Tout commence par une invitation du Président de la République à partager « sa cérémonie d’investiture » qui arrive en Mairie le Mercredi 4 pour le Samedi 7. Passé le moment de surprise et de sidération devant l’effondrement de l’agenda savamment élaboré du week-end à venir, je me décide vite à y aller.
D’abord parce qu’une invitation du Président de la République ne se refuse pas, mais aussi parce que je suis sensible à ce « merci » du Président envers celles et ceux qui furent les « tauliers » de sa campagne.
Ensuite, parce que je n’ai jamais assisté à une cérémonie d’investiture et que je suis curieux de « vivre » ce moment de rituel républicain, aux racines monarchiques. Je voulais vivre ce moment d’exception .Je voulais écouter le Président poser les fondations de son deuxième mandat.
Me voilà donc réveillé de "bonheur" (5h00) le Samedi matin et par l’efficacité d’un déplacement vélo+train+vélo, me voilà à 10h45 (et oui, à l’heure…) dans la cour de l’Elysée.
Le rituel de la cérémonie est étonnamment sobre et rapide. Cela commence par la proclamation des résultats par le Président du Conseil Constitutionnel, Laurent Fabius , proclamation d’ailleurs rendue difficile par un trou de mémoire du même Fabius sur le nombre de voix exact rassemblées par Emmanuel Macron au 2ème tour décisif de cette élection. J’avoue que, de manière peu charitable, j’ai ri en pensant à Bergson et à sa définition du rire : « Le rire, c’est du vivant plaqué sur du mécanique ». Exactement, ce que nous vivions à ce moment là. Le reste du discours de Laurent Fabius, excellent par ailleurs, était structuré autour de deux phrases :
Chateaubriand , d’abord : « Pour être l’homme de son pays, il faut être l’homme de son temps » prononcé par le même Laurent Fabius en 2017 lors de la première investiture d’Emmanuel Macron. Et c’est vrai que c’est une chance pour la France d’avoir un Président à la fois jeune (44 ans) et expérimenté (5 ans de mandat présidentiel) … bref d’avoir un Président de son temps.
Victor Hugo , ensuite : « En ces temps troublés, soyons les serviteurs du droit et les esclaves du devoir... ». Et effectivement, en ces temps difficiles et confus, c’est fort de nous rappeler que notre boussole personnelle doit être le respect absolu de l’Etat de droit et la responsabilité personnelle devant des évènements tragiques et imprévisibles.
Au-delà du discours, le symbole de la constitution comme cadre qui s’impose à nous et à nos batailles électorales était très fort et émouvant.
Vint ensuite le moment où le secrétaire général de l’ordre de la Légion d’honneur remet le collier de Grand Chancelier au nouveau Président de la République qui en accepte la charge. Et c’est une charge symbolique essentielle que de faire vivre dans notre République la valeur du mérite et d’organiser le pouvoir de celles et ceux qui en font preuve, la fameuse méritocratie républicaine...
Enfin, vint le premier discours officiel du Président investi et Emmanuel Macron réussit le tour de force de faire, et très court (environ 10 mn), et très fort…
Bien entendu, il a creusé une nouvelle fois les sillons de sa campagne électorale :
Oui, son élection a été celle d’un choix clair pour la poursuite de la construction européenne contre le nationalisme.
Oui, encore, elle a été celle du choix de la République et de ses vertus cardinales : liberté, égalité, fraternité, laïcité.
Mais l’originalité du discours était pour moi ailleurs : le Président a insisté sur la nouveauté : Nouveau mandat, nouveau président (sic), méthode nouvelle plus que sur la continuité avec son premier mandat et je crois vraiment que le Président, conscient des fractures profondes de la société française, a la volonté d’être audacieux dans cette nouvelle proposition démocratique.
Enfin, cette phrase, à la charge affective explosive : « Servir nos enfants et notre jeunesse (...) à qui je fais le serment de léguer une planète plus vivable et une France vivante et plus forte. ».
Cette phrase, ce serment va lui coller à la peau pendant tout son deuxième mandat et Emmanuel Macron est trop fin politique pour ne pas en avoir été pleinement conscient au moment où il l’a prononcée. J’y ai entendu une parole donnée solennellement. Et moi qui commence à avoir le cuir bien tanné, elle m’est allée droit au cœur.
Après le discours, le Président fit ce qu’il fait très bien : reconnaitre chacune et chacun de ses interlocuteurs, personnaliser l’échange, serrer les mains en vous adressant un mot sympa, (y compris à votre serviteur…). Cela a donné lieu à des grands moments d’émotion comme quand la mère de Samuel Paty, l’enseignant décapité par un islamiste, s’est réfugiée dans les bras du Président pour lui dire sa peine.
Ensuite, les horaires retours de la SNCF sur Agen me laissaient une grosse heure pour aller voir les invités qui avaient quelque chose à voir avec Agen et le Lot-et-Garonne, demander des nouvelles, entretenir des relations précieuses pour notre territoire, bref faire mon travail de maire.
Retour vélo-train-vélo, moins fluide qu’à l’aller (correspondance ratée à Bordeaux à cause d’un départ retardé à Paris pour colis abandonné…). Retour à la vie normale après un moment d’exception.
Merci, Monsieur le Président de m’avoir permis de le vivre à vos côtés.
@+
Jean Dionis
Maire d’Agen
Bravo Jean ! Juste récompense......... Le travail paie...On me l'a appris ....je l'ai toujours pensé!