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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

« Lac de Caussade : attention danger ! »

Publication : 21/01/2019  |  20:13  |  Auteur : Jean Dionis

Je suis inquiet, très inquiet. Tout simplement pour la paix civile dans mon département : le Lot-et-Garonne. Les Gilets jaunes ? Non, le lac de Caussade…

Le lac de Caussade ? Qu’es aquo, comme on dit chez nous ? Au départ, le lac de Caussade est un projet de lac d’irrigation de taille relativement modeste         (920 000 m3 – 20 ha) sur un des affluents du Lot, le Tolzac ou plus exactement sur des affluents du Tolzac, le petit ruisseau de Caussade.

On parle de ce projet depuis plus de vingt ans. Pourquoi faire ?

  1. D’abord pour subvenir aux besoins en eau d’une quarantaine d’agriculteurs et de leurs 360 ha de terres agricoles.
  2. Enfin pour soutenir l’étiage du Tolzac qui souffre énormément pendant les mois d‘été, souvent des mois de sécheresse dans cette partie du sud-ouest de la France.

Il y a trois ans, les parties concernées : la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne et le Syndicat Départemental des Collectivités Irrigantes (SDCI) ont donc lancé la procédure en vue de la construction de cette retenue.

Après des mois et des mois d’études géologiques, pédologiques, physiques, hydrologiques, hydrauliques, mathématiques, écologiques, etc…, le dossier a finalement été validé par les services de l’État !

Il a ensuite fait l’objet d’une enquête publique que le commissaire enquêteur a conclu par un avis favorable sans aucune réserve, le 23 mai 2018.

Le 29 juin, se basant sur le feu vert de l’administration locale, la préfète du Lot-et-Garonne a délivré un arrêté portant autorisation de la création et exploitation de la retenue d’eau collective «de Caussade ».

Mais, le 18 septembre, fait rarissime pas moins de deux ministres, François de Rugy et Didier Guillaume exigent de Madame la préfète de l’époque, Madame Willaert, le retrait de cet arrêté qui doit s’exécuter.

Devant ce qu’il faut bien appeler une volte-face incompréhensible de l’Etat, les agriculteurs passent à l’acte et démarrent le chantier du barrage.

Par arrêté du 14 décembre 2018 la préfète de Lot-et-Garonne a ordonné la suspension des travaux de construction de la retenue d’eau dite de Caussade sur la commune de Pinel-Hauterive.

Le 18 janvier, la nouvelle préfète, Béatrice Lagarde, demande l’arrêt du chantier et se prépare à apposer des scellés sur les engins de chantier qui opèrent depuis deux mois.

Cette fois, les gendarmes doivent intervenir pour mettre fin au ballet des tractopelles car les agriculteurs continuent de creuser cette retenue d’eau sans autorisation et malgré l’interdiction des autorités.

Voilà les faits, voilà comment on est arrivé au bord de l’affrontement physique…qui, s’il arrivait, sera spécialement violent et risquerait d’enflammer tout notre département. Or de cet affrontement, je ne veux à aucun prix.

Soyons clairs. A l’unanimité (ce qui est rare chez nous), les maires du Lot-et-Garonne, réunis en assemblée générale, ont décidé d’apporter leur soutien à la Chambre d’agriculture et à son projet de lac de Caussade.

Nous le faisons d’abord parce que nous n’acceptons pas et nous n’accepterons plus que des décisions vitales pour notre territoire construites rationnellement et légalement avec les services de l’Etat sur le terrain, soient détricotées dans d’obscures tractations entre ministres, préfets de région et lobbys environnementalistes. 

Nous le faisons enfin parce que nous n’en pouvons plus de cette politique nationale de l’eau inepte et archaïque.

  • Inepte, car en mettant la priorité sur la lutte contre les inondations plutôt que sur le soutien de l’étiage en été, cette politique fait un contresens majeur. Garonne n’a plus tué personne depuis 1930. Sa dernière crue significative date de 1981 (37 ans sans crue à Agen ! ). Il y avait sans doute plus intelligent et pertinent à faire que de prendre comme crue de référence la crue de 1875 !
  • Archaïque, parce que, chaque été, les étiages de nos cours d’eau s’effondrent, Garonne est un « Oued » comme la plupart de ses affluents et si l’on en croit les messagers du climat, cette situation va empirer et cette vérité, personne ne veut la voir.

Alors, pour reprendre la formule forte de mon ami Henri Tandonnet, sur l’eau en Agenais il faut déclarer l’urgence et coordonner une politique d’économie de la ressource en eau (et les parties prenantes seront d’accords là-dessus) avec une politique forte de constitution de réserves d’eau en hiver pour les avoir disponibles en été. Mais là, cela suppose que tous les babas-cool, tous nos gentils rousseauistes du ministère de la Transition écologique et solidaire opèrent une petite révolution intellectuelle et lèvent, dans leur tête, le tabou qu’ils ont mis sur le mot de barrage.

Alors oui, le combat du lac de Caussade est symbolique et c’est justement parce qu’il l’est, que le risque de violence est grand et qu’il faut tout faire pour l’éviter. Comment ?

D’abord on n’envoie pas nos gendarmes affronter nos paysans en pleine campagne électorale paysanne et alors que la France est secouée et affaiblie par la crise des Gilets jaunes !! Ceux qui prendront la responsabilité de cet acte en toute connaissance de cause, prennent un risque lourd, très lourd.

