La municipalité agenaise ne badine pas avec son programme municipal. Elue sur la base d’une centaine d’engagements complétés par une dizaine d’autres pris à la lumière du tremblement de terre que fut le COVID, celle-ci met toute son énergie à leur réalisation en toute transparence démocratique. Chaque année, vers le mois de juin, elle distribue à chaque famille agenaise, l’état d’avancement de la réalisation de chacun de ses engagements.
Parmi tous ces engagements, l’engagement n°7 (écrit en 2020) affirme : « Dans le même esprit que ce qui est organisé dans plusieurs villes de France (Bordeaux ….) depuis de nombreuses années, nous installerons le Conseil de la laïcité citoyenne d’Agen pour favoriser l’échange, la connaissance mutuelle et dialogue entre les élus et les représentants des différents cultes et courants philosophiques présents à Agen ».
Le lundi 27 novembre, la municipalité agenaise tiendra parole en ce qui concerne son engagement n° 7. Elle soumettra au conseil municipal de la Ville d’Agen une délibération installant ainsi ce Conseil de la laïcité citoyenne. Celui-ci sera présidé par le Maire d’Agen et sera composé paritairement entre des élus du conseil Municipal d’Agen et les responsables des grands courants religieux et philosophiques (chrétien, musulman, juif, mais aussi libre-pensée, franc-maçonnerie) de notre ville.
La Municipalité propose à son conseil municipal de mettre en avant trois objectifs assignés à ce Conseil de la laïcité citoyenne :
- Faire une instruction commune pour tous les sujets qui sont à l’interface entre les compétences municipales (gestion du domaine public, gestion des cimetières, gestion des cantines des écoles…) et l’exercice cultuel des quatre grandes religions présentes à Agen (chrétienne, musulmane, juive et protestant).
- Organiser des débats sur les grands problèmes sociétaux d’aujourd’hui (montée de la solitude, fin de vie, etc…).
- Et enfin, suggérer au maire et à la municipalité toutes les actions préventives et curatives par rapport à d’éventuelles importations de tensions et de violences ayant leur origine dans des conflits étrangers et bien sûr, en écrivant ces lignes, je pense au conflit entre Israéliens et Palestiniens.
Si l’objectif n° 1, la gestion des interfaces municipales avec l’exercice cultuel des trois grandes religieux est un exercice bien repéré et, on peut le dire, assez bien géré, plus neufs et plus difficiles à gérer sont la participation aux grands débats nationaux et surtout la prévention de l’importation des grands conflits internationaux ….
Et pourtant, le conflit israélo-palestinien avec ses répercussions pour la France (40 morts, 8 ou 9 otages), avec la présence, en France, de 6 millions de français musulmans, de 600 000 français juifs, avec la montée simultanée des actes antisémites et de l’islamophobie sur notre territoire, crée une situation dangereuse qui réclame notre plus grande vigilance.
Cette vigilance doit d’abord consister à faire respecter nos lois et en premier lieu, celles qui concernent la laïcité, à savoir la neutralité de l’Etat et la liberté de culte pour chaque citoyen, mais aussi celles concernant la lutte contre le racisme et l’antisémitisme et celles concernant le port de signes distinctifs religieux.
Mais, en même temps, nous pensons qu’il est indispensable de faire ces travaux pratiques de la laïcité à la Française avec les communautés qui sont les premières concernées.
Bien sûr, à Agen, nous pouvons prendre ce chemin et ce risque parce que nous avons la chance d’avoir des communautés religieuses et philosophiques profondément démocrates et républicaines et cela se juge d’abord au comportement quotidien de leurs responsables.
Ensemble, décider d’abord de respecter les lois de notre pays, toutes les lois.
Ensemble, décider de faire cité en osant se parler des questions existentielles (quelle morale pour discerner le Bien et le Mal ? quelle place donner à nos anciens, à nos morts ? etc….) et pour cela croire que le débat humble, bienveillant et contradictoire entre les communautés religieuses et philosophiques, qui sont autant de sources de sens, peut nous aider dans nos chemins de vie personnels comme dans nos politiques publiques municipales ( nous l’avons bien vu en ce qui concerne la lutte contre la solitude…), voilà le pari de notre conseil de la laïcité citoyenne d’Agen.
Vaste programme, me direz-vous avec une pointe de scepticisme ! ....
Peut-être, mais il vaut mieux, beaucoup mieux en tout cas que « le chacun pour soi et chacun chez soi et les vaches seront bien gardées…. » qui domine dans trop de têtes et de cœurs dans la France d’aujourd’hui .
Au contraire, parlons-nous, connaissons-nous, respectons-nous.
Tiens, il me vient une idée… celle de vous inviter au débat qu’organise notre conseil de la laïcité sur : « Fin de vie : Faut-il changer la loi ? si oui, Comment ? »
C’est à Agen, au Théâtre Ducourneau, le vendredi 24 novembre à 18 h 30 avec un groupe de personnalités remarquables et diverses. (lire https://www.agen.fr/en-ce-moment/actualites/actualite/regards-croises-fin-de-vie-faut-il-faire-evoluer-la-loi-comment).
Vous êtes nos invités.
Venez… et vous comprendrez bien mieux la laïcité Agenaise qu’en lisant la chronique blog du Maire !
A vendredi,
Jean Dionis,
Maire d’Agen