Le site officiel
Actualités

› Voir toutes les actualités

Toute l'actualité de Jean Dionis

05/04/07 - François Bayrou à Agen : "une révolution tranquille et paisible"

Publication : 05/04/2007  |  00:00  |  Auteur : Jean Dionis

Lors d'une réunion publique rassemblant plus de 4000 personnes, François Bayrou a prôné "une révolution tranquille et paisible" afin de "reconstruire la maison". Il souhaite y associer la droite, la gauche, le centre et les écologistes. "Quand il y a le feu à la maison, quand il s'agit de reconstruire la maison, il n'y a qu'une décision à prendre : nous allons nous mettre tous ensemble pour éteindre l'incendie et reconstruire la maison" a-t-il déclaré avec ferveur à ce public chaleureux du Lot-et-Garonne.


"C'est un grand bonheur pour moi d'être à Agen, un grand bonheur pour moi d'être avec vous, un grand bonheur pour moi que, cette dernière ligne droite de campagne électorale, nous y entrions ensemble avec la certitude de la force et de l'espoir que tant et tant de nos compatriotes, tant et tant d'Aquitains, tant et tant de Français, tant et tant de jeunes, si nombreux ce soir et qui méritent qu'on les applaudisse, que tant et tant des nôtres mettent dans cette grande entreprise.
Je vais vous dire ce qui m'émeut le plus. Ce sont les milliers, les innombrables messages qui viennent de ceux qui, jusqu'à maintenant, n'imaginaient pas qu'ils auraient une place dans la politique, qu'ils pourraient mettre de leurs espoirs dans une entreprise politique, qu'ils pourraient y mettre, eux qui n'ont pas grand-chose, quelque chose d'eux-mêmes et de leur vie.

Pour ma part, c'est la première fois que je vis cela, qui consiste à dépasser les citoyens intéressés par la politique pour atteindre les autres, ceux qui n'y croyaient plus, ceux qui n'ont pas grand-chose comme situation, ceux qui n'ont rien comme relation, ceux qui, souvent, ont désespéré et qui, tout d'un coup, m'arrêtent dans la rue, en disant : "On y croit, on y croit avec vous" et ils ajoutent cette phrase qui est, chaque fois, pour moi, quelque chose de très important : "Ne nous décevez pas.", comme s'ils se disaient : "Au fond, c'est, pour beaucoup d'entre nous, la dernière chance de croire à quelque chose de nouveau".

Quand -c'était encore le cas tout à l'heure- un journaliste m'a dit : "Que pouvez-vous leur donner comme garantie ? Que vous tiendrez réellement vos promesses, vos engagements et, plus encore que vos promesses et vos engagements, que vous tiendrez réellement l'attitude nouvelle que vous défendez dans la politique Française, que vous ne regarderez pas les autres comme vos ennemis, que vous allez pouvoir les faire travailler ensemble et que vous ne renoncerez pas à ce grand espoir ?

J'ai beaucoup cherché la réponse, la garantie, ce qu'on peut leur apporter. J'ai fini par trouver la réponse la plus simple. J'ai six enfants et chacun des six croit que ce que je dis, ce que je porte devant les Français, est la vérité de ma vie. Je ne peux pas revenir devant mes enfants, en disant : "Je n'ai pas respecté ce que j'avais dit aux Français".

Cet engagement-là est donc, pour moi, un engagement irréversible. C'est un engagement de toute une campagne électorale, mais c'est plus encore, c'est l'engagement de toute une vie. Je vous remercie d'être là, ce soir, à Agen.

Je suis très heureux d'être là avec vous et très heureux d'être là avec ceux qui m'accompagnent. Je vais vous demander d'applaudir Daniel Soulage, sénateur du Lot-et-Garonne, Philippe Folliot, député du Tarn, Anne Laperouse, député européenne, Jean-Marie Cavada, député européen et d'applaudir avec la très grande affection que nous lui portons tous et l'admiration pour son énergie, son courage, sa vista, Jean Dionis du Séjour, député du Lot-et-Garonne.

Je voudrais vous demander des applaudissements particuliers pour la jeune femme et le monsieur qui traduisent en langage des signes, à l'égard des sourds et des malentendants, cette rencontre, puisque, tous les jours de meeting, sur notre site, on trouve la traduction en langage des signes des discours que nous avons ensemble, au fond, que nous disons ensemble, puisque c'est cela que je ressens. C'est une rencontre entre une salle de citoyens et celui qui s'adresse à eux.

Je voulais vous dire ceci : ce que nous proposons aux Français, ce que nous sommes en train de faire avec les Français, en effet, est un grand changement. Tout à l'heure, un journaliste britannique me demandait : "Est-ce une révolution ?" Oui, d'une certaine manière, c'est une révolution. C'est une révolution paisible. C'est une révolution tranquille, mais c'est le choix, de ma part, absolument déterminé et volontaire de mettre un terme aux vingt-cinq années stériles, tristes, grises que nous venons de vivre et qui ont conduit la France à une des pires crises de son histoire.

La France a vécu beaucoup de crises. Elle a vécu des crises économiques, des crises sociales, c'était le cas en 1968. Elle a vécu des crises politiques, c'était le cas en 1958. Elle a vécu des crises historiques avec la décolonisation. Ceux qui étaient engagés dans l'entreprise de la colonisation, ce n'était pas que la France, c'était tous les pays, notamment en Algérie, et je suis sûr qu'il y en a dans cette salle, ceux qui souffraient d'un côté et ceux qui souffraient de l'autre. Les souffrances et les déchirements ont été des deux côtés. Je trouve que cela mérite qu'on le dise notamment quand on parle d'histoire. Il y a eu des déchirements terribles à l'intérieur du peuple Français, des déchirements terribles à l'intérieur des familles, des déchirements terribles à l'intérieur de la conscience personnelle de chacun.

Je me souviens de Camus, probablement un des plus grands écrivains de notre temps. Il disait : "Je comprends tout ce qui est en train de se jouer. Je comprends l'aspiration à l'indépendance, mais, en Algérie, il y a ma mère et je ne peux pas oublier ma mère." Ceci, cette immense crise qui a secoué la France, cela a été aussi une fracture. Cela a été difficile à réparer et, dans beaucoup d'esprits, dans beaucoup de familles et chez beaucoup de ceux qui l'ont vécue, ce n'est pas encore cicatrisé.

On a vécu toutes ces crises-là. Ce n'est pas cicatrisé chez les Harkis. Il y en a beaucoup dans le Lot-et-Garonne. Ils ont vécu, ces femmes et ces hommes, le pire de l'histoire. Ils ont été doublement victimes, ils ont eu la double peine. Ils ont été victimes, parce qu'ils ont été regardés comme des traîtres dans leurs pays et comme des immigrés dans le nôtre.

Double peine… Je dis cela souvent. J'ai dit cela, un soir, à Le Pen sur un plateau. Quand vous excitez ainsi des sentiments anti-immigration, oh, il n'y a pas de mal à les faire flamber. C'est tellement plus facile de faire flamber les sentiments de détestation que les sentiments de compréhension, mais vous ne vous rendez pas compte que, avec ce type de sentiment, évidemment, personne, dans une rue, sur un trottoir de France, ne fait la différence entre un algérien qui nous a rejoints et un harki qui a donné sa vie pour nous.

