J'ai longtemps hésité à écrire cette chronique dans la foulée du voyage de François Hollande en Algérie. Trop sensible, casse-gueule, laisse cela à celles et ceux qui l'ont vécu......les conseils de prudence ne m'ont pas manqué. Seul Mohamed Fellah, jeune adjoint de talent de la Mairie d'Agen, m'a encouragé en considérant qu'il était plus que temps de soulever la chape de plomb qui rend insignifiante toute tentative de progrès dans ce domaine.
Le dernier voyage de F.Hollande en Algérie m'a exaspéré.....pas tant parce qu'il fut l'occasion de fautes ou d'actes maladroits ou condamnables, mais parce que c'était un nouveau voyage présidentiel pour rien ou presque, une succession de gestes autant politiquement corrects que mineurs alors que le sujet de la réconciliation franco-Algérienne est de la plus grande importance et qu'il réclame courage et audace.
Lisez la déclaration d'amitié des deux Présidents de la République publiée à l'issue de ce voyage et vous serez sidérés et abattus par son manque d'ambition. Que retenir de ces 36 heures de voyage d'Etat? L'annonce pour la nième fois d'une usine Renault à Oran, véritable Monstre du Loch Ness des relations franco- Algériennes, les paroles justes, mais déséquilibrées sur les souffrances infligées au peuple Algérien par la colonisation "régime brutal", l'hommage à Maurice Audin, jeune mathématicien communiste assassiné par l'armée française? Aucun souffle, aucune ambition ni de la part de F.Hollande, ni de la part de A. Bouteflika ....
Mais, me direz-vous, pourquoi s'acharner à vouloir réconcilier deux pays qui auraient décidé de s'ignorer après s'être tant aimés, puis tant haïs?
Mes raisons sont d'abord personnelles. Ma famille maternelle y a vécu de 1940 aux années 60. Mon grand-père maternel était professeur de philosophie à la Faculté d'Alger, ma mère enseignait la même discipline au Lycée d'Oran. Fonctionnaires français, ils ont aimé passionnément le peuple Algérien de cette époque (1 million de pieds noirs français, 9 millions d'Algériens Musulmans). Mes oncles et mes tantes, pour certains d'entre eux, se sont mariés à des pieds-noirs, enracinés à cette terre. Aussi, le drame algérien fut, pour moi, d’abord un drame familial secouant trois générations. Aujourd'hui encore, les blessures sont vives. Il importe, pour notre famille comme tant d’autres directement concernées par cette page de l’histoire familiale, de les refermer....
Mais ma motivation est aussi citoyenne. La France et l'Algérie, même si elles le décidaient, ne peuvent pas s'ignorer. Leurs destins sont liés pour les siècles à venir. 1 Million d'Algériens vivent en France avec plusieurs millions de Français d'origine Algérienne. C'est une communauté-clé pour l'avenir de notre nation. Bien intégrée, elle sera un atout pour notre pays. Marginalisée comme actuellement, elle lui posera de problèmes graves et multiples. Mais la France et l'Algérie ont des enjeux communs qui dépassent de beaucoup le seul avenir de la communauté franco-Algérienne en France. La France (65 millions d'habitants) et l'Algérie (37 millions d'habitants) sont deux grandes nations puissantes qui peuvent agir ensemble et dans le sens de leurs intérêts nationaux respectifs bien compris pour le développement économique du Maghreb, pour l'avenir de la langue et de la culture française au Maghreb (avec 16 millions de francophones, l'Algérie est parmi les plus grandes nations francophones du monde), pour le respect des politiques d'immigration que se seront choisies souverainement ces deux nations, pour des politiques étrangères coordonnées au Maghreb, en Méditerranée et en Afrique sahélienne et saharienne.....L’Egypte, la Tunisie, la Lybie durablement déstabilisées par leurs printemps arabes – quelque soit la vertu de ces chemins – La France ne peut compter que sur le Maroc et surtout sur l’Algérie pour peser en Méditerranée. Et il faudra bien un jour coordonner la construction de l’union Européenne avec un vrai dialogue avec nos voisins du Sud Méditerranéen – c’est ce d’ailleurs ce qu’il y avait de juste dans l’initiative de la création de l’union de la Méditerranée par N.Sarkozy. La voilà, la hauteur des enjeux de la réconciliation franco-algérienne et c’est pour cela que le chemin "petit bras" de F.Hollande et d’A. Bouteflika n'est décidément pas le bon.
