Dans le cadre de la Journée Nationale à la Mémoire des Victimes des Crimes Racistes et Antisémites de l'Etat Français et d'Hommage aux "Justes" de France, j'ai voulu offrir quelque mots de reflexion.
"Madame La Préfète
Mesdames et Messieurs,
Mes premiers mots seront pour saluer les représentants des différentes communautés religieuses qui s’associent à cette cérémonie. Votre présence témoigne de notre volonté commune, au-delà des origines ou des religions, de nous retrouver ensemble pour faire mémoire des victimes de crimes racistes ou antisémites et rendre hommage aux Justes parmi les nations.
Cette cérémonie, dans le contexte si particulier que l’humanité toute entière traverse avec cette crise sanitaire extraordinaire, a une dimension bien particulière cette année.
D’abord, parce que j’ai eu l’honneur de remettre, à titre posthume, la médaille des Justes parmi les nations à 3 agenais au mois de novembre 2020.
En venant ici pour vous retrouver, je me suis souvenu du courage de Simone et André SELSIS et d’Emile FONDRONNIER qui, ensemble, ont sauvé la vie du jeune Louis LEVY qui était traqué par la milice.
Je me suis souvenu de la gratitude des descendants de Louis LEVY, qui avaient fait le voyage depuis Israël pour partager cette cérémonie empreinte d’émotion et de dignité.
Je veux d’ailleurs saluer le travail de mémoire réalisé, jour après jour, avec une abnégation et une précision qui forcent le respect, par le Comité YAD VASHEM.
Si nous en doutions encore, les évènements qui se sont déroulés aux Etats-Unis puis en France nous ont rappelé douloureusement que notre humanité n’est pas vaccinée contre le racisme ou l’antisémitisme.
Pas une journée sans qu’un fait divers nous rappelle que ce fléau, ce virus, continue de prospérer et de se transmettre et que la peur de l’autre, qui parfois se transforme en haine, fait encore partie de notre quotidien.
Cette cérémonie, qui rappelle un des épisodes les plus sombres de notre histoire sous l’occupation allemande, la rafle du Vel d’Hiv, n’a de sens que si elle contribue à lutter, notamment pour les jeunes générations qui n’ont connu que la paix, contre le racisme et l’antisémitisme. Nous en sommes toutes et tous profondément convaincus.
Pour autant, j’ai la conviction que les débats sur le racisme qui ont animé, parfois violement, notre pays ces dernières années sont stériles. Nous savons tous que notre histoire est faite de pages glorieuses et de pages sombres. Nous savons tous que nos grands hommes n’étaient pas exemplaires en toutes choses.
Je l’ai dit, le racisme est malheureusement une constante tout au long de notre histoire et aux quatre coins de la planète. La France n’y a pas échappé.
Mais je crois qu’il serait vain de vouloir réécrire notre histoire aujourd’hui. Vain mais aussi trop facile avec plusieurs siècles d’histoire en plus. Notre priorité n’est sûrement pas là. Nous devons certes nous souvenir pour ne pas reproduire les erreurs du passé et c’est ce que nous faisons ce matin.
Mais, notre énergie nous devons plutôt la consacrer à éradiquer ce virus dans notre société aujourd’hui et pour les prochaines générations.
Chacun sait que ce chemin sera long et semé d’embuches.
Chacun sait combien ce combat est difficile.
Difficile car la méconnaissance de celles et ceux qui sont différents provoque le rejet.
Difficile car les difficultés sociales que rencontrent certains de nos compatriotes incitent à la recherche de boucs émissaires.
Difficile aussi car certains partis politiques n’hésitent pas à souffler sur ces braises pour recueillir des suffrages.
Difficile enfin quand les extrémistes religieux de tous bords opposent plutôt que de rassembler.
Alors oui le temps est venu de mobiliser toutes nos énergies pour que les mots de racisme, d’antisémitisme et de discrimination sous toutes les formes appartiennent à l’histoire.
Le temps est venu de dire à nos enfants qu’il n’y a pas de fatalité en la matière.
Comme vous j’ai la ferme volonté de construire cette France plurielle, cette France apaisée, cette France où la différence ne serait plus considérée comme un risque mais, au contraire, comme une chance.
Comme vous, je n’oublie pas les fautes lourdes du passé, les pages sombres de notre histoire et je participe à mon niveau à cet incontournable travail de mémoire.
Et je repense à nos Justes, Simone, André et Emile qui n’ont pas hésité à s’opposer la folie meurtrière nazie pour sauver la vie du jeune Louis.
Mais mon énergie, je veux la consacrer toute entière en regardant résolument devant nous.
Je vous remercie "