Je m'honore que nous soyons du côté de ceux, non pas qui excitent ce genre de passion, mais qui ont décidé, au contraire, de faire que ce qui monte entre les Français, ce n'est pas la détestation, mais la compréhension.

Je suis sûr que l'on peut faire comprendre à une grande partie de notre peuple ce qu'est l'attitude et le sentiment des uns et l'attitude et le sentiment des autres, notamment dans ces grandes crises historiques que j'évoquais à l'instant, parce que, le fond de ce que je pense, et je vous demande de le vérifier auprès des jeunes que vous rencontrerez, c'est que, pour sortir notre pays de la crise où il se trouve, il faut que nous nous mettions une idée en tête : nous allons devoir vivre tous ensemble, pas les uns contre les autres. Demandez, je vous en supplie, à vos garçons et à vos filles, à vos petits-fils et à vos petites-filles ou à vos petits frères et à vos petites sœurs qui sont sur les bancs du lycée, s'ils ont envie que l'on fasse cette différence-là, que l'on cible comme cela, que l'on montre du doigt celles et ceux qui sont assis sur les bancs à côté d'eux, qui sont leurs copains de lycée, leurs condisciples, mais qui sont surtout leurs concitoyens et leurs compatriotes, avec qui ils veulent vivre, pas vivre contre eux, vivre avec eux et ils ont bien raison de le faire et, moi, je suis là pour porter cette attente.

On a vécu ces crises-là, crise économique, crise sociale, crise politique, en 1958, crise historique pendant cette fin des années 50 et le début des années 60, mais il n'est jamais arrivé, dans l'histoire de notre peuple, depuis très longtemps, que nous ayons à vivre toutes ces crises en même temps.

C'est cela qui est différent. C'est cela qui est lourd. C'est cela qui arrive pour la première fois de notre histoire et c'est pourquoi, quand nous décidons de proposer aux Français un changement de démarche politique, quand nous décidons de dire aux Français que, après 2007, cela ne peut pas être comme avant 2007, nous sommes à la hauteur de ce qu'est en train de vivre notre peuple. Nous faisons une campagne qui répond aux questions profondes qui sont celles qu'il y a dans l'esprit, j'allais même dire dans le cœur des Français.

C'est pourquoi nous sommes là et c'est pourquoi cette grande surprise, ce grand changement a, tout d'un coup, réuni tant et tant de millions de personnes. C'est parce que, sans le savoir, sans oser le dire, d'une certaine manière, il y avait au fond d'elles-mêmes la certitude que cela ne pourrait pas durer comme cela, comme depuis 25 ans et ce n'est pas la peine que je vous fasse un dessin.

Je vais simplement vous raconter comment cela se passe. Vous allumez la télévision. Il y a un homme politique qui parle et ce n'est pas la peine de mettre le son. Vous savez à l'avance ce qu'il va dire. S'il est du côté du parti au pouvoir, il trouve que tout va bien et, s'il est du côté de l'opposition, il trouve que tout va mal. Dans un cas, il répond toujours oui ; dans l'autre cas, il répond toujours non.

Nous, nous voulons être des hommes libres. Vous savez bien combien, et avec quelles difficultés, avec quel combat, avec quelle contestation et dans quel scepticisme, j'ai décidé, en 2002, de m'opposer à l'idée qu'il y aurait un parti unique qui aurait tous les pouvoirs entre les mains. Cette décision n'a pas été, pour moi, un effort. Elle était naturelle. Je ne pouvais pas imaginer que cette grande famille politique, qui avait donné à la France, au fond, l'essentiel de sa réflexion politique, disparaisse et devienne un strapontin, mais il y a un moment, et je n'en fais pas une attaque -je ne suis plus dans les attaques- où j'ai eu la certitude que cette affaire ne finirait pas bien. C'était le premier jour, parce que, avant que des députés se présentent aux élections législatives avec l'étiquette de ce parti unique, on leur a tous fait signer un papier sur lequel il y avait écrit : "Je m'engage à soutenir tous les textes que présentera le Gouvernement."

Si l'on demande à un citoyen, à un représentant du peuple, de s'engager, par écrit, à l'avance, à soutenir tous les textes du Gouvernement, que ce soit des textes qui disent blanc, des textes qui disent noir ou des textes qui disent gris, voulez-vous me dire à quoi sert d'avoir des députés, des sénateurs, des personnes que l'on élit, d'avoir tout cet appareil… Allez… avec les colonnes et les dorures de la République ?

Si je suis élu Président de la République, je prends l'engagement que, jamais, on ne demandera à des députés de soutenir à l'avance tous les textes que présentera le Gouvernement. Je prends l'engagement que nous allons faire des textes et que nous allons faire un pays libre.

Quelle est la différence ? Je ne veux pas, vous le comprenez, des "Bénis oui oui" et des "bénis non non". Je veux des esprits et des cœurs, des femmes et des hommes libres, capables de dire : "Voilà ce qui est bien et voilà ce qui est mal. Voilà ce à quoi j'adhère, voilà ce que je conteste" et, du coup, évidemment, tout change.

Regardez-les là, les futurs élus et futurs députés de l'Aquitaine, députés de Gironde, députés du Lot-et-Garonne, députés des Landes, députés de Midi-Pyrénées, députés du Tarn -deux dans le Tarn !-, députés du Gers... de partout ! Regardez-les et, du coup, le parlement de la République va retrouver sa dignité, sa valeur, sa force. Cela ne va pas être seulement des simulations.

Cela fait combien de temps que ce sont des simulations, mon cher Paul Chollet, toi, qui as siégé derrière moi ? Tu étais mon voisin à l'Assemblée Nationale, pendant des années, sur les fauteuils de velours rouge, la plupart du temps vides et je vais vous dire un secret. Je vais vous dire pourquoi les fauteuils sont vides. Ils sont vides, parce que les députés savent qu'en réalité leur voix ne compte pas. Qu'ils soient là ou pas, c'est pareil. Le vote des lois, le contrôle du Gouvernement, tout cela n'existe pas réellement en France.

En France, quand le Gouvernement a un problème, il décide de passer en force. Il prend le 49.3, l'urgence et on ne discute plus. Il n'y a plus d'allers-retours. L'affaire est jouée et ce n'est plus le parlement qui vote la loi, mais le Gouvernement, c'est-à-dire que nous faisons, tous les jours, sous la coupole de l'Assemblée Nationale, dans ce lieu où pas un député, pas une femme, pas un homme élu n'entre sans avoir la gorge serrée la première fois où il franchit ce seuil… Il réalise un rêve d'enfance et un rêve de peuple. Il va représenter ses concitoyens. Il entre dans ce lieu et, en 15 jours, il découvre que tout ce qu'on lui a raconté, tout ce qu'on enseigne aux enfants à l'école primaire, c'est du "pipeau" et qu'en réalité le travail parlementaire consiste à s'aligner sur ce qui a été décidé ailleurs.

