Lorsque j’ai appris que la décision du Président de la République, sur la conduite à tenir à la suite de la reconduite à la frontière de la jeune Kosovar, Léonarda, était d’autoriser son retour en France …mais sans sa famille,… j’étais abasourdi.
Je n’ai pas voté pour François Hollande et je n’ai pas confiance dans sa capacité à résoudre les problèmes principaux du pays…mais quand même, pour moi comme pour beaucoup de Français de l’opposition, de Droite ou du Centre, l’exercice minimum de la fonction présidentielle est essentiel au bon fonctionnement de nos institutions.
Or, dans cet épisode, qui renvoie à la question hautement symbolique de la politique nationale d’immigration, F.Hollande et son gouvernement ont doublement sombré.
Premier naufrage pour le Président en se faisant acculer à une intervention présidentielle …sur une reconduite à la frontière alors que notre pays reconduit aux frontières plus de 36 000 ressortissants étrangers par an. Celle-ci n’est pas plus complexe et sensible au départ que les 36 000 autres. M.Dibrani, père de Léonarda, citoyen Kosovar, est en situation illégale en France car il n’a ni travail, ni logement ce qu’exige la loi pour pouvoir avoir un titre de séjour lorsque l’on est étranger. Après enquête, la décision administrative tombe, conforme à la loi : reconduite dans le pays d’origine de M.Dibrani et bien entendu de sa famille, dont Léonarda et l’émotion – compréhensible créée par les conditions d’interpellation de Léonarda pendant une activité péri-scolaire – ne change rien à la légalité de cette décision ….. Que diable le Président allait-il, donc, faire dans cette galère ?
Comme toujours, le même mécanisme – dans un premier temps, divisions idéologiques profondes à l’intérieur de la majorité gouvernementale, puis incapacité du Premier Ministre à faire son travail de chef de la majorité – a abouti au même résultat que d’autres couacs gouvernementaux (Roms, gasoil, etc…) : la montée intempestive du Président en première ligne… Ce triste constat n’amène qu’une question : « la France est-elle obligée d’attendre jusqu’en Avril 2014 pour avoir un premier ministre à la hauteur de sa fonction ? ». Si la réponse est oui, ce que je crains pour des raisons politiques – il faut user Ayrault jusqu’à la corde puisqu’il est définitivement « cramé » - alors les 5 mois nous séparant des municipales risquent d’être très longs pour tout le monde…
Mais le deuxième naufrage est autrement plus grave. Le Président, forcé de monter en première ligne, avait en fait le choix entre deux options :
- Une option « légaliste » maintenant la décision de reconduite à la frontière de Léonarda et de sa famille, position exprimée clairement et avec force par F.Bayrou
- Et une option « humaniste » revenant sur cette décision et autorisant le retour de Léonarda et de sa famille compte-tenu du caractère contestable des modalités de l’interpellation de Léonarda par la Police aux Frontières (PAF)
Et que choisit notre Président ? et bien, comme souvent, ….il choisit, une nouvelle fois, de ne pas choisir et ce sera le désormais fameux « oui à Léonarda en France mais pas à sa famille » ce qui aboutit à un désastre pour la fonction présidentielle. En France, le Président, appelé en dernier ressort pour arbitrer, doit le faire sauf à toucher au cœur la fonction Présidentielle et nos institutions. Or, le Président, encore une fois, voulut ménager la chèvre et le chou. Bien évidemment la réponse de Léonarda, adolescente de 15 ans, fut de rejeter la proposition de F.Hollande tout en exprimant son souhait intact de revenir en France, avec sa famile….Rien n’est réglé.
Que fallait-il faire ? François Bayrou, peu suspect d’anti-hollandisme primaire, le résume facilement : «Si j'avais été au pouvoir hier, j'aurais en trois phrases dit ceci: l'enquête a montré que c'était dans le respect du droit que cette décision a été prise et que son exécution a été décidée. Deuxièmement, il n'y a pas eu de manquement grave. Et troisièmement, étant donné ces deux premières raisons, la décision est maintenue. Et je me serais arrêté là…."l'émotion est légitime, mais quand on est chef d'Etat, on ne doit pas confondre l'émotion et le devoir de gouvernement, le devoir d'autorité". » Fermez le ban !
