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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

2ème mi-temps municipale (2023-2026) : Le temps des économies

Publication : 27/09/2022  |  15:15  |  Auteur : Webmaster

 

Pas un seul jour sans que les médias et les réseaux sociaux ne se fassent l’écho du concours Lépine de l’économie la plus exotique mise en œuvre par une municipalité : ici, on n’ouvre plus le musée que 4 jours sur cinq, là on baisse la température municipale de 2°C degrés, enfin moult municipalités augmentent le taux de leurs impôts municipaux, etc. Et les citoyens, à commencer par les citoyens Agenais, de se demander ce qui se passe et à quelle sauce ils vont être mangés. Essayons d’y voir clair et si possible de dire vers quoi la Ville d’Agen se dirige.

Oui, nous avons en 2022 changé d’époque et, en conséquence, nous avons changé d’époque budgétaire. La signature de la nouvelle époque se résume en deux mots :  inflation et énergie .

Inflation d’abord, nous étions habitués à une inflation autour de 1 %, nous voilà avec un taux d’inflation à 5,3% en 2022 et une prévision à 4,2% en 2023. Les causes de cette inflation sont connues. Ce fut d’abord la vigueur de la reprise mondiale en sortie de la pandémie du COVID, puis les diverses pénuries dues à la crise climatique et à la guerre en Ukraine qui déclenchèrent les violentes hausses et révisions de prix de ce premier semestre.

Hausse de l’énergie ensuite, avec la hausse très importante des prix de l’ensemble des énergies consommées dues aux pénuries et aux hausses de prix des pétroles et gaz russes, conséquences cette fois directes de la guerre en Ukraine. Ces hausses sur 2023 par rapport à 2022 seront souvent très importantes. A titre d’exemple, ce mois-ci en septembre 2022, Elisabeth Borne a annoncé une augmentation du tarif réglementé de l'électricité de 15% en février 2023, alors qu'elle n'était que de 4% en 2022. Les hausses auxquelles devront faire face les collectivités basées sur des tarifs de gros seront bien plus importantes.

Dans le monde économique, la réponse d’une entreprise à un contexte d’inflation élevée et de hausses subies sur ses charges est connue : elle consiste à répercuter, lorsque cela lui est possible, cette hausse de ses charges – et notamment, celle des salaires de ses employés, sur ses prix de vente de produits et services. C’est la  spirale prix-salaires  décrite par les économistes.

Les collectivités territoriales ont une structure de recettes radicalement différentes des entreprises. A titre d’exemple, en 2021, la Ville d’Agen a encaissé 47,8M€ de recettes dont 27,7M€ de recettes fiscales (58% du total), 13,4M€ de dotations d’Etat et subventions des différents partenaires (28%) et 3,8M€ de ventes de prestations et de produits (8%). Pas question ou marginalement de financer la hausse des charges sur les faibles recettes liées aux ventes de prestations municipales.

Soyons plus précis. Pour la Ville d’Agen, la hausse des charges prévisionnelles pour l’année 2023 va être au total d’environ de 2,3M € dont 800K€ dues à la hausse légitime de 3,5 % du point d’indice des salaires de la fonction publique au 1er juillet 2022 et 1,5M€ dues aux différentes hausses des coûts de l’énergie. En face, une prévision de recettes supplémentaires de 800K€ dues essentiellement à la révision probable des bases fiscales d’environ 3,5%.

La douloureuse équation budgétaire de la Ville d’Agen est simple :  comment financer ces 1,5M€, supplémentaires, soit un peu plus de 3 % de ses recettes ? 

La Ville d’Agen n’a rien d’exceptionnel. La grande majorité des villes sont dans des situations équivalentes, voire plus difficiles.

