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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Chronique Coopération décentralisée : faire sa part

Publication : 19/07/2023  |  10:08  |  Auteur : Webmaster

 

Une fois n’est pas coutume, je vous propose de débattre de ce que je considère être une bonne pratique de la ville d’Agen.

Il s’agit de l’accord de coopération décentralisée que la Ville d’Agen met en œuvre avec sa ville partenaire de Côté d’Ivoire, la Ville de Djebonoua.

Cet accord a une histoire, une belle histoire qui part du terreau que sont les relations Franco-ivoiriennes.

Un Lot-et-Garonnais illustre,  Jacques Raphaël- Leygues , fut ambassadeur de France en Côte d’Ivoire de 1963 à 1979. Maire de Villeneuve-sur-Lot, il jumelle sa ville avec la grande ville du Centre de la Côte d’Ivoire, Bouaké.

Dans cet élan, les diocèses d’Agen et de Lot-et-Garonne passent eux aussi un accord de partenariat qui prévoit notamment des échanges de prêtres.

C’est un de ces prêtres, le  père Constant Brou , en formation en France, basé à Agen qui, le premier, nous met sur la piste de Djebonoua, sa ville natale, forte de ses 40 000 habitants, au centre de la Côte d’Ivoire…

Et bien sûr, cette piste me parle alors que j’entame mon deuxième mandat de Maire car j’ai un (petit) passé Ivoirien. J’y ai été coopérant dans le cadre de mon service national de 1979 à 1981, j’y suis revenu en suite…

 

Ainsi germe dans nos têtes et dans nos cœurs l’idée que nous pourrions « donner un coup de main » à nos amis Ivoiriens.

Fort bien, mais quoi faire ? à quel rythme ? à quelle hauteur ? Ces questions nombreuses, légitimes menaçaient de nous submerger sans oublier la fameuse question du sens de cette aide, déjà raillée par tous les cyniques et les sceptiques qui nous faisaient remarquer, d’ailleurs fort justement, que notre aide n’allait pas changer la face du monde.

L’État nous aida à ne pas nous décourager en nous proposant un cadre, celui de la coopération décentralisée. Celui-ci permet de conserver les objectifs, les lignes-force de la coopération étatique, mais dans le cadre d’un accord entre les collectivités locales concernées.

 

Encore fallait-il y mettre un contenu. Avec nos amis Africains, nous avons partagé dès le début un certain nombre de convictions fondatrices.

Notre coopération, nous la voulions vraie et sérieuse donc, forcément modeste. Après tout, nous ne sommes que deux villes moyennes, avec des moyens forcément limités.

Nous la voulions utile pour la vie quotidienne à Agen et à Djebonoua. Après des heures de discussion avec nos amis ivoiriens, ensemble, nous avons retenu comme priorité, celle de l’accès à l’eau potable pour les 40 000 habitants de Djebonoua, répartis sur un territoire de plus de 40 villages. Et c’est effectivement un enjeu majeur, la plupart des villages n’étant pas connectés au réseau d’eau potable et fonctionnant avec une seule pompe villageoise, quand il y en a une et quand elle fonctionne. Sinon, ce sont les femmes qui font cette corvée épuisante, en parcourant les kilomètres séparant leur village du premier point d’eau accessible.

Finalement, à côté de l’eau, nous avons tenu à compléter notre contrat de coopération :

  • d’un volet d’échange entre jeunes adultes, tout simplement habitants de nos deux villes,
  • d’un partenariat entre associations loi  1901 à but caritatif.

 

Et, cinq ans après, je suis moi-même étonné de la fécondité de cette coopération.

Deux associations sont nées à Agen et à Djebonoua. Toutes les deux ont tenu à s’appeler  le « Petit Colibri » , comme pour se fonder sur les valeurs de notre élan initial : sérieux, humble, vrai. Nous avions - et avons gardé dans le cœur la très belle parabole, racontée par un écologiste historique,  Pierre Rahbi  (Lire Pierre Rahbi racontant la légende du Petit Colibri : https://vimeo.com/32564879) . Elle n’a pas arrêté de nous inspirer.

Je suis moi-même sidéré du travail fait par nos deux associations : échange de matériel médical, scolaire et même d’un tracteur agricole !

Devant une telle fécondité de notre impulsion de départ, nos deux conseils municipaux n’ont pas hésité à renouveler notre partenariat pour trois ans de plus lors d’un Conseil municipal extraordinaire le 26 juin dernier.

 

Bien sûr, notre initiative n’est qu’une goutte d’eau, goutte d’eau au regard de l’incendie qu’est le déséquilibre des richesses entre pays du Nord et pays du Sud. Bien sûr, notre initiative est fragile, dépendante des femmes et des hommes qui l’animent. Et alors ?

C’est, en tous cas, une goutte d’eau qui fait du bien à nos deux villes, Agen et Djebonoua, et j’ai la faiblesse de penser qu’elle peut être contagieuse.

 Pourquoi fait-elle du bien à nos deux villes ? 

La réponse va bien au-delà du coup de main financier et matériel que nous apportons à nos amis Africains. Cette coopération nous a apporté des amis, de vrais amis. Il faut le dire, avec force, il y a de la joie, du rire et beaucoup d’émotion dans nos échanges.

Bref, ce partenariat nous vaccine complètement de l’air mauvais de notre époque, celui de la peur de l’autre, de l’étranger, celui de la xénophobie qui prospère sur l’ignorance crasse de l’autre et de sa vie quotidienne.

Voilà pourquoi j’en appelle à tous les maires et élus locaux que je connais pour vous dire :

« Allez-y ! Lancez-vous dans la coopération décentralisée »

Vous ferez votre (petite) part,

Vous recevrez au centuple…

@+ ,

 

  Jean Dionis  

Maire d'Agen

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