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conférence donnée par Jean DIONIS à la Société Académique d'Agen le 5 décembre 2012

Publication : 05/12/2012  |  00:00  |  Auteur : Jean Dionis

Conférence Société académique      5 décembre 2012        par Jean Dionis du Séjour

Modernisation d’Agen et respect de son identité

Entre le besoin de modernité, indispensable pour l’évolution économique et sociale d’une ville et la nécessité de respecter le passé, les débats sont parfois tendus. Et il n’est pas toujours évident pour un responsable politique en charge d’une collectivité de concilier les tenants d’une négation du passé à outrance (l’on démolit les derniers vestiges d’une ville pour construire une ville moderne) et les tenants d’une conservation obsessionnelle (l’on ne construit plus pour conserver le patrimoine intact).

Que garde-t-on ? Que transforme-t-on ? Et comment ? Les réponses à ces questions engagent la responsabilité collective vis-à-vis des générations futures (ex. à Agen, enfouissement des vestiges romains, destruction de la cathédrale Saint-Etienne aujourd’hui oubliée ou de la Halle du Marché).

Atteindre les meilleurs compromis nécessite la mobilisation de toutes les forces de la cité. Et notamment, celles d’entre elles qui sont capables d’un regard à long terme sur son histoire : la Société académique fait partie de ces rares instances.

Depuis 2008, la ville d’Agen s’est engagée dans un projet urbain qui a pour but de développer, de restructurer ses quartiers et de valoriser son cadre de vie. Tous les espaces sont concernés : du centre-ville (boulevard de la république/place du Pin) aux grands ensembles (Tapie) en passant par le quartier de la gare (projet multimodal) ou encore les quartiers plus résidentiels qui font partie intégrante de cet ensemble cohérent et unique qu’est une ville.

L’ampleur et la nouveauté des travaux engagés obligent le pouvoir municipal à une réflexion complexe sur les arbitrages à prendre entre modernisation et respect de l’identité. La piétonisation du boulevard de la République en est un exemple emblématique.
L’identité agenaise structurée par sa géographie

La géographie et l’histoire nous rappellent que l’influence d’Agen a toujours dépassé ses limites étroites, enserrées entre la Garonne et le coteau de l’Ermitage et s’est projeté hors de ses remparts. Vaste pays de plus de 100.000 habitants, on est d’Agen au Passage (d’Agen), on est d’Agen à Valence (d’Agen), on est aussi d’Agen à Penne d’Agenais ou encore au Mas d’Agenais et à Montpezat d’Agenais. Villeneuve avant d’être sur Lot était d’Agen.

La moyenne Garonne existe. Et il n’y a pas de prospérité agenaise sans une véritable symbiose entre un pays et sa capitale, Agen. Symbiose d’autant plus nécessaire qu’Agen éprouva de tout temps la difficulté à se faire connaître et reconnaître entre Bordeaux et Toulouse. La Garonne fut longtemps une frontière naturelle entre la Guyenne sur la rive droite et la Gascogne sur la rive gauche, une frontière physique et linguistique, comme le souligna le géographe grec Strabon (1er siècle av. J.C), entre Celtes et Aquitains.

Mais c’est aussi ce même fleuve qui façonna l’histoire de la ville. Garonne est la première clé d’explication de l’histoire et de l’identité agenaise. Jusqu’au milieu du XIXème siècle, elle est une frontière quasi infranchissable, les ponts résistant à ses crues n’apparaissant qu’au milieu du XIXème siècle.

Elément vital pour vivre et véritable ouverture vers l’extérieur, le fleuve draina pendant de longs siècles l’essentiel du trafic commercial et passager. Par son port et ses voies routières, Agen fut une ville d’échanges, de foires et de commerces. Réputée pour sa farine de minot produite par des moulins à nef amarrés au Gravier, la ville sera surtout reconnue pour ses pruneaux.

