Samedi 11 octobre
ASSOUAN – PHILAE – KOM OMBO – EDFOU
9 h 00. Nous quittons notre bateau et partons pour la visite de Philae et de l’obélisque couché d’Assouan.
Dédié à Isis, déesse de l’amour, le temple de Philae est l’un des plus beaux et des mieux conservés du pays. Il est situé sur une petite île accessible uniquement par bateau, ce qui lui confère beaucoup de charme. Le temple de Philae revêt une importance toute particulière pour les Égyptiens. Selon la légende, le roi Osiris aurait été tué par son frère, qui aurait dispersé son corps dans tout le pays. Son épouse, Isis, aurait récupéré les restes et se serait réfugiée sur l’île de Philae pour le reconstruire.
Étrange mythologie égyptienne, qui va lentement évoluer d’un panthéon de dieux aussi complexe que celui du monde gréco-latin vers un monothéisme plus ou moins explicite, qui sera l’une des matrices des religions du Livre (juive, chrétienne et musulmane).
En revenant vers Assouan, nous nous arrêtons dans l’ancienne carrière de grès rose d’Assouan, qui a alimenté tous les grands chantiers égyptiens pendant des siècles. Nous pouvons y voir l’excavation d’un futur obélisque parfaitement dessiné dans le sol, dont les travaux avaient été arrêtés à cause d’une fracture dans la roche.
La masse de l’obélisque en cours d’extraction nous renvoie toutes les questions — et toute notre ignorance — sur les moyens techniques des Égyptiens de cette époque. Un jour, peut-être, ce secret énorme sera percé, comme l’a été celui des hiéroglyphes, grâce à la pierre de Rosette.
Déjeuner à bord durant la navigation, direction Kom Ombo.
Visite du temple de Kom Ombo.
Kom Ombo est un site intéressant, car révélateur de la lecture qu’avaient les Égyptiens des tensions entre le Bien et le Mal. Le Mal existe et est divinisé. Il est responsable de crimes majeurs (Seth tue Osiris). Mais, au terme de l’Histoire, la victoire revient au Bien (Horus venge son père en tuant Seth… vous suivez, j’espère).
La divinité vénérée dans le temple de Kom Ombo est Sobek, un dieu — dans le camp du Mal — à tête de crocodile et corps humain. Plus tard, les habitants, qui n’aimaient pas célébrer une divinité représentant le mal, ajoutèrent un autre dieu de culte : Haroeris (Horus l’Ancien), celui-là dans le camp du Bien.
Au temple de Kom Ombo, pour la première fois du voyage, nous touchons les limites du « surtourisme » ou « tourisme de masse ». Nous sommes noyés dans un flot de visiteurs de toutes nationalités et, pour la première fois, la gêne est palpable : guide inaudible, photos difficiles à prendre, impossibilité de rester longtemps dans un lieu qui vous touche…
Vrai défi pour l’Égypte moderne (16 millions de touristes par an, 16 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel, 12 % de son PIB), qui ne peut pas se permettre de mal accueillir ses visiteurs. Elle trouvera le juste milieu et les bonnes solutions.
Dîner et nuit à bord pendant que notre bateau continue sa remontée vers le nord.
Direction Edfou…
@demain
Jean Dionis, Maire d’Agen