Derrière cette diplomatie désespérante des petits-pas, il y a une résignation centrale qu'il faut attaquer de front. Elle se justifie derrière un argument-clé : Il y a eu trop de haine entre nos deux peuples pour espérer autre chose....que des petits pas dans la bonne direction.
Il faut reconnaître en effet que la séparation de la France et de l'Algérie fut d'une violence inouïe. Si l'on s'en tient aux chiffres officiels de ces violences entre 1954 et 1962 (ceux de l'historien Benjamin Stora) - soit 29 000 soldats tués, 4500 pieds-noirs assassinés, 60 à 80 000 harkis assassinés du côté français, et environ 170 000 combattants algériens tués), la guerre d'Algérie fut clairement extraordinairement violente et meurtrière.....
Mais parce qu'un divorce s'est mal passé, faut-il effacer les 130 ans de vie en commun souvent heureuse et féconde? Du plus profond de moi-même, je ne le pense pas....Et peut-être n’est-il pas inutile à cet instant de notre réflexion de nous rappeler que le colonialisme a été un période de l’histoire concernant l’ensemble du monde occidental, que l’Angleterre, la Belgique, l’Espagne, le Portugal etc.…sont, eux-aussi, des pays européens avec un passé colonial et que bon nombre d’entre eux entretiennent avec leurs anciennes colonies des liens tout à fait privilégiés. Que faut-il donc pour « dégivrer » les relations Franco-Algériennes ?
Il faut d'abord avoir du courage dans le domaine de l'histoire et de la mémoire. F.Hollande a eu raison de reconnaître les massacres massifs de SETIF, même s'il serait sorti grandi de rappeler qu'à leur origine, il y avait eu des massacres de pieds-noirs. Il a donc eu raison de dire que le régime colonial a pu être brutal et infliger des souffrances au peuple algérien. Il aurait pu même ajouter que la tare congénitale du colonialisme était la discrimination en matière de droits civiques et qu'il fallut attendre 1958 et le Général de Gaulle pour que ces droits civiques soient donnés complètement aux Algériens.
Mais d'un autre côté est-ce trop demander à un Président de la République Française de rappeler que la France a aussi apporté en Algérie la République et le Progrès ? Est-ce trop lui demander de témoigner en Algérie de ce million de pieds-noirs passionnément amoureux de ce pays, de ces algériens qui aimaient la France et les Français - des harkis, oui des harkis!- dont le départ massif l'été 1962 à été un drame d'abord pour l'Algérie..... Tant que le Président de la République Française n'aura pas ce courage simple et fort d'un discours équilibré couvrant l'ensemble de la période 1830-1962, la réconciliation restera renvoyée aux calendes grecques....
Après et après seulement, il sera temps de se mettre au travail d'égal à égal, gagnant-gagnant en partant des demandes de chacune des deux nations : Par exemple, une lutte plus efficace contre l'immigration illégale pour la France contre des visas plus faciles à obtenir pour l'immigration légale du côté Algérien......
Le voyage du Président Hollande n'est pas une catastrophe. C'est, malheureusement et simplement, une occasion ratée pour une réconciliation franco-algérienne impérative, là où la gauche pouvait, du fait de sa proximité avec le FLN durant l'événement fondateur que fut la guerre d'Algérie, avoir un rôle historique à jouer. Quelle sera la prochaine occasion? La venue en France du nouveau Président Algérien sorti des urnes de la Présidentielle Algérienne de 2014? Un deuxième voyage d'Etat de F.Hollande mieux préparé, plus courageux? Rien n'est écrit. À chacun de nous, comme nous y invitait le Général de Gaulle, à faire la paix des Braves dans nos mémoires et d'exiger de nos gouvernants enfin d'être à la hauteur de l'histoire et des enjeux à venir communs à nos deux pays.
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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire
harkis
lien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news
En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l'époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l'Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l' isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd'hui se décide à parler.
35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat.
Sur radio-alpes.net - Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) - Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone...émotions et voile de censure levé ! Les Accords d'Evian n'effacent pas le passé, mais l'avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)
Interview du 26 mars 2012 sur radio-alpes.net
la visite de hollande en ALGERIE
La France et l’Algérie ont vocation, du fait d’une histoire commune, d’échanges et de proximité géographique, à être les premiers partenaires .