Différentes corporations se partagent les activités du fleuve : pêcheurs, mariniers, cordiers, charpentiers, fabricants de toiles ou simples lavandières. En hiver, les scieurs débitent le bois pour les charpentiers ou les sabotiers. Le travail du chanvre alimente les nombreuses manufactures situées près du fleuve.

La ville renforcera ce lien fort avec l’eau par la construction du Canal latéral. Le Canal latéral (1838-1856) concrétise le rêve de Pierre-Paul Riquet en complétant le canal du Midi et reliant ainsi la Méditerranée à l’Atlantique. Achevé la même année que la voie de chemin de fer, il ne connaitra jamais le succès escompté et périclitera rapidement. Il est intéressant de noter que le canal revit aujourd’hui grâce au tourisme fluvial.
Il ne faut pas oublier dans l’évocation du lien étroit de la ville avec l’eau, les différents ruisseaux sillonnant la ville dont le plus important, la Masse, permit l’installation de moulins comme ceux de Cajarc, Saint-Caprais et Saint-Georges et le développement du quartier des Tanneries.

La véritable naissance de l’agglomération est marquée par la construction du Pont de pierre. Aujourd’hui, la Garonne ne divise plus l’agglomération mais la fédère autour de trois défis : son franchissement, ses crues, ses réserves en eau potable, enjeu crucial du XXIème siècle.

La deuxième frontière naturelle est directement liée à la naissance même de la ville : l’oppidum de l’Ermitage où s’installa le peuple des Nitiobroges. Partie intégrante du territoire agenais, il restera longtemps pas ou peu habité compte-tenu de son instabilité.

L’identité agenaise structurée par son histoire

• Période antique : une ville d’échanges et de commerce

Dès la période antique, la ville effectue une mutation en descendant du coteau pour s’installer auprès du fleuve, source de richesse et au croisement de voies de circulation importantes. Un port intérieur est aménagé. Les différentes découvertes archéologiques ont permis de mettre en lumière la richesse de la ville : théâtre, amphithéâtre… Cité ouverte, son tissu urbain suit un quadrillage classique basé sur deux cardines (axe routier) nord-sud et un grand décumanus est-ouest. Dans le schéma d’urbanisme romain, le cardo représentait une des voies principales, au cœur de la vie économique et sociale de la ville. La croisée du cardo et du decumanus (emplacement de l’ancienne cathédrale, actuel marché couvert) marquait alors le cœur de la ville antique, le forum.

La ville « Aginum » restera gallo-romaine plus de trois siècles et elle en gardera une trace considérable.

La ville, très tôt christianisée (martyrs de Saint Caprais, de Sainte Foy), voit s’édifier églises et cathédrale. L’un des seuls édifices pouvant se rattacher à cette période en est la Chapelle du Martrou, destinée à conserver les restes de Saint Caprais.

Du IVème siècle jusqu’au XIème siècle, il existe un « noir » documentaire et monumentale. Il faut attendre la période médiévale pour avoir de nouveau accès aux sources.

• Période médiéval : l’émergence d’un pouvoir communal

Du Xème au XIIIème siècle, période d’échanges commerciaux importants, Le port est prolongé jusqu’aux portes de la ville. Cette période est marquée par la construction d’une première enceinte enserrant un dédale de petites rues sinueuses. Collégiale, couvents et hôpitaux s’installent dans et hors les murs. Ils représentent les supports et les pôles de la vie urbaine. Le fait clérical et le fait laïc sont intimement liés. Le clergé possède un foncier important dans la ville (près de 50%) et la structure : couvent des Augustins, couvent des Cordeliers, couvent des Jacobins ou les Templiers.

L’artère principale relie la cathédrale Saint-Étienne et la collégiale Saint-Caprais vers laquelle convergent les autres rues donnant accès aux portes et concentrant l’activité économique de la cité. Dans leur voisinage, se rassemble une population nouvelle formant ainsi les premiers faubourgs de la ville. Le tissu urbain est maintenant fixé.