Ensuite, on attend, patiemment, le jugement du Tribunal administratif sur cette affaire. Le lac de Caussade crée-t-il un préjudice grave à l’environnement ? Je n’en crois rien , mais les juges vont répondre prochainement sur le fond à cette question centrale. On y verra plus clair après.

Enfin, on nomme un médiateur, un vrai dans ce conflit explosif. Il partira du jugement du Tribunal et  trouvera la bonne sortie qui respectera et l’autorité de l’Etat et nos agriculteurs et notre territoire. Je me prends à rêver que ce médiateur puisse être quelqu’un comme Jacqueline Gourault, notre ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales.. Elle, au moins, elle connait la condition paysanne et sait ce qu’est un territoire rural.

Attention, danger ! Pour le lac de Caussade, il y a urgence. On ne joue plus.

 

 

Les réactions

On se demande parfois qui mène la danse ?

Quelle manipulations ont-elles été réalisée pour revenir sur un travail initialisé depuis de nombreuses années ?

Nos gouvernements sont-ils si sensibles et fragiles aux pressions externes au point de céder ainsi ?

Faut-il que les relais en région de nos gouvernements fassent jouer leur petits bras pour assoir leur autorité ?

Décidemment, le fossé gouvernement / citoyens ne fait que se creuser et ne se résoudra pas des appels à la révolte provoqués par le gouvernement.

A suivre ...

Merci pour cet article que j'approuve totalement.

Ca suffit on ne peut pas affoler les populations sur un avenir sans eau et en même temps interdire de récuper celle qui finit par se perdre dans les océans.

Cordialement

Merci, Jean, pour votre  message. Si Jean, mon mari,  était encore de ce monde, il aurait pu l'écrire et  vous aurait, j'en suis vonvaincue,  approuvé.

Si notre département est encore vivant aujourd'hui, et notre espace rural non désertifié, c'est grâce à nos agriculteurs, et l'eau est un élément essentiel pour qu'ils puisssent vivre et se développer. 

 

Tout à fait d'accord

Dans la droite ligne de cet article, pourrait on aussi imaginer une concertation enfin éclairée et le même médiateur (Jacqueline Gourault) pour envisager une issue intelligente en ce qui concerne le seuil de Beauregard ?

BRAVO J'espère que la suite sera favorable au projet. C'est une histoire à redonner du grain à moudre  aux Gilets Jaunes: lamentable.

 

je partage pleinement cette analyse.

''Nous le faisons d’abord parce que nous n’acceptons pas et nous n’accepterons plus que des décisions vitales pour notre territoire construites rationnellement et légalement avec les services de l’Etat sur le terrain, soient détricotées dans d’obscures tractations entre ministres, préfets de région et lobbys environnementalistes'. 

nous sommes tous tatigué des ces absurdités et de cet effet de caste.

ces opposants nereprésentent rien, et surtout pas la rationnalité.

il ne faut pas s'étonner du succès des gilets jaunes.

 

 

L eau est un bien commun.l irrigation est une acaparation par quelques uns pour quelques un qui pretendent nous nourrir alors qu ils nous polluent la santé et s enferment dans des pratiques culturales d un autre âge. Vous pouvez me contredire vos enfants vous accuseront..

Vous oubliez simplement de préciser que le tribunal administratif s'est déjà prononcé et a refusé d'annuler la décision de retrait de l'autorisation.

Cette décision est donc bien légale et légitime vis à vis des enjeux environnementaux. Dans une société de justice ce qui est profondément anormal c'est que la chambre d'agriculture ne respecte pas le droit.

Je suis pour le lac de caussade sans réserve

Jean Dionis et les maires du département ont raison. Les personnes qui sont contre ce lac préfèrent-elles que les Français se nourrissent de produits importés que de ceux produits  par nos paysans ? Ce lac aura le mérite de fixer des agriculteurs en leur permettant de gagner un peu mieux leur vie. Concernant la nature, elle reprend déja ses droits tout autour du lac. Ces agriculteurs ont eu un grand mérite de le  creuser, eux-mêmes, ce qu'auraient du faire les pouvoirs publics. Cette eau, source de vie, au lieu de ruisseler et d'aller se perdre durant l'hiver, sera tellement plus utile pour irriguer vergers et cultures pendant l'été. De plus, il assurera le débit du ruisseau durant la saison sèche. Un lac qui s'intégrera au paysage et dont se féliciteront les générations futures. 

Condamnation à de la prison ferme pour les auteurs de cette illégalité (https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/07/10/les-promoteurs-du-barr...) ! Agriculteurs subventionnés, écervellés affiliés à la FNSEA, voulant transposer en France les errements espagnols aggravant leur situation ... Il n'y a vraiment qu'en France, où l'on se croit plus malin que ces voisins ! Vivement la mort de la FNSEA... elle aura détruit le tissu agricole français sur l'hotel du productivisme économique ne nourrissant plus la France depuis de nombreuses décennies. Des solutions existent : refonder l'agriculture française... Quel crétin peut vraiment croire que le maïs est adapté au Sud-Ouest de la France ?? Et dire que ces tristes cires sont payés par mes impôts (PAC + planS de soutien annuel de l'Etat (inondation, sécheresse, pas assez d'herbe, trop d'herbe, pas assez de bras, trop de bras, pas assez de soleil, trop de soleil...)... pour engraisser quelques ventripotent de Chambre d'Agriculture ? Heureusement que les salariés ne sont pas de la même trempe que leurs dirigeant...). Vive la justice !

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