02/11/09 - Le discours de Jean Dionis lors de la réception, vendredi 30 octobre, de Martin Hirsch à la Mairie d'Agen

Monsieur le Ministre,
Cher Martin,

Je tiens particulièrement à saluer ta visite à Agen aujourd’hui, tu nous fais un grand honneur et j’ai grand plaisir à te recevoir dans la salle la plus prestigieuse de notre ville, la salle des Illustres dans laquelle sont peintes certaines des hautes figures qui ont marqué l’histoire de notre ville.

Je tiens tout d’abord à te féliciter très chaleureusement pour ton rôle et ce que tu as pu apporter au Gouvernement. Ton plan jeunesse présenté tout début septembre et ses 57 propositions pour « améliorer l’insertion des jeunes dans la vie active » est une vraie aubaine et apporte la plupart des réponses que les jeunes se posent depuis des années.

Le taux de chômage des jeunes est trois fois supérieur à celui des 25-49 ans et comme le dit le rapport « ce n’est pas dans le moule qu’il faut faire entrer les jeunes, c’est sur les jeunes qu’il faut compter pour transformer le moule ».

La recette, tu nous l’as présenté tout à l’heure au point jeune :

- la création d’un service public de l’orientation,
- la lutte contre le décrochage scolaire,
- la revalorisation des filières techniques et professionnelles,
- le tutorat apporté par les séniors en poste,
- le service civique volontaire et
- le RSA aux moins de 25 ans.

Le RSA, c’est vraiment ton bébé à toi mon cher Martin. Tu te bats depuis plusieurs années pour le mettre en place et tu as conditionné sa mise en œuvre à ton entrée au Gouvernement.

Tu as eu un parcours brillant mon cher Martin. Tu es reçu en 83 à Normale Sup et tu y débutes des études de biologie. Diplômé en biochimie, titulaire d’un DEA de neurobiologie tu entres finalement à l’ENA en 1988 (promotion Jean MONNET) et tu deviens à ta sortie conseiller d’Etat. Notre cher Préfet, Lionel BEFFRE est de la même promotion que toi…

Tu démarres ta carrière à la Caisse Nationale d’Assurance maladie puis au ministère de la santé avant de devenir secrétaire général adjoint du Conseil d’Etat.

Tu entres en politique en 1997 et tu deviens directeur de cabinet de Bernard KOUCHNER au secrétariat d’Etat à la santé et à l’action sociale et conseiller santé de Martine AUBRY au ministère de l’emploi et de la solidarité.

Deux ans plus tard tu deviens directeur de l’Agence Française de sécurité Sanitaire, l’AFSSA.

Président de l’Union Centrale de Communautés Emmaüs de 95 à 2002, tu en deviens le Président en mai 2002 pour en démissionner le 18 mai 2007 pour assurer l’indépendance du mouvement suite à ta nomination au Gouvernement de François FILLON.

Nous allons parler ce soir de solidarité. Nous avons pour cela inviter ici un certain nombre d’acteurs associatifs ou institutionnels qui ne manqueront pas de témoigner et de t’interroger sur ton action, celle du haut commissariat aux solidarités actives, au Gouvernement depuis maintenant plus de deux ans.

La solidarité, nous la mettons en œuvre à Agen. Nous avons adopté à l’occasion du Conseil Municipal le 25 mai 2009 un Plan d’ampleur intégrant tant la solidarité, l’insertion professionnelle et l’accompagnement des demandeurs d’emploi.

C’est parce qu’il était urgent d’agir dans un contexte de crise financière, économique aux conséquences durables sur une économie locale déjà fortement touchée laissant sur le bord de la route un grand nombre d’entre nous, les plus fragiles d’une part, mais aussi les classes moyennes dont on ne cesse de tirer la sonnette d’alarme quant à leur précarisation exponentielle.

Je ne vais pas vous refaire le discours d’ATAC et des chantres de l’alter mondialisme qui à grands renforts de chiffres ne cessent de nous alerter sur le creusement des écarts de richesse entre ceux qui possèdent et qui sont de moins en moins nombreux et ceux qui ne possèdent rien et qui sont de plus en plus nombreux.

