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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Législatives 2022 : Président, Parlement... chacun à sa place.

Publication : 16/05/2022  |  10:01  |  Auteur : Webmaster

Les 12 et 19 juin, nous voterons pour désigner nos représentants à l’Assemblée nationale.

Et la gauche, tout à son bonheur d’être à nouveau unie quelque en fut le prix en concessions exorbitantes par rapport aux convictions fondatrices des partis concernés, veut transformer ces élections en 3ème tour de l’élection présidentielle, et en une élection de fait de Jean-Louis Mélenchon au poste de Premier ministre.

C’est une illusion constitutionnelle et c’est un jeu dangereux.

Notre vie politique n’est pas hors sol. Elle se déroule dans le cadre de la constitution de la Vème République. Et il est bon d’en rappeler les fondamentaux.

L’article 8 de la Constitution établit que :  « Le président de la République nomme le Premier ministre. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement. Sur la proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions. »    

Mais me direz-vous sur quoi se fonde le désormais fameux : « Elisez-moi Premier ministre !» de Jean-Luc Mélenchon ? C’est au mieux un slogan de publicité politique à partir des nominations de Jacques Chirac et d’Edouard Balladur par François Mitterrand en 1986 et 1993 et celle de Lionel Jospin en 1997 par Jacques Chirac.

Les présidents de la République, cités ci-dessus, prenant acte d’une majorité parlementaire d’opposition et du pouvoir de censure du gouvernement dont dispose le parlement sur la base de l’article 49 de notre constitution, ont en effet pris l’initiative de nommer le leader politique de l’opposition comme Premier ministre, ces nominations ouvrant, chacune, une nouvelle période de cohabitation.

Donc, me direz-vous toujours, pourquoi pas maintenant, en juin 2022 ? Et pourquoi pas Jean-Luc Mélenchon comme  Premier ministre ? La réponse est : « Rien l’empêche, mais pourtant, c’est très improbable et ce n’est pas souhaitable ».

Fortement improbable d’abord.

Les exemples, mis en avant, datent tous de périodes antérieures à l’an 2000, date d’approbation de la modification par référendum de notre constitution ramenant la durée maximale de la présidence de la République à 5ans (complétée en inversant, en 2001, le calendrier électoral). Or, depuis cette date, les Français ont toujours confirmé le choix fait lors de l’élection présidentielle en donnant, au président de la République, une majorité parlementaire confortable. Il n’y a pas de raison forte pour que la logique électorale qui s’est appliquée à toutes les élections législatives depuis celles de 2002 ne s’applique pas à nouveau.

Cette logique est connue : faible participation pour les législatives (entre 40% et 50% de participation) alors que la participation atteint 75% pour les présidentielles, mobilisation plus forte du camp qui a gagné les Présidentielles et démobilisation symétrique du camp qui les a perdues, triangulaires rarissimes du fait de la barre de qualification au 2ième tour du scrutin, située à 12,5% des inscrits, ce qui donne un avantage certain aux candidats de la majorité présidentielle.

Donc, la promesse faite par la France Insoumise  à leurs électeurs potentiels d’avoir Jean-Luc Mélenchon comme premier ministre relève plus d’un voeu pieux et du marketing électoral… plutôt que d’une analyse politique approfondie.    

Pas souhaitable, non plus.  La cohabitation a eu lieu. Elle a présenté à chaque fois de graves inconvénients. Ce n’était pas la fin du monde. Mais c’était assez médiocre pour que le peuple français à une majorité de 73 % veuille y mettre fin lors du référendum de 2000 et encore les débats et tensions avaient lieu entre la droite républicaine et le parti socialiste, deux grandes familles politiques qui partageaient un socle de convictions communes,  notamment en ce qui concerne la construction Européenne et les politiques diplomatiques et de défense.

C’est une toute autre histoire avec la Nouvelle Union Populaire Ecologique et sociale (NUPES) et avec le programme que cette alliance s’est donnée. Disons-le clairement, il est opposé au programme présidentiel sur à peu près sur tout : la politique énergétique, la réforme des retraites à faire, la fiscalité, et puis cerise sur la gâteau : la construction Européenne, la politique de défense, etc.…..    

Imaginons un instant ce qui est pour moi le scénario du pire, à savoir une majoritaire parlementaire pour l’alliance NUPES. Il faut, dans cette hypothèse, une sacrée dose de naïveté et de duplicité pour penser que le premier Ministre – à priori Mélenchon – déroulera sans obstacle son programme. Non, il aura, en face de lui, un président de la République qui agira avec tous les pouvoirs importants que lui confère notre constitution (Chef des armées, il négocie et ratifie les traités internationaux, il dispose du pouvoir réglementaire, décrets, arrêtés) et qui pourra s’appuyer sur la légitimité très forte que lui donne l’élection présidentielle qui vient d’avoir lieu (plus de 18 millions de voix en sa faveur, etc...). Bref, ce scénario politique débouche sur un conflit très dur entre deux légitimités, qui produira à son tour, crise politique… et immobilisme avant que le peuple ne tranche à nouveau ce conflit par de nouvelles élections.   

Or de cet immobilisme sur fond de crise politique, je n’en veux à aucun prix. Voilà pourquoi je souhaite, que, lors des élections législatives où chacun aura voté selon ses convictions, le peuple français continue à avoir la sagesse de donner la majorité parlementaire à la majorité présidentielle, pour que la France avance, bouge, se réforme grâce aux lois votées par un parlement où chacun aura sa place, y compris les oppositions dans leurs rôles de contre-pouvoirs régulateurs.

Côté institutions, donc, tout va très bien, Madame la Marquise ? Non, la réforme de 2000-2001 est , en l’état, déséquilibrée. Pour trouver son équilibre et atteindre ses objectifs, elle appelle la transformation de la loi électorale des législatives par l’adoption de la proportionnelle…Cela doit être un chantier majeur de ce gouvernement.

En attendant, les 12 et 19 juin, je vote cohérent, je vote solide,… je vote majorité présidentielle.

@+

Jean Dionis

Maire d’Agen                                                                                                                          

 

 

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