Identité nationale : On recommence ?

Sous la double pression de la progression du FN et de certains penseurs référence – Alain Finkielkraut et son « identité malheureuse » - voilà reparti le débat sur l’identité nationale. Je n’ai pas gardé un bon souvenir de la première tentative de ce débat à l’initiative de Nicolas Sarkozy. Débat tronqué, débat trop chargé de politique à très court-terme, …..il avait été, reconnaissons-le un échec.
Aussi, c’est avec beaucoup de réticences que j’ai vu redémarrer ce nouveau débat sur l’identité nationale. Les mêmes causes allaient-elles produire les mêmes effets et amener au même échec ? Pas sûr…..

La poussée électorale du FN - qui ne fait que traduire la montée de certaines préoccupations dans l’opinion publique – change effectivement la donne. Le Parti Socialiste, qui, depuis plus de 30 ans, a joué habilement du Front national dans son combat avec la droite et le centre républicains, est, depuis son accession au pouvoir en 2012, une victime directe de la progression du FN. Du coup, l’espèce de terrorisme intellectuel que la gauche faisait régner sur ce type de débat est en train de cesser….et l’on a vu récemment le Ministre de l’Intérieur s’efforcer, à Forbach, de réconcilier la gauche avec le concept de Nation. Bref, on va pouvoir débattre plus sereinement qu’en 2011. Je me risque donc dans les colonnes de ce blog à une contribution personnelle, forcément incomplète vu l’immensité du débat, forcément caricaturale, vu sa complexité. Mais, je plonge dans ce débat, car il est effectivement central…

Alors être Français, est-ce être les héritiers d’une Histoire, d’une culture, d’une langue dans des frontières géographiques données ? ou bien est-ce être les citoyens, les acteurs d’un projet politique Français, la République et ses valeurs fondatrices de liberté, d’égalité ou de fraternité ? Finalement, tout ce débat est enfermé dans cette question centrale.

Et bien, je me refuse à choisir de manière exclusive l’une ou l’autre de ces deux options. Je crois très fortement qu’être Français, c’est être, à la fois héritier d’une langue, d’une culture, d’une Histoire (dans son intégralité), mais c’est aussi et d’abord se reconnaître comme citoyen, acteur, responsable d’un projet politique bien spécifique, le projet Républicain.

Trois conséquences fortes de l’adoption de la vision décrite ci-dessus :

1°) la maîtrise de la langue française est impérative comme vecteur central d’intégration et nous devons la défendre becs et ongles, notamment à chaque proposition d’y substituer la langue anglaise, notamment encore à chaque fois que l’Europe proposera de se construire avec 8, 9, 10 langues et de laisser tomber les autres langues comme langues à part entière de la construction Européenne……

2°) Le respect de la loi est bien évidemment central dans un projet républicain moderne. La loi doit être appliquée de manière identique et équitable sur tout le territoire national….et disons le franchement, là, il y a un sacré travail à faire. Commençons déjà par ne pas défaire ce qui existe et pour parler clair, je crois que le projet de réforme de la loi pénale qui confie aux juges l’appréciation de la sanction pour manquement à la loi (suppression des peines planchers en cas de récidive, etc….) menace directement l’existence d’une politique pénale nationale et par ce biais, menace directement l’égalité des citoyens devant la sanction encourue en cas de non respect de la loi. Grave, très grave…
3°) L’appartenance à la famille nationale – la nationalité - fait de vous un citoyen français ayant un certains nombre de devoirs (l’impôt, par exemple….) et bénéficiant d’un certain nombre de droits (celui de voter par exemple…). Cette appartenance s’acquiert à la naissance – c’est le fameux droit du sol de notre République – ou par l’adhésion volontaire sous les conditions fixées par la loi Française lorsqu’on est adulte. Il y a donc, pour moi, un lien fort entre nationalité et citoyenneté. Ce lien ne doit pas être le jouet de manœuvres politiciennes de bas étage comme l’est la promesse vieille de plus de trente ans du Parti Socialiste de faire voter les étrangers aux élections locales, promesse dangereuse qui découperait la citoyenneté en une sous-citoyenneté locale et une citoyenneté de plein exercice au niveau national….Promesse sans cesse renouvelée depuis 30 ans, jamais tenue, comble du cynisme politique.

Une fois posé ce cadre, peut-être pourrons nous être plus décontractés avec la diversité française, richesse de notre pays. Elle est d’abord conséquence de la France et de ses provinces, pays le plus divers d’Europe comme se plaisait à le rappeler Fernand Braudel dans son livre-référence « l’Identité de la France ». Mais cette diversité est aussi conséquence de la France puissance coloniale à partir de la deuxième moitié du XIXième siècle. Faut-il nier notre histoire pendant cette période longue d’un siècle et qui explique en grande partie le visage différent de la France d’aujourd’hui et celui de l’Allemagne d’aujourd’hui, par exemple ?

Et pour conclure, si je reconnais à Alain Finkielkraut courage et talent, je ne le suis pas dans le constat d’une identité française actuellement malheureuse. Inquiète ? oui mais je milite et j'espère une identité Française heureuse et pour tout dire plus décontractée avec les communautés diverses qui la composent à partir du moment où le cadre national et républicain que j’ai rappelé ci-dessus est tenu et promu vigoureusement….. ce qui est loin d’être le cas actuellement comme je l’ai aussi montrè ci-dessus.

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