Au cœur d’un mouvement général d’émancipation qui traverse toute l’Europe contestant le pouvoir féodal en place, émerge alors un pouvoir communal fort, entériné par la rédaction d’un livre de coutumes (admirablement conservé et propriété de la ville). L’administration de la ville est confiée à des consuls assurant à tour de rôle les fonctions de maire, assistés de jurats et conseillés dans certains actes par des prud’hommes. Il est à noter que chaque quartier était tenu d’être représenté dans le consulat.

Cette stabilité communale est d’autant plus importante que la ville se retrouva, au moyen-âge, ville frontière, à la limite des possessions des rois de France et des rois d’Angleterre (de 1100 à 1360, la cité changera 11 fois de maîtres, appartenant tantôt aux comtes de Toulouse, tantôt aux rois de France ou d’Angleterre).

• Période moderne : Un développement urbain lié aux infrastructures de transport
(bateaux, trains, voitures…)

Agen va connaître en deux siècles (XVIIIème et XIXème siècle) de grands bouleversements urbains. La ville s’ouvre à nouveau par la destruction de ses derniers remparts à la Révolution et par l’aménagement de la promenade du Gravier.

La liaison entre la rive droite et la rive gauche est consolidée par la construction du Pont de pierre, achevé en 1827. Depuis un premier pont en bois, construit sur ordre de Richard Cœur de Lion en 1189, aucun ouvrage d’art n’avait pu résister aux crues violentes de la Garonne. Cette construction bouleverse les relations entre la rive gauche et la rive droite.

Le Canal des deux mers, assurant la continuité entre le Canal du Midi et la jonction entre la Méditerranée et l’Atlantique, est finalisé en 1856.

C’est enfin l’arrivée du chemin de fer en 1857 puis les changements de locomotion issues de la révolution industrielle (apparition de l’automobile). L’administration royale (Louis XV, Louis XVI) se lance à la fin du XVIIIème siècle dans un vaste programme de routes nationales. Et en 1824 les deux voies en direction de Toulouse et de Bordeaux sont ouvertes.

Il devient vital pour Agen d’ouvrir de nouvelles voies de dégagement. Le boulevard Sylvain Dumon est crée en 1862 prolongé par le boulevard Scaliger reliant ainsi la gare à la place Jasmin et à la place du Pin.

Puis deux percées d’envergure reliant l’une la porte du Pin à la place Jasmin, le boulevard de la République en 1886, l’autre de la gare au pont de Pierre, le boulevard Carnot en 1895.

Ces deux grandes voies haussmanniennes structurent pour longtemps (1886-2010) le tissu urbain agenais (le langage courant utilise toujours le terme des « 4 boulevards »). Apparaissent parallèlement les équipements urbains qui assoient la 3ème république (écoles, lycée, palais de justice, abattoirs, bains-douches, gendarmerie). Pour « mettre en scène » ces nouveaux bâtiments, il est créé des espaces publics qui aèrent la ville : jardin Jayan, Place Verdun, Place du Pin, Place Armand Fallières.

Ces remaniements fonciers redessinent l’architecture de la ville : des immeubles avec commerces au rez-de-chaussée et logements bourgeois dans les étages sont construits. La ville se « verticalise ».

Les municipalités placent l’hygiène et la santé au centre des projets d’urbanisme. Les habitations individuelles très souvent insalubres laissent la place à des immeubles bourgeois tout confort (« eau et gaz à tous les étages »).

La voie ferrée et le canal latéral sont le support de l’industrialisation des quartiers nord, nord-est (briqueteries, quartier du « gaz »…) générant des « faubourgs » autour de la place du Pin.

Le trafic sur le fleuve décline perdant peu à peu sa fonction « d’autoroute » commerciale.

