Le site officiel
Actualités

› Voir toutes les actualités

Toute l'actualité de Jean Dionis

04/05/06 - Contribution de Jean DIONIS aux Etats Généraux de l'Aquitaine

Publication : 04/05/2006  |  00:00  |  Auteur : Jean Dionis

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,

L’exercice de ce matin est à la fois inhabituel et, j’en suis convaincu, utile et fructueux.

Inhabituel parce que chacun d’entre nous, dans sa fonction et quelle que soit cette fonction, a tendance à être, en quelque sorte, « happé » par le quotidien, par une actualité qui chasse l’autre, par un dossier qui relègue le précédent, bref par une certaine routine. L’opposition régionale que j’ai l’honneur ici de représenter modestement n’échappe d’ailleurs pas toujours, elle non plus, à ce tropisme. C’est donc tout l’intérêt de l’exercice d’aujourd’hui que de sortir de ce quotidien pour se poser et poursuivre la réflexion sur l’Aquitaine 2020. Je tenais, au nom du groupe des Conseillers Régionaux UDF, à féliciter le Président ROUSSET, son exécutif et ses services pour l’organisation de ce travail. Même si nous ne devons pas nous faire d’illusion sur la mobilisation réelle des Aquitains à la base, qui est restée très limitée.

Utile et fructueux – c’est en tout cas ma conviction – parce que rien n’est plus important que de réfléchir aux enjeux qui nous attendent, de tracer des perspectives, en un mot de préparer l’avenir. Encore plus pour la Région, qui reste par excellence, malgré quelques évolutions récentes, la collectivité de l’investissement, de la stratégie, de la prospective… et qui doit le rester !

Alors, naturellement, je ne vous infligerai un long développement exhaustif sur l’avenir et le devenir de l’Aquitaine. Beaucoup de choses ont été dites. Je ne reprendrai pas un par un les axes de réflexion qui ont été développés. Je me contenterai de deux idées-force, qui se veulent une contribution à la réflexion qui nous occupe ce matin.

1°) Inventons un modèle de développement régional pour TOUTE L’AQUITAINE.

Je souhaiterais insister vivement sur ce point. Nous connaissons – elles ont été largement rappelées – les tendances lourdes, économiques, sociologiques, démographiques qui poussent les populations à la fois vers l’agglomération bordelaise et vers le littoral. L’ex-DATAR avait pointé ce phénomène il y a longtemps. Nous allons tout droit dans une impasse humaine et territoriale. Cette impasse, ce serait : Bordeaux et la côte, d’un côté ; le désert aquitain de l’autre. C’est-à-dire finalement la cohabitation de deux « mal de vivre » symétriques : un mal de vivre rural du délaissement et de la marginalisation ; un mal de vivre urbain, non moins fort, de l’anonymat et d’une certaine rupture du lien social.
Il faut le dire clairement : ce n’est pas l’Aquitaine que nous voulons ! Et la vocation de la Région n’est pas d’accompagner ou, pire encore, d’amplifier ce mouvement, qui, d’ailleurs, n’en a pas besoin. Elle est de le rééquilibrer, et même parfois de le combattre, par une véritable ambition pour l’Aquitaine intérieure, pour l’Aquitaine rurale.
Ce qui passe certes par des politiques de développement territorial, telles que celles menées notamment au niveau des pays, qui sont des politiques sympathiques mais qui ne sont pas, si vous me passez l’expression, des politiques lourdes.
Le « lourd », pour une Région comme l’Aquitaine, ce sont les infrastructures. Je ne veux pas m’aventurer sur un terrain polémique mais comment ne pas s’interroger sur les conséquences, en termes d’aménagement et d’équité du territoire, du choix unilatéral en faveur de la LGV Sud-Europe-Atlantique ?

Or, j’en suis convaincu, l’intérêt de l’Aquitaine à long terme passe par une véritable ambition pour son ou plutôt ses arrière-pays mais aussi par des partenariats privilégiés avec ses voisins.
Or, quelle est la géographie de l’Aquitaine ? Quels sont nos voisins ? A l’est, Midi-Pyrénées. Au Nord, Limousin et Poitou-Charentes ; Au Sud, Euskadi et Navarre. Avec trois agglomérations d’un million d’habitants dans un rayon de 300 kilomètres autour de Bordeaux : Toulouse, Nantes et Bilbao. Bien sûr, il faut jouer toutes les cartes et tisser des liens avec tout le monde, avec le Lehendakari IBARRETXE, avec Ségolène ROYAL, mais, de toute évidence, le vrai partenariat stratégique, c’est celui entre Aquitaine et Midi-Pyrénées, entre Bordeaux et Toulouse.
Ce n’est pas une obsession d’Agenais. C’est une vision d’Aquitain. Toutes les raisons poussent en ce sens :
- économiques : c’est l’évidence avec les activités aéronautiques et aérospatiales implantées sur nos deux agglomérations. Pensons aux projets Airbus et Galiléo.
- culturelles : c’est important. Nous appartenons au même Sud Ouest. Nous avons les mêmes références du rugby, de la chasse, de la gastronomie… et même d’un certain radicalisme que certains relient d’ailleurs au cassoulet !
- politiques enfin. De ce que j’en sache, il n’y a rien d’irrémédiable dans votre relation avec Martin MALVY, ni dans celle d’Hugues MARTIN avec Jean-Luc MOUDENC ou d’Alain JUPPE avec Philippe DOUSTE-BLAZY…

