Lors de la dernière campagne présidentielle, beaucoup de choses ont été dites sur la fameuse démocratie participative…….Ce débat révélait au moins une vérité souvent cachée honteusement : Notre démocratie a besoin d’être refondée et modernisée…..
C’est, pour moi, une véritable évidence.
C’est évident au niveau national entre un pouvoir exécutif omniprésent et surpuissant et un pouvoir législatif marginalisé malgré les avancées de la dernière révision constitutionnelle, la démocratie représentative au niveau national est à la fois archaïque et à bout de souffle. Je veux ici porter le témoignage de ses limites. J’essaye de remplir mon mandat de député avec passion et exigence. Je fais donc le « boulot » dans toutes ses dimensions : lectures, auditions des socioprofessionnels, interventions en commission et en plénière, amendements….. Malgré cet effort, dès que l’on touche un sujet difficile, notamment par la rapidité des mutations technologiques et sociologiques que nous devons prendre en compte, les généralistes que sont par essence les députés de la nation, même s’ils se spécialisent, s’essoufflent à courir après la société. Bref, le modèle politique des Lumières et des encyclopédistes qui voyait le peuple déléguer à ses représentants son pouvoir souverain. Ce modèle est en train d’arriver en bout de course…..C’est en soi un évènement considérable qui appelle d’urgence l’émergence d’une philosophie politique adaptée au XXIème siècle…..Problème : contrairement à la révolution française, préparée par un mouvement intellectuel d’une profondeur et d’une ampleur immense, nous ne voyons absolument rien venir à l’horizon comme alternative nouvelle et crédible.
Et sur le terrain, à la base, dans nos collectivités locales, la démocratie locale se porte-t-elle mieux que la démocratie nationale à Paris ? Oui, sans doute. Elle se concentre sur la gestion de la vie quotidienne et la réalisation de projets locaux, laissant au pouvoir législatif le soin de se « coltiner » aux problèmes sociétaux les plus difficiles. Notre démocratie est par nature plus proche et plus réactive. Les lois de décentralisation et d’organisation territoriale de la République de 1982, 1992 et 1999 ont été une réelle avancée en transférant à la base de nouveaux pouvoirs à chaque fois que celle-ci est en mesure de les traiter.
Il reste qu’au niveau local, nous devons être plus démocratiques, plus efficaces et moins dispendieux. C’est exactement l’ambition du Rapport Balladur, que celui-ci vient de remettre à N.Sarkozy le Jeudi 5 Mars. J’en ai lu l’essentiel et j’y ai trouvé un vrai souffle, un certain courage à dire la vérité et à proposer du neuf dans un ensemble, certes hétérogène.
Mais, il y a un vrai trou noir dans le rapport Balladur. Ce trou noir, ce sont les villes ou plus exactement la vie quotidienne dans les villes moyennes ou grandes. Prenons Agen, par hasard ! 35 000 habitants et 30 élus de la majorité municipale. Ces élus, dans une municipalité raisonnablement active, n’arrêtent pas de courir dans le peu de temps qui leur reste en dehors de leur vie professionnelle et familiale. Mécaniquement, ils se concentrent sur les grands projets de leur ville et de leur délégation……ils délaissent, de fait, la vie quotidienne, les trottoirs, les jeux d’enfant, le fleurissement des quartiers etc.
C’est une tendance lourde au niveau national. C’est pour cela que la loi a inventé les quartiers et que toutes les villes moyennes ou grandes cherchent à inventer une nouvelle gouvernance municipale en tâtonnant dans cette direction.
Or, la demande des gens se trouve d’abord là, au niveau des quartiers….dont, il n’est pas fait mention dans le rapport Balladur, ou à la marge. C’est le fameux «trou noir du rapport Balladur » ! Là encore, sur la question de la gestion de la proximité en ville, le système actuel est lui aussi à bout de souffle.
C’est forts de cette conviction que nous avons fait d’une nouvelle gouvernance pour les quartiers, notre premier engagement des élections municipales de mars 2008. Depuis 6 mois, nous avons lancé ce projet ambitieux de démocratie participative qui met Agen à l’avant-garde nationale dans ce domaine (voir l’intégralité du projet sur www.agen.fr/monquartier ). Ce projet s’articule autour de trois principes fondateurs :
1 – Elaboration de quartiers à taille humaine où les gens puissent se connaître et s’aider : Ce sont nos fameux 23 quartiers-village.