Eh bien, je veux changer cela. Je suis déterminé à faire que, ce que nous disons aux enfants à l'école primaire, ce soit la réalité de la vie de la République et, ainsi, quelque chose de simple va intervenir : tout d'un coup, ce qui était factice va devenir vivant.

Par exemple, je suis déterminé à faire qu'en France et au parlement on ne puisse plus voter que si l'on est présent et que, comme c'est le cas au parlement européen, tous les votes soient disponibles sur Internet, que chacun puisse vérifier et contrôler quel est le travail, quelle est l'expression qu'a portée un élu au nom des citoyens qu'il représente et, au fond, pour qui il vote.

Alors, je n'irai pas aussi loin que le Parlement européen, bien que, parfois, évidemment, cela peut être tentant, car, au Parlement européen, si vous n'êtes pas là, vous ne votez pas et, si vous ne votez pas, vous n'êtes pas payé. Je suis sûr d'ailleurs que ce n'est pas cela qui changerait profondément les choses, tant le civisme de nos élus est grand. C'est pour le vote qu'ils viendront siéger à l'Assemblée Nationale. En tout cas, je leur fais ce crédit et je vous demande d'applaudir vos futurs députés à ce titre.

Je veux que l'on ne passe plus en force. Je veux que, lorsqu'un texte est difficile, on l'examine avec les représentants du peuple.

Voyez-vous, vous avez, en Lot-et-Garonne, un député, Jean Dionis du Séjour, qui a été un des députés les plus assidus sur des textes très difficiles -je me suis moi-même engagé- qui étaient tous les textes touchant à Internet, aux nouvelles technologies, à l'informatique. On nous a fait voter... enfin, voter entre guillemets… une des lois les plus difficiles qu'il y avait à concevoir, car cette loi, qui était une loi sur la culture, sur les oeuvres sur Internet, devait concilier deux impératifs, l'un et l'autre indispensables : D'une part, le respect du droit des auteurs de films, de musiques, parce qu'évidemment, s'il n'y a plus de droit d'auteur, il n'y a plus de productions musicales -tout le monde veut un salaire quand il travaille, surtout quand cela demande de grandes mises de fonds pour enregistrer son œuvre- et, d'autre part, le droit des internautes à pouvoir consulter et transmettre à leur cercle familial ou à leurs amis un texte, un film ou une musique.

C'est une des choses les plus compliquées qui existent, parce que cela entraîne, en réalité, des conséquences en chaîne, par exemple, de permettre aux très grosses entreprises américaines d'informatique de contrôler plus ou moins toute la chaîne des appareils, car, si vous avez une musique qui ne peut être lue que sur un type d'appareil acheté dans le commerce, en vendant cette musique, vous obligez le client à acheter l'appareil.

Ce texte aurait mérité que l'on y passe le temps nécessaire, que l'on réfléchisse ensemble à ce qu'allait être la culture sur Internet. Ne vous trompez pas, c'est une révolution qui est en cours, irréversible, qui va toucher tous les aspects de la vie et la démocratie en particulier. Je vous en dirai peut-être un mot. Cela va tout changer. C'est en train de tout changer aujourd'hui.

On aurait dû y passer le temps nécessaire, afin de réfléchir, avec des auteurs, des internautes et les grandes maisons d'informatique, à comment on pouvait trouver un équilibre français original sur ce sujet.

Le Gouvernement a interdit qu'il y ait des allers-retours, a décidé qu'on allait voter comme cela à l'Assemblée, comme cela au Sénat, que c'était fini et que l'on n'y reviendrait plus.

Cela paraît une commodité. En réalité, c'est une bêtise, parce qu'on a fait un texte qui n'a franchement aucune valeur, qu'il faudra reprendre d'une manière ou d'une autre. On a fait perdre, à l'Assemblée et au Sénat, huit jours chacune et huit nuits, pour réfléchir à un texte qui, au bout du compte, n'aura pas de sens et, selon moi, vous le voyez, je montre devant vous un principe : quand on est un peuple de citoyens, quand on est un peuple qui veut participer à l'édification des décisions qui le concernent pour son avenir, alors, il vaut mieux avoir des gouvernants qui prennent le temps d'écouter ce que les Français ont à leur dire, plutôt que d'avoir des gouvernants qui décident de passer en force à la matraque. Ils croient que cela va plus vite. En réalité, au bout du chemin, c'est zéro. Ils se retrouvent tout seuls ; personne ne soutient leur idée.

Vous vous souvenez du CPE ?... Honnêtement, dans le CPE, beaucoup de Français, au début, ont hésité. Beaucoup de Français, ici même, je me souviens d'avoir eu des discussions, disaient : "Après tout, si l'on peut offrir ainsi une chance aux jeunes…" et d'autres disaient : "Attention, il y a des risques et des objections" et le Gouvernement s'est entêté. Il a décidé qu'il passerait en force. Il a décidé que ce serait comme cela et pas autrement, moyenne en quoi on a eu la rue et, en fait, le courant, ce jour-là, a pour ainsi dire disparu de la scène publique. Il a perdu toutes capacités d'action.

Je ferai, et je demanderai au Gouvernement que je nommerai de faire, le contraire. Je lui dirai : Au lieu de passer en force, en croyant que vous allez gagner du temps, s'il vous plaît, écoutez ceux qui sont en face de vous. Ils ont des choses à vous dire sur la vie et l'organisation de la cité. Prenez le temps nécessaire. Vous allez gagner du temps, parce que c'est le seul moyen d'avancer et de faire les réformes.

Je préfère prendre le temps de discuter et de faire voter des lois raisonnables et volontaires plutôt que l'on se retrouve avec la rue, d'être obligé de faire marche arrière, de ne jamais pouvoir passer une réforme, car il y a des années que l'on n'a pas pu passer une réforme dans ce pays.

Après tout, quand on fait une loi sur l'hôpital, les hospitaliers ont quelque chose à dire. Après tout, quand on va faire une réforme nécessaire sur les retraites, les jeunes et les retraités ont quelque chose à dire, parce qu'ils sont tous concernés que ce soit ceux qui payent les retraites ou ceux qui sont pensionnés et à qui on paye des retraites. Cela concerne la vie de tout le monde et, au fond de soi, tout le monde sait qu'il y a bien un grand problème sur cette question, puisque l'allongement de la vie a fait que, là où au début des années 50, il y avait cinq actifs pour payer une pension de retraite, nous allons franchir, dans les années qui viennent, le seuil où l'on va se retrouver avec un actif pour payer une pension de retraite et, si l'on ne fait rien, au terme de deux ou trois décennies, ce qui passe très vite, vous allez avoir un actif pour payer une pension de retraite et demie.

Vous croyez que c'est vivable que celui qui travaille doive gagner en même temps son salaire, payer la Sécurité Sociale et payer une retraite pleine en plus ?

Mes chers amis, ce n'est pas vivable, parce que cela voudra dire deux choses, l'une ou l'autre : ou bien les pensions de retraite et leur pouvoir d'achat s'effondreront ou bien les actifs auront tellement de charges que les emplois partiront à l'étranger et le mouvement de délocalisation sera, non pas immense, mais irréversible.

