Surpris.
Surpris et honoré de recevoir au début de la semaine dernière une invitation à échanger avec la Première Ministre. Je sais depuis longtemps que mon mandat de Maire d’Agen me fait une obligation de ne pas manquer les occasions, lorsqu’elles se présentent à vous, de faire entendre la voix d’Agen, de son Agglomération, de sa ville centre, de ses citoyens.
J’accepte donc prestement l’invitation d’Elisabeth Borne. Je monte dans le premier TGV disponible après la venue réussie de notre Ministre de la Transition Numérique et des télécommunications, Jean-Noël Barrot. Et me voilà, donc jeudi soir dernier à Matignon avec dix de mes collègues, présidents de Conseils départementaux (la Somme, l’Aveyron, …) ou Maires-Présidents d’Agglomérations (Fort-de-France, Vincennes, Saint-Ouen, Alès, Briançon, Forcalquier, Bourg-en-Bresse, Grigny, …).
Bref, une sélection diverse, politiquement et géographiquement ; diversité qui rendait d’ailleurs la soirée intéressante et pertinente.
J’ai trouvé notre hôte en forme, d’une intelligence vive, sympathique et à l’écoute, ce qui franchement n’allait pas de soi, compte-tenu de la difficulté des évènements à affronter, tout simplement de sa charge et de l’extrême hétérogénéité de nos témoignages et de nos suggestions.
J’étais, pour ma part, beaucoup moins en forme qu’elle, souffrant d’une quasi-extinction de voix, véritable supplice pour un élu pour qui la voix est l’outil de travail quotidien.
Mais, même quasi aphone, j’ai tenu à lui faire part de deux remarques qui ne font que prolonger mes deux dernières chroniques de ce blog.
Première de ces remarques : Il est grand temps que le gouvernement reprenne une activité normale et notamment que ses ministres retrouvent le chemin des citoyens et des territoires, après la période de crise que nous venons de traverser où le débat sur les retraites a écrasé l’ensemble des autres projets gouvernementaux. La visite, réussie, de Jean-Noël Barrot, à Agen mercredi et jeudi dernier a été révélatrice des freins à la reprise de l’activité normale du gouvernement. Nous avons eu droit à la fois à la (trop ?) grande prudence des services de sécurité et aux casseroles et autres coupures de courant des opposants à la réforme des retraites… Mais nos ministres ne sont pas en sucre ! Ce sont des militantes et des militants politiques, pour la plupart convaincus et aguerris. Il est grand temps qu’ils reprennent leur part de dialogue avec les concitoyens, en ne laissant pas la colère de nos opposants se concentrer uniquement sur le sommet de l’exécutif, Président et Première Ministre.
Deuxième de ces remarques : il est urgent de mettre en œuvre les engagements de l’élection présidentielle et notamment de son second tour, concernant la planification écologique et une nouvelle gouvernance démocratique dans le cadre du Conseil National de la refondation.
La colère exprimée, à l’occasion de la réforme des retraites est, bien entendu, multifactorielle. Mais un de ses moteurs le plus puissants est le rejet d’une gouvernance trop verticale, trop « Jupitérienne ». Emmanuel Macron avait saisi, entre les deux tours de l’élection présidentielle, l’attente citoyenne d’une refondation démocratique pour faire émerger une nouvelle gouvernance plus collective, plus proche des personnes concernées. Il avait baptisé cette ambition du beau nom de Conseil National de la Refondation au sigle évocateur de CNR et de la force de changement portée en sortie de la Seconde Guerre mondiale.
Depuis, sous la présidence du Président de la République et avec pour secrétaire général François Bayrou, la démarche s’est mise en route autour de CNR thématiques : santé, bien vieillir, numérique, … des réunions ont eu lieu au niveau départemental ou régional. Des constats de dysfonctionnements ont été faits et, plus précieux encore, des propositions d’expériences, de modifications réglementaires et législatives ont été évoquées, notamment par les élus locaux. Et maintenant ? Que va-t-il se passer ?
J’ai dit à Mme la Première Ministre que la nouvelle gouvernance promise par le Président de la République était déjà à la croisée des chemins. Soit elle se réduira à un simple artifice de communication électorale, soit elle doit faire lever dès maintenant un vent puissant de transformation dans notre pays.
Et pour cela, il est décisif de mettre en œuvre dès maintenant, sous l’autorité de notre Première ministre, l’ensemble des innovations proposées par toutes les parties prenantes dans le cadre des différents des CNR thématiques.
A titre d’exemple, l’Agglomération d’Agen placée devant la perspective d’une désertification médicale qui va durer encore plusieurs décennies, a proposé une réponse innovante et pragmatique par la création de postes d’infirmiers spécialisés dans notre Centre hospitalier.
Eh bien, lançons-nous ! Expérimentons, maintenant ! Et c’est la mise en œuvre de ces centaines d’innovations, pour la plupart territoriale, proposée dans le cadre du CNR, qui mettront en mouvement la démarche de nouvelle gouvernance annoncée par le Président de la République lors du deuxième tour de l’élection. Non seulement la mise en œuvre de ces expériences créera la dynamique nécessaire mais elle permettra d’identifier les modifications réglementaires et législatives qu’il y aura lieu de faire, de pérenniser, d’enraciner et de diffuser les bonnes pratiques sur l’ensemble du territoire.
A chacun de faire sa part, à Mme la Première ministre le plus dur : celui de vaincre la résistance au changement dans le vieux pays jacobin qu’est la France. A nous les élus locaux d’être les tauliers de ces expériences et d’y consacrer l’énergie nécessaire.
Bon courage Mme la Première ministre, je fais le rêve que vous veniez prochainement, dans notre Ville d’Agen, être la marraine des expériences CNR que nous allons lancer sous votre autorité… Rendez-vous l’an prochain à Agen ? Chiche !
@+
Jean Dionis
Maire d’Agen
Bien d'accord avec tout cela, merci pour le partage !
PARLER de BIEN-ETRE c'est bien, mais COMMENT ? C'EST MIEUX :
Pour cela il faut absolument augmenter nos productions de biens et de services donc, mettre TOUT le PAYS au TRAVAIL ! Conquérir des marchés, encourager les initiatives, les innovations, les investissements, la production etc. En un mot être un pays animé par des visionnaires capables de réveiller les motivations créatrices d'activités compétitives nécessaires au bien- être et à la sécurité de tous. Les pays qui réussissent l'ont compris depuis longtemps, il n'y a pas d'autres alternatives, qu'on se le dise, merci.
Michel SANTIN retraité - cadre technique - 22 ans d'international.