La catastrophe du 6 Mai 2012

Il s’est passé dans ma tête un court-circuit, Samedi dernier. Court-circuit qui a mis en contact improbable les débats de l’université d’été du Nouveau Centre dans le Gard et plus spécialement l’intervention d’Y.Lachaud, mon ancien collègue député du Gard de 2002 à 2012 avec une de mes lectures de cet été, le livre de Jean-François Kahn « la catastrophe du 6 Mai 2012 »

Y.Lachaud nous a prévenus. Ce qui s’est passé dans le Gard avec l’élection de deux députés FN et le FN à plus de 25 %dans ce département, à l’occasion des dernières élections présidentielles et législatives, n’est pas une histoire méridionale isolée. Ce sont juste les signes annonciateurs d’une vague nationale qui nous submergera si nous ne réagissons pas fortement aux demandes faites par l’électorat, toujours croissant, frontiste. A nous de nous saisir vigoureusement et en urgence, à partir de nos valeurs humanistes, des enjeux de sécurité, d’assistanat, et d’immigration……Sinon ?

Sinon ? le scénario envisagé par JF.Kahn à partir de l’élection de F.Hollande se déroulera implacablement : Echec retentissant des socialistes qui, à leur tour, perdront tout, des élections locales de 2014 jusqu’à la Présidentielle et aux législatives 2017, « avec le retour au pouvoir d’une droite décomplexée ….. et dont le Front National et ses ministres constitueraient le fer de lance…. Social. Marine Le Pen, Ministre d’Etat, n°2 de ce gouvernement, 1ère loi adoptée : celle instituant la préférence nationale ». (cf page 8 de la « catastrophe du 6 Mai 2012 »)

La thèse de Jean François Kahn est simple. Elle tient en un chiffre 48,38 % : le score fait au 2ème tour de l’élection présidentielle par Nicolas Sarkozy. Toujours selon Jean François Kahn, que Nicolas Sarkozy ait pu atteindre un tel score alors que le rejet de sa personne était arrivé à un niveau extrêmement haut montre le glissement vers la droite du corps électoral français et le caractère absolument contradictoire de la victoire d’Hollande. Cette victoire fut une victoire d’apparence. Et si François Hollande est bien sûr un Président de la République légitime, lui et son gouvernement social démocrate, seront bien vite en opposition avec la majorité du peuple français. Fin du scénario JF.Kahn.

Que faut-il en penser de ce scénario, à la lumière du vécu de nos amis du Gard ? Comme vous le savez, certaines de mes convictions personnelles sont exactement à l’opposée du repli nationaliste proposé par le Front National.

J’ai une conviction très forte pour affirmer que le chemin d’une France prospère et moderne passe par la poursuite de la construction européenne.

Je ne crois pas une seconde que la sortie de l’euro et le rétablissement d’un protectionnisme national soient ce chemin alors que nous sommes le 4ème pays exportateur du monde.

Mais je dois reconnaître que le témoignage d’Yvan Lachaud, qui a bu le même lait démocrate chrétien que moi, et la lecture du livre de Jean François Kahn « m’ont bougé ».
Je n’ai aucune sympathie particulière, non plus, pour Jean François Kahn. Il a fait partie des gens qui ont véritablement lapidé médiatiquement Nicolas Sarkozy souvent de manière injuste. Mais ses excès ne disqualifient pas la thèse centrale de l’auteur.

Jean François Kahn plaide pour une ligne politique qui puisse allier le rétablissement des équilibres de nos finances publiques avec de véritables réformes y compris des réformes sociales profondes.

Je crois qu’il a raison. Je crois en effet avec lui que les déficits publics du budget de l’Etat et de nos comptes sociaux épuisent littéralement l’Etat qui ne peut plus jouer le rôle central qui est le sien dans un pays aussi jacobin que la France.
Déjà Charles de Courson me faisait remarquer que sur un budget consolidé Etat - comptes sociaux de près de 800 milliards d’Euros par an seul subsistait une petite quinzaine de milliards d’Euros pour l’investissement.

Mais il ne peut pas y avoir d’acceptation sociale des efforts nécessaires pour rétablir les équilibres de nos finances publiques si ceux si ne sont pas accompagnés par des politiques publiques très fortes à destination des plus fragiles d’entre nous dans le domaine de l’emploi et de la protection des personnes et des biens.
L’apport central du livre de JF.Kahn, qui par ailleurs a déjà été démenti par les faits pour de nombreuses prévisions faites dans son livre (je pense notamment à son annonce de la dissolution immédiate du sarkozysme après sa défaite) , reste bien qu’il ne peut y avoir de politique d’austérité qui se résume à un conservatisme socio-économique.

Il a – encore une fois – raison comme lui donnent raison les débuts à la fois poussifs et à contre-sens de la présidence Hollande.

Et si on osait à la fois un programme austère –disons le mot-, complété par l’amélioration de la compétitivité de la maison France, et sur l’efficacité de la protection des citoyens Français.

L’austérité si elle combine la réduction des dépenses de l’Etat avec une augmentation des impôts construite dans l’équité fiscale et avec une volonté farouche de lutter contre les fraudes fiscales peut être acceptée.

L’amélioration de la compétitivité de la France seul chemin durable vers l’emploi, priorité des priorités, peut être aussi être acceptée avec ce qu’elle comporte de poursuite de la construction Européenne, de TVA sociale, d’efforts sur la durée du travail, d’amélioration de nos capacités d’innovation si les emplois sont au bout de cette démarche.

Enfin, les Français sont prêts à la mise en œuvre de politique inspirée par le concept de « Tolérance zéro » inventée par le maire et les policiers de New-York dans les années 2000 qui sanctionnent aussi les incivilités qui empoisonnent notre vie quotidienne pour peu que l’insécurité recule vraiment dans nos villes, nos campagnes et nos banlieues !

Oui, il ya un chemin pour sortir durablement la France de la crise. Le PS peut-il être le porteur politique de ce projet ? Franchement je ne le crois pas, culturellement beaucoup trop loin en matière de compétitivité économique et de lutte contre l’insécurité ? Faut-il pour cela se résigner à l’accession au pouvoir du Front National ? Non, ce serait un contre-sens stratégique que ferait notre pays ? Faut-il attendre ou espérer l’Union Nationale comme on attend Godot ?

Et si plus simplement c’était le programme d’une opposition dans laquelle le centre aurait - enfin - décidé de peser…… alors , nous aurions peut-être trouvé « le disjoncteur » au court-circuit qui m’a obsédé ce week-end.

@+