Pour toute personne raisonnable – et j’essaye d’en être – le réchauffement climatique causé par l’activité humaine s’est imposé comme un fait indiscutable et comme un défi majeur lancé à l’humanité toute entière.
Depuis le début de cette année 2022, je m’efforce donc d’acquérir une culture générale citoyenne sur ce sujet difficile, mais capital. Et bien entendu, les chroniques hebdomadaires de mon blog y participent et c’est pour cela que j'ai écrit et pris position :
- Avec la note de lecture que j’ai faite sur « le monde sans fin » de Jancovici et Blain (cliquez ici pour la lire)
- Avec ma chronique du 10 Janvier (avant la guerre en Ukraine) identifiant l’énergie comme une priorité de notre élection présidentielle 2022 et prenant position pour le mix « nucléaire+ Energies nouvelles renouvelables) : cliquez ici pour lire la chronique
- Enfin, avec ma chronique relisant l’actualité des mégafeux de cet été dans le contexte climatique annoncé par les experts du GIEC (lire ma chronique en cliquant ici)
Je défends, bec et ongles, l’idée que le débat sur l’urgence climatique ne doit pas être un débat technocratique, mais qu’il est un débat politique essentiel. Ce débat doit être un débat citoyen, alimenté certes par les avancées de la science, mais où il est important de reconnaître que plusieurs chemins politiques sont possibles.
Et donc, ces choix de politique publique énergétique doivent être tranchés démocratiquement . Pour cette raison, acquérir une culture générale citoyenne sur les enjeux énergétiques et climatiques est absolument indispensable, pour chacun d’entre nous et pour ma part, je m’y efforce en consacrant à ce thème une bonne partie de mon temps de lecture.
Et dans ce but, je vous conseille la lecture du livre « dans l’urgence climatique, penser la transition énergétique » chez FOLLIOT. Ce livre m’a été donné par un des co-auteurs, Christian de Pertuis, lors d’une journée organisée par la Maison de l’Europe à Agen. Christian et moi-même nous sommes croisés souvent lors de mes années parlementaires (2002-2012) où je travaillais systématiquement sur tous les textes de loi ayant l’énergie pour thématique.
Le principe de ce livre est original. Il s’agit d’une édition d’articles tous produits par des duos d’experts du secteur énergétique, édition balayant toutes les principales dimensions du défi énergétique. Et finalement, je sors, de cette lecture, en ayant adopté certaines idées forces de ce livre, que j’ai plaisir à partager avec vous :
Idée-force n° 1 : adopter une stratégie ZEN, zéro émissions nettes de gaz à effet de serre.
Tous les acteurs, de l’Union Européenne à la famille DIONIS, doivent combiner leur propre stratégie ZEN : sortie du carbone (confirmation de l’ordonnance Jancovici : Sobriété + Nucléaire + énergies nouvelles renouvelables et développement des puits à carbone (arbres, biodiversité, etc.)
Et, en même temps, s’adapter à la hausse – inévitable à court terme- des températures (horaires aménagés, etc.).
Idée-force n° 2 : l’ Union Européenne est le niveau le plus pertinent pour impulser et coordonner une stratégie massive et rapide ZEN à la fois parce qu’elle maîtrise l’accès au plus grand marché du monde en valeur, celui des 450 millions d’Européens et qu’elle peut donner des impulsions décisives pour accélérer la décarbonation de notre société, telles que la décision prise par le Parlement Européen d’interdire la commercialisation de voitures à moteur thermique à partir de 2035.
Idée-force n° 3 : L’évolution comparative des coûts des différentes sources d’énergie apporte une bonne nouvelle : les pays en voie de développement peuvent continuer leur stratégie de développement en satisfaisant leurs besoins énergétiques à l’aide d’énergies décarbonées, (photovoltaïque, éolien, ….) désormais moins chères que les énergies fossiles.
Idée-force n° 4 : La transition énergétique vérifie le principe de KARL Popper : toute résolution de problèmes entraîne l’émergence de nouveaux problèmes.
La sortie d’un appareil productif à base d’énergie fossile par une électrification massive des approvisionnements en énergie entraînera des tensions équivalentes à celles que nous avons connues sur le pétrole ou sur les nouveaux métaux rares et précieux : lithium, cobalt, mercure etc.
Les pays actuellement producteurs de pétrole et de gaz verront diminuer rapidement leur rente « fossile » et seront en grande difficulté. Une nouvelle géographie de pays producteurs de métaux rares est en train d’émerger : Chine, USA, Australie, etc. Toute une nouvelle géopolitique de l’énergie va émerger.
Idée-force n° 5 : croissance/décroissance : un débat à dépasser. Les coauteurs nous recommandent d’être dans ce débat idéologique… Agnostiques et pragmatiques. D’un côté la croissance aura, pour moteur, l’investissement massif à faire dans l’électrification de l’appareil productif, de l’autre, le désinvestissement dans tous les secteurs à base d’énergie fossile induira de la décroissance. Personne ne peut dire sérieusement ce qu’il en résultera comme dynamique globale.
Idée-force n° 6 : Chacun doit et peut faire sa part – plus que jamais la parabole du Petit Colibri est d’actualité : la transition énergétique doit et peut concerner tous les acteurs de la société notamment avec l’arrivée de possibilité de production d’énergie très répartie et délocalisée (ENR), importance des « écogestes » de chaque citoyen, quantitativement et politiquement.
Idée-force n° 7 : Tirer les leçons de la révolte des « Gilets jaunes » : la transition énergétique exige la justice sociale et notamment une discrimination positive envers les familles aux revenus les plus modestes (dépendance plus forte vis-à-vis des énergies fossiles, part de l’énergie plus importante dans le budget familial, pas de marges de manœuvre financières pour investir dans les nouvelles mobilités : électricité, etc.).
Je mets ces sept idées-forces sur la table du débat citoyen. Pour ma part, je les ai faites miennes.
Mieux encore, si vous avez le temps, lisez ce petit livre. Il mérite votre investissement.
@+,
Jean Dionis
Maire d’Agen