Ceci n'est une question ni pour les énarques ni pour les initiés ni pour les spécialistes ni pour les experts, mais pour les citoyens. C'est la raison pour laquelle le jour où nous ferons une réforme du régime de retraite pour qu'il soit équilibré, pour que les retraités d'aujourd'hui puissent continuer à voir payer leur pension et que les actifs d'aujourd'hui et de demain ne soient pas écrasés sous le poids des cotisations à payer… Ce sera un régime équilibré où l'on aura les partenaires sociaux, afin de garantir le droit des travailleurs et celui des retraités, un régime où l'on aura la liberté de fixer soi-même son âge de départ à la retraite en fonction de la pension que l'on va recevoir, en fonction de la pénibilité du travail. Je tiens beaucoup à cet aspect des choses.

Tous les soirs quand je parle de ce sujet, j'ai une interrogation sur la phrase que je vais prononcer maintenant. Tous les soirs, au fond, je me dis que c'est une phrase si lourde de conséquences qu'il faudrait peut-être l'éluder. Cette phrase est celle-ci : avec l'organisation de nos retraites actuelle, on a mis en place un système dont la marque est l'injustice, parce que partent à la retraite le plus tôt ceux dont l'espérance de vie est la plus longue et partent à la retraite le plus tard ceux qui vont disparaître le plus vite.

Je crois suffisamment au peuple français, je crois suffisamment au peuple de citoyens que nous formons ensemble pour avoir la certitude que les Français ne voudront pas plus longtemps qu'une telle injustice se perpétue, que ceux qui vont disparaître le plus tôt aient la durée de retraite la plus courte et ceux qui partiront à la retraite très tôt aient l'espérance de vie la plus longue.

Je veux que l'on ait l'égalité des citoyens devant la retraite et, mes chers amis, même si le Parti socialiste prétend qu'il n'y a pas de problèmes de ce point de vue, qu'il suffira d'augmenter la CSG et que l'on trouvera l'équilibre, moi, je dis qu'il y a un problème et je vais même plus loin : aucun Gouvernement, quel que soit son bord, ne pourra éluder cette question qui se pose pour les Français.

Simplement, j'ai une différence avec eux. Je dis que cette question des retraites est tellement sensible pour notre peuple, qu'elle demande tellement de confiance entre le peuple des citoyens et les gouvernants -elle exige que la confiance soit même l'essentielle des relations entre les citoyens et les gouvernants- que je ne suivrai pas la stratégie suivie habituellement dans ces cas-là. Je ferai le contraire de ce que font les autres.

Les autres, lorsqu'il y a une élection, considèrent qu'ils ont un chèque en blanc et, le plus vite possible, ils passent les mauvaises nouvelles en espérant que les Français ne s'en apercevront pas. Ils se disent que, au fond, lorsqu'une élection a eu lieu -ils appellent cela l'état de grâce- pendant six mois, les Français ne se rendent plus compte de ce qu'on leur fait -c'est comme une anesthésie- et que, donc, là, ils vont passer toutes les mauvaises nouvelles.

Moi, je crois que c'est exactement le contraire qu'il faut faire. Je le crois, parce que, si le peuple français s'attend à ce qu'on le matraque lorsqu'il aura un instant d'inattention, après les élections présidentielles, ce peuple-là, méfiant, n'aura plus qu'un seul recours lorsque les décisions seront prises. C'est de se retrouver dans la rue et, une fois de plus, on aura le blocage français.

Ma stratégie, c'est exactement le contraire. J'ai décidé non pas d'agir sans que les Français s'en aperçoivent, mais d'agir en toute transparence et en expliquant devant mes concitoyens chacun des éléments qui rendent une réforme obligatoire.

Je veux que chacun d'entre eux comprenne, soit informé, suive, se formule à lui-même les questions que se formulent les gouvernants et qui sont des questions très simples. Il n'y a jamais de questions compliquées en politique, contrairement à ce que l'on croit. Les questions que posait le général de Gaulle, les questions que posait Churchill, les questions que posaient les grands hommes politiques de notre temps sont toujours des questions simples.

Cette question des retraites, je veux que l'on prenne le temps nécessaire pour que chacun des Français se forme son opinion pour lui-même.

Il y aura, de la part du président de la République, un engagement devant les Français. Il dira à chacun ce qu'il pense et ce qu'il croit de cette question. Il les invitera à discuter et, quand on aura un texte, je ne le ferai pas passer en force. Quand on aura un texte de réforme des retraites, je le soumettrai au référendum des Français, parce que c'est de leur vie dont il s'agit et je veux que chacun d'entre eux ait la certitude que son avis sera pris en compte.

Vous voyez que c'est exactement le contraire de ce qui a été fait depuis vingt-cinq ans. Au lieu d'avoir des gouvernants qui sont en méfiance devant le peuple qui les a élus, au lieu d'avoir des gouvernants qui sont en défiance devant le peuple qui les a élus, je veux que nous ayons un président de la République et des gouvernants en confiance avec le peuple des citoyens. Je ne veux pas qu'entre les citoyens et ceux qui exercent les responsabilités, il y ait le mur de verre qui les isole. D'un côté, on parle le langage des experts, de l'autre, on a l'impression, au fond, que l'on ne s'adresse au peuple que par démagogie.

Moi, je ne veux pas la démagogie, je veux la démocratie. La démocratie, cela veut dire quelque chose de très profond et de très simple qui est ceci : c'est le peuple qui est souverain et, pendant très longtemps, cette idée que le peuple pouvait jouer un rôle dans les décisions qui l'intéressent, que, dans chacune des familles, on pouvait se demander ce qui était bien pour l'avenir, l'avenir des enfants, l'avenir et la sécurité des personnes âgées. C'est une affaire pour toutes les familles, pour tous les hommes et toutes les femmes et tous les jeunes de ce pays. Moi, je veux que, maintenant, on mette ce principe en application.

Je disais tout à l'heure qu'une révolution est en marche. Cette révolution ne touche encore que dix à quinze millions, peut-être vingt millions de Français. D'ici cinq ans, elle aura atteint tous les Français. Cette révolution, c'est que, par l'intermédiaire d'Internet en particulier, désormais, chacun va pouvoir trouver l'information comme il le souhaite. Il ne va plus être ainsi sur le fauteuil devant l'écran de télévision qui lui envoie les messages comme cela avec l'idée d'occuper son esprit. On avait des citoyens passifs, on va avoir des citoyens actifs.

Ceci ne ressemble pas aux meetings de campagne électorale habituels. J'expose devant vous des grands problèmes qui seront dans les livres d'histoire d'ici quelque temps. Je ne cherche pas à faire que, ici, on ovationne et, ici, on siffle. Je cherche à faire, avec vous, le chemin que nous allons devoir faire tous ensemble, le seul chemin qui nous permettra d'assumer les changements que les temps nouveaux exigent et, ce changement-là, le peuple qui n'est plus spectateur, qui n'est plus passif, qui n'est plus sujet, comme l'on disait du temps des rois, le peuple qui, au contraire, considère comme un devoir qu'on lui parle en lui disant la vérité sur toutes les choses, qu'on lui parle comme un responsable, qu'on ne le considère pas comme un consommateur, qu'on le considère comme un partenaire du pouvoir, est un idéal et c'est désormais un idéal auquel personne ne pourra échapper. C'est devenu irréversible.