• Période contemporaine

Les années 1950-1980 sont marquées par un profond bouleversement urbanistique lié à de nombreuses destructions dont les plus symboliques en sont l’immeuble des bains douches (1966) et la Halle du marché couvert (1969). Sous l’impulsion de Pierre Pomarède, du docteur Esquirol, puis du docteur Chollet, des équipements publics voient le jour tel le Stadium (1962) ou l’école Carnot (1956) ainsi que des immeubles privés tel l’îlot 5 (1967) ou la tour Victor Hugo (1967-1969). La ville s’agrandit avec l’apport de nouveaux habitants. Ne pouvant s’agrandir que difficilement en centre ville ainsi que vers le Nord et l’Ouest, c’est vers la périphérie Sud et Est que se tournent les nouvelles réflexions urbanistiques : les immeubles sont implantés dans des espaces ouverts traversés de voies rectilignes. Agen devient ville universitaire, en accueillant notamment la Faculté de droit du Pin (1992) et l’ENAP (2000).

L’omniprésence de la voiture incite à l’ouverture d’une voie express sur berges ainsi qu’à la multiplication des moyens de stationnement : construction du parking du Marché couvert et de l’îlot 5. C’est aussi la construction de l’aéroport d’Agen-La Garenne en 1973 qui permet de désenclaver le territoire.

Ainsi à l’aube du XXIème siècle, Agen présente une identité marquée par un enchevêtrement de tissus urbains tous qualifiés par les usages de l’époque : petites rues sinueuses du moyen-âge, grandes percées haussmanniennes du XIXème siècle, voies express du XXème siècle.

Tous marqués par cette limite sud, parfois repoussée mais inéluctable car inondable : Porte-neuve au moyen-âge, boulevard de la Liberté au XIXème siècle, la rocade au XXème siècle.

L’identité agenaise : quelques symboles
L’identité est une construction collective, essentielle pour permettre à chaque individu d’avoir le sentiment d’appartenir à une même communauté, à un même territoire. Ce sont ces éléments identitaires qui permettent de donner aussi un sens aux décisions touchant à l’aménagement du territoire et à l’urbanisme.

Le sociologue Blaise Galland souligne « l’importance du rôle du territoire et de l’environnement dans la fixation de l’identité urbaine. Comme si ces lieux étaient en quelque sorte les dépositaires de la mémoire collective d’une communauté. Certains lieux en deviennent sacrés et par là-même intouchables comme si l’altération ou la disparition de ces espaces physiques, géographique ou urbanistiques devait engendrer la perte de cette mémoire » (Pont-Canal par exemple pour Agen).
Mais l’identité d’une ville ne se définit non seulement par son passé et son présent mais également par les projets qu’elle souhaite développer (telle Angoulême et son festival de bandes dessinées, le printemps de Bourges ou les chorégies d’Orange), qui en feront son attractivité, son attachement et son appropriation par l’ensemble de la population. Une identité ne saurait se figer, elle est en perpétuelle mouvement.
Elle peut être considéré comme majeure pour certains et mineure pour d’autres, selon la perception et le vécu de chacun (le Stadium est-il emblématique d’Agen ? …).
Elle peut être actuelle (ouverture du Parc de Passeligne-Pélissier, élément fédérateur pour l’agglomération) comme disparue (ville cathare, mouvement partant de l’Agenais et qui sera à l’origine de la construction du couvent des Jacobins/Agen, ville textile avec ses fabriques de voiles, de cordes).
Se pose alors la question de définir quel objet, quel monument, quel personnage offre une référence commune, identifiable par tous. Pour Agen, trois images ont été retenues:
• Le pruneau

Dès 1550, l’italien Matteo Bandello, nommé par le Pape, évêque d’Agen souligné : « ma ville épiscopale d’Agen, capitale du comté de l’Agenais, située dans la plaine, sur les rives droites de la Garonne, en pays fertile, est célèbre pour ses pruneaux et sa farine de minot ». Mais les prunes et les pruneaux sont connus depuis l’Antiquité (Prunes de Saint Antonin sur les coteaux du Quercy, du Rouergue…). Les archéologues ont d’ailleurs retrouvé lors de fouilles sur le coteau de l’Ermitage des noyaux de prunes.

