Le site officiel
Actualités

› Voir toutes les actualités

Toute l'actualité de Jean Dionis

discours dans l'hémicycle au sujet de l'avenir du livre

Publication : 01/12/2009  |  00:00  |  Auteur : Jean Dionis



Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
mes chers collègues

Le secteur du livre : contexte

Le marché du livre occupe en France une place majeure dans le secteur de la culture. Pour autant, nous en sommes tous conscients, ce secteur doit aujourd’hui relever de nouveaux défis, transmettre le goût de la lecture aux jeunes générations, mieux défendre nos auteurs francophone à l'étranger et surtout, défi fondamental qui va provoquer un choc brutal, accueillir le numérique, pour paraphraser un rapport qui fait autorité sur le sujet.

Au centre de ces préoccupations, la fragilisation des librairies indépendantes dont la rentabilité est aujourd’hui l’un des plus faibles de l’ensemble des commerces de détail.

Il s'agit bien du défi auquel tente de répondre partiellement cette proposition de loi.

Je pense notamment à la hausse des loyers en centre ville, à la nécessité d’avoir recours à des personnels qualifiés, et là, permettez une petite digression, je pense à Christine, ma conseillère personnelle chez mon ami libraire à Agen, Jean-Pierre Delbert, ou bien, autre défi, l’absence de marge de manœuvre financière qui contraint progressivement cette profession précieuse à la précarité.

Or, les librairies contribuent de manière essentielle au dynamisme culturel de notre pays grâce l’enracinement du réseau des librairies incontournables pour l'animation quotidienne de nos centres villes.

C'est donc un pré-requis indispensable à la promotion et la diffusion des œuvres.
Nous devons le rappeler, les libraires sont bien ces relais précieux de la culture livresque, Jean-Pierre Delbert fait partie de ces authentiques passionnés de lecture qui ont la compétence rare de nous conseiller.

Ainsi, en prenant la mesure de tous ces défis et parce que l’exception culturelle française ne peut souffrir de perdre ces réseaux de librairies indépendantes, nous avons su en encadrant le marché du livre maintenir ce réseau dense et de qualité.

La loi Lang

C’est la loi Lang qui a contribué à cet équilibre du secteur en instaurant en France le principe d’un prix unique de vente du livre fixé par l’éditeur permettant ainsi l’égalité d’accès des citoyens au livre par le maintien et le renforcement des libraires indépendants et en conséquence de la diversité de l’offre éditoriale.

En outre, la loi Lang visait également à favoriser le développement des petites et moyennes entreprises, qui dans ce secteur spécifique du livre se situent du coté des distributeurs et non des producteurs.

C’est d’ailleurs pour cette raison que les conventions en vigueur dans le secteur du livre prévoient des délais de paiement particulièrement longs, une centaine de jours en moyenne, c'est ce qui correspond en moyenne au temps de diffusion du livre, et c'est ce délai qui garantit de fait l’équilibre du secteur.
Dès lors, la réduction des délais de paiement pour la chaine de distribution du livre aurait des conséquences très dommageables :

la disparition de nombreuses librairies,
la réduction de l’offre éditoriale présentée
et plus généralement une remise en cause des mesures prises par l’État et les collectivités territoriales en faveur des libraires.

Or, aujourd’hui, il est question de conserver et de soutenir un réseau ce en dépit des marges de rentabilité très réduites.

Les enjeux de la proposition de loi

C’est donc pour pérenniser ces dispositions protectrices que nous sommes aujourd’hui réunis pour examiner la proposition de loi relative aux délais de paiement des fournisseurs dans le secteur du livre.

Ce texte, que j’ai cosigné et qui fait l’objet d’un accord unanime parmi les bancs de notre Assemblée, est le résultat d’un travail approfondi, réalisé au sein du Conseil du Livre sur les enjeux multiples auxquels le secteur du livre est confronté aujourd'hui.

A ce titre je tiens à féliciter personnellement le travail effectué par Hervé Gaymard pour sa contribution éclairée aux débats qui a structuré les discussions de cette commission et qui ont abouti au dépôt de cette proposition de loi.

Plus précisément, cette proposition vise à exempter l’ensemble de la filière de la mesure de plafonnement des délais de paiement entre les entreprises.

C'est une mesure dérogatoire à la LME pour le secteur du livre qui maintient le système conventionnel antérieurement en vigueur.

En effet, alors que la LME visait à protéger, et à juste titre, les PME des demandes de délais de paiement trop longs de la part des distributeurs, en les plafonnant à 45 jours fin de mois ou soixante jours calendaires.

Cette règle est clairement inadaptée aux rythmes du circuit de diffusion du livre en raisons de la spécificité du secteur.