2- Election des conseillers de quartier au suffrage universel. Nous avons refusé les systèmes de désignation par le Maire ou de tirage au sort pour redonner vigueur à la base à la démocratie représentative.
3- Réalisation d’un contrat de quartier en codécision-entre le Conseil Municipal représenté par le Maire et le contrat de quartier représenté par son Président.
La réponse des Agenais pour l’instant est excellente : près de 2000 personnes présentes aux 23 réunions de quartier ! plus de 250 personnes candidates au poste de conseiller de quartiers.
Reste l’élection le Dimanche 15 mars…Nous ne sommes pas de grands naïfs. Nous savons qu’il est difficile d’ancrer au niveau local une nouvelle élection. Nous savons que dans bien des quartiers une seule liste a été déposée, diminuant ainsi l’intérêt d’aller voter…Nous entendons tous ces arguments. Ils sont justes et expliqueront pourquoi pour la première élection de quartier au suffrage universel, il est probable que nous ayons une participation modeste (entre 10 % et 20 % serait honorable). Nous avons, en revanche, l’intime conviction d’aller dans la bonne direction…
Celle d’une démocratie modernisée, répondant à l’attente de citoyens du XXIème siècle, bien mieux informés qu’auparavant, exigeants et n’acceptant la démocratie représentative que si leurs représentants restent en permanence en contact avec eux.
Bref, la démocratie participative, beaucoup de femmes et hommes politiques célèbres en ont parlé. A Agen, ce dimanche 15 mars, nous serons parmi les premiers en France à agir dans cette direction prometteuse, mais où tout reste à inventer.
Si vous êtes Agenais d’Agen-même et que cette aventure démocratique vous intéresse, alors, votez ! Si vous n’êtes pas d’Agen-même (comme dit Guignol en parlant de Lyon, « faut bien qu’il y en ait d’ailleurs ! »), regardez vers Agen à partir de Dimanche soir, nous avons la conviction qu’il va s’y passer des choses passionnantes et franchement nouvelles….
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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire
bravo ! c'est la bonne direction
Finalement après tant de railleries concernant la démocratie participative en 2006-2007, l'idée fait son chemin !
En tant que citoyen des côteaux de l'agenais, j'applaudis l'initiative !
j'espère qu'il ne s'agit pas d'un gadget, l'avenir nous le dira, en tout cas vous avez au moins le mérite d'essayer !
SAO PAULO avait montré l'exemple, c'est très bien qu'AGEN embraye,
vive la démocratie participative !
Tour de Babel ou échelle de Jacob démocratique?
Cher Jean,
je trouve très intéressant ce débat sur la participation locale, il est effectivement indispensable qu'après le vote, les électeurs "participent et proposent" notamment sur ce qui va impacter leur lieu de vie au quotidien.
Pour autant, je vois deux dérives:
- la première est que l'on ajoute un nouvel étage à la" tour de Babel "démocratique.
On crée dans ce que tu proposes un nouveau niveau de représentation locale qui ne va pas vers la simplification et la lisibilité pour l'ensemble de nos concitoyens.
Ils ont déjà du mal à se retrouver dans leurs élus et leur rôles:
députés français,européens,conseillers régionaux, généraux, municipaux.
Par ailleurs, on a déja au niveau local la commune, la communauté urbaine, le canton...j'en oublie certainement.
Les lieux d'expression et de représentation démocratique ne manquent pas... il y en a trop, tout le monde le dit!
Aujourd'hui, le mode de participation démocratique légal est l'élection municipale au suffrage universel. Les élus municipaux ont déjà la charge d'écouter et représenter les électeurs, de décider en leur nom. Ils sont élus pour ça.
L'écoute et la synthèse sont chronophage
Le problème est donc,comme tu le soulignes, que même un "petit" mandat local s'il est assumé correctement ne se fait pas à temps partiel.
A mon sens, c'est Le statut et le mode d'élection de l'élu local dans les petites communes qui est à revoir.
Etre élu, est un métier à plein temps ...ce qui incite en passant, à dire qu'un cumul des mandats est raisonnable car il le permet.
-la deuxième dérive, c'est que les conseils de quartier soient de nouveaux conseils "téodules" qui ne restent que des lieux d'expression des doléances dont les élus in fine ne tiennent pas compte.
Avec une question: Que se passe t'il en cas de désaccord entre le conseil municipal et le conseil de quartier?
Pour ma part, je serai plutôt allé sur des comités de quartiers publics et ouverts à tous y compris aux non électeurs, chargés de recueillir les doléances et propositions des participants.