Comment le gouvernement socialiste et le F.Hollande ont-ils pu en arriver là, à ce degré de faiblesse et de confusion ? Parce qu’ils n’ont jamais eu de politique d’immigration claire et nous retrouvons à ce niveau le débat sur l’identité nationale auquel j’ai participé par mon blog la semaine dernière (cf http://www.jeandionis.com/blog.asp?id=19063)
Pour conclure, je crois qu’il n’est pas inutile de rappeler ce que sont les fondements d’une politique d’immigration nationale à la fois ferme et respectueuse des étrangers :
Principe n°1 : Toute nation a le droit souverain de décider qui peut être accueilli ou non sur son sol. ( La France dispose d’un ensemble de lois actuellement applicables dans ce domaine qui définissent ce droit).
Principe n°2 : Le respect de la loi est bien évidemment central dans le vivre ensemble républicain. En clair, la république française se doit de combattre de la façon la plus énergique l’immigration illégale.
En ce qui concerne Léonarda, son père était en situation illégale et par voie de conséquence, ses enfants, de nationalité Kosovar aussi. La décision de reconduite à la frontière de l’ensemble de la famille s’imposait à l’Etat.
La décision de F.Hollande de permettre à Léonarda de revenir sur le territoire national, sans sa famille et sans aucun fondement juridique, est humainement absurde (sépare-t-on sans raison majeure une adolescente de 15 ans de sa famille ?) et juridiquement intenable.
M. le Président, c’est grave.
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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire
je rejoins l'analyse
Je rejoins votre analyse le président doit assumé la politique migratoire mis en place. La façon d'interpellation n'est pas la plus judicieuse mais il n'en reste pas moins que cette famille était dans l'illégalité même si cela ce serait passé dans d'autre circonstance il y aurait eu un tollé. La France actuellement n'a plus les moyens ni l'emploi nécessaire pour accueillir toutes la misère. Pour conclure une Europe fédérale et uni réglerait en grande partie la politique migratoire. Amitiés
François et Léonarda
Le problème Jean c'est que François Hollande a joué à l'assistante sociale, alors même qu'il n'a pas les compétences pour le faire.
Dans sa fonction de président de parti, il était très pâlichon, dans sa fonction de Président de la République, il a atteint un degré d'incompétence qui me laisse sans voix.
Il me semble pourtant me souvenir que l'ensemble de sa majorité présidentielle, et lui même, alors dans l'opposition, critiquaient de façon virulente les prises de parole de N.Sarkozy alors Président. Que ne s'applique t'il pas à lui même ce devoir de réserve voire de silence qui serait plus en phase avec sa fonction....
Nous n'avons pas de chef...
Je suis entièrement d'accord avec toi, j'ajoute qu'il voulait faire plaisir à sa compagne et pour cela il a les 3/4 du pays contre lui, je crains qu'il ne sois qu'a 20% bientôt. Cela est bien triste pour notre pays...Amicalement
Et les vrais français ont des difficultés pour avoir leurs cartes d'identités
En effet il y a de nombreux français qui sont nés dans des pays qui étaient des protectorats de la France comme par exemple le Maroc en 1953.
De plus, Monsieur le ministre Brice Hortefeux à réaliser une circulaire pour faciliter l'obtention de la carte d'identité aux Français.
les gens ne la lise certainement pas.
Prenons mon cas.
J'ai donné mon acte de naissance où est mentionné que me deux parents sont Français , de plus j'ai un passeport français, j'ai fais mon service militaire, j'ai travaillé à l'aérospatiale, au Centre Spatiale Guyanais et dans la Société européenne de Propulsion.
Je dois demander les actes de naissances de mes grand parents qui sont nés en France il y plus de cent ans. Eh bien c'est très long et très laborieux.
Comme si notre temps n’était pas précieux.