Depuis le lundi 11 mai, la France vit avec bonheur « le déconfinement ».
Avec bonheur, puisque nous retrouvons progressivement chacune de nos libertés publiques qui font le sel de la vie dans nos démocraties occidentales. Et c’est tant mieux…
Tout est donc bien dans le meilleur des mondes ? Et bien, non ! Parce que chaque retour sectoriel à la vie normale s’accompagne de la mise en œuvre d’un protocole de règles sanitaires ou autres à appliquer de manière obligatoire.
Ce protocole, censé nous protéger contre l’épidémie, fait que le retour à la vie normale se passe très souvent dans des conditions un peu ubuesques de sévérité et, en tout cas de complexité confuse, qui, sur le terrain, posent des problèmes insurmontables à celles et ceux qui sont en charge de les faire respecter.
Entendons-nous bien : il est normal et sain que nous prenions toutes les mesures raisonnables pour continuer à nous protéger contre la propagation du virus.
Mais l’exemple donné ci-dessous montrera à quel point l’équilibre est difficile à tenir entre exigence de protection contre le COVID et le bon fonctionnement de l’établissement en question.
Cet exemple est celui de nos écoles maternelles. Agen a été volontaire pour les rouvrir dès le mardi 12 mai. Les enseignants et le personnel municipal se sont mobilisés pour cette sortie de confinement particulièrement symbolique.
Trois semaines après le début du déconfinement, un premier bilan de cette réouverture peut être fait et il n’est pas bon. Même en intégrant le fait que nous sommes actuellement sous une semaine scolaire au grand maximum de deux jours par semaine, seuls 11 % des élèves inscrits en maternelle ont repris le chemin de l’école.
Faisant le tour des écoles de la commune d’Agen, j’y ai vu une école maternelle, (certes, situation limite…) avec 2 enseignants sur 3, 3 agents techniques spécialisés des écoles maternelles sur 3…et 2 élèves présents sur…75 élèves inscrits (soit 2, 6% des effectifs inscrits) !
Choqué par ces absences, j'ai discuté avec les enseignants présents pour avoir leur analyse de ces absences de masse. Ils mirent d’abord en avant la peur des parents et on peut le comprendre. Mais, tout de suite après, ils pointent, avec raison, le caractère dissuasif du protocole « maternelles » : 5 à 6 enfants par classe, jeux de contact et de ballons supprimés, normes d’hygiène drastique….enfin, bref, l’école n’est plus l’école. Les parents le sentent et choisissent de ne pas remettre leurs enfants à l’école.
Les Français ont compris que le redémarrage scolaire ait été prudent. Mais ils ne comprendront pas que l’Etat n’adapte pas le protocole en question rapidement.
Pourquoi faire évoluer, avec pertinence, le protocole à la SNCF en supprimant dès le 15 juin l’obligation de neutraliser un siège sur deux et laisser s’enfoncer nos écoles dans un niveau de sous activité ?
Il y a urgence. Comme cela a été abondamment souligné, ce sont les enfants décrocheurs qui font le gros des enfants absents.
A tel point qu’à Agen, la mairie va mobiliser ses services, en liaison avec l’Education nationale, pour aller frapper à la porte de leurs parents pour y faire de manière active et sur place la promotion de l’école.
Car, à la mairie d’Agen, nous sommes inquiets non seulement pour le mois de juin, mais aussi pour la rentrée de septembre si toutes les causes qui amènent à cet absentéisme de masse : initiative laissée aux parents sur l’opportunité d’aller à l’école, peur des parents, protocole excessif,…sont toujours là.
Et, en plus, il faut être clair: Nous ne pourrons pas recevoir tous les enfants en âge de scolarisation avec une semaine scolaire normale (4 jours par semaine) sans un allégement considérable des protocoles COVID applicables aujourd’hui.
Les bonnes nouvelles sanitaires de ces derniers jours restent, certes, à être confirmées mais elles permettent néanmoins de faire l’expérience de protocoles beaucoup plus légers.
Ce blog est donc (un peu) une bouteille à la mer lancée avec un message adressé à Monsieur le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel BLANQUER, pour lequel j’ai d’ailleurs du respect:
« Protocoles COVID à l’école – allégement impératif – il y a urgence ».
De même que dans les écoles, il est nécessaire d'alléger les procédures dans les EHPAD et de permettre aux familles, dans des conditions dictées par la raison, de rencontrer réellement les résidents, de leur apporter leur amour et, en cela, d'alléger la tâche des personnels qui ont tant fait au coeur de la crise.
Bonjour,
Merci pour le constat.
Je lisais récemment quelques chose qui ressemblait à : "Donner le cheval de fer et les anti-corps aux indiens d'Amérique et ils auraient conquis l'Europe". Bref, cette uchronie pour partager un autre constat.
La politique se nourrit entre autres des peurs et des colères pour gouverner les peuples. Aujourd'hui le clientélisme pousse nos (futur-ex) élus à récupérer la moindre information pour détruire des réputations. Médisances et calomnie est une règle pour être en tête de liste dans les parties extrémistes.
La peur pousse nous gouvernant modéré à agir pour être à nouveau élu. Cette crise sanitaire, à quelques jours des grandes vacances, dénote de bien d'autres problèmes qu'un simple absentéisme de masse dans les écoles.
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Tout à fait d'accord avec votre constat et votre analyse . Et pourtant j'ai entendu le président Macron affirmer que les écoles sont ouvertes et que tout va bien !!!
Ce décalage est insupportable et traduit une vision totalement décalée de la france
Le jacobinisme nous tue dans ce pays! On édicte depuis le minsitère à Paris des règles applicables sans exception dans toutes les écoles de la République sans tenir le moindre compte de situations très différentes sur le terrain et surtout des règles qui par leur rigidité ne permettent pas des adaptations et des évolutions. Le résultat du retour à l'école est là comme le souligne Jean Dionis et il est catastrophique. Quant à Jean-Michel Blanquer qui a aussi de bonnes idées, je le respecterais plus n'était-ce sa réforme du lycée qui, à mon sens délibérément en bon jacobin qu'il est, marginalise complétement l'enseignement de nos langues dites régionales dont l'occitan et contribue à les éliminer définitivement
Bonjour M Dionis
Oui, je partage complètement votre analyse.Il faut alléger le protocole COVID pour faciliter un retour acceptable et tenable des enfants à l’école .
Ce protocole, il faut aussi l alléger dans d’autres domaines et pouvoir organiser quelques manifestations cet été pour relancer la vie de nos territoires et la consommation .