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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Gouvernement Barnier : Vers la censure ? (Et pourquoi je la condamne)

Publication : 02/12/2024  |  01:20  |  Auteur : Webmaster

Il est probable que le gouvernement de Michel Barnier sera censuré avant la fin de l’année. Je n’ai pas plus d’informations que celles accessibles sur tous les médias au commun des mortels...

Mais il n’est pas interdit de réfléchir.

S’il doit y avoir censure, elle sera votée par une sinistre alliance de circonstance entre la gauche (le Nouveau Front Populaire) et le Rassemblement National.

Au Nouveau Front Populaire, il y a trois groupes parlementaires principaux : le Parti socialiste, les Verts et LFI. Regardons d’un peu plus près quels sont les intérêts politiques de ces trois groupes.

Le groupe LFI votera la censure et, en faisant cela, sera fidèle et cohérent avec la stratégie politique de Jean-Luc Mélenchon, qui lui commande de tout conflictualiser pour aboutir le plus vite possible à une élection présidentielle l’opposant au 2ᵉ tour à Marine Le Pen.

Le groupe des Verts votera la censure parce que le centre de gravité de ce groupe se situe de plus en plus nettement à l’extrême gauche.

Le groupe socialiste, enfin, votera lui aussi la censure parce qu’il est enfermé dans une alliance strictement électorale avec LFI, et ce, malgré des désaccords profonds sur le Moyen-Orient, l’énergie, l’Europe… et que rien ne bougera au Parti socialiste avant, au mieux, son congrès du printemps 2025 et, plus vraisemblablement, 2026 et la campagne présidentielle de 2027.

Quant au Rassemblement National, il est plus difficile de décrypter ce qui sera décisif dans la décision qu’il a à prendre dans un contexte complexe pour lui (risque d’inéligibilité de Marine Le Pen…). Mais il y a fort à parier qu’au final, ce qui sera décisif pour lui sera de protéger son socle électoral, qui lui réclame de s’opposer frontalement au socle central (LR et bloc centriste…), et donc de voter la censure.



Si ma prévision s’avère exacte, le gouvernement Barnier tombera donc avant Noël.

Or, contrairement à ce que prétendent nombre de commentateurs politiques, c’est grave.

J’ai déjà dit dans une précédente chronique les raisons de mon soutien à M. Barnier (à retrouver en cliquant ici).

J’en ai assez de cette procrastination très française consistant à remettre toujours à demain le rétablissement des finances publiques de l’État.

Je me refuse à voir, dans l’État, la cause majeure de nos problèmes, même si, bien sûr, des progrès sont à faire, des réformes structurelles sont et seront en permanence à faire, comme dans chaque organisme vivant.

L’État, c’est un des biens communs de notre nation et il est temps, grand temps, d’être sérieux dans la correction progressive mais déterminée de la trajectoire financière de l’État.

Alors oui, ce sera grave, si la censure se confirme, de devoir financer nos emprunts internationaux à des taux qui deviendraient supérieurs à ceux qu’obtient actuellement la Grèce ! Les frais financiers liés à cette dette ont dépassé, en 2023, les 50 milliards d’euros. Combien en 2025 alors que le besoin de financement de notre pays dépassera les 300 milliards d’euros ? La poursuite de la dégradation des conditions de financement de la France, en cas de censure, va nous coûter des milliards d’euros. Voulons-nous vraiment cela ?

En écoutant cette évolution, il m’est arrivé d’avoir honte de mon pays, sentiment qui m’était totalement étranger jusqu’à ces derniers jours. Jusqu’à quand ? Jusqu’où allons-nous boire le calice ?



Oui, la censure serait grave parce qu’alors que la composition de l’Assemblée nationale est figée jusqu’à juillet 2025 (aucune dissolution possible jusqu’à cette date), quel gouvernement peut espérer faire mieux que celui de Michel Barnier en matière de rassemblement, de consensus politique ? La France, sans gouvernement, c’est un État sans tête, et c’est forcément un État qui dysfonctionne, et ce sont forcément les plus fragiles d’entre nous qui en pâtiront.

Oui, la censure serait grave, parce que le chaos qui suivra cette censure avec la mise en place forcément longue, forcément décevante, de ce nouveau gouvernement de transition condamnera l’État à être immobile, incapable de faire évoluer notre loi, comme il est urgent de le faire dans des domaines aussi variés et sensibles que la levée des interdits scandaleux en agriculture (filière betterave, cerise, noisette…), l’instauration d’une dose de proportionnelle, la fin de vie…

Faut-il se résigner à cette censure coûteuse, nous condamnant à deux ans et demi d’immobilisme et, pire, de dysfonctionnement de l’État ?

Non, jamais ! Je crois qu’il y a, en France, aujourd’hui, le terreau pour une révolte des citoyens pour exiger que leurs parlementaires fassent passer l’intérêt général de la Nation avant leurs intérêts partisans.

Le pire n’est jamais certain.

J’espère que nos parlementaires se ressaisiront et feront mentir ma prévision.

@+,

Jean Dionis, Maire d’Agen

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