Cette vérité est aujourd’hui masquée par des questions ancrées dans l'histoire qu’il convient de dépasser.
Il est indispensable que les regards respectifs dépasse la situation actuelle, et qu' enfin on arrête de tenter de vouloir s' excuser d' un côté ou de l' autre! il faut classer cela dans l' histoire, mais aussi dans le passé .
Nous devons voir et imaginer un avenir meilleur et plus respectueux
Massacres
Vous tombez dans le panneau : il n'y a pas eu de massacre de l'Armée française à Sétif ... une réaction violente, oui. Mais tous les ennemis de la France en ont rajouté, y compris la presse anglo-saxonne qui se découvrait une vocation anti-colonialiste qui l'arrangeait fort sur le plan international .On a même avancé le chiffre de 40000 victimes ...; ce qui matériellement est une aberration : en quelques jours d'affrontement jamais un tel nombre de victimes n'a été atteint à Verdun ou au Chemin dee Dames . Les donneurs de leçon n'ont jamais révélé que nombre de Pieds Nors avaient été prévenus mais ils n'y avaient pas cru ... et on ne va pas à une manifestation pacifque avec couteaus, marteaux, rasoirs dissimulés sous les djelabas.
Quand en France on veut arrêter une poignée de terroristes repérés dans un quartier on envoie des centaines de gendarmes et de CRS pour limiter les dégats ...; quand les quelques centaines de soldats qui étaient en Algérie ( les autres étant sur le front ) sont intervenus face à des milliers d'insurgés qui, eux, s'étaient déjà livrés au massacre, ... qu'est ce qu'ils pouvaient faire ? qu'est-ce qu'ils devaient faire ? Une amie qui avait 12 ans, s'est vue coincée dans une ferme assaillie par des centaines d'insurgés hurlant et vociférant . Elle connaissait le sort qui lui était réservée . Et vous aussi!! Le soldat qui l'a délivrée n'était pas un massacreur , mais un libérateur. Je crains que vous ne vous soyez pas fait une amie ... mais tout le contraire !! !
Les vrais massacreurs sont, comme toujours, ceux qui ont monté le coup, politiciens ambitieux, :calculateurs de la subversion et de la destruction de la puissance française, dans lequel cas le PCA n'y était pas pour rien ! Leur levier : la haine suscitée ! Ca, il fallait lr dire !!
Le discours de Hollande est à l'encontre total de ce qui fallait dire. Il béatifie les criminels et laisse dans l'opprobre tous ceux qui en A!gérie et en France ont compris l'héritage de la France, lesquels sont toujours d'ailleurs les seuls interlocuteurs susceptibles de construire.
Or ils sont rejetés dans l'opprobre comme des collaborateurs !!
Quant à l'Armée Française elle vous est silencieusement très reconnaissante pour n'avoir pas compris qu'il fallait la défendre d'une telle accusation .
Mission ni réussie, ni échouée
M.le Maire,
Avant tout, permettez-moi de vous remercier pour avoir écrit cette chronique sur un sujet passionnant qui me tient particulièrement à coeur, tant il a participé à façonner le parcours migratoire, l' histoire et l'amour pour la France de ma famille et de moi-même. Et aussi parce que je crois profondément qu'aujourd'hui encore, nombreuses sont les zones d'ombre qui planent sur certaines pages de l'Histoire de la France et de l'Algérie pendant la colonisation. Si le général De gaulles avait pourtant ordonné à l'un des trois responsables des négociations avec le FLN, Louis Joxe " réussissez ou échouez mais ne laissez pas les négociations se prolonger indéfiniment" , force est de constater que 50 ans après la fin de la guerre d'Algérie, cette histoire-là n'est toujours pas réglée.
Tout d'abord, je crois que le thème de la réconciliation franco-Algérienne est effectivement un sujet sensible et polémique dans le sens où nous sommes tous d'une façon ou d'une autre concernés par ce sujet et viscéralement attachés à ces deux pays.Il convient donc ici de rappeler que la prudence voudrait qu'au nom de cet attachement précisément, nous ne mettions pas trop d'affect pour parler de leur Histoire commune, ou qu'en tout cas, nous tâchions de ne pas la lire sous un prisme unique et surtout pas celui de sa propre histoire, ou celle de sa famille ... au risque de ne manquer fatalement d'objectivité! Si l'exercice est hardu, j'en conviens aisément, j'essaierai donc dans les paragraphes suivants de vous livrer les impressions, réflexions et les interrogations qu'ont suscitées en moi la lecture de votre chronique, et sur sa forme et sur son fond, de la façon la plus objective possible.
