Le Président de la République en a décidé.
Le Gouvernement présentera la réforme des retraites aux partenaires sociaux et au Conseil d’Etat le 15 décembre et la Première Ministre en a présenté les axes principaux dans un entretien donné au « Parisien » le mardi 30 novembre :
1) L’âge légal du départ à la retraite serait repoussé à 65 ans ;
2) Les carrières longues (pour les personnes ayant commencé à travailler très jeunes) seraient prises en compte leur permettant de partir suivant les parcours personnels 2 ans ou 4 ans avant l’âge légal de la retraite ;
3) L’application de cette réforme sera progressive et sa montée en charge est prévue sur 9 ans entre l’été 2023 et la fin 2031. Les personnes nées au deuxième semestre 1961 seraient les premières concernées et travailleraient quelques mois de plus alors qu’en l’état actuel, leur départ était prévu fin 2023 ;
4) Les règles d’indemnisation seraient les mêmes pour les secteurs publics et privés ;
5) Les régimes seraient mis en extinction par la cause dite « du grand-père ». Le personnel embauché avant l’adoption de la loi continuera à bénéficier de ces régimes. Seuls les nouveaux embauchés après l’adoption de la loi seront concernés par les nouvelles règles d’indemnisation ;
6) Pension minimale fixée à 85% du SMIC, soit à l’été 2023, pour une personne ayant tous ses trimestres, un montant de 1200 € mensuels.
La première Ministre a donc donné des contours précis à son projet de loi. Mais elle a bien insisté pour dire que le temps de la négociation avec les syndicats et avec le Parlement ne faisait que commencer.
Nous le savons tous. Ce débat et ses résultats seront décisifs pour l’évolution du modèle social français. Déjà l’opposition politique et l’ensemble des forces syndicales se mobilisent contre ce projet de loi. Normal … Tout le monde pour le moment est dans son rôle.
Mais nous le savons aussi. Lorsque chacune des parties (gouvernement, syndicats, parlement) aura abattu ses cartes et son argumentaire de manière prévisible, le sort de ce projet de loi majeur se jouera dans l’opinion publique et c’est très bien comme cela.
A nous donc de ne pas nous contenter d’un rôle de spectateur, mais d’y jouer résolument notre rôle de citoyen actif, de réfléchir aux objectifs de cette réforme et aux choix proposés pour la mettre en œuvre et en final de prendre position.
Je propose donc à mes fidèles et méritants lecteurs de ce blog de participer (modestement, mais sérieusement) à ce travail d’animation citoyenne.
Par souci d’honnêteté intellectuelle, je veux d’abord me situer dans ce débat politique.
Quelques données personnelles d’abord : J’ai 66 ans. Je ne serai donc pas concerné par l’application de cette réforme (mes 5 enfants le seront tous). Je suis retraité (en ce qui concerne ma carrière professionnelle). Mes revenus sont complétés par mes indemnités d’élu jusqu’à la fin de mes mandats (3 ans jusqu’à 2026). Politiquement, je suis Maire d’Agen, Président de son intercommunalité et j’ai soutenu activement Emmanuel Macron dans sa campagne présidentielle pour sa réélection en 2022, pour qu’il mette en œuvre le programme sur lequel il a fait publiquement campagne, sur lequel il a été élu et pour lequel il a donc toute légitimité à prendre l’initiative d’un projet de loi structurant. Je suis donc à priori favorable à l’adoption de cette réforme.
Fin du positionnement préalable, début de l’écoute du débat contradictoire à charge et à décharge :
Du côté de la majorité présidentielle, j’entends surtout deux arguments :
1) Cette réforme est la bonne si l’on veut sauver le régime des retraites par répartition, sans baisse des pensions de retraite (et donc du pouvoir d’achat des retraités) et sans hausse de cotisations qui augmenterait le coût du travail et donc dégraderait la compétitivité de l’économie Française. Et c’est vrai que le déficit du régime des retraites est passé de 11, 7 % du PIB en 2005 à 14,7% en 2022 soit une augmentation de quelques 90 Milliards. J’entends aussi l’argument des opposants disant que ce n’est qu’une mauvaise période à traverser et qu’à l’horizon de 2070, si l’on en croit le rapport du comité d’orientation des retraites, ce déficit se stabiliserait entre 12,1% et 14,7%
2) Les retraites pèsent lourd, très lourd au sein de nos dépenses publiques françaises. Prenez le temps de regarder ce tableau comparatif avec l’Allemagne et l’Union Européenne.
La protection sociale française en % du PIB en 2020 (Source : Eurostat ; FIPECO).
France | Allemagne | UE | Zone Euro | |
---|---|---|---|---|
Protection Sociale |
36.3 | 30.3 | 30.0 | 30.9 |
Dont : Retraites | 15.7 | 12.3 | 12.9 | 13.4 |
Santé et Maternité | 12.3 | 11.9 | 11.0 | 11.3 |
Famille | 2.4 | 2.2 | 2.0 | 1.9 |
Chômage | 3.3 | 2.2 | 2.2 | 2.5 |
Exclusion Sociale | 1.5 | 0.7 | 1.1 | 1.1 |
Aides personnelles au logement | 0.9 | 0.3 | 0.3 | 0.4 |
Il montre que le poids des retraites en France pèse 3,4 points de PIB de plus qu’en Allemagne (soit presque 100 milliards !). En clair, pas de financement public fort de nouvelles politiques publiques en France sans une nouvelle répartition de la dépense publique. Et donc seule une baisse de la dépense publique pour les retraites permettra de financer d’autres priorités nationales (environnement, autonomie et fin de vie, etc.). Je le dis clairement. Je suis sensible à cet argument-là et je trouve l’argumentaire de l’opposition – « Il y a de l’argent ailleurs », « commencez à faire payer les riches » – digne d’intérêt, mais limité.
Voilà, le débat est lancé. Nous y reviendrons. Y compris dans les angles morts de cette réforme, comme le taux d’activité faible des seniors en France (35% seulement des 60-64 ans travaillent en France !).
Je suis intéressé au plus haut point par vos analyses, vos critiques et vos prises de position.
Une fois pour toutes, ce débat est (aussi) le nôtre.
A vous entendre, citoyens !
@+,
Jean DIONIS
Maire d’Agen
Je ne veux pas faire comme Dalida..."mourir sur scène", ou plutôt sur mon estrade... de professeur...
Retraites:
- revenir à la base : même taux de cotisation de base et complémentaire pour tous, ce qui favorisera des classes comme les agriculteurs et éliminera les régimes spéciaux élus compris
- que les points générés par ces cotisations soient valorisés chaque année par les organismes patronaux et salariés, par l'état et la Cour des Comptes
- que les fonds soient à nouveau gérés par l'Etat et non confiés aux fonds de pension privés (100% depuis Hollande)
- métiers pénibles et autres exceptions de santé à considérer.
A votre disposition
michel lafargue
michel.lafargue@yahoo.fr