Chaque responsable de comité, élu municipal de la majorité assisté d'un ou plusieurs élus à parité avec l'opposition, est chargé de faire la synthèse des propositions auprès du conseil municipal en amont des débats et des votes de ce dernier
On fait l'économie de l'organisation d'une nouvelle élection et on oriente de manière constructive l'expression démocratique.
Par ailleurs je pense que c'est du rôle de l'élu de faire la synthèse et d'être à l'écoute des doléances et propositions des citoyens.
C'est le coeur de son " job" ou de sa "mission".
Comme électeur, je ne demande pas plus d'élections ou un siège mais une réelle prise en compte de mes problèmes ou de mes propositions par les élus.
...ceci étant comme tu le dis, je ne suis pas électeurs agenais ...ni de Lyon ...même! J'ai juste regardé avec intérêt ce qu'a mis en place Alain Jupé depuis son élection en 1995 à Bordeaux, fort des premières expériences menées à Paris où il était adjoint au maire.
...de plus, contrairement à toi qui a une réelle pratique et un véritable souci de l'exercice local de la démocratie, je ne suis qu'un béotien théoricien!
Je ne peux donc, pour conclure, que te souhaiter bien sincérement un réel succès pour ce nouvel espace d'expression et de construction démocratique que tu proposes aux Agenais et Agenaises.
Allez Agen!
A bientôt,
Nicolas MES NARD
Démocratie participative...Où sont les garde fou?
Bravo pour l'initiative, jean! Juste un bémol. Agen n'est pas la première ville de france ou il se tient des élections de quartier. A travers ton écrit, on pourrait le penser... Alors qu'il ya pas mal de villes qui ont tenté l'expérience, avec de bons et moins bons résultats, avec des intentions louables et d'autres qui le sont beaucoup moins. Je suis convaincu que l'accès à la citoyeneté doit passer par là. Par contre, les tentations sont grandes lorsqu'ils s'agit de donner la parole à des habitants dans un cadre "borné". La première des tentations c'est l'instrumentalisation des conseils. Une liste sans liste d'opposition c'est qq chose que j'ai déjà vu. Le grand mérite reviendrai à mon avis à la collectivité qui réussirait à susciter l'emregence de deux listes (au moins!) par quartier. Je sais que c'est très difficile, mais je ne peux pas m'empêcher de le souligner, comme tu l'as si bien fait. L'autre risque c'est le retour de manivelle après la tentation d'instrumentalisation. Là cher Jean, tu risque gros. Loin de moi l'idée de penser que tu chercherais à "noyauter" les conseils. Car la maitrise du système est très très compliquée. Donner la parole à l'habitant, c'est aussi lui donner les moyens de comprendre son environnement. Pour une réussite, je pense qu'il faut jouer la transparence à tout les niveaux: Au niveau de la constitution des listes, au niveau des moyens affectés, au niveau des responsabilités directes, au niveau de la vulgarisation du budget municipale, au niveau de la formation des habitants, ... la liste n'est pas exhaustive. Le conseil il faut l'accompagner sans tentation de le noyauter, il faut le former sans avoir peur qu'il se retourne contre soit, il faut l'écouter sans interprétation des jeux d'acteurs, il faut l'entendre tout en assumant et expliquant ses choix. En même temps, sans douter un instant de ta volonté sincère de mettre en dynamique une citoyenneté agonisante, et qui en a vraiment besoin; tu auras toujours des personnes qui qualifierons les conseils de "chambre d'enregistrement". Normal! ALors, CHICHE pour la démocratie participative!!! à condition de mettre les "bons" garde fou pour son fonctionnement
bravo à la micro-démocratie locale !
Mon cher Jean,
Avant de te proposer une réaction compliquée et critique à propos de ta mise en cause du pape de Rome, permets-moi de féliciter les édiles d'Agen pour l'excellence de leur initiative et de ses premiers résultats quantitatifs : je n'en espérais pas autant pour vous, et j'en suis très heureux. Mais j'ai apprécié au moins autant la pertinence et la sincérité des questions que tu te posais et que tu posais à la démocratie dans le texte ci-dessus. Oui, tu sens qu'il faut inventer de nouvelles moeurs politiques ; or pour cela il faut s'appuyer sur une certaine idée de l'homme qui est dans ton coeur et, j'espère, dans le coeur de beaucoup... mais qui n'est plus dans l'esprit de grand-monde !
A bientôt. Et encore une fois, bravo !
Pierre Gardeil
Démocratie
Bonjour Jean et Bravo!
