Mesdames et Messieurs les Conseillers Municipaux,
Mesdames et Messieurs,
Notre Salle des Illustres, celle des Agenais, celle des Conseillers Municipaux, a changé brutalement d’époque.
Il suffit d’observer l’effet de surprise, dans vos regards, pour le comprendre.
J’entends déjà les nostalgiques qui nous diront que c’était mieux avant ou que nous sommes allés trop loin dans la métamorphose.
J’entends déjà celles et ceux qui iront jusqu’à me reprocher ces plinthes blanches ou ce plafond noir, y trouvant je ne sais quelle symbolique.
A tous ceux-là, je répondrai que notre municipalité a arbitré les propositions faites par le cabinet de la Serre et que, pour l’essentiel, je me suis rangé à l’avis des Conseillères Municipales qui ont un jugement beaucoup plus fiable que le mien.
Le résultat final est conforme à l’esquisse et j’en profite pour saluer le travail de notre service bâtiment et des entreprises qui ont tenu les délais et qui ont réalisé ces travaux d’envergure sans trop perturber le fonctionnement quotidien de la Mairie.
Mais, pour que tout fonctionne bien sur un chantier, il faut un chef d’orchestre.
Merci, Jean, d’avoir préparé et suivi ce chantier de la Salle des Illustres avec l’efficacité et le pragmatisme qui te caractérisent.
J’ai envie de te dire, aujourd’hui, Cher Jean, mission accomplie !
Cette rénovation fera forcément beaucoup parler et c’est naturel.
C’est naturel parce que cette Salle des Illustres nous parle, à nous, les Agenais.
Elle nous parle d’abord parce qu’elle symbolise le pouvoir municipal depuis 1885, date à laquelle la salle des délibérations devient officiellement Salle des Illustres.
Je vous rappelle que ce n’est qu’en 1869 que l’Hôtel de Ville est installé dans cet édifice qui fut tour à tour Présidial puis Palais de Justice.
J’ai une pensée aujourd’hui pour la longue lignée de Consuls, de Conseillers Municipaux, pour mes prédécesseurs, qui sont les maillons d’une longue chaine qui incarne le pouvoir municipal dans ce qu’il a de plus noble.
Si cette salle pouvait parler, elle nous raconterait les débats passionnés, parfois houleux.
Elle nous raconterait aussi les grandes décisions débattues puis votées qui ont transformé en profondeur le visage d’Agen.
Elle nous raconterait aussi les messes basses, les fleurets mouchetés et les petites phrases assassines.
Bref, elle nous raconterait notre histoire agenaise à laquelle nous sommes toutes et tous profondément attachés.
A nos successeurs, elle raconterait sans doute qu’au début du 21ème siècle, elle devint aussi la Salle qui accueille le Conseil d’Agglomération qui rassemble 31 communes et 100 000 habitants. Comme un symbole de l’évolution de notre organisation territoriale.
Sans doute les ferait-elle sourire en racontant qu’ici un Président d’Agglomération se fit renverser un pichet d’eau par un zadiste passionné et fortement aviné.
Mais notre Salle des Illustres est aussi la salle de réception pour nos hôtes de marque.
De plus en plus, elle devient salle de mariage et pas simplement pour des raisons de capacité.
Les Agenais sont fiers d’y célébrer leur union.
Si elle parlait, elle nous raconterait les soirées enflammées lorsqu’à 8 reprises, elle a accueilli notre SUA, Champion de France, et puis, les temps changent, notre SUA, Champion de France de Pro D2.
Elle nous parlerait de cette réunion de l’International Board, véritable Conseil de Sécurité du Rugby International, présidé par un certain Albert FERRASSE en 1987.
Elle nous parlerait aussi de tous les enfants d’Agen qu’elle a reçus, célébrités nationales ou locales, qui, à leur niveau, ont participé au rayonnement de notre Ville.
Et puis, des personnalités de renommée internationale, de passage à Agen, qui ont été honorées d’être reçues dans notre Salle des Illustres.
Je pense au Professeur CABROL, à Sœur Emmanuelle ou, plus récemment, à Anatoli KARPOV.
Je vous le disais, la Salle des Illustres, c’est toute l’histoire de notre petite patrie agenaise.
