Depuis 2009, je suis abonné et relativement assidu sur le réseau Twitter (où j’ai publié au 28/10 14390 tweets, soit une moyenne de 3 tweets par jour), où je suis 386 personnes et suis suivi par 6586. Bref, Twitter fait partie, pour le meilleur et pour le pire, de mon quotidien. Je partage d’ailleurs cette expérience avec 217 millions d’utilisateurs quotidiens de Twitter dans le monde dont environ 8 millions de Français.
Et donc, lorsque j’entends le Jeudi 27 Octobre, que Twitter est désormais officiellement entre les mains d’Elon Musk, le patron de Tesla et de SpaceX, après avoir conclu, le même jour, l’acquisition du réseau social pour 44 milliards d’euros, je tends l’oreille et je me demande immédiatement ce que pourrait en faire Elon Musk.
Edwy Plenel, président de Médiapart, dans un tweet du 28/10, déclare : « A peine arrivé, il imprime déjà sa marque (note perso : l’homme le plus riche du monde aurait immédiatement licencié le patron de Twitter, Parag Agrawal, ainsi que trois autres dirigeants de l’entreprise – le directeur financier, Ned Segal, la responsable des affaires juridiques, Vijaya Gadde, et le directeur juridique, Sean Edgett). Il a désormais un pouvoir exorbitant sur le débat public dans le monde occidental ». Lorsque je lis Edwy Plenel, pourtant pas vraiment « ma tasse de thé », je me dis à la fois qu’il n’est pas surprenant que quelqu’un qui a payé 44 Milliards d’euros pour l’acquisition de Twitter, veuille être patron chez lui, mais qu’Edwy Plenel a raison de nous alerter sur les dangers posés à nos démocraties par le pouvoir ainsi accumulé dans les mains d’Elon Musk.
Car la vraie question posée par cette acquisition s’énonce simplement : « Que diable, Elon Musk, va-t-il-faire dans cette galère ? Que va faire Elon Musk de Twitter ? »
Elon Musk a laissé quelques petits cailloux blancs pour éclairer son projet pour Twitter : « L’oiseau est libéré », a, en effet, tweeté le milliardaire pour officialiser l’opération, ouvrant un nouveau chapitre incertain pour la plate-forme au cœur de la vie politique et médiatique des Etats-Unis et de nombreux pays. Et il a enfoncé le clou en précisant dans un message spécifiquement adressé aux marques, principaux clients de Twitter : « Il est important pour l’avenir de la civilisation d’avoir une place publique en ligne où une grande variété d’opinions peuvent débattre de façon saine, sans recourir à la violence ».
Elon Musk se présente donc comme un ardent défenseur de la liberté d’expression et a déjà fait savoir qu’il entendait assouplir la modération des contenus, ravivant les inquiétudes sur un possible regain d’abus et de désinformation sur la plate-forme.
La liberté d’expression, grande gagnante de la nouvelle gestion de Twitter par Elon Musk ? En tant qu’utilisateur, le moins que l’on puisse dire, c’est que je ne la sentais pas vraiment menacée et la suspension de Donald Trump ne m’avait pas choqué tellement puisque l’ancien Président des Etats-Unis avait délibérément menti et appelé à la violence sur cette plate-forme.
A cette occasion, j’avais écrit une chronique sur la nécessité de l’exigence de vérité pour faire vivre notre contrat social. Je persiste et signe. (si vous avez 5 mn, relisez ma chronique en cliquant ici) .
En fait, l’acquisition de Twitter par Elon Musk pose deux problèmes très différents : celui des contenus criminels d’une part (appel à la haine, antisémitisme, pédophilie, etc) d’une part, et celui de la désinformation (des « fake news »).
Sur les contenus criminels, je serai vigilant, mais je ne suis pas trop inquiet. Elon Musk, tout Elon Musk qu’il est, devra respecter la loi. Comme je le rappelai dans la chronique citée ci-dessus, que faire ? Rappeler encore et toujours qu’Internet, ce n’est pas le Far-West ou le paradis sur terre, mais, c’est un espace où s’applique le droit et ses règles.