Alors, vous me permettrez cette invention sémantique, c’est à un véritable « pacte de la Garonne » que j’appelle ce matin. Un « pacte de la Garonne » entre Aquitaine et Midi-Pyrénées. Un pacte gagnant-gagnant entre nos deux Régions.
Nous ne partons pas de rien, fort heureusement. Il y a certes le point noir d’un certain entêtement sur la LGV Bordeaux-Toulouse, dont il faut sortir au plus vite, mais il y a aussi Aerospace Valley et sa reconnaissance comme pôle de compétivité.
Mais il y aurait tant d’autres chantiers et pistes de coopération entre nos Régions. J’en citerai deux à titre d’exemple :
- Nous avons deux pôles universitaires de taille à peu près équivalente. Or, la France est régulièrement brocardée dans les classements internationaux pour la dispersion institutionnelle de son enseignement supérieur. Réfléchissons donc à une véritable mise en cohérence et en synergie de nos formations universitaires sur Bordeaux et Toulouse. Je suis conscient du chemin à parcourir quand on sait qu’il existe quatre universités à Bordeaux et trois à Toulouse mais voilà un beau chantier à l’horizon 2020.
- Nous avons de grands projets qui sont la Route des Lasers en Aquitaine et le Cancéropole en Midi-Pyrénées. TraA quand un financement de Midi6pyrénées à la Route des Lasers et un financement de l’Aquitaine au Cancéropole ?

Je vous pose la question, Monsieur le Président : quel est, en dehors de quelques salons mondains, le contenu à long terme de votre politique de coopération avec Midi-Pyrénées ? Quelles initiatives comptez-vous prendre dans ce domaine ?

J’en viens à la deuxième idée-force que je voulais vous faire partager ce matin.

2°) Inventons un modèle de développement régional AUTHENTIQUEMENT AQUITAIN.

Lorsque l’on parle développement de l’Aquitaine, il y a deux écueils :
- le discours passéiste, quelque peu mauriacien, d’une économie régionale fondée sur « le pin, le vin et le bassin »
- le discours, faussement moderniste mais vraiment technocratique, hérité des vieux schéma de la DATAR des années 70, d’une stratégie de développement exclusivement industrielle et tertiaire.
J’ai déjà eu l’occasion de l’écrire : voilà l’essence même du faux débat. Si on peut espérer quelque chose de l’exercice de prospective de nous sommes en train de vivre, c’est précisément de nous permettre d’en sortir.
La réponse aux enjeux de l’Aquitaine 2020, elle n’est ni dans l’immobilisme, ni dans la reproduction de recettes inadaptées à nos particularités. La réponse, elle doit être, plus que jamais, dans notre imagination et notre créativité, en s’appuyant sur nos forces.

Dans cette perspective, je voudrais insister tout particulièrement sur notre agriculture. Peut-être est-ce par atavisme familial, par tropisme lot-et-garonnais ou parce que ma famille politique en Aquitaine a toujours été portée par de grandes figures agricoles. Mais je crois surtout que l’agriculture est une carte maîtresse de l’Aquitaine 2020.
Cela implique de relever les trois grands défis qui nous attendent :
- la maîtrise du risque commercial par une politique de consolidation entre notre agriculture et notre industrie agroalimentaire ;
- la maîtrise du risque météorologique par une politique de sécurisation des productions et des revenus de nos agriculteurs ;
- l’investissement dans les nouveaux débouchés que sont les biocarburants dans leurs trois filières (diester, bioéthanol, huiles végétales pures).

Je n’ai pas le temps de développer davantage mais nous le savons tous : dans ce domaine, l’Aquitaine n’est pas une Région comme les autres et la Région n’est pas une collectivité comme les autres.
L’Aquitaine n’est pas une Région comme les autres parce qu’elle est la première de France en termes de valeur ajoutée agricole.
La Région n’est pas une collectivité comme les autres parce que la responsabilité du développement économique lui incombe.

Je voudrais terminer sur une idée. Le XXIe siècle sera la société de la connaissance, de l’information, de la culture et des loisirs. Dans cette société qui se profile, l’Aquitaine a du vent dans les voiles mais ne nous contentons pas d’une gestion tranquille, de vent arrière. Il nous faut une véritable ambition moderne, audacieuse et, pour garder l’allégorie de marin, ne pas hésiter à tirer tous les bords nécessaires pour cela. L’Aquitaine, Californie de l’Europe de 2020, chiche !

Je vous remercie.

Réagir à cet article

Filtered HTML

  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Tags HTML autorisés : <a> <em> <strong> <blockquote> <ul> <ol> <li> <p> <br>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.