Mais c’est aussi la grande histoire car il fut un temps où la Salle des Illustres accueillait les Présidents de la République.
Le voisin néracais, Armand FALLIERES, en 1906, Albert LEBRUN en 1938, quelques mois avant le début de la deuxième guerre mondiale.
Les heures sombres de notre histoire, aussi, avec la venue de PETAIN et DARLAN en 1941, un an après la signature de l’armistice et la mise en place du régime de Vichy qui abolit les institutions républicaines et les libertés fondamentales et qui collabora avec l’Allemagne nazie.
En avril 1961, quelques jours à peine avant le putsch des généraux d’Alger, c’est le Général de GAULLE qui fut accueilli ici.
Valéry GISCARD d’ESTAING et François MITTERRAND, en 1983, furent les derniers Présidents de la République à y être reçus.
Les temps changent, l’organisation des déplacements présidentiels aussi.
Mais revenons à nos Illustres qui, eux aussi, en ont vu des choses.
Il ne vous aura pas échappé que nos Illustres accueillent aujourd’hui un invité de marque, Jean-Baptiste DURAND.
Je remercie ses descendants de nous avoir proposé de mettre à notre disposition ce portrait de Jean-Baptiste DURAND, pour cette inauguration.
On connait Jean-Baptiste DURAND pour le percement des boulevards Carnot et République ou la construction du Lycée Bernard Palissy.
Ce que l’on sait moins, c’est que c’est lui, alors qu’il était Maire d’Agen, qui proposa en 1880 de faire réaliser 10 portraits d’hommes illustres.
La parité n’était pas vraiment une préoccupation, à l’époque.
Ces Illustres, pour reprendre le texte de la délibération, avaient « par l’éclat de leur vaillance, de leur savoir ou de leur génie, honoré non seulement la Ville d’Agen mais aussi le Département du Lot-et-Garonne ».
Le choix du Conseil Municipal se fixa sur : le Maréchal d’ESTRADES, LACEPEDE, PALISSY, SCALIGER, le Général VALENCE, Sylvain DUMON, JASMIN, de ROMAS, LACUEE, et... PAGANEL.
Ne cherchez pas son portrait, il n’y est pas.
Même si l’histoire locale n’est pas très précise, on sait que la personnalité de l’Abbé PAGANEL ne faisait pas l’unanimité au sein du Conseil Municipal.
La délibération mentionne pourtant son nom mais elle ne sera pas suivie d’effet puisque, parmi les 10 portraits commandés au peintre agenais CALBET, seuls 9 seront effectivement livrés, celui de PAGANEL n’est jamais arrivé.
C’est pour cette raison que le Docteur LAULANIE s’invita tardivement dans notre assemblée d’Illustres en 1912.
Vous pourrez d’ailleurs constater que c’est le seul tableau qui ne soit pas signé par CALBET mais par un autre peintre agenais, LOUBAT.
Rassurez-vous, mes chers collègues, je n’ai pas l’intention de réparer cette injustice faite à PAGANEL.
Le portrait d’un Abbé dans la salle du Conseil Municipal, ce serait une grave atteinte au principe de laïcité.
Par contre, je veux vous dire que la Ville d’Agen va engager une rénovation de l’ensemble de ces portraits qui ont subi les outrages du temps.
Nous proposerons d’ailleurs aux Agenais de participer à cette rénovation par le biais d’une souscription réalisée en collaboration avec la Fondation du Patrimoine.
J’ai sans doute été un peu long, mais je souhaitais mettre en perspective tout que ce que symbolise cette Salle des Illustres, pour nous, les Agenais.
Mais, si nous sommes attachés à notre histoire et au travail de mémoire, nous devons aussi vivre avec notre temps.
Cette rénovation s’inscrit dans cette volonté, autour de trois axes forts qui nous permettront de travailler et de recevoir nos hôtes dans de bien meilleures conditions : Climatisation, numérisation et sonorisation.
Vive la Salle des Illustres !
Vive Agen !
Je vous remercie.
Bonjour Cousin,
Merci et bravo pour la rénovation des tableaux d'Antoine Calbet.
La prochaine fois que je passe à Agen, je viens te faire signe pour découvrir le résultat.
Amitiés,
Jean-Marie Calbet (fils de Marguerite Dionis du Séjour, branche Edmond)