Madame la Sous-Préfète,
Monsieur le Député,
Madame la Conseillère départementale,
Monsieur le Consul d’Israël à Paris,
Monsieur le Délégué Yad Vashem Aquitaine,
Monsieur le Consul Honoraire d’Israël,
Je vous remercie de bien vouloir excuser Pierre-Jean PUDAL, Maire de Ste Livrade, Ville qui a accueilli Louis LEVY, et Jacques BORDERIE, Conseiller départemental du Livradais, qui, tous deux, n’ont pas pu être parmi nous, aujourd’hui.
Mesdames et Messieurs,
Je veux d’abord souhaiter la bienvenue à Agen, dans notre maison commune et dans notre Salle des Illustres à nos hôtes israéliens descendants de Louis LEVY qui, par leur présence aujourd’hui, nous rappellent la valeur hautement symbolique de cette cérémonie.
Je veux ensuite saluer également Michèle et Marie-Caroline CHAUDRUC, respectivement fille et petite-fille de Simone et André SELSIS, et Joël FONDRONNIER qui représente la famille d’Emile FONDRONNIER.
Je sais combien la démarche que vous avez engagée pour que vos aïeux soient reconnus Justes parmi les Nations est particulièrement exigeante et je vous en remercie au nom de la Ville d’Agen.
C’est Clémence BRANDOLIN-ROBERT, adjointe de la Ville d’Agen qui m’en a informé il y a déjà longtemps. Prise par des engagements familiaux planifiés de longue date, elle ne peut pas être parmi nous et m’a demandé de vous présenter ses excuses.
Je veux enfin saluer le travail remarquable réalisé par le Comité français pour Yad Vashem et son délégué Aquitaine, Monsieur ALITENSSI.
Je remercie également Monsieur le Consul général d’Israël et Monsieur le Consul honoraire de nous honorer de leur présence.
Ce qui nous réunit aujourd’hui, c’est d’abord le devoir de mémoire ou, plutôt, pour reprendre les mots du Grand Rabbin de France, Haïm KARSIA, lorsqu’il est venu à Agen pour inaugurer l’école Simone VEIL, le travail de mémoire.
La République française en 2000 a officialisé le terme de Justes parmi les Nations et a choisi le 16 juillet, date anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv, comme « journée nationale d’hommage à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’Etat français et d’hommage aux Justes de France ».
Le Président Jacques CHIRAC avait compris l’importance de ce travail de mémoire en prononçant cette phrase qui reconnaissait la complicité de l’Etat français dans la déportation des Juifs : « la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable ».
Dans cette période, l’une des plus sombres et odieuses qu’ont connue la France et l’Europe toute entière, certains hommes et femmes ont été remarquables.
Comment pourrions-nous qualifier le comportement d’Emile FONDRONNIER qui a recueilli puis caché le jeune Louis LEVY ?
Comment ne pas admirer la réaction de Simone et André SELSIS qui permit à Louis d’échapper aux miliciens, à sa recherche, et à une mort certaine ?
Emile, Simone et André ont été exemplaires à l’image des 30 Justes qui ont été reconnus en Lot-et-Garonne, à ce jour.
A la lecture des circonstances qui permirent de sauver Louis LEVY à deux reprises, on ne peut qu’être admiratifs devant leur clairvoyance et leur courage.
Il est des périodes, des heures et des moments où la peur et l’hésitation n’ont pas leur place.
Ils n’ont pas eu peur.
Ils n’ont pas hésité.
Ils ont eu les idées claires, les réflexes justes car ils avaient des convictions fortes.
Ils ont sauvé la vie de Louis LEVY.
A ce moment-là, celui où il faut prendre rapidement la bonne décision, il se sont comportés en Justes face à la folie meurtrière nazie qui embrasait l’Europe.
Cela se passe chez nous, à Agen, dans une de nos écoles, où un enseignant dit à Louis de s’enfuir avec son ami. C’est Emile FONDRONNIER qui le recueillera à Sainte-Livrade et qui le cache dans une exploitation forestière dans les Landes, au péril de sa vie.
Cela se passe chez nous, à Agen, rue Grande Horloge, Simone et André SELSIS s’interposèrent et trompèrent deux miliciens pour permettre à Louis de s’échapper.
Cette cérémonie empreinte d’émotion nous permet, nous qui vivons depuis plus de 60 ans dans une Europe apaisée, de faire mémoire de cette période.
De faire mémoire aussi de celles et ceux de nos compatriotes qui n’ont pas tremblé, qui ne se sont pas soumis au joug nazi, qui ont résisté !
J’ai en mémoire la phrase qui figure sur une plaque dédiée aux Justes installée dans la crypte du Panthéon.
Cette plaque fut dévoilée par Simone VEIL alors Présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et par le Président de la République, Jacques CHIRAC.
On peut lire :
« Bravant les risques encourus, les Justes ont incarné l’honneur de la France, ses valeurs de justice, de tolérance et d’humanité ».
Nous sommes aujourd’hui émus et fiers qu’Emile, Simone et André, plus de 70 ans après, soient reconnus et que leur soit remise à titre posthume la médaille des Justes parmi les Nations.
Merci à toutes celles et tous ceux qui nous permettent aujourd’hui d’être réunis pour leur rendre hommage.
Je pense tout particulièrement au comité français pour Yad Vashem qui nous permet de faire ce travail de mémoire essentiel au moment où, partout dans le monde, la peur de l’autre et le repli sur soi reprennent de la vigueur.
Celui qui ignore son histoire se condamne à la revivre….
Je vous remercie.
Crédit photo : Morad Cherchari