Bravo pour votre courage, votre perséverance, votre discernement.
La sagesse Chinoise (d'un lointain passé) dit que le meilleur Empereur est celui dont le peuple se gouverne tout seul.
Ce n'est plus très évident dans un monde où le "peuple" a subi un principe pyramidal de pouvoir.
Il est certain qu'il est utile de guider l'enfant vers la maturité. Encore faut-il le laisser libre de voler de ses propres ailes lorsqu'il a atteint cette maturité.
Or, l'Humanité d'aujourd'hui a atteint une certaine maturité, bien qu'encore timide.
Seulement, elle ressemble pour l'instant au jeune oiseau qui essaie ses ailes et n'a pas encore conscience qu'il peut voler. Il n'a pas tout à fait confiance en lui.
Vous êtes en train de développer cette confiance, de rassurer, d'amener à la conscience qu'il est possible d'être tout simplement soi-même, de vivre pleinement, en confiance, avec les qualités inhérentes à l'Homme : la sociabilité.
Vous ne pouvez que réussir.
Le temps d'accepter un changement est long pour ceux qui n'ont pas encore compris que leurs "ailes" fonctionnent!
Cela ne saurait tarder!
Nous le constatons dans le milieu rural avec le système des AMAP et l'engagement de leurs adhérents à participer activement à leur santé nutritive, plus générale et sociale.
C'est là l'occasion de développer des réunions naturelles, spontanées, où la créativité est de mise avec repas conviviaux où chacun amène un petit quelque chose, petits spectacles ludiques, conférences simples, ... .
Et, ...ceci n'est qu'un tout petit exemple d'une volonté de se prendre en main ensemble pour améliorer la qualité de la vie quotidienne dans l'échange harmonieux de compétences diverses qui permet surtout à de nouvelles compétences d'émerger et de croître.
L'exemple que vous développez par votre Equipe pluridisciplinaire ne peut que donner confiance à ceux qui hésitent encore à s'afirmer.
il n'est pas si facile pour certains de comprendre que leur individualité est respectée et que leurs idées d'amélioration de la vie sociale peut s'exprimer en TOUTE SECURITE!
Je ne sais si ce témoignage peut aider votre démarche si novatrice. J'espère de tout Coeur participer, même d'une façon infime, à la levée de plus de vingt siècles de "maternage" vers la liberté d'Etre de chacun.
Amitié
Et un jour on s'occupera des quartiers...
Agen la brésilienne
En ces temps de crise où chacun cherche à faire des économies et où chacun est en quête sa future destination estivale, je propose aux Agenais un séjour exotique à un tarif sans concurrence. Il s’agit de la favella la plus proche de chez vous.
Pour vos prochaines vacances, concitoyens agenais, partaient donc sur le coteau de l’Ermitage, il y flotte un air de Brésil. Bien sur vous ne trouverez ni la plage, ni les grands hôtels et ni la musique lascive de l’Amérique du sud, mais vous pourrez admirer les charmes des quartiers interlopes.
En passant le pont de Rouquet, l’aventure commence. La route devient une piste chaotique, sur votre gauche vous découvrirez la décharge à ciel ouvert. Sur les murs vous apprécierez l’art des rues que l’on nomme « tag ». Les trottoirs défoncés supportent difficilement un éclairage inscrit à l’inventaire des monuments historiques puisqu’il a été le contemporain du président Coty.
Mais ce n’est qu’un début… Plus haut, au niveau du 37 de l’avenue, la végétation luxuriante menace de couper téléphone et électricité aux autochtones. Sur votre droite, arrêtez-vous pour admirer la vue sur Agen mais également la casse sauvage constituée d’immondices qui vomit ses détritus sur la ville et ses épaves d’automobiles que le cycle de la nature peine à recycler…
Suivez le guide ! Les curiosités sont encore nombreuses. Avant d’arriver à la place des droits de l’homme, en contre bas, un no man’s land portant les stigmates de trafics interdits s’offre à vous. C’est normal, toute favella possède sa mafia organisée qui a su se substituer à l’autorité de l’état absent.
En montant vers les sommets, la vue devient surprenante, c’est une carte vivante de la cité que vous verrez. Mais votre exploration s’arrête bientôt, car depuis de longues semaines, la piste est coupée au niveau de l’église. Elle le restera encore longtemps…
Enfin, tout en regagnant la civilisation, faites un détour par l’école de Gaillard, elle fermera ses portes bientôt, elle était la dernière marque de la présence de l’état dans ce quartier à la dérive.