Dans un premier temps, ce qui est frappant à la première lecture de votre écrit, c'est votre amour pour l'Algérie et pour la France, et votre foi en un projet commun pacificateur et fédérateur et en une Histoire commune qu'il importe aujourd'hui à nos deux pays d'avoir le courage d'écrire et de bâtir ensemble. Aussi, avez-vous raison d'insister sur les capacités et le potentiel de développement de ce grand pays qu'est l'Algérie. Et la Chine l'a aussi très vite compris: en effet, faut-il ici préciser qu'il n'y a pas un seul grand chantier Algérien qui ne compte dans son équipe un des 40 000 nouveaux travailleurs Chinois, dont la venue depuis ces 5 dernières années n'a cessé de croître. Je ne reviendrai donc pas ici sur cette projection assez réaliste et réalisable, de bon sens et d'intérêt commun que vous décrivez, mais plutôt sur les moyens qu'il nous faudra déployer à nous tous , des deux côtés de la Méditéranée, afin qu'elle ne reste pas au stade du rêve et qu'elle devienne enfin réalité.
Ensuite, ce qui ressort de votre chronique, c'est de mon point de vue, votre vision qui pourrait à quelques reprises être qualifiée de "partisane", notamment lorsque vous évoquez l'histoire coloniale, un peu trop empreinte d'une certaine nostalgie du bonheur familial perdu : peut-être est-ce à lier à votre amour pour l'Algérie, ou encore au passage heureux et réussi de votre famille en Algérie? Toutefois, au-delà de cet amour et de cet attachement familial légitime pour l'Algérie, la description que vous faites pourrait effectivement faire penser que "tout allait pour le mieux dans le meilleur du monde" pendant la période de la colonisation. Par exemple, concernant le discours de Hollande, vous écrivez: " les paroles justes mais déséquilibrées sur les souffrances infligées au peuple Algérien par la colonisation "régime brutal". Loin de moi l'idée de penser que vous sous-estimez les souffrances et les blessures vécues par le peule algérien, mais la tournure syntaxique de votre phrase ne permet pas d'apprécier correctement votre point de vue sur la question . Ainsi, pourrait-on se demander si vous estimez que les paroles du Président Hollande sont déséquilibrées dans le sens où la présence de la France en Algérie a permis de nourrir autre chose que des souffrances vis-à-vis des Algériens : " la France a aussi apporté en Algérie la République et le Progrès" ou si ce déséquilibre est à lier au caractère "brutal" du régime pendant la colonisation? Vous leverez néanmoins cette ambiguité quelques paragraphes plus loin dans votre chronique, en ces termes: "Il a donc eu raison de dire que le régime colonial a pu être brutal, et infliger des souffrances au peuple algérien".
En outre, cette nostalgie du bonheur perdu se retrouve plus loin dans votre argumentaire,lorsque concernant le discours du Président Français, vous regretterez son manque d'éloge sur les 130 ans de co-habitation heureuse franco algérienne, dont la description peut paraître un peu utopiste : "Mais parce qu'un divorce s'est mal passé, faut-il effacer les 130 ans de vie en commun souvent heureuse et féconde?". Nul doute que ces années-là furent plutôt pacifiques entre les deux peuples : en témoignent d'ailleurs, entre autre, le soutien inconditionnel des indigènes aux rangs de l'armée française lors de la première puis de la seconde guerre mondiale ou encore de la guerre d'Indochine... mais de là à dire que ces années furent "souvent heureuses et fécondes " alors qu'on sait bien à quel point l'installation des Français ne s'est pas faite sans résistance du côté algérien , on pourrait là interroger le caractère prospère sur l'ensemble de ces années-là ou simplement considérer le caractère parfaitement subjectif du bonheur ?