Alors, tout à l'heure, Jean-Marie disait : "Vous êtes des pionniers". Eh bien, oui, vous êtes des pionniers d'une démocratie nouvelle que nous allons construire ensemble.

Ecoutez bien ce que cela veut dire pour la vie de tous les jours. Jusqu'à maintenant, quand les Français parlent de politique, ils disent : "Ils ont décidé que…", à leur place, sans les écouter et, avec nous, ce ne sera plus : "Ils ont décidé que…", mais : "Nous avons décidé que..." Il y a une très grande de différence. Il y a une révolution.

Quand on parle de "ils", ce sont les autres qui décident là-haut. Nous, nous aurons un président de la République qui nous dira la vérité sur tous les grands sujets. Il nous considérera non pas comme des votants qui signent un chèque en blanc une fois tous les cinq ans et à qui il suffit de faire des promesses avec cette idée, vous savez bien, cette vieille phrase : les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent.

Moi, je veux que les promesses engagent ceux qui les formulent. Les promesses m'engagent. C'est une révolution qui est en marche. Evidemment, c'est une révolution qui n'arrange pas les appareils politiques habituels. Ils ne s'étaient pas préparés à cela. Ils s'étaient préparés, comme d'habitude, à avoir un scénario écrit à l'avance. Ils se sont dits : cette fois-ci, on a la garantie absolue. En 2002, d'accord, on a eu un accident et on n'a pas eu le deuxième tour que l'on attendait. On nous avait expliqué qu'il y aurait Jacques Chirac, Lionel Jospin et, patatras, il y a eu Le Pen, mais, en douce, en silence, ils jubilaient. Ils se frottaient les mains parce qu'ils se disaient : Comme il y a eu Le Pen en 2002, cette fois-ci, on est sûr que les électeurs français ne prendront plus de libertés avec le modèle que nous avons décidé de leur imposer. Comme il y a eu Le Pen en 2002, cette fois-ci, c'est sûr, il y aura PS-UMP et on n'en sortira pas.

Manque de chance, il y avait vous, il y avait nous, c'est-à-dire ces millions et millions de femmes et d'hommes qui considéraient que la manière de les gouverner en les prenant pour des "gogos", la manière de les gouverner en leur racontant des histoires, n'allait plus. Ils avaient décidé, les citoyens Français, que, d'une manière ou d'une autre, ils imposeraient le changement.

Alors, ils ont essayé, en 2002, de le faire en donnant, comme ils le disaient, un coup-de-pied dans la fourmilière. Ce dont ils ne se sont pas aperçus, c'est que le coup-de-pied dans la fourmilière, en réalité, avait bétonné la fourmilière et que, en choisissant les extrêmes, pour troubler ce jeu écrit à l'avance, ils avaient rendu un immense service à ceux qui étaient au pouvoir et que, parce qu'il y avait Le Pen, c'est-à-dire une solution pour les Français inacceptable, alors, les sortants allaient pouvoir dormir, pendant cinq ans, sur leurs deux oreilles et, croyaient-ils, pendant beaucoup plus longtemps.

Je suis très heureux que ce soit créé, au sein du peuple Français, cette immense détermination à dire : excusez-nous, mais nous avons décidé que, désormais, les forteresses dans lesquelles vous êtes enfermés, les citadelles d'où vous nous gouvernez… avec tous les pouvoirs sans exception, tous les pouvoirs de l'exécutif, l'Élysée, Matignon, tous les ministères. Ils ont, à eux deux, 92 % des sièges à l'Assemblée Nationale et au sénat. Vous vous rendez compte d'une justice ! Ils ont fait ensemble, au premier tour de 2002, Jacques Chirac et Lionel Jospin, trente-cinq pour cent des voix et ils ont 92 % des sièges à l'Assemblée Nationale et au sénat, tous les pouvoirs, toutes les régions françaises à eux deux, un coup pour l'un, un coup pour l'autre, d'immenses puissances pour les soutenir, puissances financières, puissances ayant des relais très importants.

Nous, simplement avec la volonté qui est la nôtre, nous sommes en situation de changer, comme elle n'a jamais été changée, la politique Française et de la changer, cette politique Française autour d'une idée simple, d'une idée révolutionnaire, oui, tranquillement révolutionnaire, mais révolutionnaire, qui est celle-ci : quand un peuple est dans la profondeur de crise que je décrivais, il est impossible de sortir de cette crise en continuant perpétuellement à organiser l'affrontement d'une moitié du pays contre l'autre. Quand il y a le feu à la maison, quand il s'agit de reconstruire la maison, on le sait bien, pour chacun d'entre nous, pour chacune de nos familles, il n'y a qu'une décision à prendre. Nous allons nous mettre tous ensemble pour éteindre l'incendie et nous allons nous mettre tous ensemble pour reconstruire la maison, d'où que nous venions, quelles que soient nos familles politiques et notre tradition.

Nous allons le faire tous ensemble, comme nous allons devoir vivre tous ensemble, je le disais à l'instant. Quelle que soit notre origine dans le pays que nous formons ensemble, nous allons devoir reconstruire tous ensemble la maison qui est si lourdement lézardée.

Il y a des personnes de droite dans cette salle, avec des valeurs de droite et elles sont légitimes à défendre leurs valeurs. Il y a des personnes de gauche dans cette salle, avec leurs valeurs de gauche et elles sont légitimes à défendre leurs valeurs. Il y a des écologistes, des personnes du centre avec leurs valeurs et ils sont légitimes à défendre leurs valeurs.

La seule chose que je dis, c'est que ce n'est pas car on a des valeurs, et même des valeurs parfois différentes, que l'on ne peut pas travailler ensemble et, si vous y réfléchissez, c'est même exactement le contraire. D'ailleurs, chacun des maires le sait, dans chacune des petites communes de France et je remercie les très nombreux maires du Lot-et-Garonne qui m'ont apporté leur signature dans cette élection. Chacun des maires le sait bien, dans chacune des villes et communes de France ; s'il veut réussir, il est bien obligé de tenir compte de l'avis de tout le monde dans la commune et d'avoir, autour de la table du Conseil municipal, tous les élus quelle que soit leur sensibilité et il ne va pas ne parler qu'aux uns et refuser de parler aux autres.

Cela était un autre temps. Je dis toujours : autrefois, autour de la table de famille, tout le monde pensait la même chose. Au moment des élections, tout le monde votait de la même manière et on savait qu'à Bordères, Pyrénées-Atlantiques, autrefois Basses Pyrénées, quand on avait les Bayrou avec soi, on avait dix-sept voix ! C'est comme cela que l'on comptait. On se mettait, le samedi soir, juste avant les élections, autour de la table et on disait : "Voyons... les Capdevielle, tant de voix, les Taban, tant de voix". On faisait le tour du village comme cela et on savait si l'on avait une majorité ou pas.

Quelquefois, on se trompait, parce que, dans les familles, même à cette époque, il y avait des femmes qui ne disaient rien, mais qui, parfois, avaient leur propre opinion qui ne ressemblait els à celle de leur mari. Alors, il y avait toujours une petite marge d'incertitude dans cette affaire. C'était la liberté d'esprit des femmes.