Et Thierry Breton, commissaire européen, a eu cent fois raison de tweeter : « En Europe, l’oiseau volera selon nos règles européennes ».
Le règlement sur les services numériques (DSA) a été publié jeudi au Journal officiel de l’UE, et s’appliquera à partir de début 2024. Il imposera le retrait rapide de tout contenu illicite (selon les lois nationales et européennes) dès qu’une plateforme en aura connaissance. Il contraindra les réseaux sociaux à suspendre les utilisateurs violant « fréquemment » la loi. Il impose aux « très grandes plateformes », celles comptant « plus de 45 millions d’utilisateurs actifs » dans l’UE, d’évaluer elles-mêmes les risques liés à l’utilisation de leurs services et de mettre en place les moyens appropriés pour retirer des contenus problématiques. Elles se verront imposer une transparence accrue sur leurs algorithmes et seront auditées une fois par an par des organismes indépendants. Dont acte.
Je suis beaucoup plus inquiet quant à un probable désengagement du Twitter d’Elon Musk dans la lutte contre la désinformation, les fameuses « fake news ». Libertarien assumé, Elon Musk est un partisan d’un Etat minimum, de la pleine jouissance de ses libertés individuelles et du respect de sa propriété. Croisé de la liberté d’expression, le respect de la vérité semble être le cadet de ses soucis et il pense que la meilleure régulation contre la désinformation est d’ouvrir le plus largement possible le débat public. C’est au mieux faire preuve d’une grande naïveté quand on sait la force de certains intérêts (Etats voyous, crime organisé, lobbies) impliqués dans ces « fake News ».
Or le débat central, extrêmement politique et sensible, est bien celui du mensonge et de la vérité. Aucune société ne peut se construire sans confiance réciproque entre ses différents membres et cela passe par des paroles de vérité. Le Nouveau Monde, la société virtuelle à venir, comme les autres, devront nécessairement « re-sacraliser la vérité ». Séparer ce qui relève du débat contradictoire d’opinions libres et respectables de ce qui est mensonge construit et intentionné. Bref, sur les réseaux sociaux comme ailleurs, nous devons retrouver le goût du vrai, sous peine de danger mortel.
Je sens Elon Musk bien loin de ce combat là. Je le vois bien reprendre la phrase terrible de Ponce-Pilate : « Qu’est ce que la vérité ? »
Donc, pour les Twittos de base que nous sommes, vigilance maximale sur ce que va devenir le Twitter d’Elon Musk. Et si nos craintes se révélaient justifiées, il serait alors temps de partir voir et débattre ailleurs… #Imawatcher #leavetwitter?
@+,
Jean Dionis
Maire d’Agen
Je partage pleinement votre inquiètude. Thierry Breton à bien fait de rappeler que l'Europe existe mais le problème c'est qu'un tweet de Trump ou d'un personnage de son accabit arrivera quand même par la presse et même chez ceux qui ne sont pas sur tweeter. Et c'est infiniment regrettable parce que sans les tweets de Trump la vie est plus belle
Merci, j'ai pris connaissance avec beaucoup d' attention de vos reflexions.
D'une facon générale je les trouve assez sages. Sur ce sujet comme sur d'autres.Merci.
Je n'ai jamais utilisé TWITTER peut être par paresse , certainement par manque de temps.
Conclusion: " Vous conseillez de se montrer vigilant et de se préparer à ne plus communiquer sur TWITTER" ?
C'est une question.
A part le thé au jasmin pour accompagner un repas chinois, je ne suis pas un amateur de thé.
En revanche, comme pour les votre, j'ai souvent apprécié les déclarations publiques de PLEWEL.
J'ai bien dit SOUVENT pas toujours.
Pouvez vous m'éclairer sur ce qu'il a pu publier qui ne vous convienne pas?
Pardon d'abuser de votre temps très précieux.
Un ancien de PALISSY.