La réponse la plus facile – une hausse de 6 % des taux du foncier bâti ferait l’affaire – est d’augmenter les impôts. Beaucoup de villes céderont à cette solution de facilité.  La ville d’Agen ne le fera pas. Nous n’augmenterons pas les taux des impôts municipaux en 2023 d’abord pour respecter l’engagement n°1 de notre programme électoral des municipales 2020 , ensuite pour ne pas rajouter une charge importante (en moyenne 70€/an) aux 12 300 familles Agenaises propriétaires d’une habitation imposable à la taxe foncière qui font déjà face à des pertes significatives de pouvoir d’achat.

Nous n’attendons pas grand chose de l’évolution des dotations d’Etat. Celui-ci est pour l’essentiel mobilisé par ses priorités : salaires des enseignants, budget des ministères de l’intérieur et de la Justice……et doit digérer la très lourde facture de la période pandémique du « Quoiqu’il en coûte … ».

La hausse de nos tarifs municipaux ne doit pas être exclue. Mais nous avons vu qu’elle ne s’appliquera que sur une assiette réduite et en tout état de cause, nous ne l’appliquerons qu’avec un vrai discernement social. Pas question par exemple d’augmenter les tarifs des cantines scolaires. Chaque enfant agenais – et notamment ceux des familles aux ressources les plus modestes - doit pouvoir profiter d’un vrai déjeuner à un prix modique. 

L’essentiel de la solution de l’équation budgétaire choisie par la ville d’Agen est donc ailleurs :  Le temps des économies est venu

Lesquelles ? Me direz-vous avec une moue sceptique. Prioritairement, nous devons cibler les secteurs où nous avons des marges de manœuvre : les dépenses d’énergie, l’événementiel, la communication. Mais toutes les politiques publiques et tous les services – y compris les ressources humaines – devront participer à cet effort collectif.

Dans son tréfonds, cet effort - dont les motivations sont budgétaires - rejoint l’appel à la sobriété lancé par de très nombreuses autorités morales et politiques. Pour payer le « prix de la liberté » face à l’agression Russe en Ukraine. Pour s’engager durablement dans la transition climatique. 

Oui, nous avons changé d’époque. Oui, nous avons changé d’époque budgétaire.

Voici venu le temps des économies. Nous ne l’avons pas voulu. Mais il s’impose à nous, comme un défi.

Nous allons relever, ensemble, ce défi.

@+

  Jean Dionis  

Maire d’Agen

 

 

 

Les réactions

Cher Jean
Malgré les économies qui vont être nécessaires pour faire face à l'inflation et la hausse des prix des énergies ,la ville d'Agen va continuer à se transformer pour le bien des concitoyens agenais et de l'agglomération.
Bon courage à vous pour les décisions à prendre en cette période difficile.
Cordialement
José sequeira

La moue est d'autant plus forte que l'on ne comprend pas ce qui justifie qu'en l'espace de 22 ans le foncier ait augmenté de 75% déduction faite de l'érosion monétaire. Mais où va et argent ? Les réponses sont deja entendues et convenues mais, franchement, c'est indecent et toxique , à terme, pour les collectivités.
Cela amene une autre remarque . Sur ce constat, avec les annees, on en arrive à financer par la subvention ce que l'impot a fini par tuer. Oh, la pente est douce et la mémoire bien courte.
Votre métier est bien difficile, certes, mais quand même.
Avec mes respectueuses salutations.
J fargue

La moue est d'autant plus forte que l'on ne comprend pas ce qui justifie qu'en l'espace de 22 ans le foncier ait augmenté de 75% déduction faite de l'érosion monétaire. Mais où va et argent ? Les réponses sont deja entendues et convenues mais, franchement, c'est indecent et toxique , à terme, pour les collectivités.
Cela amene une autre remarque . Sur ce constat, avec les annees, on en arrive à financer par la subvention ce que l'impot a fini par tuer. Oh, la pente est douce et la mémoire bien courte.
Votre métier est bien difficile, certes, mais quand même.
Avec mes respectueuses salutations.
J fargue

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