Moi, je suis, au fond, assez heureux que cette liberté d'esprit se perpétue aujourd'hui.

Je vous raconte des histoires qui étaient il n'y a pas si longtemps, n'est-ce pas ?! Et, c'est à cela que l'on mesure les révolutions. Il y avait cette sorte de bloc qui était : chez nous, on est de droite ou de gauche.

Maintenant, autour de la table de famille, quand les parents regardent les enfants, quand les enfants regardent les parents, quand le père et la mère se regardent entre eux, à ce moment-là, on découvre que le monde a bien changé. On découvre ce qu'on découvert ; ne vous trompez pas, c'est pour cela que nous sommes là. C'est pour cela que les Français ne vont pas donner le résultat que certains attendaient à cette élection présidentielle. On a découvert que la vérité était moins simple que l'on ne croyait. On a découvert que, même quand on était sûr de ses opinions, on était obligé de vérifier que cela ne marchait pas à tous les coups.

Il n'y a que le monde politique qui en soit resté à l'ancien temps. Le monde politique, l'UMP et le PS croient toujours que l'un a absolument raison et que l'autre a absolument tort. L'immortelle phrase de Jacques Lang, en 1981, il y a vingt-six ans -il continue à faire des phrases immortelles vingt-six ans après, je vous signale ! Comme si rien n'avait changé- était celle-ci : on est passé de la nuit à la lumière et, aujourd'hui, les Français ont découvert, même si les états-majors politiques ne le leur disent pas, qu'il n'y a pas la nuit d'un côté et la lumière de l'autre. Ils ont découvert que c'était beaucoup plus compliqué et qu'il allait falloir faire des efforts de compréhension les uns envers les autres.

Telle est la révolution en cours. Ils ont découvert que plus rien n'était simple, que toutes les recettes avaient échoué et, ainsi, le discours "tout fait" que les politiques leur racontent commence à leur apparaître à mille lieux des réalités.

Ils savent et ont compris la vérité : ces états-majors qui leur parlent leur racontent des histoires auxquelles ils ne croient plus eux-mêmes et le fond du problème est là.

Croyez-vous vraiment que, lorsque les responsables du PS prétendent qu'ils ont désormais la vérité sur tous les sujets, ils le croient ?!...

Croyez-vous également que l'UMP et ses responsables croient que le monde se divise en deux : ceux qui sont avec les voyous d'un côté et ceux qui sont avec les honnêtes gens de l'autre ?!...

Je vous garantis qu'ils ne le croient pas.

Au demeurant, présenter la vie politique comme la lutte entre les honnêtes gens d'un côté et les voyous et les fraudeurs de l'autre pose des questions. En effet, le jour où l'on reçoit le soutien de Bernard Tapie et qu'on l'accepte, cela signifie que le statut de voyou et de fraudeur s'arrête précisément à partir d'un certain nombre de milliers d'euros que la personne a réussi à acquérir !...

En fait, et vous l'aurez compris, le monde est moins simple que certains ne veulent le faire croire. Or, nous, nous avons décidé de bâtir ce nouveau monde dans lequel nous serons capables, pour sortir le pays de l'enlisement où il se trouve, d'écouter, de discuter et de travailler, même avec des personnes qui ne pensent pas exactement comme nous.

Cela, c'est notre révolution !...

Il y a eu l'État PS, nous l'avons combattu. Il y a l'État UMP, nous l'avons combattu. Je n'ai pas envie que nous bâtissions un État UDF à la place de l'État PS et de l'État UMP. Je veux un État qui sache faire travailler tous les Français ensemble, car ce que nous avons à accomplir -et je voudrais finir sur cette idée- est immense.

En effet, nous avons à réconcilier le peuple français avec l'emploi, car les chiffres du chômage représentent une terrible condamnation pour chacun d'entre nous. Ces chiffres, autour desquels certaines personnes poussent des "cocorico", viennent d'être condamnés par la Commission européenne elle-même qui vient d'envoyer le message suivant à la France : " Excusez-nous, mais vos chiffres du chômage sont faux et il faut donc, s'il vous plaît, que vous les corrigiez d'urgence".

Que nous nous fassions rappeler à l'ordre sur nos statistiques officielles, c'est quelque chose que, pour ma part, je n'aurais pas imaginé, même si je savais bien que ces chiffres étaient faux, notamment, par exemple, pour les raisons suivantes : aucun des chômeurs d'Outre-mer n'est pris en compte dans les statistiques du chômage Français, pas un, plus des deux tiers des RMIstes ne sont pas pris en compte dans les statistiques du chômage Français.

La vérité, et vous le savez bien, est que nous n'avons pas deux millions de chômeurs, mais plus de quatre millions de chômeurs et il faut le dire aux Français, afin qu'ils comprennent la réalité. Comment voulez-vous que les Français aient confiance quand ils entendent à la radio le matin que les chiffres du chômage s'arrangent et qu'ils voient, dans leur famille, dans leur rue, dans leur entourage, que les jeunes diplômés ne trouvent pas d'emploi, que les jeunes sans diplôme en trouvent encore moins et que les personnes de plus de cinquante ans sont gentiment poussées sur le bord de la route ?!... Comment voulez-vous qu'ils aient confiance ?!...

Moi, je veux leur rendre la confiance et nous donnerons donc les vrais chiffres, dans leur intégralité. Ainsi, tous les citoyens français sauront où en est la situation réelle de l'emploi dans notre pays.

Et cette situation réelle de l'emploi, je propose qu'elle change. Je suis persuadé qu'il existe d'immenses réserves d'emplois qui ne peuvent pas être mises en exploitation ou portées à la création dans la société Française.

Élu Président de la République, je donnerai à toutes les entreprises françaises, à toutes celles de l'artisanat, à toutes celles du commerce, à toutes les petites entreprises, à toutes les entreprises industrielles et à toutes les entreprises agricoles, la possibilité de créer deux emplois sans avoir à payer de charges pendant cinq ans, excepté dix pour cent pour les retraites. Nous verrons ainsi, à ce moment-là, quelles sont les ressources de notre peuple.

Nous devons nous réconcilier avec l'emploi et nous attaquer au problème de l'exclusion. En effet, je n'aime pas qu'il y ait plusieurs millions de Français touchant les minima sociaux et ayant complètement abandonné toute perspective et tout espoir de retrouver un travail, ayant complètement abandonné même l'habitude de l'effort pour se mettre au travail.

C'est un grand problème et une grande question. C'est évidemment consécutif à la crise, mais également en partie à la bêtise de la manière dont sont organisées les affaires sociales chez nous. En effet, on verse, en même temps que les minima sociaux, un grand nombre d'avantages sans doute généreux, mais, ainsi, les personnes, souvent des femmes, souvent seules et élevant des enfants, s'aperçoivent que, en reprenant un emploi, elles vont y perdre.

Elles perdent la CMU, l'exonération de la redevance télévision, l'exonération des emplois locaux, et, maintenant, en Ile-de-France, la carte de circulation gratuite pour tous les membres de la famille et elles découvrent alors quelque chose qui est, à mon sens, l'un des grands scandales de notre organisation sociale : en reprenant le travail, ces personnes n'y gagnent pas, elles y perdent !...