C’est au retour de la IIIème croisade, en 1192, que les moines bénédictins de l’Abbaye de Clairac, greffèrent les pruniers locaux avec de nouveaux plants de pruniers ramenés de Syrie. Une nouvelle variété, la Prune d’Ente, était créée.

Cette prune d’Ente, une fois séchée, prit le nom de son port d’expédition, le pruneau d’Agen. Exporté dans de nombreux pays à partir de Bordeaux (Amérique, Angleterre, Pays Baltes, Russie, Allemagne, Canada…), le pruneau portera longtemps l’image d’un fruit énergétique et diététique, permettant notamment de lutter contre le scorbut lors des grandes traversées maritimes.

Le pruneau est devenu l’industrie de tout un département et de toute une région, définissant un véritable terroir du pruneau d’Agen conforté par l’obtention d’une « identification géographique protégée ». En prenant le nom d’Agen, le pruneau lui a donné en retour sa couleur !

• Le rugby

Agen est l’une des premières villes où se développa ce nouveau sport venu d’Angleterre. En 1900, lors d’une rencontre entre amis, naquit l’idée, chez Alfred Armandie, de pratiquer ce sport. Un premier club, appelé Sporting club agenais, est fondé mais dès 1908 le club prendra son appellation actuelle de SU Agen. Il est intéressant de noter que la diffusion de sport s’arrêta à la limite de la langue d’oc et de la langue d’oil et l’on peut se demander pourquoi ce sport a eu une telle ampleur en pays aquitain.

Agen possède l’un des palmarès des plus importants sur le plan national avec 8 titres de Champion de France (1930, 1945, 1962, 1965, 1966, 1976, 1982, 1988) ainsi que 4 titres du Challenge du Manoir et 2 titres en Coupe de France (1943 et 1945).

• Le Paracétamol
Agen est sous paracétamol-dépendance. Et pourtant, le lien entre Agen et ce médicament peut sembler peu évident. Cependant, l’Agenais est depuis toujours une terre qui vit naître ou exercer d’éminents médecins : Nostradamus, Scaliger, Brocq, Thomas, Belloc, Fourestié, Delmas, Calabet, Esquirol et les Bru.
L’histoire de cette famille est intimement liée à l’ascension fulgurante du laboratoire pharmaceutique qu’elle créa en 1935 puis développa pendant plus de 60 ans, UPSA (Union Pharmaceutique des Sciences Appliquées), aujourd’hui propriété de BMS. Souhaitant pérenniser la mémoire de ces fondateurs et l’ancrer dans leur région, la Fondation Bru fut créée en 2005 à l’initiative du docteur Nicole Bru.

Force et fragilité pourraient définir ces 3 éléments. Sur ce tryptique identitaire, rien n’est figé, rien n’est écrit. Ainsi, nul n’ignore par exemple la difficulté pour l’équipe du SUA à demeurer en top 14, la concurrence internationale autour du pruneau (pruneau chilien ou argentin) ou une possible délocalisation d’une partie ou de l’ensemble des usines BMS-UPSA.

D’autres noms viennent à l’esprit. J’aurais pu ainsi citer Michel Serres, si attaché à sa ville et à son fleuve ou le théâtre Ducourneau…

Car une ville est à la fois sédimentation et métempsycose : combien de monuments dans Agen ont « vécu » plusieurs vies ? : Hôpital Saint Jacques devenu Conseil général, Hôtel de ville, d’abord lieu fortifié, puis Présidial, Hôtel de Montluc actuellement musée des Beaux-Arts …

Une identité en devenir

La communauté d’agglomération d’Agen aujourd’hui composée de 19 communes s’agrandit au 1er janvier 2013 en intégrant les 9 communes de la Communauté des communes du canton de Laplume en Bruilhois et la commune de Pont-du-Casse.

L’agglomération de demain représentera une force de 29 communes, étendues sur 435 km² pour une population de près de 100.000 personnes soit 8% du territoire lot-et-garonnais, 41% du PIB et 33% de la population.

