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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Le Prophète :Fiction implacable d’un Etat absent et corrompu

Publication : 01/03/2010  |  00:05  |  Auteur : Jean Dionis

Cette semaine, c’est comme pour les promotions dans la grande distribution. Vous aurez deux chroniques pour le « prix » d’une ……J’avais prévu une chronique plus politique et vous l’aurez, régionales obligent. Mais mon fils Paul a créé l’évènement familial, Samedi soir, en mettant toute la famille à regarder le film de Jacques Audiard « Un prophète ». Bref, les Dionis se sont offert leur petite soirée des Césars, puisque ce film y a pratiquement trusté toutes les récompenses.

J’ai aimé ce film et pourtant, je suis très mauvais public pour les films violents. Comme le proclament les Béatitudes, « Heureux les doux !». Mais enfin ! Le film est violent….mais, on se console, … Bon scénario, bons acteurs, bonne mise en scène ….tout cela, c’est dit en boucle jusqu’à satiété sur toutes les radios depuis ce matin.

Mais, c’est la dimension politique de ce film qui m’a le plus intéressé. J’avais souvent entendu dire que la prison pouvait être la meilleure école de grand banditisme et je m’étais toujours demandé comment….maintenant , j’ai compris et c’est la vertu très pédagogique de ce film : bandes organisées au sein de la prison (les corses d’un côté, les arabes de l’autres, etc….), matons véreux, connexions permanentes avec l’extérieur par les parloirs, avec les avocats et les autres, et en utilisant les permissions de sortie pour resserrer les liens entre voyous libres et emprisonnés…..La démonstration est convaincante…..et accablante pour l’Etat et plus précisément pour son administration gestionnaire des prisons, la Direction de l’administration pénitentiaire.

Car, enfin si la prison est réellement devenue l’école du crime dépeinte dans le film d’Audiard, c’est bien parce que le scénario d’Audiard repose sur une hypothèse simple : L’Administration pénitentiaire est, au mieux absente, parmi les acteurs de ce film et au pire corrompue. Question ? Est-ce la vérité dans la plupart des prisons françaises ? Est-ce la situation de quelques prisons particulières ? Car le film montre bien que les réseaux mafieux qui prospèrent à l’intérieur de la prison ne le font que parce que l’Etat est absent, absent de la cours de promenade où les jeunes prisonniers se font tabasser par les petites frappes des bandes organisées de la prison, pire l’Etat est montré corrompu et collaborant pour ce qui est de la gestion des trafics internes (shit, etc……)

En voyant ce film, je me suis souvenu des heures passées à discuter « de la pénitentiaire » avec les Direceturs de l’ENAp (Ecole Nationale de l’Administration pénitentoaire) implantée à Agen. Je pense à Patrick Mounaud, Georges Vin ….ou encore à mon ami, Marc Teyssier. Chez eux, j’avais senti de la passion, oui de la passion.. pour leur métier de serviteurs de l’Etat dans une de ses fonctions régaliennes les moins « glamour », la protection des biens et des personnes par la privation de la liberté de personnes supposées dangereuses pour la société. Je suppose qu’ils ont vu ce film. Les connaissant, ils n’ont pas pu rester en dehors du débat lancé par ce film. Leur réponse m’intéresse. S’ils reçoivent cette chronique, je souhaite qu’ils la commentent et qu’ils nous disent la réalité sur cette présence mafieuse dans nos prisons ou au moins ce qu’ils en perçoivent. En tout cas, le film d’Audiard est une magnifique démonstration par l’absurde. Sortez l’Etat ou Corrompez le ….et vous avez très vite la violence extrême. Cette violence est d’ailleurs décrite de manière trop complice par Audiard. Car enfin, notre prophète ne peut pas avoir toutes les qualités : athlétique, tueur à sang-froid , détermination etc. et en plus être sympathique : prêt à devenir un bon mari de remplacement et un bon père de famille après le décès annoncé de son copain de braquage…..

Alors ? Et bien, ce film m’a donné l’envie d’en savoir plus sur nos prisons. Le regard d’Audiard sur ces écoles du grand banditisme est-il le bon ? la prison, endroit où des hommes et des femmes se reconstruisent en effaçant leur dette vis-à-vis de la société, n’est-ce vraiment vraiment qu’une histoire pour jeunes enfants ? La vérité est sans doute infinniement plus complexe que cette vision caricaturale….mais c’est la dynamique - Audiard ou réinsertion - qui m’intéresse. La sauvagerie archaïque du parrain d’Audiard ne peut pas être la seule ambition de notre république.

@ +

Amitiés,



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