Or, en agissant ainsi, on pousse naturellement ces personnes à rester dans l'assistance et à conserver les minima sociaux.

Personnellement, je prends un engagement, qui est le suivant : nous allons réformer la situation, afin que, lorsque la réforme aura abouti, chaque fois qu'une personne retrouvera un travail après avoir bénéficié de l'assistance de l'État, elle y gagnera beaucoup, au lieu d'y perdre ce qu'elle y perd aujourd'hui. Autrement, cette générosité devient une forme de non-assistance.

Or, je ne veux pas abandonner des millions de Français et de Françaises à cette situation d'exclusion et d'isolement, une situation dans laquelle les personnes restent chez elles, n'osent plus regarder leurs amis, ne savent pas répondre aux enfants qui leur demandent ce qu'elles font, une situation qui se perpétue désormais de générations en générations, puisque nous en sommes maintenant à la deuxième génération.

Il s'agit d'un grave problème de la société Française et c'est pourquoi j'ai défini, dans mon projet, cette idée de l'activité universelle qui est la suivante : à toute personne qui touche les minima sociaux, il sera proposé, en même temps, une activité dans les associations ou dans les collectivités locales, afin qu'elle puisse "arrondir" ses fins de mois et se retrouver en situation d'utilité et de reconnaissance au sein de la société Française.

Ne vous trompez pas, ce sera bien sûr difficile à bâtir et je m'adresse, là, aux jeunes retraités : nous aurons besoin de vous, car, tout cela, il faut le concevoir et l'encadrer. En effet, il s'agit de savoir quelles fonctions sont disponibles :

- Dans les écoles pour surveiller les enfants,

- Pour accompagner les personnes âgées,

- Dans les associations sportives.

Il s'agit de savoir comment procéder pour que, tout d'un coup, ces mille et un besoins de la société trouvent une réponse au lieu d'être, comme aujourd'hui, sans réponse, dans un monde où tous les services publics disparaissent et où le lien social est en train de s'affaiblir.

Nous avons tout cela à rebâtir. Il s'agit d'une révolution, selon moi bienfaisante, que nous aurons à conduire ensemble, notamment en luttant contre l'exclusion.

Nous voulons donner la priorité absolue à la seule question qui, en réalité, compte si nous voulons affronter la mondialisation dans le monde de compétition où nous allons vivre, dans ce monde d'égalité des chances où nous voulons vivre. Or, la seule réponse, si nous voulons être à la hauteur, est celle-ci : l'ambition objective et la réalité de la France doivent être d'avoir les jeunes les mieux formés de la planète.

Nous devons concentrer tous nos moyens sur l'éducation des plus jeunes et des adolescents, sans oublier l'enseignement universitaire. Nous pouvons le faire, car nous avons eu un système éducatif que le monde entier a envié. Nous devons donc le retrouver et cela commence par une chose simple qui n'est pas habituelle, Dieu le sait, dans le système politique et dans l'opinion française : si nous voulons avoir le système éducatif le plus performant de la planète, la première des choses à faire est d'apporter aux enseignants le soutien qu'ils méritent pour faire face à cette immense charge, celle de former les jeunes Français.

Je sais bien que ce n'est pas la mode. Je sais bien qu'habituellement, on obtient un succès en ciblant les enseignants et l'ensemble du personnel éducatif Français. Je veux faire le contraire et je suis, premièrement, décidé à apporter au monde de l'éducation le soutien sans lequel il ne peut pas remplir sa tâche.

Deuxièmement, je suis décidé à garantir à l'éducation les moyens sans lesquels elle ne peut pas remplir sa tâche. Il s'agit, là, d'un grand engagement, car nous nous orientons vers une période de rigueur sur le plan budgétaire, afin de sortir du déficit et de la dette, lesquels représentent une honte pour notre pays. Rassurez-vous, nous pouvons le faire.

Le modèle politique que je défends est, au fond, celui considéré hier comme une utopie, mais qui est devenu le modèle politique dominant en Europe. Ainsi, l'Allemagne a vécu, il y a dix-huit mois, des élections comme les nôtres, durant lesquelles les deux principaux partis s'insultaient en public et expliquaient qu'en votant pour les autres, on manquait à ses obligations à l'égard de l'avenir de l'Allemagne. Puis, les électeurs -ils sont malins en Allemagne et ils sont très malins en France, on peut bien avoir une petite période de patriotisme cocardier- ont fait en sorte que les deux partis soient désormais obligés, non plus de se combattre, mais de travailler ensemble et d'être ensemble au Gouvernement.

En dix-huit mois, ils ont multiplié la croissance par deux. Ils avaient 1,5 % de croissance et ils viennent de passer le seuil de 3 % de croissance. En outre, ils ont divisé le déficit budgétaire par deux et sont aujourd'hui arrivés à l'un des plus bas déficits budgétaires de l'ensemble de l'Europe, soit 1,2 % de PIB, ce qui fait que, désormais, la dette allemande, au lieu de croître, décroît.

Ce que les Allemands ont fait, nous pouvons le faire. Il nous suffit de suivre le même chemin. Vous observerez qu'en évoquant tout cela, je ne vous raconte pas d'histoire et je ne vous demande pas de me croire sur parole. Vérifiez ce qu'il en est, c'est dans le journal de ce matin, c'est une dépêche d'hier.

L'Europe entière ouvre des yeux "écarquillés" en se demandant ce qui a bien pu se passer pour que l'Allemagne se retrouve un tout d'un coup à la tête de l'Europe. Ce n'est pourtant pas difficile : les Allemands ont décidé de s'y mettre et de s'y mettre tous ensemble. Or, je propose rien d'autre que d'agir de même en France.

J'accélère, car il faut en finir et je vois les éclairs de haine dans votre regard qui se demandent si j'en ai encore pour longtemps !...

Protestations...
Vous êtes gentils de protester, mais ne croyez pas que j'ai les yeux dans ma poche, je surveille, en particulier, le signe de ceux qui commencent discrètement à regarder leur montre !

Toutefois, le pire pour un orateur n'est pas lorsque les personnes regardent leur montre, mais lorsqu'elles enlèvent leur montre, qu'elles la secouent et la portent à l'oreille, pour voir si elle marche encore !...

Applaudissements…
Personne n'a enlevé sa montre, mais je vois tout de même l'heure qui passe.

Je suis décidé à ce que nous suivions le même chemin pour le déficit et pour la dette et que nous donnions toutefois à l'Éducation nationale les moyens dont elle a besoin. En échange du soutien et des moyens, je dis aux enseignants présents que nous devons prendre des engagements chiffrés, vérifiables, partout le monde, pour chasser l'échec scolaire de nos écoles et pour faire en sorte que tous les enfants, quelle que soit leur famille, quel que soit leur milieu social ou le quartier où ils sont scolarisés, aient la garantie que nous leur donnerons les "armes" nécessaires pour pouvoir suivre leur chemin dans la vie, car c'était, au fond, la charte de la République Française.

Or, le nécessaire commence par une évidence : être certain que tous les enfants de France savent lire et écrire avant d'entrer en sixième.