Il n’en demeure pas moins que les indicateurs sur Agen, sur le département, en Aquitaine et ainsi de suite sont extrêmement inquiétants… Pire ils seront, lorsque l’on pense que les causes de cette crise exceptionnelle n’ont pas été traitées et que nous serons à nouveau touchés dans les prochaines années par des crises d’ampleur identiques.

En un an, le chômage a augmenté de 5% sur Agen. Le Gouvernement a pris sa part du job avec son Plan de Relance Economique et toutes les mesures prises par lui en faveur des particuliers et des PME (prime exceptionnelle de solidarité active de 200 €, prime à la casse pour le retrait du marché d’une voiture de plus de 10 ans, doublement du prêt à taux zéro pour les acquisitions dans le neuf, incitation des petites entreprises de moins de 10 salariés à recruter, etc…)…

Il est impératif pour les collectivités de soutenir, pendant cette période de crise économique, les initiatives créatrices d’emplois dans des domaines porteurs (environnement, services…) et les formations correspondantes ainsi que les personnes qui seront les plus fragilisées par cette crise afin de préserver leur pouvoir d’achat par des aides plus élargies dans le domaine de la vie quotidienne.

Notre première décision a été de ne pas augmenter la fiscalité des ménages. Au prix de lourds sacrifices nous y sommes parvenus.

Nous avons lancé une politique volontariste dans plusieurs domaines afin d’apporter des réponses adaptées auprès des publics ciblés : Social, transport, emploi, logement, enfance.

Notre politique de solidarité c’est des repas gratuits, la mise en place du micro crédit social pour les moins de 25 ans et les femmes seules avec enfants. Nous avons élargi le public bénéficiaire d’aides financières pour des personnes en perte d’emploi, des moins de 25 ans, des travailleurs pauvres et ce grâce à la pris en compte du quotient familial élargi. Nos jeunes suivis par la Mission Locale peuvent bénéficier de repas équilibrés à tarif réduit. C’est ce que tu inaugureras tout à l’heure, notre self Montesquieu qui a failli passer à la trappe de ta visite mais que nous ne pouvions mettre de côté. Nous ne pouvions l’oublier car ce self, situé au sein de l’espace social Montesquieu, nos équipes se sont mises en quatre pour qu’il puisse être achevé ce vendredi 30 octobre.

Nous avons un grand projet pour cet espace social. Corinne t’en parlera mieux que moi. Nous voulons en faire le centre névralgique de notre politique d’action sociale et familiale en favorisant mixité et insertion. Pour le moment l’espace social assure des missions de lutte contre l’exclusion, d’urgence sociale, d’insertion et d’animations. Notre réflexion nous a amené à décider qu’il fallait le faire évoluer pour y attirer une population du centre ville au-delà des seuls critères de précarité. Ce site exceptionnel, tu pourras t’en rendre compte tout à l’heure dispose d’un vrai potentiel. Nous avons besoin de le transformer pour balayer sa stigmatisation et y apporter cette mixité des populations. Nous souhaitons également y centraliser nos différents services sociaux pour ainsi constituer ce guichet unique si recherché. Cet espace, lieu de ressources et de services contribuera à favoriser l’autonomie et la responsabilisation des personnes.

Notre politique pour l’emploi et l’insertion est orientée sur nos quartiers agenais qui concentrent de grandes difficultés. C’est la raison pour laquelle nous avons souhaité renforcer la Régie de quartier d’Agen notamment par l’extension de ses prestations comme l’aide à la personne, et de son périmètre d’intervention. En implantant une antenne sur le quartier le plus stigmatisé de la ville et qui concentre le plus de difficultés d’insertion, le quartier Montanou. Tu aurais pu avec un peu plus de temps venir aussi inaugurer cette antenne. Nous l’avions préalablement envisagé ! je souhaiterais que tu puisses examiner avec un regard attentif et bienveillant ce projet de Régie de quartier. Nous avons besoin d’un peu de solidarité nationale pour mener à bien l’ensemble des actions.

Comme toi, mon cher Martin, nous croyons beaucoup à l’apprentissage et souhaitons revaloriser les filières professionnelles et techniques.