C’est dans le cadre de ce nouveau bassin de vie, ouvert (les limites naturelles qui conditionnaient l’implantation d’habitats et d’infrastructures sur la rive droite sont abolies), élargi, multiple (communes rurales, semi-urbaines, urbaines) qu’une nouvelle identité est à créer : non plus une seule identité agenaise au sens d’Agen « même » pour reprendre la belle expression de notre langue courante mais une identité d’agglomération qui permettra de donner une unité au territoire actuel.

Ce sens, cette cohérence sera à trouver indéniablement dans les logiques socio-économiques actuelles et à venir. Un bassin de vie commun, c’est d’abord travailler dans les mêmes lieux d’activité, étudier dans les mêmes lycées et établissements supérieurs, se soigner dans les mêmes hôpitaux et cliniques, faire ses courses dans les mêmes espaces commerciaux.

Cette unité de vie est bien là dans l’agglomération agenaise. Elle est son ciment. Mais l’agglomération ne pourra pas faire l’économie de la construction d’une identité culturelle et symbolique partagée.

Les déterminismes géographiques qui sont les éléments identitaires les plus stables joueront un rôle majeur. Garonne ne sera plus jamais une frontière ni une artère commerciale. Pourtant, elle restera la matrice de notre vie, réserve en eau potable pour tout l’Agenais et, peut-être un jour, atout touristique majeur.

Il est emblématique que le premier projet fédérateur de l’agglomération d’Agen porte sur Garonne et la mise en valeur de ses berges ainsi que l’ouverture du parc naturel d’Agen-Garonne-Passeligne-Pélissier : réalisation patrimoniale, touristique et économique autour du fleuve, elle permet à chacun de s’approprier un espace naturel et foncièrement identitaire.

Garonne n’est plus une frontière mais un trait d’union entre deux rives. La poussée vers le Sud n’est plus envisageable car l’espace est déjà fortement aménagé et reste inondable. Ces nouveaux territoires offrent en revanche de nombreux emplacements stratégiques à conforter tant dans le domaine économique que touristique :

• telle la création de zones d’activités d’envergure régionale (Agropole 3, Green Center de Lamothe-Magnac, Technopole Agen-Garonne) venant soutenir l’implantation de la future gare LGV de l’Agenais et le second échangeur autoroutier Agen-Ouest.

Ces projets, essentiels pour redynamiser la vie économique à l’échelle du Pays agenais, favorisent les aménagements d’infrastructures routières :

• telle la liaison Beauregard-RD 813 assurant la déviation Sud-est de l’agglomération agenaise en reliant le pont de Beauregard à la route de Toulouse. La réalisation de cette infrastructure contribue à désengorger le cœur d’agglo et facilite la desserte des pôles d’activités existants et à venir (accès direct à l’échangeur autoroutier…). Elle représente également un enjeu sécuritaire majeur en étant associée à l’ouvrage de protection contre les crues centennales de Garonne.

• telle la liaison « le barreau de Camélat » et la réalisation d’un 3ème pont, le Pont de Camélat anticipant les effets des grands projets notamment de la LGV. En liant les équipements structurants de la rive gauche aux infrastructures existantes de la rive droite, en reliant les territoires du Villeneuvois, de l’Agenais et de l’Albret et en permettant le franchissement de la Garonne par un 3ème pont, l’Agglo façonne un nouveau paysage pour les générations futures

Notre identité sera aussi affaire de volonté politique. De même que nos ancêtres ont su négocier avec Richard Cœur de Lion l’autonomie municipale, à nous de vouloir exister comme pouvoir autonome entre les métropoles de Bordeaux et de Toulouse…

Les caractéristiques de la vallée ont conditionné l’évolution de la ville et des communes proches. Pendant très longtemps, les infrastructures se sont concentrés en rive droite et ont façonné le paysage urbain. Ce n’est que très tardivement qu’une grande infrastructure comme l’autoroute A62 s’est construite sur la rive gauche.