Enfin, regrettez-vous, à juste titre, que le Président Hollande ne parla de l'amour des pieds-noirs pour l'Algérie pas plus que de l'amour des Algériens, dont les Harkis, pour la France: 'Est-ce trop lui demander de témoigner en Algérie de ce million de pieds-noirs passionnément amoureux de ce pays, de ces algériens qui aimaient la France et les Français - des harkis , oui des harkis!- dont le départ massif l'été 1962 à été un drame d'abord pour l'Algérie'. Si vous avez raison de rappeler que le départ des pieds noirs et des harkis fut d'abord une perte pour l'Algérie,il ne faut pas pour autant oublier que c'était et que ça continue à être un des problèmes majeurs de "la France, qui n'a pas su protéger ses enfants" (Chirac). En effet, les pistes de réflexion autour de la réconciliation franco-algérienne ne saurait se faire sans évoquer "la dette morale de la France" (N.Sarkozy), la reconnaissance de l'Etat Français dans l'abandon et le massacre de milliers de harkis restés en Algérie après les accords d'Evian du 19 mars 1962 et les conditions d'accueil des pieds-noirs et des harkis sur le sol français. Aujourd'hui d'ailleurs, la communauté harkie reste dans l'attente des gouvernements de gauche comme de droite, que l'Etat Français prenne ses responsabilités, reconnaissance le drame des harkis et accomplisse son Devoir de Mémoire pour qu'enfin les harkis et leurs descendants puissent refermer cette douloureuse page qui les lient pour toujours à la France... De même, alors que les Harkis ont longtemps déploré que leur histoire ne soit souvent mise entre parenthèse dans les livres d'Histoire au collège et au lycée, je regrette que vous n'en parliez qu'entre tirets dans votre chronique, surtout lorsque l'on connaît votre attachement et votre respect envers notre communauté : "- des harkis , oui des harkis!- " alors que ce sujet, qui reste tristement d'actualité, plus de 50 ans après la fin du conflit, aurait sans doute mérité que vous le développiez un peu. Surtout à l'heure où c'est l'ensemble de la communauté harkie qui se retrouve un peu orpheline après le départ de Boussad Azni, porte parole national de notre communauté qui a crié les revendications des droits des harkis et de leurs enfants aussi fort qu'il a pu. Oui, peut-être, auriez-vous pu évoquer leur revendication actuelle en terme de Devoir de Mémoire, ou encore la difficile circulation de ces hommes et de leurs enfants entre les deux pays, comme l' un des points de crispation qui participent encore aujourd'hui à complexifier le processus de réconciliation entre nos deux peuples...
Si la réconciliation et le pardon demandent du courage, du temps et des compromis, on imagine bien ce qu'ils pourraient coûter à la France comme à l'Algérie, dans tous les sens du terme ... car il serait bien naîf de sous estimer l'impact éminemment politique et économique que cette réconciliation impliquerait pour les deux pays, notamment sur la question centrale de la politique d'immigration entre nos peuples frères ... Alors oui, il y a eu de timides avancées en matière de réconciliation, mais il en faudra encore du temps et une sacrée dose de courage à ces deux pays pour "chercher la vérité et la dire" (Jaurès) ... et à ces hommes et ces femmes d'aujourd'hui et de demain, pour impulser une dynamique résiliente et constructiviste commune... là où beaucoup ont échoué avant eux, mais là où tout reste encore possible...Aujourd'hui, avant que ce sujet ne fasse toujours et encore le jeu des intégristes religieux, comme en témoigne la récente tragique prise d'otages à In Amenas, il est grand temps que nos pays regardent leur histoire en face pour envisager ensemble et sereinement, leur grande destinée.
Bien amicalement,
Baya KHERKHACH
ALGERIE
Bonjour Jean ,
Je partage ton analyse sur certains points , comme le cas des Harkis , car on ne peut pas parler de reconciliation entre la France et l'Algerie , tout en ocultant le fait qu'un certain nombre d'algeriens ont aimé la France et les francais .
Comment pourrait-on envisager des relations saines alors que de part et d'autre on peut encore se sentir rejeté , voire consideré comme traitre de nos jours . Je reste persuadé qu'il y a des ponts à realiser entre les harkis , les français pieds noirs et les algeriens , ceci se doit d'être impulsé par une reelle volonté des autorités algeriennes et française.
Je peux comprendre que la situation geopolitique , au vue des evenements actuels necessitait un consensus general lors de ce deplacement , ne perdons surtout pas espoir qu'une vraie relation d'amitié gagnant gagnant finira bien par renaître un jour , mais quand ....... ?
Voila la petite reflexion dont , j'ai souhaité te faire part .
Toute mon Amitié.
Jean-Marie NKOLLO