Ce secteur connait effectivement un schéma inversé à celui de la grande distribution, les « PME du livre » se situent essentiellement du coté des distributeurs et non des producteurs.

Car le commerce de la librairie se caractérise par des délais de paiement d’une centaine de jours en moyenne, permettant ainsi aux libraires de présenter au public une grande diversité de choix parmi l'offre éditoriale.

Réflexion sur l’avenir du livre et de la librairie

Ce texte est ainsi l’aboutissement d’une réflexion et constitue aussi l’amorce d’une réflexion vitale pour l’avenir du livre.

Car si la loi Lang a permis de maintenir un réseau de librairies diversifié et dense, celles-ci se trouvent aujourd’hui confrontées à une concurrence accrue des nouveaux circuits de vente.

Je fais ici référence au développement de la distribution des livres sur Internet.
Il faut aider les professionnels à prendre le tournant du numérique qui est inévitable.
Et cette révolution numérique comporte des risques pour l’avenir du livre par ce qu’à terme elle supprimera les intermédiaires qui n'apportent aucune valeur ajoutée.

Notre devoir aujourd'hui, mes chers collègues, c'est bien de donner au réseau de librairies les moyens de promouvoir leur réelle plus value.

Car si l’objet livre a jusqu’à présent su résister aux assauts d’un monde de plus en plus numérisé à travers l’incroyable modernité de sa portabilité, la révolution du numérique est en marche.

Cela dit, e livre est le premier secteur pour lequel il nous est donné la possibilité d’anticiper, ce que nous n’avons pas su faire pour la musique et le cinéma.

Ainsi est-il important de créer les conditions et les cadres dans lequel l’offre va se déployer car si manquons à notre devoir l’offre évoluera sans respecter les conditions essentielles à l’équilibre fragile du secteur.

Ainsi pour que les librairies, véritable lieu de vie culturelle soient moins vulnérables à l’élargissement de l’offre sur Internet, pour que le délai d’obtention d’un livre reste inférieur à celui proposé sur Internet et enfin pour que les libraires puissent continuer à être ces intermédiaires précieux, explorateurs de la culture, je vous proposerai un certain nombre de mesures qui me semblent aller dans le bon sens.

Notamment le soutien à la création d’un portail internet commun entre les libraires qui permettrai à ces derniers de structurer leurs stocks et de répondre efficacement à la demande des consommateurs dans un délai plus court.

Parallèlement à cette mesure il me semblerai important de mettre en place une véritable politique de soutien à l’emploi de personnel qualifié.

Car la qualité du service dépend étroitement des libraires, dont le rôle est de conseiller, de faire découvrir et de mettre en valeur les ouvrages.

Permettez moi de de penser à nouveau à mon ami libraire à Agen Jean-Pierre Delbert, pour qu'il maintienne cette offre de qualité, il serait souhaitable pour lui comme pour l'ensemble des libraires, qu'il puisse bénéficier d’un allègement de charges lorsqu'il emploie des conseillers de lecture qualifiés.

Le « pilon » et la nécessité de trouver des solutions alternatives

A titre plus personnel maintenant je souhaiterais revenir, dans le cadre plus général des motivations qui ont conduit à l’examen de la pertinence de la loi Lang, aux possibilités de modernisation du secteur du livre.

Sans remettre, cette fois, en cause les dispositions de la loi qui fait aujourd’hui l’objet d’une large adhésion parmi les professionnels et les responsables politiques, je souhaiterai qu’aujourd’hui nous allions plus loin dans l’analyse des enjeux de ce secteur.

Ainsi, je tiens à rappeler qu’il existe dans la commercialisation de livre un gaspillage considérable et inacceptable de livres neufs invendus qui sont détruits chaque année par le « pilon ».

Or, cette pratique est trop communément admise par le secteur de l’édition et elle revêt outre un caractère blasphématoire envers un des éléments les plus vénérables de notre culture, un mépris des considérations écologiques.

Aujourd’hui, je le répète, on ne peut être de la génération du Grenelle de l’environnement et laisser libre cours à ce gaspillage, des actions correctrices sont nécessaires pour encourager les éditeurs par des méthodes de suivi pour faire baisser significativement les taux de retour, piste abordée mais pas suffisamment exploré dans ton rapport, mon cher Hervé.

Position du nouveau centre

Pour conclure, je dirai que la préparation de l’industrie du livre au défis de demain est nécessaire et cette proposition de loi y contribue en partie. Pour ces raisons, le Nouveau Centre votera ce texte.

Réagir à cet article

Filtered HTML

  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Tags HTML autorisés : <a> <em> <strong> <blockquote> <ul> <ol> <li> <p> <br>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.