Cette ouverture vers l’ouest a permis de rééquilibrer l’agglomération et d’apporter une cohérence dans la stratégie de développement commune aux deux rives tout en respectant la spécificité des communes rurales qui désormais en font partie.

Pour autant, il est légitime de s’interroger sur les limites d’une telle extension. Est-t-il possible de concevoir une identité globale de territoire urbain sans tenir compte des singularités de chaque commune ? Est-il possible de parler d’une identité d’agglomération quand celle-ci n’a pas les compétences culturelles et sportives ? Parle-t-on d’une identité d’agglomération ou d’une agglomération d’identités ?

Le 1er janvier 2013 restera-t-il dans notre histoire agenaise comme la date du début de la fin des communes fermant ainsi la parenthèse de plus de deux siècles ouverte par les révolutionnaires de 1795 ?

C’est une question capitale pour notre avenir. Personellement, je ne le crois pas. Nos communes viennent de lois, de nos paroisses catholiques, elles-mêmes enracinées sur le maillage des « villas » pré-médiévales.

La création de l’agglomération répond à des logiques d’économies et de projets de territoires fortes. Car au final, pourquoi et pour qui fait-on l’agglo ?

1- pour réaliser ensemble des projets que l’on ne peut porter seul
2- pour améliorer les services publics tout en réduisant leurs coûts.

A côté de cette force d’agrégation et souvent contre elle, la vie moderne , dans sa dureté, réclame sans cesse plus de proximité et les moyens actuels de communication ont démultiplié cette demande de proximité et de réactivité. Les élus seront bienheureux de faire vivre l’échelon communal pour répondre à cette aspiration, le maire restant l’interlocuteur privilégié de ses citoyens.

C’est dans cette tension –projet de territoire contre proximité- que naitra, peut-être dans la douleur, la future identité agenaise.

Les réactions

Interessant

Excellent esposé permettant de mieux connaître et comprendre ce qu'est Agen. Et finalement "savoir d'où l'on vient pour savoir où l'on va"

anniversaire du Boul

Anniversaire du Boul’

Tout arrive, faut-il laisser le temps au temps.
Enfin! Après avoir frôlé le bûcher, monsieur le maire Dionis vous voilà porté au pinacle, oh! Pas très haut quand même, car les faux culs resteront ce qu’ils sont. Comme je l’avais prévu ils ne vont pas tarder à vous embrasser là où lez poules font les œufs . Lu dans la presse en parlant du boul’, «  les champs Elysées d’ Agen » l’étendard du centre ville, douce rigolade, il n’y a que les cancres qui n’avaient rien compris, ils sont nombreux, ou alors ils sont encore beaucoup à ne pas savoir ce qu’est le travail manuel. A l’avenir il faudra que les contestataires apprennent à grandir pour apporter un plus à nos enfants. Agen se métamorphose, que tu deviens belle vieille Agénor. Très difficile d’apporter dans cette vieille ville enclavée entre coteau et Garonne. Peut-être qu’un jour Agen pourra rivaliser avec les grandes métropoles Bordeaux-Toulouse.
Le chef lieu du département a pris beaucoup, beaucoup de retard, cherchez l’énigme, surtout n’oubliez pas, ne vous trompez plus.

Reste à régler la propreté de la ville, problème très compliqué. Levez, baissez les yeux, ne pas se laisser illuminer par le maquillage qui saupoudre la crasse. L’indiscipline, l’incivilité font que des détritus s’accumulent dans des coins. Monsieur le maire reste à dompter les crasseux, le plus grand travail reste à faire.

Bravo monsieur le maire Dionis, continuez. Les ya cas, droite, gauche en haut en bas tous ceux qui éjaculent leur venin que pour salir, n’apportant rien à autrui, parlant facilement social qu’avec l’argent des autres, apprenez à donner de vous même, peut-être que vous vous sentirez mieux, alors le monde deviendra meilleur.


Le Gascon

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