivions donc rapidement à un accord sur le cyclotourisme. Il nous fallait donc trouver une destination compatible avec notre cahier des charges d’un séjour de trois jours et … qui soit un bon terrain de jeu de cyclotourisme.
Et bien merci aux professionnels de « Tourisme en Lot-et-Garonne » qui ont mis en ligne un inventaire très bien fait des balades cyclotouristes chez nous en Lot-et-Garonne (à retrouver juste ici).
Allez savoir pourquoi, notre choix s’est porté sur Duras (Pays du Dropt – vignes et vergers en Duraquois). C’était la bonne distance : 102 km en 3 jours avec ce qu’il fallait de dénivelé, avec le bon mélange de patrimoine architectural (le château de Duras, bien sûr…) et de paysages magnifiques. Et puis, j’avais des souvenirs, plein de souvenirs à Duras, terre d’enfance de Paul Chollet, le maire d’Agen dont j’ai tout appris, et de sa magnifique « tribu ».
Restait le camp de base. Et Duras avait une carte « atout maitre » dans son jeu avec son hôtel : L’hostellerie des ducs et son patron, Jean-François Blanchet, le très sympathique patron de la Chambre des Métiers. Site internet super fluide et l’affaire était dans le sac.
Nous voilà donc partis sur nos vélos à travers la campagne duraquoise. La météo, qui était annoncée pluvieuse et capricieuse, nous laissa passer entre les gouttes et prendre quelques coups de soleil.
Et plus les heures et les kilomètres s’égrenaient et plus je me disais in petto que j’avais trouvé un coin de ruralité prospère : la plupart des maisons étaient bien entretenues y compris les anciennes granges agricoles, il y avait peu de friches et autres ronciers, l’agriculture avait pour socle une polyculture originale faite de vignes, de vergers eh oui ! (pruniers bien -sûr, mais aussi noisetiers, …), d’élevages de blondes d’Aquitaine resplendissantes de santé et d’un peu de céréales (mais rien à voir avec les côteaux de Gascogne ou même la plaine de Garonne).
Et pendant ces trois jours de vélo, je n’ai pas pu m’empêcher de chercher des raisons à cette ruralité prospère qui n’est pas la règle en Lot-et-Garonne.
Entendons-nous bien : les quelques réflexions qui vont suivre n’ont aucune prétention d’études approfondies. Elles sont juste le fruit des réflexions d’un maire du Lot-et-Garonne qui connait bien son département et qui peut donc à ce titre poser sur la table quelques éléments utiles à un débat contradictoire et bienveillant.
Premier constat : Duras a réussi à maintenir une activité agricole de haut niveau (polyculture de qualité, vin, viande, fruits. Avec une activité touristique élevée (résidences secondaires, mais aussi accueil de nouveaux arrivants étrangers ou retraités). La proximité de l’Agglomération Bordelaise aide (moins de 70 km) mais la qualité du bâti initialement agricole, les fameuses granges en pierre y concourent bien évidemment.
Deuxième constat : Duras est riche en eau. Merci à la géographie qui a donné à Duras une belle rivière, le Dropt ; merci aussi aux femmes et aux hommes qui ont, depuis 40 ans, développé une politique agricole pertinente avec des lacs collinaires omniprésents dans la campagne duraquoise ; merci enfin au lac de l’Escourou qui est tout simplement la plus grande réserve d’eau de la nouvelle Aquitaine. Le lac d’Escourou, c’est 8,3 millions m3 sur 120 Ha. Volume énorme consacré à l’irrigation par le biais du soutien d’étiage du Dropt.
Tout en appuyant sur les pédales, je faisais mes petits calculs : Escourou, c’est pratiquement 9 fois le lac de Caussade. Fait en 1992 pour l’irrigation par le soutien d’étiage du Dropt et pour l’entrainement des Canadairs et leur réapprovisionnement en cas d’urgence, ce lac est clairement une des réponses à mes interrogations sur la « Prospérité Duraquoise ». Site labellisé Natura 2000 et avec une belle biodiversité résidente … Allez, rêvons ! Et si le lac d’Escourou montrait le chemin à Madame la médiatrice sur le lac de Caussade, fraîchement arrivée en Lot-et-Garonne ?
Troisième constat : l’agriculture est moderne à Duras, dans ses outils mais aussi dans son approche énergétique. A titre d’exemple, j’ai été surpris par le nombre de hangars orientés plein Sud et équipés de panneaux photovoltaïques.
Dernier constat : La densité des services publics – y compris les derniers (France service, etc.) et je tiens à saluer la qualité du travail des Maires récents de Duras de l’emblématique Lucien Chollet jusqu’à Bernadette Dreux, l’actuelle Madame la Maire.
Alors, Duras ilot de prospérité dans la ruralité Lot-et-Garonnaise ? C’est plus complexe que cela. La population est âgée et en diminution (1 214 habitants, en recul constant), le revenu par habitant est faible (13 675€ par an et par habitant).
Mais sur mon petit vélo, certains signes ne trompent pas : De jeunes vergers sont replantés, les fermes sont bien tenues et belles pour la plupart.
En tout cas, moi, je veux y croire à cette ruralité prospère, qui relève la tête et je serai toujours du côté des agriculteurs qui mèneront ce combat.
J’atterris. Une chose est sûre. Vous aimez le vélo et les balades à la campagne ? Essayez ma formule, essayez Duras avec l’Hostellerie des Ducs comme camp de base. L’hôtel est superbe, la nature, au printemps, y est somptueuse.
Vive le vélo à Duras !
@+,
Jean Dionis
Maire d’Agen