Il ya deux semaines, dans ma chronique du 13 Janvier (http://www.jeandionis.com/blog.asp?id=19124 ), sous la forme d’une lettre ouverte au Premier Ministre, je décrivais la menace – la substitution organisée des médicaments de marque française par des génériques de plus en plus fabriqués à l’étranger - qui plane sur les salariés de BMS-UPSA et sur le bassin de vie agenais. J’en appelais à un arbitrage interministériel en faveur de l’emploi sur ce dossier symboliquement explosif puisqu’il met en tension deux des objectifs majeurs de l’actuel gouvernement : l’emploi et la réduction des déficits publics.
Trois semaines plus tard, les salariés de BMS-UPSA et l’ensemble du territoire Agenais et Lot-et-Garonnais sont toujours dans l’attente de la décision gouvernementale et ont avancé dans leur mobilisation.
J’ai pour ma part convoqué un conseil extraordinaire de l’agglomération Agenaise qui m’a mandaté, à l’unanimité, sur trois actions précises :
- Etablir un dossier d’impact de la décision envisagée sur notre territoire Agenais
- Organiser une table ronde de toutes les parties prenantes (partenaires sociaux, parlementaires, chambres consulaires, collectivités locales…..) pour coordonner notre action
- Demander une mission interministérielle pour refonder une économie durable du paracétamol et de son remboursement
La table ronde a eu lieu Vendredi dernier à la CCI47 et elle a permis un débat capital pour éclairer les enjeux de notre combat en soutien de BMS-UPSA et de ses salariés.
Ce combat a clairement trois horizons qu’il convient de définir avec précision.
A court terme, nous attendons du Premier Ministre le report sine die de la mesure envisagée de création d’un groupe de générique sans référence pour le paracétamol. Cette décision serait clairement une décision de bon sens. S’entêter dans la piste explorée alors qu’elle serait ravageuse pour l’emploi à Agen , mais aussi à Compiègne et à Lisieux ( où est fabriqué le Doliprane qui est dans la même situation que l’Efferalgan et le Daffalgan agenais) et alors que les industriels concernés (BMS et Sanofi) sont prêts, par des baisses de prix concertées, à permettre à la Sécu de faire des économies du même ordre de grandeur que celles réalisées par la substitution des médicaments de marque par les génériques ) sèmerait la colère notamment à Agen. Une telle décision amènerait de redoutables questions sur les mobiles réels de cette décision et notamment sur les relations du Ministère des Affaires sociales avec ceux qui ont véritablement intérêt financier à cette mesure (génériqueurs, pharmaciens,….). Les industriels rendent leurs observations le Jeudi 6 Février. La décision gouvernementale est annoncée comme imminente. Nous espérons tous, en retenant notre souffle, gravement, avec une certaine angoisse, que le gouvernement soit raisonnable et qu’il ne trahisse pas ses propres engagements sur l’emploi en France.
Voilà pour le court terme, mais nous ferions une très grave erreur si nous satisfaisions d’une simple décision de report de quelques mois – pour mieux passer les échéances électorales ? – voir d’un an. Cela fait maintenant plus de quinze ans que la « mécanique » des génériques a été mise en place au niveau national pour faire faire des économies à la Sécuité Sociale, quinze ans que le territoire Agenais a cette épée de Damoclès qui pèse sur son avenir. Il est grand temps de faire du neuf et du durable.
Partons d’un constat simple. Le paracétamol est un médicament au SMR (service médical rendu) incontestable. Il n’a pas de molécule de remplacement en vue. Il est donc appelé à durer à moyen terme.
Voilà donc se profiler notre deuxième horizon Agenais, à moyen terme. Pour les 10 ans à venir, l’avenir du site BMS-UPSA d’Agen est lié au paracétamol. Il est en effet inimaginable de trouver à moyen terme un médicament de remplacement pouvant être fabriqué à Agen à hauteur de plus de 400 millions de boîtes, ce qui est le cas du paracétamol actuellement. Il nous faut donc refonder une économie durable du paracétamol et de son remboursement qui réponde au double objectif du développement de l’emploi en France et de la réduction du déficit de la Sécurité Sociale. Commençons par dire clairement que l’incitation à la substitution vers les génériques n’est pas une fin en soi. Ce n’est qu’un outil très « franchouillard » - « sur administré » - et qui, comme nous le voyons dans le cas du paracétamol – présente de redoutables effets pervers en matière d’emploi.
Il faut donc chercher dans une autre direction. Or cette direction alternative existe. Il est déjà mis en œuvre dans certains pays comme la Belgique. Il s’agit du passage en automédication - donc non remboursée – des « petits » consommateurs (20 boites/an souvent consommées par des patients souffrants d’arthrose chronique) d’une forme de paracétamol bien identifiée (nouvelle Autorisation de mise en marché ?). C’est ce chemin alternatif qu’il est urgent de dessiner maintenant à l’aide d’une mission interministérielle « Paracétamol » dont nous demandons la mise en place d’urgence si nous voulons en voir les fruits à moyen-terme en Agenais.
« Et le troisième horizon ? » me direz-vous …..C’est clairement celui du long-terme et c’est celui d’une plus grande diversification du site agenais et de la réduction de la place occupée par le paracétamol. Beaucoup de choses imprécises, voir de bêtises ont été écrites à cesujet. Il nous faut prendre acte de la volonté de BMS de ne pas devenir génériqueur de paracétamol. C’est compréhensible compte-tenu de la carte d’identité de BMS et surtout, ce n’est pas l’intérêt d’Agen. Car la logique du générique est une logique de « premier prix »qui mécaniquement nous amènera loin d’Agen. Il faut aussi prendre acte que l’outil industriel de très haut niveau développé depuis des décennies à Agen est « fléché » pour des productions de volume très important à très faible coût unitaire. C’est dans ce créneau que nous devons inviter la Direction de BMS à agir en produisant d’autres médicaments de ce type à Agen. C’est une stratégie à long terme car tout est long dans l’industrie pharmaceutique compte-tenu du niveau d’exigence des procédures industrielles et surtout parce que l’on ne remplacera pas rapidement les centaines de millions de boîtes de paracétamol produit annuellement à Agen.
Trois horizons, un combat : celui de BMS et de ses salariés et celui d’Agen et du lot-et-Garonne. A nous de le mener avec détermination et constance ? Ce n’est que si nous savons être aux rendez-vous successifs de ces trois échéances qu’Agen demeurera ce qu’elle est aujourd’hui : une ville industrielle – et donc prospère -du 21ième siècle.
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BMS-UPSA : les trois horizons de notre combat
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