Réflexions pascales : La rose est sans pourquoi.

Un long week-end au Pays Basque à l’occasion des fêtes de Pâques fut pour moi le moyen efficace de clôturer la séquence électorale que nous venons de – bien – traverser.

Pâques et son message bouleversant, « si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi » se mit à occuper toutes mes réflexions que j’ai eu bien du mal à arrêter. Pâques oblige tout simplement les croyants, chrétiens comme non chrétiens, à prendre position sur la nature de la mort …et donc de la vie dont elle est la fin terrestre.

La vie quotidienne et tous ses divertissements au sens pascalien du terme fonctionnent bien pour nous empêcher d’affronter ces questions existentielles, et pour cela, la vie politique, avec ses illusions et ses agitations, est remarquable. Les épreuves, au premier rang desquels les deuils, nous ramènent à nos convictions sur la mort. Mais, savons-nous encore faire le deuil ? Lentement, calmement… pas sûr. Nous ne supportons pas la tristesse qui nous envahit en ces moments-là et pour y échapper, nous cédons souvent à la tentation des fameux divertissements de la vie quotidienne.

Mais Pâques, son message joyeux, son message de vie nous percutent différemment.

Faisons le point.

Pendant des siècles - pour l’essentiel du Moyen-âge au XIXème siècle, nos ancêtres, au moins en France, sont morts en croyant en la vie après la mort et en craignant le Jugement Dernier (rappelons-nous les peintures incroyablement expressives de la Cathédrale Sainte Cécile d’Albi ou de la chapelle Sixtine du Vatican).

C’est fini.

Nos contemporains sont majoritairement convaincus qu’il n’y a pas de vie après la mort et leur obsession se concentre maintenant sur l’immédiate « avant-mort », ce qui promet des débats difficiles et clivants (encore !) sur la gestion de cette période terminale de notre vie (Euthanasie : oui ou non ?, etc.….).

La Pâques Chrétienne nous dit l’inverse : "Dieu a ressuscité le Christ, porteur de la Révélation, et nous associe à cette résurrection. Alors que faut-il en penser, entre l’air du temps contemporain et la tradition chrétienne ?

Il n’est pas inutile dans un premier temps de noter le caractère changeant, au travers de l’histoire, des croyances majoritaires sur la nature de la mort. Il est probable qu’il y aura un an 3000 et que nos descendants auront des croyances très différentes de celles que nous exprimons aujourd’hui. La science leur aura-t-elle permis de s’approcher de la vérité ? Je le crois. La révélation Chrétienne sortira-t-elle renforcée de cette épreuve de la longue durée ? Elle y résiste depuis 2000 ans. J’espère que cela continuera.

Mais grattons encore dans notre vision de la mort, au-delà de nos problèmes avec la fin de vie. Sommes-nous si à l’aise que cela avec notre statut de créature éphémère, dont le destin serait de passer une poignée de dizaines d’années sur cette terre, de mourir, de disparaitre et d’être oublié ? Rien n’est moins sûr. Malraux, dans son Anti-mémoires, a bien décrit cette lutte contre notre destin commun de futur oublié. Nous ne supportons pas la perspective d’être oubliés après notre mort et la réponse commune à ce refus est..de faire une descendance (les enfants comme antidote de l’oubli) et de manière plus exceptionnelle ….de faire une œuvre pour celles et ceux qui ont le talent nécessaire.

Pourtant, force est de constater que rien n’est plus vain que de lutter contre l’oubli. Ma femme me le répète pour me vacciner et cruellement se moque de moi en rajoutant que, si vraiment j’ai été un bon Maire d’Agen, il y aura – et encore, seulement, pendant quelques décennies - une Impasse Dionis ou au mieux une sombre rue du même nom, elle-même méconnue.

L’oubli est donc notre destinée commune et il est parfaitement illusoire de vouloir se survivre à travers les traces – quelque en soit la nature – que nous laisserions derrière nous. Voilà au moins un point de clair.

Les mystiques Rhénans avaient raison, avec Angélius Silesius, lorsqu’il écrit ce beau poème :

« La rose est sans pourquoi, elle fleurit parce qu'elle fleurit,
N'a pour elle-même aucun soin, – ne demande pas : suis-je regardée ? »

Faisons donc ce que nous avons à faire, sans calcul illusoire sur l’influence future de nos actes. S’il y a vie après la mort, nous n’y serons pour rien. Elle nous sera donnée, comme une grâce…..

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