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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Tous écologistes ? Cela se débat à Agen !

Publication : 07/11/2022  |  11:09  |  Auteur : Webmaster

Cette semaine, du jeudi 10 novembre au dimanche 13 novembre, se tiendront à Agen les deuxièmes Rencontres Philosophiques Michel Serres. Le thème retenu cette année est celui de l’écologie, autour de la phrase-étendard « Demain, notre Terre ». Thème central, thème crucial tel que nous le rappelait brutalement cet été hors normes. Vous êtes tous, bien sûr, attendus et espérés autour d’un programme passionnant où chacun doit pouvoir retrouver la dimension, l’angle de vue qui le passionne en priorité. (Programme ici) 

Ces rencontres ont été pour moi l’opportunité de faire le point sur mes convictions profondes en matière d’écologie et de prendre conscience de mes convergences et de mes divergences avec ce qu’il est convenu d’appeler l’écologie politique. Et je précise d’entrée que mon point de repère en la matière sera Europe Ecologie les Verts (EELV). Car je leur reconnais d’être la famille politique française qui porte, avec le plus de force et de cohérence, les enjeux écologiques et cela depuis maintenant pratiquement 50 ans.

J’ai toujours reconnu à ce courant d’idées et à sa famille française, le mérite d’avoir été prophétique en la matière. Oui, il fallait du courage, au milieu des railleries et des quolibets, bêtes et méchants, à René DUMONT pendant la campagne présidentielle de 1974 pour boire en direct son fameux verre d’eau et pour nous alerter sur l’urgence et sur les enjeux de la répartition de l’eau au niveau planétaire. Et pourtant … il avait raison. 

Je suis donc profondément reconnaissant à cette famille de pensée pour avoir assumer dans la difficulté cette fonction prophétique sur les enjeux environnementaux.

 

 En ce qui concerne les convergences  entre mes convictions profondes et ce courant philosophique, cette famille politique, je n’hésite pas à dire qu’elles sont nombreuses et profondes.

Disciple de Michel SERRES, je partage avec les écologistes la conviction que notre relation avec la Terre ne peut pas être celle de parasites qui épuisent leur Terre-hôte. C’est tout l’enjeu de son Contrat Naturel : oui, je reconnais qu’il y a urgence à passer d’un certain parasitisme à une relation symbiotique où nous rendrons à la terre autant que nous lui prenons. 

Je partage aussi avec la conviction que  la mère des batailles est celle du réchauffement climatique  et qu’il y a donc urgence à diminuer les émissions de gaz à effets de serre. À partir de ce constat simple, tout s’ordonne. La priorité politique doit effectivement être la sortie des énergies fossiles, la décarbonation de notre vie économique et sociale, à la fois par l’abandon des énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon mais aussi par la diminution de nos consommations énergétiques (isolation, régulation, etc). 

Je partage enfin avec les écologistes une attirance profonde pour le contexte, le concept de sobriété heureuse.

Oui, le slogan « moins de biens, plus de liens » me parle ainsi que toutes ses déclinaisons pratiques comme l’économie circulaire, nos politiques publiques de réductions des déchets et de tri, etc.

Voilà pour les convergences et je fais le constat que, comme de très nombreux Français, j’ai évolué dans ce domaine notamment à cause de l’accumulation de résultats d’études scientifiques donnant raison à un certain nombre d’intuitions initiales et fondamentales du mouvement écologiste.

 

 Et les divergences, me direz-vous ? 

Là, c’est spontanément mon vécu d’élu local qui parle et trois débats me viennent immédiatement à l’esprit : celui du nucléaire, celui du train à grande vitesse (TGV et GPSO) et celui du stockage des pluies hivernales (Caussade, les bassines). Sur chacun de ces dossiers, j’ai passé beaucoup de temps à écouter les arguments écologistes. Je vous propose de les reprendre rapidement et de vous dire pourquoi ils ne m’ont pas convaincu.

Sur le nucléaire, l’argumentaire écologiste est structuré autour du caractère centralisé du système énergétique induit par cette technologie, sa dangerosité et sur l’absence de traitement efficace des déchets nucléaires. Tout cela se discute bien sûr, mais la position écologiste fait l’impasse sur le fait que le nucléaire est une énergie à la fois décarbonnée et permanente, donc pilotable. Sur ce sujet, en refusant de hiérarchiser leurs combats et de mettre au sommet de cette hiérarchie, la lutte contre le réchauffement climatique, la position des écologistes est à la fois inaudible et irresponsable et d’ailleurs les français ne s’y trompent pas eux qui plébiscitent à la fois plus de nucléaire et plus de renouvelables.

Sur la ligne à grande vitesse, on retrouve la même position idéologique. Les écologistes sont contre parce qu’ils estiment les gains de vitesse espérés inutiles, les dommages faits aux paysages, aux territoires insupportables et qu’ils plaident pour le train du quotidien plutôt que sur celui de la grande vitesse. Encore une fois, chacun de ces arguments se débat. Mais c’est toujours la même impasse sur le fait que le train est décarboné contrairement à la voiture et à l’avion, le refus d’ordonner son action publique autour d’une priorité centrale, celle de la lutte contre le réchauffement climatique. Et encore une fois, ce déni et cette impasse disqualifient pour moi l’argumentaire écologiste.

Et enfin, l’eau, le lac de Caussade et les bassines. Là, le débat change de nature et se fait plus fondamental et plus philosophique. Les arguments écologistes mettent en avant le refus de perturber le cycle naturel de l’eau, l’appropriation du bien commun qu’est l’eau par des intérêts privés et l’évaporation constatée en été sur ces réserves d’eau Passons vite sur l’évaporation qui est une réalité, mais qui nourrit directement le cycle court de l’eau et la pluie. Reconnaissons avec les écologistes que l’eau doit être considérée comme un bien commun et qu’elle appelle donc une gouvernance de bien commun, gouvernance qui existe déjà, mais qui doit être améliorée et allons au débat central, celui de ne pas perturber le cycle naturel de l’eau. J’affirme que cette position est philosophiquement celle d’un rousseauisme exacerbé, celui du paradis terrestre perdu et de l’harmonie initiale … qui conduit à de très graves erreurs. Bref, je ne crois pas à ce voyage retour, j’ose affirmer ma foi au progrès et je m’honore de me classer parmi les rangs des progressistes. A Caussade, nos agriculteurs ont fondamentalement raison et je suis fier de les soutenir.

Mais, ce ne sont que mes convictions personnelles. Mais tout cela se débat. De manière contradictoire, raisonnablement et avec bienveillance. Et justement, cela aussi va se débattre lors des 2ème  Rencontres Philosophiques Michel Serres  (prenez vos billets ici).

Je vous l’avais bien dit. Vous ne pouvez pas manquer cet événement. Vous devez en être … c’est plus qu’une invitation, c’est presqu’un ordre !

@+, 

  Jean Dionis  

Maire d’Agen

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