Le Président de la République recevra Bernard Cazeneuve puis Xavier Bertrand et enfin ses deux prédécesseurs François Hollande et Nicolas Sarkozy à l’Élysée dans le cadre des négociations qu’il mène avec les familles politiques de l’Assemblée Nationale pour choisir un Premier ministre capable de « survivre » dans le contexte politique national éminemment instable qu’est le nôtre.
J’ai pour Xavier Bertrand respect et amitié, j’ai travaillé avec lui comme député lorsqu’il était Ministre. Il a été de l’avis de tous excellent et Président de Région Hauts-de-France. Pourtant, il ne me semble pas que le choix du Président s’oriente vers lui (refus des LR de rentrer dans la coalition gouvernementale et Assemblée Nationale avec un centre de gravité centre-gauche).
Je n’ai pas non plus la moindre information à partager avec les lecteurs de ce blog pour savoir si Bernard Cazeneuve sera, serait (ou aurait été…) un bon choix aux responsabilités éminentes de Premier ministre. Je veux tout simplement dire que, si cela doit se faire, Bernard Cazeneuve aura mon soutien en tant que citoyen et en tant que maire d’Agen.
Je soutiendrai ce choix car, comme je l’expliquais dans une de mes dernières chroniques de blog (lire ici), c’est le Front Républicain qui a gagné les dernières élections législatives, c’est-à-dire la coalition représentant à la fois le NFP, le centre et les LR. C’est cette coalition que j’espère à Matignon et aucune autre.
Pour le Président de la République, il présente l’avantage de ne pas être d’une famille politique qui le soutient, marquant ainsi le changement de politique voulu par les électeurs. Ayant fait tout son parcours politique au Parti Socialiste, il l’a quitté en 2022, en refusant le rapprochement avec la NUPES et, plus précisément, en refusant toute alliance avec l’extrême-gauche et sa représentation politique qu’est LFI. Il fait partie des rares, trop rares, femmes et hommes capables de ne pas être censurés immédiatement par l’Assemblée nationale dont nous avons hérité.
Et puis, il y a l’expérience… De 2012 à 2017, Bernard Cazeneuve a occupé des fonctions ministérielles variées : Affaires européennes, Budget, Intérieur et enfin, Premier ministre. Bref, il a l’expérience, rarissime, de ce poste, si dur, si spécial, de Premier ministre. De tout ce que m’a appris mon modeste parcours politique, je crois que la politique est à la fois une science et un art, et qu’elle est une discipline où l’expérience est décisive. Et c’est parce que c’est ma conviction profonde que j’ai trouvé ubuesque l’idée de proposer Lucie Castets qui, nonobstant les qualités réelles liées à son parcours et à sa personnalité, n’avait strictement aucune expérience politique et électorale.
Pour ne prendre qu’un exemple, Bernard Cazeneuve a été ministre de l’Intérieur pendant l’année terrible des attentats islamiques de 2015. Il a fait face. Pas lui tout seul bien sûr, mais en première ligne, clairement… avec courage, avec lucidité et avec dignité. En serviteur de la République…
Eh bien, oui, je suis rassuré et preneur de la densité humaine qu’apporte l’expérience de telles situations tragiques.
Enfin, je le connais (un peu). Nous avons été ensemble sur les bancs de l’Assemblée nationale de 2007 à 2012, et nos appartenances politiques (et le hasard) nous ont fait voisins de travée dans cette Assemblée où nous passions le clair de nos journées et, bien souvent, de nos nuits… En 2008, nous avions été élus en même temps maire, lui de Cherbourg et moi d’Agen, et, en même temps, nous avions été élus présidents de nos communautés d’agglomération et nous partagions la même ambition de réveiller nos petites patries successives…
De ces rencontres de travail, de ce partage de situation, était né un respect mutuel.
Celui-ci a bien servi Agen lorsque, venant nous visiter comme Ministre de l’Intérieur pour le congrès des pompiers en 2015, je lui avais fait part du préjudice énorme que nous créait l’occupation de la toute jeune Technopole d’Agen Garonne par des zadistes. J’entends encore ses paroles prononcées dans les locaux de la gendarmerie d’Agen : « Jean, tu n’aimes pas les punks à chien, moi non plus et puis, tu sais, je suis avant tout un serviteur de l’État. L’État doit se faire respecter. Nous allons dégager la technopole. » Et il a tenu parole… avec la préfète de l’époque et la procureure de la République, la technopole a été dégagée. Eh bien, oui, j’ai la mémoire de ses actes et je lui en suis reconnaissant.
Si le Président de la République devait le choisir, je crois qu’il sera un bon capitaine de l’équipe gouvernementale et qu’il saura construire avec les femmes et hommes politiques responsables des familles constitutives du Front Républicain. Et je pense bien sûr à François Bayrou en ce qui concerne le MoDem.
Encore un petit effort, Monsieur le Président… Vous y êtes presque. Et s’il vous fallait un avis de plus au milieu des milliers d’avis venant des milieux autorisés, comme se moquait Coluche, voici le mien, tout droit d’Agen même : « Cazeneuve ? ça peut le faire. »
@+
Jean Dionis, Maire d’Agen