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09/11/04 - Côte d'Ivoire : Question de François BAYROU coécrite avec Jean DIONIS et la réponse du Premier Ministre

Publication : 09/11/2004  |  00:00  |  Auteur : Jean Dionis

M. François Bayrou - Monsieur le Premier ministre, nous venons de saluer la mémoire de neuf soldats français. Nous pensons à leurs enfants, à leurs familles, à leurs trente-huit camarades, dont beaucoup sont grièvement blessés, et à leurs proches.

Ces soldats ont été victimes d'un bombardement délibéré, précédé de deux repérages. La décision immédiate du Président de la République de détruire le matériel de l'aviation ivoirienne est donc mesurée et proportionnée, pour ne pas dire légitime.

Pour réelles que soient les questions diplomatiques et politiques et le besoin de clarification, l'urgence est ailleurs. L'urgence, c'est l'inquiétude des plus de 16 000 Français qui vivent en Côte d'Ivoire, parfois dans des zones fort éloignées des grands centres : coopérants, commerçants, cadres d'entreprise, religieux... 1 200 d'entre eux ont déjà trouvé refuge dans le camp militaire français, plusieurs centaines d'autres ont gagné la mission de l'ONU. Le climat est très lourd, avec des agressions, des attaques et des vols, en particulier la nuit. Mais les témoignages nous disent aussi que de nombreux Ivoiriens, auxquels je rends hommage, ont défendu, accueilli et aidé leurs voisins français.

Chacun mesure bien les risques et la nécessité d'une protection adaptée. Pouvez-vous nous informer sur le plan mis en place pour protéger, voire évacuer, les Français et les Européens qui se trouveraient en danger ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UDF et sur quelques bancs du groupe UMP)

M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre - Le Gouvernement tout entier s'associe au recueillement de l'Assemblée nationale à la mémoire des soldats français morts pour la paix en Côte d'Ivoire.

La situation dans ce pays est à la fois ancienne, grave et complexe. Alors que les accords de Marcoussis n'étaient toujours pas appliqués, le président Gbagbo a cherché, unilatéralement, à recouvrer l'intégrité du territoire ivoirien. Le Président de la République française l'a solennellement mis en garde contre le risque majeur d'une telle entreprise, message activement relayé par notre ministre de la défense et notre ministre des affaires étrangères. Il n'a pas cru bon d'entendre ce message et samedi matin, neuf militaires français, qui n'étaient là que pour assurer la paix dans le cadre de l'opération Licorne, en appui des forces des Nations unies, sont morts au cours d'un bombardement de l'aviation ivoirienne, et vingt-huit autres ont été blessés. Nous exprimons à leurs familles notre immense tristesse et notre profonde reconnaissance.

Nos forces ont immédiatement répliqué, mettant hors d'état de nuire l'aviation ivoirienne. Dans un second temps, nous avons sécurisé l'aéroport d'Abidjan et renforcé notre dispositif afin d'assurer la sécurité de la communauté française présente dans le pays, mais aussi de pouvoir évacuer les blessés dans de bonnes conditions. Il faut saluer le professionnalisme et le sang-froid dont ont fait preuve nos soldats dans des conditions particulièrement difficiles. Notre priorité a été de ramener le calme, mais à l'heure où je vous parle, la situation demeure précaire et il est hélas à craindre qu'elle ne se tende. Nous devons donc faire preuve de la plus extrême vigilance.

Plusieurs centaines de nos compatriotes sont rassemblés au 43ème BIMA et dans les locaux de l'ONU où, bien que physiquement protégés, ils vivent des heures d'incertitude et d'angoisse particulièrement éprouvantes. Le Gouvernement a mobilisé en France l'ensemble des administrations concernées pour répondre à leurs besoins. Au-delà, en liaison étroite avec nos partenaires internationaux, notamment africains, nous essayons de remettre en marche le processus de paix et de retrouver la voie d'une solution politique, la seule possible. C'est dans ce cadre que le président sud-africain, Thabo Mbeki, est arrivé ce matin en Côte d'Ivoire, où il tentera de convaincre le président Gbagbo.

Notre objectif est triple. Tout d'abord, assurer la sécurité de nos compatriotes et de toutes les populations civiles étrangères. Ensuite, préserver la légitimité de l'Etat et des institutions de la Côte d'Ivoire. Enfin, garantir l'intégrité du territoire national ivoirien, car il y va de la stabilité même de la zone géographique. Notre conviction est qu'il appartient aux Ivoiriens eux-mêmes d'avancer vers la paix, mais qu'il n'est, de toute façon, d'autre solution durable que politique, fondée sur le dialogue et la réconciliation. Il n'y a pas aujourd'hui de tête-à-tête entre la France et la Côte d'Ivoire. Notre action dans ce pays s'inscrit dans le cadre de celle de la communauté internationale, unie dans les enceintes africaines comme dans celles des Nations unies. Il ne s'agit pas pour nous de choisir un camp, mais d'éviter à ce pays une tragique guerre civile.

Nos soldats sont morts parce qu'ils se battaient pour la paix, contre la guerre civile. Notre pays, au nom des organisations internationales, ne poursuit qu'un seul objectif : éviter cette guerre civile, et appeler tous les acteurs au sens des responsabilités. La France continuera à assumer les siennes. (Applaudissements sur les bancs du groupe UDF et du groupe UMP)

M. le Président - Demain, nos débats seront suspendus de 16 heures à 17 heures, au moment où, aux Invalides, se déroulera la cérémonie en mémoire de nos soldats. Ce sera l'occasion pour nous tous de nous associer au deuil des familles et au deuil de la France.



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