Toutefois, nous ne passerons naturellement pas de la situation actuelle dans laquelle 20 % des enfants au moins ne savent pas lire et écrire avant d'entrer en sixième, à 0 % sans accomplir un immense effort de réflexion, de conception, de suivi pédagogique et de suivi psychologique.

Cela, c'est une nouvelle alliance entre la République et les enseignants, entre la France et l'Éducation nationale, car il s'agit du seul moyen pour nous de résister aux États-Unis, à la Chine, au Japon, à l'Inde et aux très grands concurrents que nous allons rencontrer dans les années qui viennent. En fait, d'une certaine manière, il s'agit de faire en sorte que la France redevienne ce qu'elle n'aurait jamais du cesser d'être, c'est-à-dire une référence pour le monde.

C'est le seul moyen et je l'imposerai.

J'ajoute que, comme nous avons l'obligation d'apprendre à lire et à écrire, nous avons l'obligation de restaurer et d'assurer le calme et la sécurité dans les établissements scolaires où qu'ils se trouvent. Il faut que tous les parents sachent que leurs enfants sont en sécurité à l'école, afin qu'ils n'aient pas de crainte en les confiant à l'école.

Il faut qu'ils sachent que, lorsque les enfants sont derrière les portes de l'école, nous nous occupons d'eux, qu'ils sont en sécurité et n'ont rien à craindre. Je le dis en particulier pour les femmes qui travaillent et qui, à partir du moment où elles ont cinq minutes de retard, commencent à se poser des questions pour leurs enfants.

Je veux une école publique où tous les enfants seront en sécurité, une école où tous les collèges garantiront le calme et la discipline pour apprendre. Or, vous vous voyez bien ce que cela signifie et quelle scolarité nous voulons proposer à ces enfants qui déstabilisent les établissements, souvent car ils sont déstabilisés eux-mêmes, ces dix, quinze ou vingt enfants en très grave situation de crise. D'ailleurs, il s'agit souvent des mêmes qui ne savent pas lire et écrire. Tout cela, c'est la même chose.

Il existe une troisième engagement, qui résulte d'une exigence républicaine, d'égalité autant que de fraternité : quel que soit le lieu où l'on est né, qu'il s'agisse d'un village, d'un "quartier" ou d'une banlieue, si l'on est un élève avec du potentiel, du courage et de la volonté, il faut que l'on trouve, dans le collège du quartier, la même garantie d'excellence que l'on trouve à Henri IV ou à Louis-le-Grand.

Cela, c'est la République. L'excellence ne doit pas être garantie par la situation sociale des parents, mais par les enseignant de l'Éducation nationale française. Elle représente un honneur et un service qui doit être rendu au pays et aux familles.

Ceci est mon troisième engagement.

Quant au quatrième, il est, à lui seul, un univers : nous devons réformer l'université Française. Elle a fait un très grand effort et scolarise beaucoup de jeunes, mais il y a trop d'échec et surtout trop de chômage au sortir de l'université Française.

Cela signifie donc qu'il faut que nous repensions la manière dont sont organisées les études à l'Université. Nous devons repenser les moyens de l'université et ajouter aux missions de l'Université, qui sont aujourd'hui l'enseignement, d'un côté, et la recherche, de l'autre, une troisième mission qui sera difficile à bâtir. En effet, l'Université doit s'occuper, après avoir donné le diplôme, de la formation et de l'insertion professionnelle des jeunes à qui elle a donné, pas seulement un diplôme, mais un métier.

Je ne sais pas si vous vous rendez compte de l'effort national que cela représente… Nous ne serons trop de tous pour le réaliser ensemble.

Il me reste un dernier sujet à aborder. J'aurais, bien sûr, dû évoquer devant vous le climat et le destin de l'Union européenne qui est, pour moi, très important, de même que j'aurais dû évoquer l'immigration et le lien entre l'immigration et le développement de l'Afrique.

Tous ces sujets sont abordés dans le livre que j'ai publié ou dans le programme que nous avons édité à dix millions d'exemplaires hier.

Il me reste donc un dernier sujet à aborder : l'étape ultime de cette révolution tranquille et paisible que nous avons à construire. La société Française doit redevenir une société dans laquelle l'ascenseur social fonctionne à nouveau !

C'est pour cela que j'ai parlé de la formation de l'ENA, ce qui m'a immédiatement valu la levée de boucliers habituelle et que j'attendais. Nous ne pouvons plus vivre dans une société dans laquelle : soit vous avez tiré le "gros lot" entre dix-huit et vingt ans et vous gardez toute votre vie, soit vous avez manqué le "gros lot" et vous ne pourrez donc jamais atteindre certaines fonctions ou responsabilités dans la société française.

Je veux que les situations de responsabilité en France puissent être atteintes, même par une personne qui n'a pas admirablement réussi ses études lorsqu'elle avait dix-huit ou vingt ans. Je veux, bien sûr, une société de la première chance, mais je veux également une société de la deuxième chance et de la troisième chance.

Je veux une société dans laquelle les grands responsables de l'administration de l'État comprendront ce qu'est la vie des citoyens pour l'avoir partagée pendant une partie de leur vie.

Je ne veux plus qu'il y ait un moule unique qui fasse que, lorsque vous avez été sélectionné pour entrer dans le moule unique, vous avez tous les pouvoirs, toutes les responsabilités, tous les titres, tous les honneurs et toutes les décorations pendant toute votre vie et, si vous avez raté l'entrée dans le moule unique, alors vous êtes assuré qu'il y aura toujours, au-dessus de vous, un plafond de verre avec des patrons en haut et des personnes qui ne le sont pas en dessous.

Je veux que la France se remette à respirer et que, désormais, la voie de la réussite soit toujours ouverte si l'on accomplit les efforts nécessaires, si l'on a le caractère et la volonté pour se sortir d'une situation et évoluer. Je veux un pays où, dans l'État comme dans l'entreprise, on puisse se retrouver en haut, même si l'on est entré en bas. Je ne veux pas un pays où l'on est en haut, car on est entré en haut et qu'une fois pour toutes, on appartient au club des initiés.

Il s'agit, là, d'un grand changement, d'une grande réforme, d'une conception différente qui fait que, tout d'un coup, les Français se sentiront concitoyens, avec les mêmes chances dans le même pays.

Nous allons essayer d'échapper à ces blocages de la société française dont tant de personnes se désespèrent et qui engendrent tant d'incompréhensions entre le sommet et la base.

Il s'agit probablement du chapitre le plus important de ce projet que nous avons à développer tous ensemble devant les Français et je suis persuadé -votre présence si nombreuse le montre- que les Français ont, au fond d'eux-mêmes, la détermination d'imposer ce grand changement.

Je suis très heureux, comme homme et comme responsable politique, de marcher sur ce chemin avec eux et je vous ai une infinie gratitude d'être venus ce soir à Agen pour partager un peu de cette dernière ligne droite qui va nous conduire, le 22 avril et le 6 mai, à rassembler les Français pour reconstruire la France.

Merci à tous !..."

Réagir à cet article

Filtered HTML

  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Tags HTML autorisés : <a> <em> <strong> <blockquote> <ul> <ol> <li> <p> <br>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.