L’apprentissage apporte au jeune salarié ses premières ressources professionnelles lui permettant de gagner une autonomie certaine par rapport à sa famille. La collectivité y trouve aussi un avantage en préparant le renouvellement des générations dans lequel nous entrons.

La Ville d’Agen a déjà accru le nombre d’apprentis dans ses services, passé à 12 en 2009, soit un doublement par rapport à 2007. Nous nous fixons pour objectif politique d'augmenter encore notre effort d’apprentissage pendant le mandat en liaison avec les organismes formateurs et avec le plan de promotion de l’apprentissage du Gouvernement et d'arriver à 20 apprentis dans les services municipaux, à la fin du mandat.

Au niveau du service civique, comme je te le disais tout à l’heure au point jeunes, tu as toujours eu le mérite politique d’ouvrir les dossiers les plus sensibles. Notre pays ayant refusé de baser sa politique salariale de manière équitable entre jeunes et moins jeunes.

Tu as décidé de rentrer à plein dans ce débat. Après la disparition du service national, nous sentons bien qu’il manque quelque chose.

Le service doit être un concept de don de temps obligatoire pour les garçons et les filles vis-à-vis de la nation qui les a portés.

Je t’en supplie Monsieur le haut commissaire, il faut que tu veilles à garder ton initiative à distance de toutes les tentations de favoriser l’insertion des jeunes par des conditions salariales inférieures à la moyenne. Le jour où on approuve ces conditions, le projet est mort né alors que je l’approuve. Il faut que ton initiative aille vers ça. Je vais proposer à mon équipe municipale d’y aller fortement. Je prends l’engagement de proposer au conseil municipal et à celui de l’agglo d’adhérer à cette belle initiative qu’est le service civique et notamment pour ce qui concerne :

la prévention et la lutte contre les exclusions, l’aide et l’accompagnement des personnes âgées, handicapées ou de santé fragile, l’information en matière de santé publique, la prévention, les actions en faveur de l’insertion sociale et de l’intégration des populations immigrées, les actions de prévention et de réinsertion sociale des délinquants, les actions dans les domaines de la jeunesse, de l’éducation populaire, des sports et des loisirs, des actions humanitaires, la mise en valeur et la protection de l’environnement, du domaine agricole et forestier, la protection et la promotion du patrimoine national.

Je souhaite relier cette intervention au débat sur l’identité. La France a au cœur de son projet l’égalité et une haute idée de la nation. Attention ton service civique est cher Martin sur le fil !

Tout cela, mon cher Martin, tu auras l’occasion de nous en parler après.

Nous avons souhaité inviter ce soir comme je te le disais à l’instant, le monde associatif agenais. Parce qu’ils sont impliqués, se dévouent au quotidien pour autrui et parce que ce sont eux qui sur le terrain sont les plus pertinents pour nous expliquer à moi législateur et à toi ministre quelle est la situation et ce qu’il convient de faire.

Parce que ce monde associatif vient pallier ce sur quoi nous ne pouvons pas faire grand chose si ce n’est soutenir comme nous pouvons.

Monsieur le ministre, cher Martin, je te remercie une nouvelle fois d'avoir accepté de venir à Agen. Tu es ici chez toi. Je te remercie plus particulièrement parce que tu as tenu ton engagement alors qu’au Zénith aujourd’hui ceux pour qui tu as œuvré se réunissent pour célébrer le soixantième anniversaire du mouvement Emmaüs. En plus je te fais manquer les concerts d’Olivia RUIZ et de Cali ! Je suis vraiment désolé et en plus j’ai insisté lundi pour que tu acceptes de rester sur Agen ce soir, ce que tu ne fais jamais.

Pour toutes ces raisons, je tiens à t’exprimer notre reconnaissance et notre joie de pouvoir t’accueillir ce jour en notre maison commune agenaise et chez nous, dans le Sud Ouest, l’accueil passe par les cadeaux et le repas, nous avons voulu marquer cet évènement en vous remettant ces petits cadeaux.

Merci monsieur le ministre pour ta disponibilité, ton écoute, merci cher Martin pour ce geste amical dont la gentillesse nous touche particulièrement, qu’est ta venue dans notre mairie.