Monsieur le Vice-Président,
Mesdames et Messieurs les bénévoles du Secours Catholique,
Mesdames et Messieurs,
C’est toujours avec un sentiment mitigé que j’ai plaisir à inaugurer les lieux d’accueil associatifs qui participent, avec le CCAS de la Ville d’Agen, à l’accompagnement des Agenaises et des Agenais les plus fragiles.
En effet, je me réjouis que grâce à votre engagement à tous le Secours Catholique dispose désormais d’un centre d’accueil rénové qui permettra de réserver un accueil personnalisé et digne.
Pourtant, je ne peux m’empêcher de constater aussi que notre société française n’a pas su, depuis de nombreuses années, réduire significativement les inégalités et permettre à chacune et à chacun d’entre nous d’y trouver sa place.
Les chiffres font froid dans le dos.
9 millions de pauvres sur 65 millions d’habitants en France (14%).A l’échelle d’Agen et de son Agglomération de 100 000 habitants, ce sont près de 14 000 personnes, soit la population du Passage et de Boé qui seraient en dessous du seuil de pauvreté.
Dans ce contexte, nous devons bien sûr nous réjouir du travail remarquable réalisé par nos associations, que ce soit le Secours Catholique, les Restos du Cœur, le Secours Populaire ou Emmaüs pour ne citer que les principales.
Mais, nous sommes aussi pris de vertiges, nous qui sommes au quotidien confrontés à cette souffrance, devant l’ampleur de la tâche.
La pauvreté et la solitude sous toutes leurs formes sont omniprésentes et ne se limitent pas aux quartiers prioritaires de la Ville. Elles sont aussi bien présentes en centre-ville.
Je pense notamment à toutes les mamans isolées qui élèvent avec courage et dignité leurs enfants.
Je pense aussi à nos aînés qui sont les premières victimes de cette épidémie qui frappe notre société : la solitude.
Vous l’avez bien compris en réaménageant ce bâtiment à proximité immédiate du centre-ville pour faciliter l’accès au plus grand nombre.
Vous êtes également présents rue Montesquieu à deux pas de notre CCAS où vous animez une boutique solidaire.
Je veux aujourd’hui saluer le remarquable travail de partenariat entre le Secours Catholique et le CCAS qui nous permet d’être collectivement plus efficaces dans l’accompagnement des personnes fragiles.
Pour reprendre une expression désormais célèbre, vous êtes à nos côtés et avec l’ensemble du tissu associatif local les « premiers de cordée » dans la lutte contre la pauvreté à Agen.
Comme vous, nous nous sentons de plus en plus démunis face à cette vague qui ne cesse de croitre.
Comme vous, nous attendons beaucoup du Plan Pauvreté annoncé par le Président de la République Emmanuel Macron la semaine dernière.
Au-delà des effets des annonces et des 8 milliards d’euros annoncés jusqu’à la fin du quinquennat, j’en retiens la volonté clairement affichée de s’attaquer aux racines plutôt que de trouver des soins palliatifs lorsque la maladie est déjà déclarée.
Permettez-moi de rappeler les cinq engagements de ce Plan Pauvreté :
N°1 : « l’égalité des chances dès les premiers pas pour rompre la reproduction de la pauvreté ». C’est effectivement un préalable indispensable et la Ville d’Agen avec ses partenaires (Etat, CAF, MSA, Agglomération d’Agen) s’est engagée sous l’impulsion de notre adjointe à la Politique sociale Baya KHERKHACH dans le cadre du dispositif CLAS qui permet l’accompagnement scolaire de 235 enfants dans nos quartiers prioritaires.
Engagement N° 2 : « garantir au quotidien les droits fondamentaux des enfants » avec notamment des mesures fortes pour garantir une alimentation équilibrée pour tous.
Engagement N°3 : « un parcours de formation garanti pour tous les jeunes » car le décrochage scolaire est indéniablement le premier signal d’alerte.
Engagement N° 4 : « vers des droits sociaux plus accessibles, plus équitables et plus incitatifs à l’activité ». Je crois effectivement que notre système social doit gagner en lisibilité.
Engagement N°5 : « investir pour l’accompagnement de tous vers l’emploi ».
Voilà la feuille de route et je crois pouvoir dire en votre nom que nous souscrivons pleinement à ces cinq engagements. Mais vous comme moi attendons maintenant que cette feuille de route se transforme en plan d’actions.
Vous comme moi, qui sommes les « premiers de cordée » sur le terrain, attendons d’être pleinement associés à ce Plan Pauvreté. Car rien ne pourra se faire de concret et de durable dans ce pays pour lutter contre la pauvreté si les collectivités locales et les associations comme la vôtre n’y sont pas associées.
Qui aurait imaginé sérieusement que notre pays se verrait dans l’obligation de lancer un Plan Pauvreté au 21ème siècle ?
Pas grand monde, il faut bien l’avouer.
Mais les statistiques sur la pauvreté et la détresse tombent de façon implacable et nous sommes désormais au pied du mur.
Alors je dis chiche, retroussons-nous les manches au côté de l’Etat, élus locaux, bénévoles d’associations caritatives pour enfin inverser cette tendance lourde qui mine notre société.
Ces locaux que nous inaugurons aujourd’hui y participeront, merci encore à celles et à ceux qui donneront de leur temps pour accueillir les plus fragiles d’entre nous.
La Ville d’Agen sera à vos côtés.
La Ville d’Agen a plus que jamais besoin de vous.
Je vous remercie.